Chronique n°3. Dieu est-il un salaud ou l’anti-Otlet

Une nouvelle chronique très courte pour cause de problèmes de santé niveau vertèbre et en attendant d’autres contenus en préparation.

La version audio à podcaster.
Je viens de voir sur Neflix « Le tout nouveau testament ». Je me souvenais d’avoir vu les extraits et bandes annonces à l’époque de sa sortie, mais j’avais raté le fait que Benoît Poelvoorde  y incarnait un dieu belge quelque peu étonnant…

Source de l’image : Le nouveau testament. Copie d’écran issue du site : https://frenchly.us/week-francophone-films-theatre-raymond-kabbaz/le-tout-nouveau-testament/

Les images le montrent dans une pièce digne d’un mundaneum dystopique plutôt qu’utopique.
Un ordinateur et des tiroirs qui contiennent les fiches de tous les individus qui composent l’humanité.
Poelvoorde y incarne un dieu législateur de règles de l’emmerdement maximal. Il ne veille donc pas au bienêtre de l’humanité, il semble au contraire privilégier une approche différente.
 
Capture issue du journal Le Monde en anti-Otlet sadique… https://www.lemonde.fr/cinema/article/2015/09/01/le-tout-nouveau-testament-benoit-poelvoorde-en-dieu-belge-et-mechant_4742015_3476.html

On a parfois l’impression d’y voir un successeur belge de Paul Otlet qui aurait choisi de transformer le mundaneum dans une logique optimisée de l’indexation des existences plutôt que de tenter de réaliser en vain une indexation des connaissances en pure perte.
On dirait même un anti-otlet…
Copie d’écran issue d’Atlantico qui montre Poelvoorde en anti-Otlet avec un bureau chargé d’alcool et boîtes de conserve dans un environnement digne du Mondaneum

 

 
 
 
 
Si la fille du Dieu belge décide de changer la donne en révélant les dates de mort des personnes, seule une reprise du contrôle de l’ensemble permet de changer la donne.
La révélation des métadonnées butoirs vient changer l’existence même. Une connaissance intime est alors la source du changement.
Cette incarnation de Poelvoorde est assurément à mettre au nombre des Mundaneum de la dystopie, mixant le désir d’un fichage généralisé avec le fait de pouvoir agir de façon omnipotente à la Big Brother.
Si ce n’est que ce n’est pas Big Brother is watching you, mais un pauvre type a fiché toute votre existence…
Si les images de Paul Otlet pouvait donner parfois l’impression d’un vieil homme ou d’un pauvre personnage usé par le fait de tenter d’indexer l’ensemble des connaissances possibles, le personnage du dieu omniscient Poelvoorde s’inscrit dans une filiation finalement plus inquiétante.
En effet, ce qui frappe dans le film, c’est le caractère malsain de Poelvoorde, être omnipotent mais totalement incompétent, sans pouvoir intrinsèque et dont l’éloignement des instruments de pouvoir le rend au final tout autant impuissant.
La leçon sans doute est que nous avons produit tout au long de l’histoire des personnages de ce type, bien avant nos data centers et que les archives des sociétés de la surveillance ont conféré parfois des pouvoirs à des êtres dont le seul but était de ruiner l’existence des autres.
Je vais tâcher dans les prochains mois de rassembler un peu de matériau sur les représentations dystopiques de ce type. On en trouve désormais régulièrement dans les séries…