La fin des temps

Je vais commencer un cycle de billets sur  Haruki Murakami, malgré un temps restreint pour bloguer.
Haruki Murakami est probablement mon auteur préféré. Je l’avais découvert alors que j’étais encore au lycée à la lecture de l’excellent ouvrage : La Fin des temps.
Comme toujours, chez Murakami, on y rencontre des univers parallèles qui peinent à se rencontrer. C’est aussi le cas dans sa dernière oeuvre 1Q84, ouvrage sur lequel je reviendrais également, mais qui me parait réservé déjà à un public initié aux écrits de l’écrivain Japonais. L’édition française comprenant trois tomes, il a notamment fallu de la patience pour attendre le dernier tome de la version poche alors qu’il existe une édition intégrale comme en anglais par exemple.
Mais revenons à la fin des temps. Chez Murakami, le plaisir de la lecture se situe dans le fait qu’on a l’impression de pouvoir se poser dans un univers complexe mais quelque peu reposant. Un effet agréable lorsqu’on a l’impression de devoir gérer sans cesse des flux et de passer d’une activité à l’autre sans véritable repos. L’oeuvre de Murakami agit donc sur moi depuis quelques années, comme un pharmakon face à la terrible continuité du temps présent. C’est donc un plaisir de pouvoir exercer dans cette lecture, une sorte de distance critique qui est avant tout une mise à distance du monde et la possibilité de porter un regard sur soi.
La fin des temps a été écrit dans les années 80, mais je crois qu’il demeure encore extrêmement riche pour comprendre notre présent. L’histoire est celle d’un informaticien qui suite à la rencontre d’un vieux étrange, finit par atterrir dans un univers parallèle, sorte de pays des merveilles, accompagné par une jeune fille boulotte bien différente d’Alice.  On se sent à la fois dans un imaginaire mais dans une réalité parallèle qui semble faire écho à des aspects de notre propre existence. Ainsi sont les écrits de Murakami.
Plusieurs éléments m’ont intéressé dans cet ouvrage. En premier, cette histoire de lecteur de crânes de licorne, crânes qui contiennent la mémoire d’une étrange civilisation, m’a beaucoup interpellé.  J’en avais fait un billet il y a deux ans. Je vous livre d’ailleurs un des passages de l’ouvrage à ce sujet :
« C’est le crâne d’une de ces licornes qu’on voit dans la ville, n’est-ce pas ? lui demandai-je.
Elle hocha la tête.
— C’est là que sont enfouis les vieux rêves, répondit-elle calmement.
— C’est là-dedans que je dois déchiffrer les vieux rêves ?
— C’est la tâche du liseur de rêves, répondit-elle.
— Et que dois-je faire des rêves ensuite ?
— Tu ne dois rien en faire. Tu les lis, c’est suffisant. »

Qu’est-ce donc que cette étrange pratique : une lecture tout simplement, et qui ne soit pas obligatoirement productive au final.
Intéressant aussi est la présence permanente des bibliothèques et des bibliothécaires dans l’oeuvre de Murakami, si ce n’est que parfois il devient difficile de reconnaître la bibliothèque :
« En fait de bibliothèque, c’était un immeuble de pierre tout à fait ordinaire, qui ne différait en rien des autres. Aucun signe, aucune particularité extérieure n’indiquait qu’il s’agissait d’une bibliothèque. À voir les murs de pierre aux mornes teintes délavées, l’auvent étroit, les fenêtres munies de volets de fer, ou la porte de bois massif, il aurait tout aussi bien pu s’agir d’un grenier à céréales. Sans le plan détaillé tracé par le gardien, jamais je n’aurais pu y reconnaître une bibliothèque. »
La fin des temps possède un titre intéressant à plus d’un titre du fait de la polysémie associée. Il est assurément quelque part inquiétant également. Vraisemblablement  se trouve enfouie dans ces crânes de licorne, nos rêves.
Hélas actuellement, il semble que ce soient les cauchemars qui soient en train de prendre l’épaisseur d’une réalité qu’il est de plus en plus tentant de fuir… en lisant Murakami.

2 réflexions au sujet de « La fin des temps »

  1. On m’a appris (ou plutôt rabâché) qu’il fallait toujours faire attention au choix des tags dans nos articles de blogs, afin que chaque tag renvoie absolument vers plusieurs articles. Sauf si on prévoit plus tard de faire des autres articles avec le même tag.
    Et là je me rends sur le blog du Dieu de l’indexation sociale et des folksonomies et… Que vois-je ? Des tags ne renvoyant que vers un simple et unique article, tout esseulé, exclu du club des indexés.
    Serait-ce une volonté d’illustrer le titre de l’article « fin des temps » ?
    Ou alors, Haruki Murakami serait inindexable ?
    Ou bien vous prévoyez de rédiger bien d’autres article parlant des licornes et de la fin des temps ?
    Egaré, je suis.

    1. Les coordonniers sont les plus mal chaussés ! Plus sérieusement, il faudrait revoir toute l’indexation du site, ce que je n’ai ni le temps ni l’envie de faire.
      Sinon, il y aura d’autres articles sur Murakami. Du coup, j’ai rajouté des tags à un autre article pour éviter l’isolement. Mais la seule règle de base des folksonomies est quand même la suivante : « après tout, on fait ce qu’on veut ! »

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