Questionnaire « culture de l’information et formation à l’information »

Dans le cadre d’une recherche doctorale  en information communication (Université de Rennes 2) portant sur la culture de l’information, je me permets de vous demander de participer à un questionnaire anonyme sur la culture de l’information et la formation à l’information dans le secondaire et dans le supérieur.
Le questionnaire est disponible à l’adresse suivante :
http://megatopie.info/limesurvey/index.php?sid=78749&newtest=Y
Il s’agit de tenter de distinguer quelles sont les différentes conceptions liées à la culture de l’information et quel type de formation à l’information pourrait être mis en place à la fois dans le secondaire et le supérieur. Le questionnaire est court et prend moins de 5 minutes.
Je donnerai ici une courte synthèse et analyse des résultats. L’analyse plus poussée sera disponible lorsque ma thèse sera achevée …donc patience.
Chaque questionnaire est imparfait, et je prévois par conséquent de travailler sur d’autres méthodes pour recueillir des témoignages. J’userai donc autant du réel, que de second life ou de facebook sur ces questions. Une de mes hypothèses, c’est qu’il existe beaucoup de conceptions différentes de la culture de l’information, que certains emploient d’autres expressions, que d’autres usent d’expressions similaires mais avec des visées et objectifs totalement différents.
J’utilise limesurvey, une plateforme libre que j’héberge moi-même. Ce sera l’occasion de voir la robustesse et les qualités de cet outil.
Merci encore pour vos réponses.
D’ici quelques temps, un questionnaire anglophone sur le même sujet devrait voir le jour.

Le mystère Vannevar

Vannevar Bush est un des plus célèbres savants du siècle dernier. Son influence est reconnue dans de nombreuses disciplines et son célèbre texte « as me may think » est fréquemment cité comme une des préfigurations de l’Internet dans sa vision hypertextuelle.
Vannevar Bush intéresse également les chercheurs en information literacy et en culture de l’information. Je songe notamment aux travaux de Sheila Webber et de Bill Johnston qui tentaient de voir dans l’article de Bush les prémisses de ce qui pourrait constituer une discipline de l’information literacy [1].
Seulement voilà à l’heure où je parlais du matin des infomanciens de manière un peu ironique ce qui a un peu dérangé Peter Norrington, le webmaster du blog infomancy car il n’a rien à voir avec les théries conspirationnistes et qu ‘il demeure dans un travail proche en fait de l’information literacy, il faut bien se poser la question du mystère Vannevar. J’ai donc demandé à une de mes élèves de trouver le lien entre l’affaire Roswell et notre illustre savant.
Elle a trouvé rapidement que le nom du savant est souvent attaché au comité secret du majestic 12, chargé entre autres de garder le secret autour de l’affaire et de tirer un maximum de renseignements technologique dans la supposée rencontre du troisième et quatrième type.
Je viens récemment de finir un article sur le mythe du complot et je m’interroge finalement sur la pertinence de tenter d’établir les bases de l’information literacy à partir du texte de Bush. On peut certes tenter d’isoler le texte du savant en une sorte de positivité foucaldienne et souligner qu’il a été écrit avant 1947 (date de l’accident de Roswell) et que donc il est nécessaire de ne pas trop s’attarder de fait sur la figure de l’auteur.
Je pense que l’argument foucaldien est pertinent seulement voilà. La rigueur scientifique n’est pas l’apanage de théories conspirationnistes, et il sera aisé pour les tenants de ce genre de théorie de faire de l’information literacy une discipline idéologiquement marqué par le complot.
Finalement ,ce mystère ne peut que susciter le doute. Le choix de la rigueur nous poussera à faire des choix et donc à faire con-fiance en les travaux et autres énoncés de Vannevar tout en continuant à s’interroger de manière critique (voire Mé_fiante) et empreinte de doute sur cette affaire Roswell. Un choix méthodique, réfléchi et complexe. A l’inverse, les habiletés informationnelles prisées par les conspirationnistes feront le choix paranoïaque de passer de la mé-fiance à la dé-fiance.

[1] Johnston, B., & Webber, S. (2005). As we may think: Information literacy as a discipline for the information age. Research Strategies.

Digital natives, objet technique et B2I

Je réagis au billet de francis pisani sur la génération « Google » dont j’ai déjà parlé il y a peu de temps. Il s’avère que de plus en plus les analyses contredisent la vision « digital natives » de Prensky et montrent que la réalité est bien plus complexe voire beaucoup plus préoccupante.
Je remarque également comme beaucoup d’autres collègues l’ignorance des adolescents en ce qui concerne l’objet technique « ordinateur » à la fois au niveau software et hardware. Il en est de même pour la connaissance un peu plus poussée des notions de base de navigation qui devraient être acquises dans le cadre du B2I. Or, dans la tête de mes élèves, c’est le mélange total entre moteurs, navigateurs, google, internet explorer et je ne parle même pas des notions un peu plus précises. Evidemment, la plupart des enseignants ne sont guère plus au fait des différences. Moi ce qui me dérange, c’est qu’il y a confusion entre cette attraction, qui est principalement due à l’impression de facilité : à une logique de bouton poussoir quasi « pavlovienne » et une réelle maîtrise. Dès lors, j’ai tendance à partager l’avis d’EPFL (et non de  Florence Meichel comme je l’avais écrit initialement en me trompant mais que l’intéressée m’a signalé. voir commentaires) qui commente l’article de Francis Pisani en remarquant qu’au final, la génération la plus à l’aise ne se trouve pas être la jeune génération actuelle mais en fait plutôt celles des trentenaires plus souvent confrontée à l’envers du décor, c’est à dire au code :
« Je crois en fait que la génération des trentenaires est un peu particulière du point de vue du rapport à l’outil informatique. Nous y avons été familiarisé avec des machines plutôt primitives, et pour en tirer parti il fallait vraiment ne pas hésiter à “rentrer dedans”. Je me souviens qu’adolescents, nous devions souvent programmer nous-mêmes nos propres jeux (élémentaires bien sûr, genre pong). D’ailleurs, les revues de micro (type S&V micro, crois-je me souvenir), proposait des lignes de code à reprendre. Aujourd’hui, les ado n’ont évidemment plus ce genre d’effort à fournir. C’est autant d’apprentissage approfondi en moins. De plus, les machines de l’époque étaient beaucoup plus “ouvertes”, et on pouvait sans problème les bricoler, au moins au niveau software. Aujourd’hui, ce sont de véritables “boîtes noires” (toujours surtout au niveau software). Allez essayer de comprendre Vista, a fortiori de le modifier! De ce point de vue, les ordinateurs ont suivi l’évolution de la plupart des objets techniques : ils se sont “refermés” en se complexifiant. Un peu comme les voitures, que n’importe qui pouvait (et devait) bricoler au début du siècle, tandis qu’aujourd’hui il est impossible d’y mettre la main, tant elles sont bourrées d’électronique et d’éléments de haute technologie. »
Pour reprendre ici la logique de Simondon à la sauce Stiegler, la constitution de milieux associés avec les TICE n’est donc pas évidente d’autant qu’en temps passé devant l’ordinateur, l’usage ludique de nos adolescents prime sur l’usage pédagogique sans compter que l’innovation est peu fréquente si on songe au mimétisme « débilisant » des skyblogs. De plus, les choix éducatifs ne font qu’accroitre cet état de fait. En clair, le B2I ne parvient pas développer une véritable culture informatique, pire il ne fait que dissimuler la vérité avec des validations au final faites à la va vite basées sur une découpe de compétences sans réelle signification tant la culture informatique et la culture de l’information sont plus complexes. Je continuerai cette année à valider des items malgré tout, mais avec la conviction que tout cela n’est désormais qu’une mystification. L’objet B2i dans sa volonté transdisciplinaire n’était pourtant pas si mauvais à sa création, mais force est de constater qu’il ne remplit pas sa mission et qu’il ne fait que dégrader au final les moyens de mettre en place les conditions de transmission d’une culture informationnelle et informatique. Le B2I ne demeure qu’au triste stade d’objet administratif et nullement pédagogique et il en sera sans doute de même du socle commun car ces dispositifs demeurent insuffisants. L’enseignement doit donc se réformer…vraiment et cesser d’accumuler les heures de cours en faisant croire qu’il y a chaque fois assimilation. Je crois que les nouvelles technologies et notamment les plateformes d’e-learning peuvent constituer d’excellents moyens pour rendre plus efficaces les cours en présentiel et en prolongement de présentiel en permettant une pédagogie différenciée et une individualisation des parcours mais j’y reviendrai sans doute sur ce blog. Le but serait que l’usage pédagogique soit supérieur sur tous les plans à l’usage domestique à la fois en temps passé et en complexité d’usage…au moins dans un premier temps.
Le chantier s’annonce vaste tant les enjeux sont importants et surtout parce que nous sommes très loin du consensus éducatif.

Dewey et l’extraterrestre

J’ai effectué dans le cadre des cours que je dispense à mes élèves de sixième une adaptation d’une histoire qui a pour but de faire mémoriser les 10 classes du savoir de la classification décimale de Dewey. L’histoire originale est ici.
Certains diront que l’extraterrestre, c’était peut-être Dewey lui-même tant il était à la fois original et organisé. Ce dernier voulait d’ailleurs réformer l’orthographe anglaise et n’écrivait plus son nom que sous la forme dui à la fin de son existence. J’en profite pour mentionner à cette occasion le groupe de réflexion sur facebook sur la réforme de l’orthographe impulsé par Christian Jacomino.

 

Une invitation au voyage …dévoyée

C’est dimanche et ce message change un peu des derniers parus mais c’est trop intriguant pour ne pas en parler.
Je viens de voir une reprise de la chanson « voyage voyage » de Desirless. Si la seule écoute radiophonique pourrait simplement nous faire songer à une simple reprise remise au gout du jour, le clip laisse la place à d’autres interprétations.
En l’occurrence, il s’agit d’un détournement de l’esprit initial qui était plutôt une incitation à aller vers l’autre. On est proche de la trahison pour raisons commerciales.
Le clip n’est qu’une suite de clichés que l’on retrouve il est vrai dans de nombreux clips de musique actuelle. Cela en devient consternant : voiture clinquante, énorme et polluante, villa hors de prix, femme sexy provoquante.voire vénale..on se demande à quel voyage on est invité.
Sans doute celui de la consommation excessive.
Je crois que cela implique quelques études sociologiques poussées mais ce qui est évident, c’est qu’il y a de quoi étudier si on parcourt les clips des plateformes comme youtube ou dailymotion.
Si vous voulez voir le clip, c’est ici.
Heureusement, certains ont mieux compris l’esprit des années 80.

Métamorphose de l’éducation : allons-nous devenir des individus purs ?

Dans la lignée de ma réaction anti « éducation 2.0 » au niveau conceptuel, je pense qu’il faut faire attention à ne pas être dans une mutation permanente. Il faut donc envisager des éléments stables avec des éléments évolutifs et non pas adaptationnistes voire quasi darwinistes. Je m’inscris donc encore une fois contre le concept d’éducation 2.0 ou bien encore contre celui d‘apprentinuité proposé par la dynamique Florence Meichel qui cherche à fédérer toutes les bonnes volontés pour tirer profit au maximum des nouvelles technologies pour améliorer les performances éducatives. Je vous invite d’ailleurs à participer au réseau qui regroupe plusieurs usagers actifs dans le domaine et sur lequel vous trouverez liens et réflexions pertinentes. Même si nous ne sommes pas tous d’accord, la discussion reste courtoise, ce qui peut faire progresser le débat. Je vous invite également à lire la réflexion de Mario Asselin sur le sujet.
Je ne peux souscrire donc aux notions d’apprentinuité, ni de méta-élève pour la simple raison que cela entraine non pas une métastabilité telle que la voit Simondon mais une déstabilisation permanente. Une nouvelle fois, il s’agit d’être proactif comme le propose le finlandais Teemu Arina et pas seulement réactif. Je comprends malgré tout la volonté de prôner un enseignement qui ne soit pas en décalage, mais je rejoints Teemu sur la nécessité d’échapper à l’âge de la vitesse.

Dès lors, l’éducation demeure l’éducation et les apprenants demeure des apprenants et non des apprentinuants, barbarisme linguistique avec lequel j’ai beaucoup de mal puisqu’il s’agit d’un pléonasme, apprenant comportant déjà cette permanence d’apprentissage. Il ne s’agit donc pas de déstabiliser un peu plus des concepts et des institutions déjà en grande difficulté mais de permettre la transindividualisation notamment des élèves voire des enseignants grâce aux nouvelles technologies devenues hypomnemata des milieux éducatifs associés. Il s’agit d’adopter plutôt que de s’adapter.
Je pense pourtant que Florence partage les mêmes objectifs que moi, mais il faut être prudent et surtout efficace. L’institution scolaire doit se transformer et progresser à la fois dans une individualisation psychique et collective mais également afin que l’élève puisse se ré-approprier les moyens d’accès au savoir face aux tentatives de court-circuitage entropique des industries de service. (cf Stiegler)
Or, il faut être clairvoyant car les outils du web 2.0 peuvent également constituer des techniques dissociatives qui peuvent encore plus priver les usagers notamment de leur anonymat. Je songe ici au phénomène de l’Arcadie, prolongement du web 2.0, qui nous enferme dans un panoptique foucaldien permanent où nous sommes autant que voyeurs qu’observés. Je renvoie ici à mes articles sur urfist info et sur le site spokéo.
Par conséquent pour créer ces milieux associés, il faut prendre en compte la technique et notamment la culture technique qui implique que nous devenions majeurs au sens de Simondon et pas seulement mineur, c’est à dire qu’il nous faut comprendre le fonctionnement et la philosophie de ces outils qui n’ont probablement pas encore atteints leur concrétisation ultime.
Je rejoints néanmoins Florence sur le fait que nous non plus, apprenants et enseignants n’avons sans doute pas encore complèté notre transindividuation, mais il ne s’agit nullement d’augmenter l’entropie informationnelle et bien au contraire de construire la néguentropie des savoirs. Cela implique de l’association mais aussi de la distinction.
Par conséquent, ce n’est pas les concepts qu’il faut faire évoluer mais bel et bien le système. Il nous faut ainsi devenir des individus purs au sens de Simondon « médiateur entre la communauté et l’objet caché ou inaccessible »

L’université de Google

Un mini buzz s’est produit dans la sphère des professionnels de l’information et en particulier ceux de de l’information literacy après les propos de Tara Brabazon de l’université de Brighton qui trouve les étudiants de plus en plus feignants car ils se cantonnent dans l’usage du duo Google et Wikipédia. Elle emploie donc le terme d’université de Google « university of Google » qui est également le terme de son dernier ouvrage. Ses propos tenus durant une lecture présentation de ses dernières recherches ont provoqué pas mal d’écho et notamment pas mal d’avis divergents.
Elle s’inscrit dans la lignée d’Andrew Keen qui avait employé l’expression « culte de l’amateur » mais qui avait confié à Francis Pisani qu’il n’avait pas une vision aussi figée. Pour ma part, je pense que le plus gênant, c’est le fort développement de la culture du pitre. Il en serait également de même pour Tara qui cherche surtout à enseigner l’information literacy et notamment le travail sur les sources. Il faudrait voir dans ces propos plutôt une stratégie pédagogique même s’il est certain qu’il y a également une stratégie commerciale évidente notamment au niveau de la vente de son ouvrage.
Ce qui a mis le feu aux poudres c’est les propos suivants rapportés par le journal « the argus »:
« I ban my students from using Google, Wikipedia and other websites like
that. I give them a reading list to work from and expect them to cite a
good number of them in any work they produce
. »
Scott Berkun replace l’intervention dans son contexte et montre que le bannissement n’est que stratégique et surtout provisoire. En effet, rien n’empêche un enseignant d’inciter ses élèves à chercher de manière différente et à se confronter vraiment à l’évaluation de l’information et à user d’autres stratégies pour accéder à des ressources pertinentes. Il est probable que le but de cette provocation est avant tout un plaidoyer pour la formation à un meilleur usage de l’information. Il est vrai qu’il existe un risque que cela renforte les positions conservatrices de certains, notamment de quelques bibliothécaires qui s’inscrivent contre ces nouveaux usages ce que déplore sur son blog Peter Godwin.
Je vous invite à lire sur le sujet l’article d’Edward Bilodeau que j’ai commenté sur mon nouveau blog test Et in Arcadio ego qui est en fait un lazy blog.
En guise de final, je note que justement des chercheurs britanniques ont conclu qu’il n’y avait pas véritablement de génération Google. Le programme de l’étude est ici et les premiers résultats .
Pour ma part, je songe que certes l’usage abusif de wikipédia peut-être gênant mais je note également que l’encyclopédie en ligne permet d’éviter la rencontre de sites peu pertinents. Je rejoints cependant Tara dans le fait que cela n’incite pas les élèves et étudiants à se confronter à l’analyse poussée des différents sites rencontrés. Je peux confirmer que cet exercice est très difficile pour mes collégiens qui participent à l’expérience historiae. J’en appelle à vous lecteurs d’ailleurs pour laisser des commentaires critiques, poser des questions aux rédacteurs voire indiquer d’autres pistes non exploitées sur le blog d’historiae.

 

Google se prend pour le doc

Je constate à l’instant à partir d’une simple requête « Jules Verne » sur Google que ce dernier se permet désormais de proposer d’ajouter le terme de biographie à la requête pour obtenir de meilleurs résultats.
Ce conseil, nous sommes plusieurs, en tant qu’enseignants-documentalistes à le donner à nos élèves depuis fort longtemps mais désormais après la correction orthographique, voilà que Google aide à l’usage des mots-clés. A moins que ce ne soit une fonction à des utilisateurs particuliers de Google, genre ceux abonnés aux divers services, mais j’en doute.
Affaire à suivre donc…

 

Enquête sur Facebook

A l’heure où je finalise moi aussi un questionnaire sur la culture de l’information, un questionnaire sur les usages de facebook se met en place.
Réaliser par le laboratoire Geriico de Lille 3, vous pouvez répondre aux brèves questions ici.
Vous trouverez d’autres détails sur le site d’Eric Delcroix, Past à l’UFR Idist de Lille.