Bibliothèques numériques, Web2.0

La fin du site « mauvais genres » crée par Bernard Strainchamps  a laissé un vide qui n’est pas comblé. Il manque une source de commentaires et de réflexions sur les œuvres au sein des bibliothèques et pas seulement en ce qui concerne le polar ou la science-fiction. Cela m’a incité à rapprocher ce manque évident des possibilités offertes par les bibliothèques numériques. J’en appelle aux institutions des bibliothèques ainsi qu’aux élus. Il est temps de réagir. Dès aujourd’hui la réflexion autour des bibliothèques numériques doit s’engager sérieusement. Des actions peuvent déjà être menées à mon avis.

L’article de Carl Lagoze [1 ] nous montre tout l’intérêt de la bibliothèque numérique mettant en avant sa valeur ajoutée :

« (..)les bibliothèques numériques devraient concurrencer et surpasser de façon singulière les bibliothèques traditionnelles. En ce sens, elles devraient être bien plus que des moteurs de recherche. Comme toutes bibliothèques, elles devraient intégrer un haut degré de sélection des ressources qui remplissent les critères relevant de leurs missions. Il faudrait aussi qu’elles fournissent des services, comme la recherche, qui facilitent l'utilisation des ressources par leur communauté-cible. Mais, libérées des contraintes physiques d'espace et de support, les bibliothèques numériques peuvent mieux s'adapter aux communautés qu'elles servent et mieux les refléter. Elles doivent être collaboratives, en permettant aux utilisateurs de contribuer et d'apporter du savoir,  de façon active à travers des annotations, des compte-rendus de lecture etc., ou bien de façon passive à travers leurs profils d’utilisateurs. En outre, elles devraient être contextuelles, illustrant ainsi le réseau extensible des relations et des couches de savoir qui se tissent autour des ressources. De la sorte, le noyau de la bibliothèque numérique devrait être une base d'information évolutive, navigant entre la sélection professionnelle et la "sagesse des peuples". »

Par conséquent je pense qu’il serait grand temps de mettre en place un serveur permettant de mettre à disposition des résumés d’ouvrages et la possibilité pour les lecteurs d’ajouter des commentaires. Les sites comme amazon.com ou allocine.fr nous donnent quelques exemples de fonctionnement mais ce sont des sites à caractère commercial. Mais ils ont parfaitement compris la logique économique de la bibliothèque et tire des bénéfices de ce que Cris Anderson a nommé « The long tail ». La traduction est disponible ici.

Je crois que c’est aux institutions publiques de réagir avant que le privé ne s’en empare pour en faire un but lucratif.

 

La bibliothèque numérique doit avoir du contenu supérieur au travail effectué par les moteurs de recherche comme Google. Google n’a pas résolu le problème avec ces projets de numérisation. Il ne s’agit pas de réunir un maximum de fonds pour un moteur européen (quaero) dont on ne sait quelle sera sa réussite réelle mais dont on sait qu’il aura nécessité des fonds des milliers de fois supérieurs à l’algorithme de Google. Il ne sert à rien de courir après en partant avec des années de retard. La force de Google est de toujours devancer les autres. Il nous faut donc en faire autant avec les bibliothèques numériques. Il nous faut l’imaginer. On peut s’inspirer de la vision de Michel Fingerhut   :

Je la verrai, cette bibliothèque, plus proche de ce qu’Amazon met en place que Google (et peut-être pour ce que fera Microsoft avec les fonds de la British Library qu’ils numériseront en 2006) : un dispositif multiculturel, multilingue réparti (des fonds en réseau12), intégré13, polymorphe, extensible, recomposable et personnalisable, prenant acte de ces évolutions, pour le référencement, la gestion, l’organisation, la circulation et la diffusion de documents de nature différente (texte, image, son…, pour certains numérisés pour d’autres non) et de ressources numériques choisies, témoins inaltérés du passé qui se constitue ; contenant des métadonnées de bonne qualité1; proposant des moyens de recherche multiples (par index, par texte intégral, par langage naturel, par réseaux sémantiques et sociaux…), intuitifs ou avancés ; permettant à chaque utilisateur de s’en faire « son » catalogue, qu’il pourra renseigner sur la pertinence des réponses fournies, et ainsi l’orienter vers ses propres critères plutôt que ceux du dispositif sous-jacent ; lui offrant les moyens de s’approprier les contenus, de les organiser et de les enrichir ; de communiquer à propos de ces contenus avec d’autres usagers, sur place ou à distance. »

Cette vision va parfaitement dans mes premiers textes du  projet du guide des égarés écrit en 1999 ainsi que du projet sefira. Je ne pense pas avoir été pris au sérieux à l’époque. Désormais les temps ont changé et la bibliothèque doit s’enrichir de contenus interactifs et de personnels qualifiés dans ce type de projets.

Plusieurs projets techniques peuvent être envisagés. Je crois qu&
rsquo;un serveur permettant l’accès personnel à des ressources numériques permettant d’y ajouter commentaires et annotations pourrait être mis en place facilement. Un « Gallica » amélioré et augmenté en quelque sorte. Mais cela ne suffit pas. Une base de données sur les ouvrages et autres contenus multimédias pourrait être mis en place à l’instar du système de commentaires de films d’allocine.fr. Chaque fiche comporterait un lien avec un catalogue genre « sudoc » qui permettrait au lecteur de localiser la bibliothèque la plus proche qui possèderait l’ouvrage ou le lien vers l’œuvre si elle est disponible. Il est évident aussi que la durée des droits d’auteur est bien de trop longue et que bientôt les livres seront autant partagés sur le p2p que films, musiques et autres logiciels. Les systèmes de lecture sur interface numérique vont se développer et l’équivalent des Ipod deviendra monnaie courante. Le livre papier demeurera mais se concentrera sur ses qualités principales et premières d’objet précieux et esthétique (livres d’art et d’illustration). Il y aura par conséquent de plus en plus d’ouvrages en accès libre et direct.

Le système permettrait également le développement des « réseaux sociaux » et laisserait place aux débats interactifs. Tout est possible à imaginer, des « digital stuff » ou « bidules interactifs » pourront encore être ajoutés au fil du temps. Il faut simplement envisager des systèmes dynamiques et évolutifs dans le genre de ces nouvelles technologies que l’on appelle en ce moment Web 2.0.

 

Je crois que c’est surtout dans ce genre d’applications qu’il est temps d’investir. Si nous ne réagissons pas assez vite, des entreprises comme Google en profiteront. Alors j’en appelle aux dirigeants des différentes bibliothèques ainsi qu’aux élus pour mettre en place les bibliothèques numériques de l’avenir. Je crois que la communauté des spécialistes de l’information et de la documentation, des lecteurs, des internautes et bien d’autres encore sont prêts à la soutenir.


 

[1] La traduction est de Frédéric Martin.

Il y a débat sur des termes pas évidents à traduire, notamment « digital stuff » :

http://artist.inist.fr/article.php3?id_article=250#forum243

[2] Michel Fingerhut, Outils personnels et outils publics, la fin d’une frontière ?

http://mediatheque.ircam.fr/articles/textes/Fingerhut05d/

 

Autorité et pertinence vs popularité : et influence : réseaux sociaux sur Internet et mutations institutionnelles

L'article est désormais en ligne sur archivesic.

Il s'agit d'un work in progress, il est donc en phase de travail.

Mais comme il me l'a été demandé et qu'il peut être intéressant d'ouvrir le débat, j'ai décidé de le mettre en ligne avant d'éventuellement le publier dans une revue plus prestigieuse et même reconnue par le CNU !Cool

Je livre donc pour vous mettre l'eau à la bouche l'introduction de l'article. 

 L'avatar du GDE profite de sa popularité.

 

 

Introduction :

Notre propos vise à monter que les réseaux sociaux qui se développent sur Internet au travers de la blogosphère ou via le phénomène qui est souvent qualifié de web 2.0 achèvent la remise en cause des autorités traditionnelles et aboutissent à une nouvelle donne. L’autorité qualifiée par Hannah Arendt[1] de capacité d'obtenir l'obéissance «sans recourir à la contrainte par la force ou à la persuasion par arguments,» se voit de plus en plus disputée par d’autres moyens de légitimité.

Ainsi l’autorité conférée institutionnellement ne vient plus de la transcendance mais bel et bien de l’influence voire de la popularité. Ce bouleversement amorcé depuis bon nombre d’année puise généralement son origine d’une désaffection pour la religion et d’un détachement vis-à-vis des traditions.  Néanmoins ces phénomènes ne signifient pas un rejet total du lien social ni de la possibilité de conférer une forme de légitimité à autrui. Les travaux des médiologues ont montré que la videosphère confère une forme de légitimité à la star. Les réseaux sociaux ne confèrent pas nécessairement un rang de star à tel ou tel blogueur mais une forme de reconnaissance mesurable. Ces transformations ne sont pas sans danger tant les possibilités de manipulations sont grandes au sein du phénomène que l’on nomme parfois web 2.0. Il convient donc de mettre en place une formation à la culture de l’information si nous ne voulons pas demeurer dans la crise de la culture.

 

Les transformations conceptuelles

Les glissements de concepts suivant s’effectuent alors :

– Passage de l’autorité à la popularité

– Passage de la pertinence à l’Influence.

 

Présentation disponible sur slideshare ou à télécharger :


[1] «Le mot auctoritas dérive du verbe augere, «augmenter», et ce que l'autorité ou ceux qui commandent augmentent constamment, c'est la fondation. Les hommes dotés d'autorité étaient les anciens, leSénat ou les patres, qui l'avaient obtenue par héritage et par transmission de ceux qui avaient posé les fondations pour toutes les choses à venir, les ancêtres, que les Romains appelaient pour cette raison les majores». (Arendt, 1989)

 

 

 

Folksonomies, Alternatives à Google, yourminis et oeuvres en classe

Statistiques sur les folksonomies [graphique] | Guitef

  • Et oui il faut convaincre à la pratique de la folksonomie.
    C'est ce que je vais essayer de faire au travers de formations cette année.
    L'article de Guitef est intéressant et montre un accroissement de la pratique.
    Il note aussi que cette pratique est plus fréquente suivant le niveau des revenus.
    Cela s'explique sans doute de manière culturelle. En effet les cadres sont plus amenés à partager et à manipuler de l'information que le travailleur qui n'use de son pc et de l'internet que pour des aspects de loisir.


Les 100 alternatives au Dieu Google

  • Un lien intéressant qui nous proposent le top 100 des alternatives à Google.
    Il vous faudra en essayer certains. Je note quand même que ces alternatives ne sont pas des moteurs du même type puisque s'y cotoient dans la liste de réelles alternatives comme exalead et des méthodes de recherche différentes comme les signet sociaux avec deli.cio.us.
    Malgré tout moi même je reste un grand utilisateur de google. Mais les usages évoluent.
    L'essentiel de l'information pertinente que je trouve ne passe pas nécessairement par Google. Néanmoins l'index de Google étant large, j'utilise souvent Google comme raccourci pour accèder à une url. Si vous synchronisez votre  barre d'url avec Google sur firefox c'est un moyen pratique d'accèder directement à l'url que vous voulez. Google devient pour moi un moyen d'accès rapide plus qu'un moteur de recherche d'informations pertinentes.
    La personnalisation de la veille via les flux rss a ses effets. Néanmoins ma page d'accueil perso est sur googlee tout comme mon mail…Enfin je forme plutôt à Netvibes. A ce propos, un nouveau concurrent est sorti :
  • yourminis.com – web minis anywhere

    Le petit dernier des pages d'accueil personnalisés a le look . C'est tentant, mais information et esthétique font-ils bon ménage?
    Je vous laisse tester vous-même, l'information ayant été déjà beaucoup relayée et commentée sur le sujet. Pour certains c'est du buzz, pour d'autres de la redondance voire de l'infopollution. Enfin, si ça peut convaincre un plus large public à l'intérêt des pages d'accueil personnalisées, il faut bien en parler.

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Green Chameleon » How to be a KM Guru #2

  • Article qui explique comment devenir un gourou du Knowledge Management et qui critique le fait qu'il faille l'accompagner d'un discours simplifié, positif voire positiviste.
    Bref il vous faut être dans la lignée du happy end hollywoodien, faire court, être convaincant.
    En clair il vous faut être un publicitaire de vos idées tout simplement au prix d'un appauvrissement intellectuel évident.
    Vu comme ça , cela ne donne pas envie de devenir un gourou du KM. Mais c'est surtout une critique du fonctionnement américain en la matière.
    Enfin en Europe et en France, il n'y pas beaucoup de monde qui connait vraiment ce qu'est le KM.
    Sans doute, n'y-a-t-il pas assez de gourous…
    Pour ma part, je pense qu'il serait intéressant de débattre et d'analyser les évolutions des termes dans la profession.
    Knowledge manager, architécaires ou architectes de l'information?
    Pour ma part j'aime bien la dernière nomination mais je m'interroge sur la disparition du terme document ou documentation.. Pourtant les espaces documentaires demeurent c'est évident.

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Bulletin officiel du 1er février 2007

  • Les accords entre le ministère et les éditeurs pour un montant de 4 millions permettent une utilisation élargie des oeuvres en cours, en cours en ligne, aux sujets d'examen. Voici un extrait :
    Les dimensions des œuvres qui peuvent être numérisées et incorporées dans un travail pédagogique ou de recherche mis en ligne sont précisées pour chaque catégorie :
    pour les livres : 5 pages par travail pédagogique ou de recherche, sans coupure, avec reproduction en intégralité des œuvres des arts visuels qui y figurent, dans la limite maximum de 20 % de la pagination de l’ouvrage. Dans le cas particulier d’un manuel scolaire, l’extrait ne peut excéder 4 pages consécutives, par travail pédagogique ou de recherche, dans la limite de 5 % de la pagination de l’ouvrage par classe et par an ;
    pour la presse : deux articles d’une même parution sans excéder 10 % de la pagination ;
    pour les arts visuels :
    le nombre d’œuvres est limité à 20 œuvres par travail pédagogique ou de recherche mis en ligne. Toute reproduction ou représentation numérique de ces œuvres doit avoir sa définition limitée à 400 x 400 pixels et avoir une résolution de 72 DPI.
    Pour pouvoir bénéficier de l’accord conclu par le ministère, les établissements doivent veiller à ce que les moteurs de recherche de leur réseau permettent l’accès aux travaux pédagogiques ou de recherche, aux colloques, conférences ou séminaires ou aux cours et non un accès direct aux extraits d’œuvres protégées ou éléments isolés (par exemple une photographie, une peinture, une sculpture).
    La mise en ligne de thèses sur le réseau internet est admise en l’absence de toute utilisation commerciale et, le cas échéant, après accord de l’éditeur de la thèse. La mise en lignee devra utiliser un procédé empêchant celui qui consulte la thèse sur internet de télécharger les œuvres qui y sont incorporées.
    La reproduction numérique d’une œuvre doit faire l’objet d’une déclaration pour permettre d’identifier les œuvres ainsi reproduites. Cette déclaration consiste à compléter le formulaire mis en ligne à l’adresse suivante : http://www. cfcopies.com/declaration-enseignement