La commission Haddock des 3C et l’avenir radieux de nos CDI.

L’inspection générale chargée de la documentation va bientôt diffuser dans les prochains jours la liste des bonnes œuvres et bonnes théories à connaitre pour tout professeur-documentaliste et aspirant à cette profession. Un travail qu’il faut saluer, si on désire que les fonctionnaires puissent agir en bons fonctionnaires d’état.  Une liste noire sera diffusée par voie hiérarchique. La mise à l’index s’est faite avec  beaucoup de lucidité. Fort heureusement déjà, des bons éléments sur le terrain  appliquent avec détermination la politique de développement nécessaire et ont anticipé avec efficacité ce besoin d’éliminer les éléments inopportuns.
La commission ad-hoc qui travaille avec grand efforts depuis des années pour nous débarrasser des scories paralysantes notamment de la didactique de l’information est enfin parvenue à produire une liste des textes et personnes qui devront être désormais considérés comme persona non grata. La liste ne sera pas indicative mais fort heureusement obligatoire.
Il était temps ! Ces pensées néfastes sèment le trouble dans les esprits notamment sur le terrain, ce qui nuit à la mission émancipatrice que vont permettre les centres de culture et de connaissances, modèle innovant qui garantit le développement de futurs esprits de qualité, telle que les conçoit la noble commission.
Il est temps en effet de se débarrasser de ces archaïsmes didactiques, trop complexes. Plaçons l’ambition de nos établissements avant celle des personnels et des disciplines ! Le documentaliste doit servir au mieux les usagers et tel est l’objectif du travail d’éclaircissements pour le développement rapide des 3C, seule entreprise capable de moderniser profondément les CDI.
Le documentaliste devient gestionnaire de ressources numériques et il doit tout mettre en oeuvre pour en faciliter un accès immédiat. Mais il n’est pas seul. Il peut s’appuyer sur les institutions des Crdp et des Cddp, mais surtout il pourra bénéficier de  la coopération efficace et hautement appréciée de nos partenaires éditoriaux et informatiques. Sortons des logiques d’opposition ! En effet, on peut travailler aussi bien avec Apple et Microsoft ! On peut aussi travailler avec Samsung d’ailleurs. Les 3c ne sont pas dogmatiques, eux ! Ils prônent une liberté d’usage fort intéressante.
Les élèves ont besoin de moyens pour travailler et pour faire de bons choix en matière de matériel d’ailleurs.
L’animateur de 3c se doit d’être polyvalent et à l’écoute des besoins des usagers.  Cette écoute repose aussi sur une convivialité importante. Il est ainsi beaucoup plus opportun à l’heure des réseaux sociaux de savoir échanger quelques mots de courtoisie, pouvoir faire une référence avec les élèves aux anges de la téléréalité par exemple, car il s’agit de s’appuyer sur la culture des élèves qui est parfois d’une grande qualité dans le domaine. N’oublions pas qu’ils passent des heures devant leurs écrans comme beaucoup de leurs parents et qu’il serait bon de légitimer ces aspects. La capacité de certains à enchaîner des heures de vidéo et d’activités diverses sur des plateformes de jeux doit être reconnue et valorisée largement.
Il s’agit aussi de faire connaissance avec eux, avec les nouveaux usagers du centre qui ont besoin d’être mis en confiance et valorisés. L’important ce n’est  de savoir chercher l’information mais d’en trouver ! Et ils sont remarquables dans ce domaine. Les expériences le démontrent ainsi que la recherche : les élèves trouvent toujours de l’information. Alors pourquoi vouloir leur apprendre à en chercher ?  Tout cela est ridicule et la commission l’a bien compris.
Ce qui importe c’est qu’ils prennent plaisir à voir leur progression s’afficher. Le personnel du 3c doit savoir encourager les succès des élèves quand ils passent des niveaux. Un tableau affichant les meilleures scores à bubble shooter pour des élèves de sixième constitue une émulation plus que louable.
La commission tient à souligner également que le serveur du 3C doit étancher la soif de ses usagers. Là aussi, la diversité est de mise. Aucune idéologie!  S’il y a pepsi, il y aura coca!  Et osons le Loch Lomond ! Le merchandising center, enfin le learning center,  euh … enfin le 3C, c’est la modernité, l’inscription de la culture et des connaissances dans notre époque et une innovation incontestablement tournée vers l’avenir.
Débarrassons nous rapidement de ceux qui nuisent à l’épanouissement pédagogique et aux bons résultats de nos établissements. Mettons les à laver des vitres ou à compter les bovins ou les cochons, mais ne les laissons plus pervertir collègues et élèves.
L’innovation est en marche. L’élève n’a pas besoin de savoir ce qu’est un document. L’intérimaire du 3C doit avant tout savoir lui servir à boire.
 

Pour en finir avec le learning center E03 : la culture de l’information mérite mieux que ça

Le learning center ne peut constituer un instrument satisfaisant pour développer une culture de l’information. Je voudrais revenir aujourd’hui sur les enjeux internationaux autour de l’information literacy. Ce territoire de la formation à l’information présente différentes visions même si le dogme dominant est états-unien.
Toutefois, d’autres voies existent notamment européennes :
Il y a notamment celles des britanniques autour de Sheila Webber.
Il y a la voie française quelque peu liée à la voie pionnière québécoise de Paulette Bernhard.
Sinon, les australiens travaillent depuis longtemps sur les transferts de compétences au niveau du marché du travail.
Thomas Hapke, bibliothécaire allemand et spécialiste des compétences informationnelles, présente d’ailleurs ces différentes approches en prenant position pour une culture de l’information (InformationsKultur) un peu dans la lignée française.

Alors évidemment, ça devient assez drôle quand on voit que les partisans de learning center dans les collèges et les lycées prétendent s’inspirer de l’International. C’est d’ailleurs symptomatique dans le fait qu’au niveau international, la recherche française a pris de l’avance notamment dans la liaison culture de l’information et didactique de l’information, ce qui m’a d’ailleurs été clairement dit par les collègues canadiens lors d’une intervention à l’EBSI il y a un an.
Même la situation française avec des CDI (qui n’ont pas attendu les learning centers et les discours quasi sarkozyste de prétendu retard en la matière) et surtout un corps dédié reconnu dans sa capacité à enseigner (capes) constitue une exception qui est une avancée. Prétendre que vouloir un meilleur enseignement n’est qu’une revendication syndicale est un comble.

La culture de l’information mérite mieux qu’un pacifi ou des learning centers.
L’Adbs a choisi de ne pas signer le manifeste Fadben (en fait elle a choisi ne pas choisir puisqu’une bonne partie du conseil d’administration n’a pas souhaité se prononcer, les pour et les contres faisant match nul) Enfin, il y a des élections prochainement à l’ADBS, espérons que le changement ce sera maintenant.
Je finis avec un peu d’autopromotion avec la vidéo de deux heures de mon intervention au CDDP de gironde à mettre en liaison avec ma série sur les leçons de la culture de l’information et notamment le dernier épisode où se trouve le support de l’intervention.
Le lien de la vidéo : http://crdp.ac-bordeaux.fr/conferences/showvideo.asp?id=114
Merci à la collègue qui a réalisé le pearltree de la série sur la culture de l’information
La culture de l’information par Olivier Le Deuff dans Professeur documentaliste / (docnicha)

Pour en finir avec le Learning Center E02 : Vive la documentation libre !

A l’heure où la funeste Dgesco vide ses poubelles (dernier texte en date : l’évaluation des enseignants), le fameux vademecum sur le Learning Center repaptisé 3C est en préparation. Il devrait être transmis aux inspecteurs (IPR) rapidemment. On note au passage le processus très top-down quand les mêmes vont nous parler de nouveaux usages et de pratiques ascendantes innovantes… la bonne blague. Ce vademecum issue d’une réflexion ni scientifique, ni pédagogique et encore moins démocratique marque la volonté de quelques uns d’imposer leur manière de voir et de faire. On notera pour l’occasion que la proximité politique de cette stratégie du learning center n’est même plus dissimulée. Si on pouvait avoir encore un doute, il n’y en a plus : le learning center appartient à cette lignée du sarkozysme éducatif mené par Luc Chatel et Jean-Marie Blanquer …et ceux qui auront appliqué avec Zèle cette politique dans un jusqu’auboutisme consternant ou dans l’espoir d’un revirement politique qui leur serait favorable aux législatives.
La propagande a apparemment encore continué durant le séminaire national sur les ressources numériques. Les tweets ayant même fait état d’une prospective peu réjouissante avec évidemment le discours facile de l’autodidaxie qui pourrait évidemment s’exprimer dans le learning center. Il faut rappeler quand même que les décideurs de cette politique n’ont jamais exercé dans un CDI… ce qui rappelle à nouveau l’inconvénient d’avoir une inspection non spécifique.
Il a encore été souligné durant la partie « prospective » que les professeurs-documentalistes comme les bibliothécaires n’ont pas à se soucier d’appropriation car les documentalistes ne sont pas « professeurs de discipline ». Toujours ce même discours qui fait de la documentation, une forme annexe, un élément vassalisé et au service de. C’est vrai que ça a de quoi faire fantasmer les hommes de pouvoir que de pouvoir vassaliser une discipline.
Sans doute, la documentation n’est pas une discipline comme une autre puisqu’elle reste attachée à des formes physiques, des lieux et des ressources et que le CDI s’est développé sur le terreau de pédagogies alternatives. Soit. Mais la documentation n’a eu de cesse d’évoluer notamment avec le numérique. Et les résultats montrent bien que la formation sur le terrain demeure encore insuffisante et que les travaux pour rationaliser la formation et les efforts réalisés par les acteurs du terrain mériteraient davantage d’encouragement. On pense évidemment aux perspectives ouvertes par la didactique de l’information (voir également le blog des trois couronnes) qui rejoint pleinement le développement d’une réelle culture de l’information ainsi que la participation à une culture numérique diverse qui soit aussi bien technique que réfléchie.
Le lieu n’est pas de redire ici ce qui a déjà été écrit et c’est que j’ai avancé dans ma thèse (ou encore dans mon livre) comme bien d’autres collègues dans d’autres travaux et acteurs de terrain. Il existe des savoirs, des notions, des méthodes propres à la documentation. Le learning Center cherche à les dissimuler pour mieux les enfermer et les contrôler tout comme le pacifi n’était au final qu’un instrument d’éparpillement des forces.
La documentation ne doit pas céder et se voir affublée de nouveaux fers à ses pieds.
Vive la culture de l’information ! Vive la documentation libre !

Pour en finir avec Le Learning center E01: l’intrusion administrative dans la pédagogie pour casser les disciplines au profit d’une autre logique disciplinaire

Voici donc la nouvelle série de l’année. J’espère qu’il n’y aura qu’une saison d’ailleurs.
La liberté pédagogique tant clamée n’est qu’un leurre. On proclame d’un côté, et de l’autre on tente d’avancer la casse disciplinaire qui consiste à nier les travaux disciplinaires et notamment didactiques. De plus en plus, les administratifs de l’Education Nationale se mêlent de pédagogie avec comme logique idéologique celle de la DGESCO qui sous couvert d’innovation dézingue petit à petit l’Education Nationale. Le cas de l’information-documentation est symptomatique car elle présente le défaut d’être sous la coupe de la « vie scolaire » au même titre que les CPE et les directeurs d’établissements. Bref, le professeur-documentaliste subit plus qu’autre chose les évolutions administratives et les injonctions qu’on lui demande.
Le rapport Fourgous qui sous couvert d’un discours pro-numérique n’est en fait qu’un instrument de destruction massive de l’EN, enterre les CDI, ces trucs d’un autre âge avec des livres dedans (je caricature à peine) au profit d’un truc clinquant super bien : le Learning Center. Évidemment, on tente de trouver un autre nom pour faire « plus mieux », mais bon, personne n’est dupe.
Bien sûr, tout cela s’est décidé en haut entre ceux qui s’y connaissent tellement en pédagogie qu’ils n’ont plus enseigné depuis un grand nombre d’années. Personne n’a été contacté parmi les professeurs-documentalistes car ils ne sont pas dignes des débats. Ils doivent obéir et surtout s’adapter. Mais la vérité est ailleurs et plus glauque : on transforme le CDI en Learning Center pour mieux placer ce lieu sous la coupe de la vie scolaire et donc changer peu à peu les missions à réaliser en son sein. On commence par les CPE et les professeurs-documentalistes qu’on va placer dans le Learning Center… puis le vieux rêve pourra se poursuivre… On donnera plus de pouvoirs aux chefs d’établissements « patrons » qui étendront leurs pouvoirs sur toutes les disciplines. Car les disciplines sont devenues le mal absolu.
Sur ce sujet, il y a une confusion entre les possibilités transdisciplinaires, multidisciplinaires et interdisciplinaires. Il y a surtout l’envie de tout fusionner dans un fatras sans nom dans le modèle B2I où on valide sans enseigner (le socle commun subit la même logique). Enseigner quelle idée ! Surtout quand on peut transmettre avec la machine via des programmes payés par l’Etat pour favoriser les ressources privées des copains. On notera quand même que les projets type IDD et TPE qui favorisaient l’interdisciplinarité voire la transdisciplinarité avec un professeur-documentaliste impliqué n’ont pas été réellement développés et bien au contraire peu soutenus.
La multidisciplinarité et la transdisciplinarité permettent d’envisager des travaux communs sans pour autant qu’un concept, une notion ou une méthode soit strictement équivalente entre les disciplines. Le but est au contraire de travailler à la fois sur les convergences et les divergences. C’est d’ailleurs l’objectif de la translittératie et son orientation française actuelle Limin-R qui cherche à distinguer similitudes et différences entre l’information-documentation, l’éducation aux médias et l’informatique. Un projet qui n’intéresse pas l’inspection générale qui préfère se voir en grand bâtisseur… mais qui ne se privera pas de réutiliser les concepts pour mieux les dévoyer.
Depuis des années sont niés les travaux didactiques en information-documentation au profit d’une logique qui est celle d’utiliser le CDI rénové comme faire-valoir et instrument de de valorisation des principaux, proviseurs et inspecteurs généraux. Au final, la transmission est inefficace. Au passage, quand tira-t-on les conséquences de l’échec du B2I à conférer une véritable culture numérique ?!
Mais non, on veut encore aller plus loin et rentrer dans la logique disciplinaire du contrôle des corps et des esprits et même des corps intermédiaires au sein du Learning center ou du merveilleux 3C (Contrôle, Catalepsie et Cacahuètes).
Au 3C, opposons les 3 R d’Alexandre Serres : (Réalisation, Réflexion et Résistance).
Prochain épisode : Vive la documentation libre…

Learning center : l’Education dans un monde meilleur parce que vous le valez bien

Au lycée de Salmon&Tacon, tout va pour le mieux. La bibliothèque du comté a été fermée afin que l’argent public soit enfin mieux utilisé. En effet, la priorité c’est désormais l’Education. Plus question de laisser les élèves s’ennuyer en cours, c’est contreproductif. La solution a été trouvée avec l’élimination de la source d’ennui : les profs. Il n’y en a pratiquement plus. Je ne sais pas combien de temps, il aura fallu pour qu’on comprenne que l’Education sans les profs, c’était beaucoup mieux. On a juste gardé, Miss Jellyfly qui est désormais chargé d’importantes responsabilités au bar interactif du nouvel équipement. Le directeur Mr. Whale est fier de sa création : son gigantesque learning center qui a remplacé l’intégralité des anciennes salles de cours.
L’argent économisé a servi pour l’acquisition des centaines de machines dernier cri qui sont régulièrement renouvelées d’ailleurs. L’éducation étant prioritaire, aucun ordinateur ne peut avoir plus de deux ans. Mr Whale y tient surtout que le partenariat avec l’équipementier rottengrany est avantageux. Le contrat type permet une uniformité des machines et des réductions sur les coûts de maintenance et surtout Mr Whale a intelligemment négocié la fourniture gratuite des uniformes des lycéens qui arborent fièrement leur t-shirts verts barrés du logo de la marque. Mr Whale très soucieux du pédagogique songe même à aller plus loin, le lycée pourrait porter le nom de la marque à la rentrée prochaine. Le rottengranny Salmon&Tacon serait un des pionniers en la matière. En échange de ce changement de nom, les locaux administratifs seront entièrement rénovés, autant d’économie pour l’école.
Car le credo, c’est investir dans une éducation rentable. Les frais de scolarité ont été certes augmentés mais les taux de réussite sont nettement meilleurs. Les tests le prouvent, quasi 100 % de réussite à tous les tests qui sont d’ailleurs mis au point par la société Troutsoft. L’avantage est évident, plus besoin d’enseignants pour produire les évaluations et les corriger.
L’ambiance au learning center est studieuse. Miss Jellyfly y veille. Chacun doit bien avoir son t-shirt avec soi et le matériel réglementaire. Pas question de ramener du matériel de l’extérieur. Les ouvrages papiers sont tous contrôlés à l’entrée, on craint la contamination par les virus contenus dans les vieux papiers. L’Education est une chose trop sérieuse pour qu’on laisse rentrer en son sein des sources de contaminations. Mr Whale a engagé Mr Orca, ancien militaire, pour réaliser ce travail très important pour la communauté éducative. Le message est passé auprès des élèves, qui n’amènent désormais plus rien de prohibé au sein des locaux. Encore une belle réussite pour Mr Whale.
Tout le monde est donc connecté en permanence dans la joie et la bonne humeur. On s’active et surtout on réussit ! Et tout cela grâce aux ordinateurs et aux nouveaux logiciels. Samantha est tout heureuse : « les ordinateurs sont de plus en plus performants, cela me permet de réussir des tests plus difficiles sans trop d’efforts ». C’est aussi le cas de Kévin qui vient d’accéder à un très haut niveau de philosophie après 7 heures passées devant le programme brainphilosopherkillers. Le programme donne envie de travailler : pas de lecture fastidieuse mais de la grande interactivité. Des élèves heureux et qui ne s’ennuient pas ! On gagne toujours aux tests, fini l’échec scolaire : l’Ecole est enfin au service de la réussite. Ici, on apprend en autonomie ou avec ses camarades…et surtout à son rythme grâce aux machines et aux programmes individualisés qui mènent chacun à la réussite pour tous les tests. De toute manière, la réussite est obligatoire, c’est dans la charte de l’établissement qui reproduit la directive gouvernementale. Les machines sont ergonomiques et étudiées pour que les élèves puissent rester connectés pendant des heures sans avoir de mal de dos. Fish&wood design est l’équipementier des learning centres. L’ amitié du président de l’entreprise avec le ministre a permis aux établissements d’importantes réductions. L’occasion de saluer l’investissement une nouvelle fois personnel du ministre et le dévouement à la cause éducative du directeur de Fish&Wood. Miss Jellyfly est aux anges, le mois a été excellent. Elle veille à ce que les temps de présence dans l’établissement soient les meilleurs possibles. Fini l’absentéisme, vive le présentéisme massif. Miss Jellyfly n’est pas rémunérée par l’établissement mais par les commissions et les ventes qu’elle réalise au bar. Les élèves ont souvent besoin de se rafraîchir et de prendre des éléments caloriques pour pouvoir réussir leurs tests. Plus ils restent connectés, plus ils consomment. Mais les prix sont très abordables et les parents conscients de l’importance des études et des sacrifices à réaliser pour leurs enfants. Cela permet aussi de financer les voyages pour les concours internationaux entre les rottengranny schools.

Face à une telle réussite : tout le monde est content. Le ministre est ravi des chiffres qui lui parviennent et qui démontrent des performances incroyables dans ces sociétés informationnelles. De tels graphiques devraient l’entrainer à de plus hautes fonctions et ce n’est que justice. Une société hautement civilisée nous attend. Il faut dire qu’il n’a pas ménagé ses efforts notamment contre ceux qui empêchaient le progrès pédagogique : les professeurs, les bibliothécaires, et pire les hybrides inclassables les professeurs-documentalistes et leurs CDI, bref ces vieilles fonctions et manières de faire aujourd’hui désuètes et dont les taux de réussite démontraient bien l’inutilité totale. Le plan :  « Get out, poor dumb teacher » a plutôt bien fonctionné. Il a été établi en plusieurs étapes, d’abord en supprimant la formation des professeurs, puis petit à petit en remplaçant les profs par des ressources en ligne. Que la marche vers le progrès fut longue et difficile mais désormais ces temps difficiles sont derrière nous !
 
Mais Mr Whale est soucieux, il aimerait bien assurer son budget pour la rentrée prochaine car les ressources en ligne de la société éducationnelle Coldfish ont augmenté et notamment les ressources de haute performance qui sont indispensables si le lycée veut conserver son label « Pédagogie de l’excellence » accordé par le ministère qui a tant fait pour le progrès éducatif ces dernières années. Heureusement, une de ses élèves est en finale pour le concours de Miss grannyschool. Si elle gagne, elle permettra au lycée d’empocher une jolie somme et surtout cela permettra de nouvelles inscriptions grâce à la publicité générée gratuitement via les médias. On comprend que pour Mr Whale la réussite de ses élèves est à terme clairement la réussite de son établissement. Les meilleurs de ses élèves contribuent beaucoup au succès de ce modèle. Ainsi les communautés d’élèves, les Rolexbrothers et les Vuittonssisters montrent bien l’importance de l’éducation. Ces groupes d’élèves ne quittent que rarement le learning center car il s’agit d’acquérir le maximum de réussite aux tests afin d’obtenir de belles récompenses grâce aux cadeaux offerts. La devise des Rolexbrothers est claire et démontre une belle motivation : « si tu n’as pas de Rolex à 17 ans, c’est que tu as un peu raté ta vie ». Ces groupes motivent fortement les autres élèves qui rêvent d’accéder aussi à ce niveau culturel. On comprend ici toute l’importance de l’émulation.
 
Le progrès est tel que les futurs élèves en âge d’aller voter feront nécessairement le bon choix. En effet, grâce à un nouveau programme « Anglebrain » prévu à cet effet qui cherche à perfectionner la démocratie, leur choix sera nécessairement le bon. Nul doute qu’ils seront également récompensés comme il se doit.