Twitter est une grande cour de récré

Twitter, au final , il faut mieux y être parce qu’on y apprend pleins de trucs, parfois fort utiles, lorsqu’il s’agit d’une information qui vous intéresse ou d’un article ou billet de blog que vous n’avez pas encore lu.
Parfois, aussi il s’agit de plaisanteries, d’exutoires ou autres délires de personnes qui ne sont pourtant plus des écoliers mais qui pourtant en ont encore conservé des traces. On est comme des gamins à commenter la panne de gmail un peu à la manière où on se disait suite au film du mardi soir: « et tu as vu le moment où Machin il fait ça? »
Voilà pourquoi twitter connait un succès. Il est basé sur des conversations, courtes en apparence mais qui dépassent les 140 caractères en tissant d’autres fils invisibles.
Twitter, c’est la cour de recré des « knowledge workers » qui sont victimes de la loi du cool comme le dirait Alan Liu. Avec twitter, ils sortent un peu de leur cadre, tout en ne le quittant pas complètement, c’est une autre manière de voir et de s’exprimer dans un même milieu. C’est la cour de récré de l’Ecole, à la fois dans l’Ecole mais aussi un peu en dehors, un entredeux salvateur qui rend parfois la vie moins pénible. Sur twitter, on est peu un comme Titeuf même si on ne dit pas tcho mais d’autres expressions assez similaires se rencontrent. Alors on ne sait pas si on bosse encore ou si on se détend, c’est aussi ça les règles du personal knowledge management.
Évidemment la récré est un peu mondiale, mais au final on y retrouve ses camarades et on peut décider qui peut entendre nos conversations ou presque.
Il faudrait sans doute aussi étudier qui sont vraiment les utilisateurs de twitter, mais j’ai l’impression qu’il correspondent pleinement à ces classes moyennes qui voient l’ascenseur social en panne et qui voient dans ces lieux d’autres moyens de constituer un autre univers, loin de ceux qui nous gouvernent ou qui prétendent pouvoir le faire et à qui on reconnaît de moins en moins d’autorités sur nos vies. Sur twitter, on dit tout le mal qu’on n’en pense, histoire de refaire le monde. On n’est plus proche de l’aiguillon Stéphane Guillon, que l’apathique Aphatie. Une revanche des classes moyennes ? (sur ces sujets lire les billets d’Emmanuel Parody et celui de Narvic)
Il y a sans doute une volonté de partager autre chose que la médiocrité de TF1 et autres idées reçues.
Sur twitter, on a l’impression de jouer encore aux billes mais on espère qu’à force de les faire s’entrechoquer, il va bien se produire quelque chose de bien, de magique et de sortir de cette crise dans laquelle ces prétendus adultes au pouvoir nous ont plongé. Car ce n’est pas qu’un crise économique, ce serait trop simple : c’est une crise générationnelle et inter-générationnelle où l’héritage ressemble de plus en plus à des dettes impossibles à solder et encore moins au tribunal de l’histoire.

Cours en ligne : blogues versus Plateformes ? Quand l’auteur n’est pas l’éditeur

Je travaille actuellement sur un article sur les cours en ligne et les enjeux d’autorité et d’éditorialité qui en découlent.
Je suis persuadé que bien souvent les dispositifs leurrent les enseignants en ce qui concerne les aspects éditoriaux.
En effet, les marges de liberté ne sont pas totales du fait de formes préétablies à l’avance que ce soit sur moodle, claroline, spirale et même sur les blogs. Je ne développerai pas ici ces aspects d’héritages, de formes héritées et transformées qui peuvent d’ailleurs également déformer.
Quand on est un peu doué, on parvient à bricoler via une culture technique et on demeure à peu près maitre de la situation, c’est à dire, dans un état de majorité face à la technique comme le décrit bien Gilbert Simondon. Mais pour cela, il vaut mieux être le patron de la situation en étant à la fois l’hébergeur, et celui qui installe et maintient la solution technique..sans quoi, vous pouvez être auteur de votre cours, vous n’en serez pas l’éditeur. Je ne parle pas nécessairement en terme juridique mais en terme pratique voire pédagogique.
Vous n’êtes pas à l’abri d’une panne technique, si ça plante et que c’est vous qui gérer :
-soit vous avez fait des sauvegardes car vous êtes prévoyant.
– soit vous n’en avez pas faites et c’est de votre seule responsabilité mais vous saviez à quoi vous vous exposiez.
Le problème c’est que la majorité des enseignants se font héberger, soit sur des blogs, soit sur des plateformes.
En clair, la chaine éditoriale demeure et se transforme et la possibilité de diffuser en ligne n’y change rien. Vous êtes sous la dominante en fait d’une chaine de responsabilités techniques parfois éloignées du pédagogique sans compter que se créent d’autres intermédiaires dans cette chaine, certains pédagogiques comme les tuteurs, d’autres techniques même s’ils se font appeler parfois ingénieurs pédagogiques ( et même si ces derniers n’ont jamais donné de cours bien souvent!)
En clair, vous n’êtes pas l’éditeur et cela devient très agaçant quand les plateformes deviennent des usines à gaz et vous n’avez pas l’impression de pouvoir effectuer une construction pertinente et une scénarisation optimale.
Mais le pire n’est pas là, c’est qu’il faut songer à sauvegarder votre cours et à en faire des sauvegardes si vous souhaitez le réimplanter ailleurs. Cela ne vous empêchera pas d’avoir certaines pertes et notamment tout le processus éditorial de scénarisation et de mise en page le plus souvent, notamment si vous changez de plateformes!
Voilà pourquoi, parfois, je préfère réaliser ces derniers temps des cours en ligne simplement avec wordpress, hébergé par mes soins ou par wordpress.com sachant qu’une sauvegarde en xml me suffit. Le blogue semble mieux répondre à mes intérêts éditoriaux.
Sinon, vous n’avez aucune garantie…et notamment le fait de voir votre cours disparaître purement et simplement comme ce fut mon cas sur la plateforme cursus de Rennes 2. Le cours qui est un prolongement d’un cours en présentiel datait effectivement d’il y a deux ans. J’avais effectué une sauvegarde mais ce qui m’intéressait justement, c’était la mise en page effectuée et tout le travail éditorial pour donner un sens au contenu.
A la poubelle tout cela, sans un mot. Autant dire qu’on n’est mieux servi que par soi-même et que les enseignants ont intérêt à veiller à ne pas se faire déposséder dans ces domaines…
Je m’en remets donc à vos avis et vos préférences entre blogues et plateformes. Je suis également intéressé par tous types de blogs servant de supports à des cours, du primaire à l’université.

Le Ka documentarisé sur archivesic

Mon texte sur le Ka documentarisé est désormais accessible sur archivesic.
résumé :
Le Ka documentarisé est le double numérique constitué de nos activités volontaires ou non sur les divers réseaux et qui se voient de plus en plus indexées. L’individu devenu document est utilisé ainsi à divers usages notamment liés à la surveillance ou à l’exploitation commerciale et publicitaire. Le double numérique se joue entre une identité passive difficile à contrôler et une identité active qu’il convient de construire. L’enjeu de la culture de l’information est de former à la bonne gestion de ce double qui véhicule la réputation de l’individu. Par conséquent, les objectifs et les ambitions de cette dernière se rapprochent de la voie amorcée par la translittératie. Il s’agit donc de former non seulement à la recherche d’information mais également à la conscience de ses activités numériques, à l’identification du besoin de communication et au bon usage communicationnel.
L’ensemble des articles de la conférence est également disponible dans l’ouvrage Traitements et pratiques documentaires : vers un changement de paradigmes. Actes de la deuxième conférence. Document numérique et société, 2008 aux éditions de l’Adbs.

Pour rappel, le document de présentation est disponible ici