Le mystère Vannevar

Vannevar Bush est un des plus célèbres savants du siècle dernier. Son influence est reconnue dans de nombreuses disciplines et son célèbre texte « as me may think » est fréquemment cité comme une des préfigurations de l’Internet dans sa vision hypertextuelle.
Vannevar Bush intéresse également les chercheurs en information literacy et en culture de l’information. Je songe notamment aux travaux de Sheila Webber et de Bill Johnston qui tentaient de voir dans l’article de Bush les prémisses de ce qui pourrait constituer une discipline de l’information literacy [1].
Seulement voilà à l’heure où je parlais du matin des infomanciens de manière un peu ironique ce qui a un peu dérangé Peter Norrington, le webmaster du blog infomancy car il n’a rien à voir avec les théries conspirationnistes et qu ‘il demeure dans un travail proche en fait de l’information literacy, il faut bien se poser la question du mystère Vannevar. J’ai donc demandé à une de mes élèves de trouver le lien entre l’affaire Roswell et notre illustre savant.
Elle a trouvé rapidement que le nom du savant est souvent attaché au comité secret du majestic 12, chargé entre autres de garder le secret autour de l’affaire et de tirer un maximum de renseignements technologique dans la supposée rencontre du troisième et quatrième type.
Je viens récemment de finir un article sur le mythe du complot et je m’interroge finalement sur la pertinence de tenter d’établir les bases de l’information literacy à partir du texte de Bush. On peut certes tenter d’isoler le texte du savant en une sorte de positivité foucaldienne et souligner qu’il a été écrit avant 1947 (date de l’accident de Roswell) et que donc il est nécessaire de ne pas trop s’attarder de fait sur la figure de l’auteur.
Je pense que l’argument foucaldien est pertinent seulement voilà. La rigueur scientifique n’est pas l’apanage de théories conspirationnistes, et il sera aisé pour les tenants de ce genre de théorie de faire de l’information literacy une discipline idéologiquement marqué par le complot.
Finalement ,ce mystère ne peut que susciter le doute. Le choix de la rigueur nous poussera à faire des choix et donc à faire con-fiance en les travaux et autres énoncés de Vannevar tout en continuant à s’interroger de manière critique (voire Mé_fiante) et empreinte de doute sur cette affaire Roswell. Un choix méthodique, réfléchi et complexe. A l’inverse, les habiletés informationnelles prisées par les conspirationnistes feront le choix paranoïaque de passer de la mé-fiance à la dé-fiance.

[1] Johnston, B., & Webber, S. (2005). As we may think: Information literacy as a discipline for the information age. Research Strategies.

Donnez des ailes : enseigner les habiletés du 21ème siècle ?

Je réagis au billet que je viens de lire à l’instant intitulé : Are you teaching 21st century skills?
Selon l’auteur, nous n’avons pas encore pris conscience de ce qu’il convient d’enseigner pour préparer les futures générations aux divers défis auxquels ils seront confrontés. L’auteur insiste sur la nécessité de transmettre les capacités à évaluer l’information et les possibilités de travailler de manière collaborative ce qui est parfois aussi appelée transliteracy, participation literacy ou bien encore social literacy.
Il est évident qu’il va falloir réfléchir à ces questions, mais ce n’est pas gagné car il faut bien constater que les générations actuelles d’enseignants sont très souvent inaptes à travailler collaborativement et notamment avec ces nouveaux outils.
Il faut donner des ailes à nos étudiants selon l’auteur qui fait référence à Marco Torres.
Voilà qui fait echo dans ma tête avec Nathan Petrelli.
Au fait mais qui sont les « information literacy heroes ? » Promis, ce sera le sujet d’un prochain billet.