L’information literacy tourne-t-elle en rond ?

Cela fait plusieurs années que je travaille et étudie autour du domaine de l’information literacy. Je ne pourrais pas être présent au colloque Ecil, même si je présente une communication avec Eloria Vigouroux-Zugasti sur la digital health literacy et le public des seniors. Le colloque doit porter théoriquement une vision européenne, mais il s’agit surtout d’une vision d’essence anglo-saxonne avec ses différents courants.
Le colloque rassemble plusieurs centaines d’acteurs mais rien ne change. Ce sont toujours les mêmes auteurs anglo-saxons que l’on retrouve depuis vingt ans avec l’influence de l’Unesco qui a porté la vision Media and Information Literacy. Le colloque est d’ailleurs sous l’égide de ces deux organisations.
Ce mouvement n’avance plus théoriquement depuis des années la faute à des visions stéréotypées et à une domination anglo-saxonne insolente qui en devient gênante y compris au niveau de l’IFLA où on a bien ressenti de la lassitude à ce niveau lors du dernier colloque, en témoignent quelques tweets durant le congrès de la part des collègues français.
On sait aussi que c’est au sein de ces logiques anglo-saxonnes que l’inspection générale de la documentation avait tenté de trouver des appuis pour la politique des learning centers.
Or, le seul moyen pour percer dans le domaine est d’écrire en anglais, d’écrire en anglais et encore d’écrire en anglais. Je sais que les seuls articles que j’ai écrits en anglais sont les seuls vraiment lus dans le domaine. Et pourtant, ce ne sont pas les meilleurs.
Il faut certainement penser à une autre voie, mais cela semble peu aisé, tant l’influence des modèles est totalement ancrée à l’international et que le choix de la Media and Information Literacy devenu EMI en France n’augure rien de bon si ce n’est de nouveaux enjeux de pouvoir qui place certains acteurs du domaine sur le devant de la scène.
Plus inquiétant, cela marque aussi une limite en ce qui concerne les organisations internationales qui perdent peu à peu en légitimité et qui bénéficient à ceux qui savent s’en servir au mieux.
Il reste cependant une piste, celle de faire renaître la Fédération Internationale de Documentation (la seule page wikipédia est en anglais), créée par Paul Otlet et dissoute en 2002 et de la construire sur des bases plus proches d’une logique d’un réseau distribué. Je promets d’y réfléchir cette année…

La C.I en sept leçons. E04 :La culture de l’information nécessite une rationalisation des enseignements associés

Suite de la série . Pour rappel, l’épisode 1 est ici, le second est là et le troisième ici.
Kit de survie, et kits en tous genres sont régulièrement mis à disposition et conçus par différents acteurs, en ce qui concerne l’éducation à l’information et aux médias.
Que dire si ce n’est que l’expression de kit appartient au champ sémantique du bricolage.
Un bricolage dont nous avons montré qu’il accentuait la lassitude des acteurs du terrain du fait d’un balisage institutionnel et disciplinaire flou.
La didactique de l’information tente de répondre à cette situation en essayant de distinguer les éléments essentiels à transmettre. Ce travail se trouve plus difficile à réaliser avec les évolutions du numérique, qui bouleversent parfois des évidences et des notions qui semblaient stables comme celle de documents ou d’auteurs par exemple. Cependant, cette complexité et les difficultés d’évaluation de l’information qui en résultent accroissent la nécessité d’une transmission et d’une formation.
L’objectif est en premier lieu de sortir de la logique de l’énonciation de compétences, qui peut apparaître comme un moyen de clarifier des objectifs mais qui a souvent le défaut de demeurer sur une transversalité qui empêche la réelle définition des savoirs et savoir-faire à transmettre.
Evidemment, plus il y a de rationalisation, moins il semble y avoir de souplesse possible. Cependant, nous considérons que la souplesse actuelle, qui repose sur la transversalité et les dispositifs type B2I, constitue plutôt un obstacle voire un impensé. Nous avions d’ailleurs montré que le B2I s’avère être en fait un triple obstacle à une culture de l’information, à une culture technique et à une culture informatique. D’autant plus, que cette logique aboutit à des instruments de certification auxquels aucune formation n’est réellement adossée.
Par conséquent, la didactique permet de sortir de la déclaration d’intention pour tenter une mise en place concrète sur le terrain. Il convient de préciser que le projet de la didactique n’est pas totalement achevé. Cependant, nous pensons que sa mise en place sur le terrain, particulièrement dans le secondaire ne peut attendre. Elle doit donc se co-construire avec des allers-retours entre théorie et pratiques afin de sortir d’une éventuelle querelle entre les tenants d’un enseignement top-down face à ceux qui préconiseraient un bottom-up.
De la même manière, il n’y a pas nécessairement de progression clairement déterminée avec des étapes à franchir les unes après les autres. Même si certaines notions peuvent être plus facilement abordées en sixième, comme par exemple la notion d’auteur ou de document, qui pourront être revues et affinées au fur et à mesure de la scolarité, il s’agit aussi d’effectuer un apprentissage en situation face à des obstacles ou des difficultés. Il est opportun de travailler l’évaluation de l’information assez tôt sans pour autant mentionner la notion d’évaluation de l’information.
Quoiqu’il en soit, notre travail sur la culture de l’information montre que les objectifs ne font pas de cette dernière une discipline isolée, mais que certains enseignements méritent des temps de formation dédiés et distincts des autres disciplines. Par conséquent, l’acquisition d’une culture de l’information ne peut continuer à reposer que sur des courtes séances glanées d’ici de là, bricolées sans cesse à la marge et dont la reconnaissance institutionnelle est faible, du fait d’une identification inexistante voire de second plan, puisque passant toujours après d’autres objectifs disciplinaires ou des objectifs de dispositifs tels que le B2I.
La culture de l’information s’opère sur des temps longs. Nous avons pu le constater en ce qui concerne l’évaluation de l’information , qui mérite des temps de formation et des temps de pratique et d’incessants allers-retours entre les deux. Cela signifie, que le simple fait de déclarer officiellement quelques heures marginales dans la scolarité dédiées à la formation à l’information ne garantira pas l’acquisition d’une culture de l’information pour tous.
Elle repose également sur des logiques de projet. En ce sens, les supports numériques et nouveaux hypomnemata (e-portfolios, etc.) permettent une construction sur du long terme avec la possibilité de conserver des traces des recherches d’informations, des sélections effectuées, des évaluations et des annotions réalisées sur les ressources et de consulter les productions finales. Ce travail, nous l’avons testé au cours du projet historiae qui va enfin renaitre grâce à Gildas Dimier, l’actuel boss de Cactus Acide.
La rationalisation des enseignements n’implique pas qu’un élève connaisse par cœur la définition de telle ou telle notion, mais davantage la comprenne pour réellement la mettre en application dans des situations et des projets. Les temps de formation dédiés seront donc d’autant plus efficaces que s’ils peuvent être suivis de projets d’ampleur plus importante, tels que les itinéraires de découverte et les travaux personnels encadrés. Nous ne pouvons d’ailleurs que déplorer leur disparition progressive.
Nous notons également malgré le temps dont dispose les élèves face à des projets qui se déroulent sur plusieurs semaines, qu’ils éprouvent des difficultés voire rechignent à opérer des temps de réflexion et d’analyse véritablement conséquents. C’est pourtant là que se mesure pleinement l’exercice de la skholé.
Sans skholé, il ne peut y avoir de culture de l’information. La formation à l’attention est un défi éducatif général. La culture de l’information s’opère évidemment de manière transversale, elle est donc aussi transdisciplinaire. Mais quels enseignements de discipline ne le sont pas ? L’argument qui consiste à affirmer que la culture de l’information ne mérite aucune formation particulière puisqu’elle peut se retrouver dans d’autres disciplines est tout aussi absurde qu’inquiétant. Elle repose sur le fait que les disciplines reconnues à part entière ne pourraient être transdisciplinaires.
D’autre part, ce n’est donc pas parce que la culture de l’information est quelque peu transmise au sein de dispositifs transdisciplinaires, qu’elle ne doit pas reposer sur des savoirs et des savoir-faire ayant été rationalisés, ce que cherche à réaliser la didactique de l’information.
En cela, les tentatives administratives actuelles n’opèrent que par dispersion avec une illusion de cohérence. C’est même vraisemblablement, une opération bien rationnelle, pour ne pas dire un calcul, pour faire disparaitre le mandat pédagogiques des professeurs-documentalistes. C’est toute la différence entre le calcul et la raison. En ce qui nous concerne, nous privilégions la raison aux petits calculs. (affaire à suivre également au congrès de la FADBEN 2012)

La CI en 7 leçons. E03 : La culture de l’information implique un paradigme différent de l’information literacy : vers une culture citoyenne.

Megaupload étant down, il n’y a donc aucune raison de rater le troisième épisode de notre série hiémale. Pour rappel, l’épisode 1 est ici, le second est là.
Attention, cet épisode est clef pour comprendre la suite et l’éventuelle deuxième saison. Car certains mauvais scénaristes tentent de diluer la culture de l’information en s’inspirant du modèle de l’information literacy. Méfiez-vous des imitations !
Dans notre thèse (1), nous avons effectué un parallèle entre la culture de l’information et l’information literacy, en examinant leurs rapports et proximités ainsi que leurs divergences. Nous avons cherché à montrer que la culture de l’information constitue une nouvelle piste pour l’information literacy notamment dans son acception citoyenne.
L’information literacy repose sur une série d’acteurs qui sont très nettement issus du monde des bibliothèques notamment universitaires. La question du rôle des bibliothèques dans la formation à l’information apparaît primordiale dans notre analyse. Les bibliothèques universitaires et notamment les bibliothèques américaines se sont emparées de la formation dans la logique de la société de l’information comme le montrait le texte de l’ALA de 1989. Ce texte écrit quelques jours avant l’investiture de George H. W Bush, après les années Reagan qui avait vu une forte diminution des fonds pour les bibliothèques, constitue une tentative de démonstration de la réalité économique des bibliothèques et de leur rôle clef en ce qui concerne la formation et la préservation de la qualité de l’information. Dans cette lignée, l’information literacy et les acteurs de la formation à l’information vont maintes fois et encore actuellement se poser la question des résultats de ces formations afin de démontrer leur efficacité. Cette obsession de la justification se constate régulièrement. Le titre du congrès ILFA de 2008 est ainsi éloquent : « Retour sur investissement: évaluer l’enseignement de la maîtrise de l’information. Qu’apprennent-ils vraiment et à quel prix? »
Peu de disciplines se posent autant cette question de l’efficacité. Mais il est vrai que les bibliothèques universitaires s’emparant de cette formation ont rapidement désiré se démarquer des enseignements traditionnels en se voulant efficaces et adaptés aux exigences de la société de l’information. Ainsi, cette formation s’est effectuée sur des modèles procéduraux et fréquemment à la marge des cursus classiques. Rejoignant parfois des projets de méthodologie générale notamment en France, les savoirs et les notions à transmettre sont rarement clairement identifiés.
Le problème demeure sans cesse celui de la légitimité de ces enseignements où interviennent différents acteurs pas toujours bien identifiés par les étudiants …d’autant que certains enseignements sont parfois assurés par des tuteurs eux-mêmes étudiants. Au final, il ne s’agit pas de réels enseignements mais de méthode. Dans ces conditions, la légitimité institutionnelle de ces formations est faible et rejoint la délicate position des professeurs-documentalistes également en quête de légitimité.
Du fait d’une faible légitimité institutionnelle, la formation repose nettement sur la qualité des intervenants et de fait sur les mécanismes de la popularité. Il faut sans cesse convaincre les étudiants de l’utilité d’un enseignement qu’ils n’ont pas choisi et dont ils ont parfois le sentiment qu’il leur est imposé.
Dès lors, il s’agit fréquemment de mesurer les effets de ces enseignements avec des enquêtes de satisfaction en reposant sur une tentative de légitimation populaire qui s’ajoute à celle de la légitimité économique. Ces stratégies visent à évaluer la qualité par la quantité, au sens de ce qui peut être évalué de manière chiffré.
Le bilan de la formation s’avère peu satisfaisant en général car il s’effectue à la marge et diffère énormément selon les universités et les lieux de formation. Le succès de la formation est coordonné au dynamisme des personnes qui assurent la mise en place de la formation et la capacité à convaincre les décideurs et les autres disciplines. Les britanniques (Webber, Johnston, Corral) recommandent ainsi des habiletés managériales pour les formateurs et préconisent le rapprochement conceptuel avec les sciences de la gestion pour développer le projet de l’information literacy de manière plus indépendante vis-à-vis des bibliothèques universitaires. Nous avons vu que ce choix consistait à un retour aux préconisations faites par Zurkowski en 1974 et qui se basaient sur un paradigme informationnel. Les suites de cette conception sont perceptibles dans une volonté de mesurer dorénavant la société de l’information ou plutôt en quoi un pays correspond aux critères d’une société de l’information .
Nous retrouvons dans cette volonté de retour sur investissement, ce qui se fait déjà en bibliométrie et en scientométrie pour mesurer les usages, les emprunts, et autres statistiques qui permettent une meilleure gestion bibliothéconomique. Ces mesures sont utiles mais leur extension à tous les domaines constituent une erreur d’interprétation de leurs forces et de leurs limites.
Cette volonté de mesurer les investissements renvoie à une logique nettement économique mais également basée sur la mesure d’usages à court terme. En aucun cas, il ne s’agit d’une construction visant à l’acquisition d’une culture.
Légitimité populaire, légitimité économique, tout cela semble éphémère et parait devoir être gagné sans cesse en vain. Derrière cette légitimité, il y aussi une confusion gênante. En effet, la formation à l’information devient un moyen supplémentaire de justifier le rôle des bibliothèques. Cette position dominante finit par nuire à la réelle mise en place de la culture de l’information tant il s’agit de défendre davantage des acteurs qu’une réelle formation.
L’absence de légitimité en matière d’autorité est la conséquence de savoirs non établis et de notions à transmettre non construites voire mal maitrisées du fait d’une variété d’intervenants. La piste didactique correspond ainsi à une démarche plus rationnelle.
Références :
Sur les aspects citoyens de la culture de l’information :
– Olivier Le Deuff (2009) « La culture de l’information et la dimension citoyenne », Les Cahiers du Numérique. « La culture informationnelle ». Paris Hermes-Lavoisier, vol.5, n°3, p. 39-49
(1) La culture de l’information en reformation. (sous la dir. d’Yves Chevalier). Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication. Université Rennes 2, Septembre 2009
Disp. en ligne :

La culture de l’information en cartes… pour mieux la différencier de l’information literacy

Les récents débats autour du Pacifi, qui privilégie davantage une position proche de l’information literacy dans ses principes premiers, et la démarche de culture de l’information qui présente des liens mais aussi des divergences peuvent être parfaitement illustrés et expliqués par des cartes mentales.
Ces cartes sont issues d’un travail réalisé par des M1 de l’université d’Angers suite à mes interventions sur la culture de l’information à la demande de Pascal Duplessis.
Il s’agit aussi pour moi de bien marquer le fait qu’information literacy et culture de l’information ne peuvent être nécessairement synonymes. Je considère même qu’il s’agit de deux idéologies différentes. La carte réalisée ici avec Cmaptools par Julie Soularue est donc en ce point éclairante. Je rappelle que l’information literacy opère souvent en liaison avec la société de l’information.

Il est vrai que l’information literacy pourrait constituer une véritable culture des hypomnemata comme l’indique dans sa carte Pierre Daviau. Mais il faudrait pour cela développer davantage la conception citoyenne et critique de l’information literacy, conception toujours minoritaire. Une position qui semblait  pas mal avancée en France et en francophonie. Pourtant, il semble qu’on soit tenté par une démarche adaptionniste en ce moment qui nous place à rebours de ce qu’il serait opportun de construire.  La tendance est un retour aux « eighties » de l’information literacy avec les parallèles autour de la société d’information, le paradigme du besoin d’information de la psychologie cognitive, conception ralliée à l’économique et à la bibliothéconomique.

J’espère que ces cartes contribueront un peu à percevoir ces quelques différences et divergences qui ne sont pas sans incidence aujourd’hui sur la manière de penser l’avenir de la profession de professeur-documentaliste.

Promenade dans la Ilit Ischool sur second life

Alors que je teste actuellement weblin, qui permet de discuter entre avatars selon la page sur laquelle on se trouve, je me suis rendu hier soir avec mon autre avatar (alexandre leroimystere) à une réunion sur second life organisée par Sheila Webber alias Sheila Yoshikawa. Evidemment, je suis arrivé en retard car j’étais « infoutu » de trouver l’endroit exact de la rencontre. C’était très sympathique même si le sujet concernait principalement les bibliothécaires et les écueils à éviter sur Second Life (pitfalls for librarians)
J’ai donc surtout profité de la visite de l’infolit Ischool conduite par Sheila Webber. (voir la vidéo-médicore j’en conviens-réalisée avec camtasia que j’ai déposée sur dailymotion ci-dessous)
J’ai d’ailleurs pu m’entretenir avec elle durant une vingtaine de minutes à propos de l’information literacy et de la culture de l’information. L’occasion de m’interroger aussi sur la validité scientifique d’une entretien sur second life.
Voilà de quoi songer à de futures collaborations transmanches d’autant que le colloque de l’Erté sera propice aux rencontres et aux projets. Vous pouvez encore envoyer vos propositions pour le colloque d’ailleurs.

Should Teens manage their reputation ?

I’ve just finished to read this post of the blog digital natives.
This student think the reputation management should begin early and I share the same point of view. She gives 2 advices :
1)Avoid using your full name on the Internet at all costs, at least until you’re in college.
It sounds logical except if someone else use the name of a teen in a bad way.
2) Once you’re ready, become the source.
This advice is not only for teen but for all. You can find other advices and solutions to put a self management reputation on this post.
Now the culture of information and the information literacy must include personal branding or personal intelligence. Information retrieval is not enough. Sam Jackson add on his blog an interesting coment :
« I see evidence for a LOT of kids and teens needing more education when it comes to dealing with reputation online–even if it’s just with Facebook. That’s because things can sometimes appear very blurry about what is private or what is not. « 

La culture de l’information en colloque

Je me devais de relayer cette information, cet appel à communications pour un colloque où je serai présent.

Colloque international « L’Education à la culture informationnelle »

16 -17-18 octobre 2008, Lille

 

Extrait de l’appel à communications :

Aujourd’hui, la « capacité à maîtriser l’information » est devenue une préoccupation éducative à l’échelle internationale, reconnue par des instances telles que l’UNESCO. Avec le développement des technologies de l’information et la montée d’une économie en réseaux numériques, l’intérêt s’est porté surtout sur la nécessaire connaissance des outils informatiques et des nouveaux moyens de communication. La compétence informationnelle devient ainsi un enjeu social, économique et culturel. Cependant l’explosion des ressources informationnelles, la diversification de leurs supports et vecteurs de communication, la diversité et la fiabilité des contenus proposés, renforcent aussi la nécessité de former les individus, de la maternelle à l’université, à utiliser de manière efficiente, raisonnée et critique ces ressources pour construire leur savoir et exercer leur jugement critique à travers leurs activités scolaires et leurs pratiques sociales.

Depuis 2006, en France, une Equipe de Recherche Technologique en éducation (ERTé) « Culture informationnelle et curriculum documentaire » s’est constituée afin de penser une éducation à l’information inscrite dans les cursus de l’institution éducative. Elle associe des laboratoires et diverses institutions, des enseignants-chercheurs, des professeurs des écoles, des professeurs documentalistes, des enseignants de toutes disciplines, des professionnels de l’information et des bibliothèques, des formateurs.

Le projet de construction d’un curriculum documentaire et informationnel confronte la communauté des chercheurs et des praticiens à différentes notions, notamment celles de culture de l’information ou culture informationnelle, dont les fondements, les contenus, les contours et les territoires ne sont pas encore stabilisés. Partant de ce constat, l’objectif du colloque consiste à reprendre, pour les discuter, les questionnements de fond de l’ERTé : quelle définition validée donner de cette culture informationnelle en mutation ? Quelles sont les représentations et les compétences mises en œuvre dans les pratiques sociales non formelles et formelles ? En quoi sont-elles des aides ou des obstacles pour les élèves et étudiants ? Quelles sont les approches épistémologiques et didactiques envisageables dans l’éducation formelle ? Comment d’autres systèmes éducatifs appréhendent-ils cette problématique ? Quels dispositifs ont-ils mis en place et quelles réflexions mènent-ils actuellement ? Quelles sont les possibilités et les limites de l‘institutionnalisation d’un curriculum de la maternelle à l’université ?

Ateliers :

Les propositions de communication devront s’inscrire dans le cadre de l’un ou l’autre des quatre ateliers suivants (cf le détail sur l’appel à communications, disponible sur le site du colloque : http://ertecolloque.wordpress.com/)

Atelier 1 : Enjeux institutionnels, politiques et éducatifs associés à la culture informationnelle et comparaisons internationales.

Atelier 2 : Pratiques sociales / pratiques scolaires : usages, représentations, et contextes sociaux de l’information – documentation.

Atelier 3 : Formats de connaissances proposés aux les apprenants et disciplines scientifiques.

Atelier 4 : Didactique de l’éducation à/par l’information.

Modalités de soumission des textes :

Le Comité Scientifique et le Comité de Programme évalueront la pertinence de chaque proposition soumise et proposeront des modifications le cas échéant.

Les soumissions doivent respecter les règles suivantes :

         être rédigées en français (ou en anglais) ;

         comporter une « proposition » de 5 pages maximum en format A4, taille 12, interligne simple.

Les propositions de communication doivent être adressées sous format électronique (en fichier .doc ou .rtf), sans dépasser la date limite à :

         eric.delamotte@univ-lille3.fr (GERIICO Lille 3)

         ou francoise.chapron@rouen.iufm.fr (CIVIIC Rouen), coprésidents du colloque.

Calendrier :

Soumission électronique des articles : 20 avril 2008

Notification d’acceptation des articles : 1er juin 2008

Version définitive des articles acceptés : 1er septembre 2008

Dates du colloque international : 16 -17-18 octobre 2008

Lieu de la manifestation : Maison de la recherche, Université Lille 3, Villeneuve d’Ascq (59).

Pour tout savoir sur le colloque : texte complet de l’appel à communications, modalités des articles, composition du Comité scientifique, etc., voir le site du colloque : http://ertecolloque.wordpress.com/

Pour en savoir plus sur l’ERTé « Culture informationnelle et curriculum documentaire » : voir le site de l’ERTé : http://geriico.recherche.univ-lille3.fr/erte_information/

 

L’université de Google

Un mini buzz s’est produit dans la sphère des professionnels de l’information et en particulier ceux de de l’information literacy après les propos de Tara Brabazon de l’université de Brighton qui trouve les étudiants de plus en plus feignants car ils se cantonnent dans l’usage du duo Google et Wikipédia. Elle emploie donc le terme d’université de Google « university of Google » qui est également le terme de son dernier ouvrage. Ses propos tenus durant une lecture présentation de ses dernières recherches ont provoqué pas mal d’écho et notamment pas mal d’avis divergents.
Elle s’inscrit dans la lignée d’Andrew Keen qui avait employé l’expression « culte de l’amateur » mais qui avait confié à Francis Pisani qu’il n’avait pas une vision aussi figée. Pour ma part, je pense que le plus gênant, c’est le fort développement de la culture du pitre. Il en serait également de même pour Tara qui cherche surtout à enseigner l’information literacy et notamment le travail sur les sources. Il faudrait voir dans ces propos plutôt une stratégie pédagogique même s’il est certain qu’il y a également une stratégie commerciale évidente notamment au niveau de la vente de son ouvrage.
Ce qui a mis le feu aux poudres c’est les propos suivants rapportés par le journal « the argus »:
« I ban my students from using Google, Wikipedia and other websites like
that. I give them a reading list to work from and expect them to cite a
good number of them in any work they produce
. »
Scott Berkun replace l’intervention dans son contexte et montre que le bannissement n’est que stratégique et surtout provisoire. En effet, rien n’empêche un enseignant d’inciter ses élèves à chercher de manière différente et à se confronter vraiment à l’évaluation de l’information et à user d’autres stratégies pour accéder à des ressources pertinentes. Il est probable que le but de cette provocation est avant tout un plaidoyer pour la formation à un meilleur usage de l’information. Il est vrai qu’il existe un risque que cela renforte les positions conservatrices de certains, notamment de quelques bibliothécaires qui s’inscrivent contre ces nouveaux usages ce que déplore sur son blog Peter Godwin.
Je vous invite à lire sur le sujet l’article d’Edward Bilodeau que j’ai commenté sur mon nouveau blog test Et in Arcadio ego qui est en fait un lazy blog.
En guise de final, je note que justement des chercheurs britanniques ont conclu qu’il n’y avait pas véritablement de génération Google. Le programme de l’étude est ici et les premiers résultats .
Pour ma part, je songe que certes l’usage abusif de wikipédia peut-être gênant mais je note également que l’encyclopédie en ligne permet d’éviter la rencontre de sites peu pertinents. Je rejoints cependant Tara dans le fait que cela n’incite pas les élèves et étudiants à se confronter à l’analyse poussée des différents sites rencontrés. Je peux confirmer que cet exercice est très difficile pour mes collégiens qui participent à l’expérience historiae. J’en appelle à vous lecteurs d’ailleurs pour laisser des commentaires critiques, poser des questions aux rédacteurs voire indiquer d’autres pistes non exploitées sur le blog d’historiae.

 

Le matin des infomanciens

Vous connaissez sans doute le livre de Pauwells et Bergier, le matin des magiciens qui est passionnant mais qui présente des points de vue historique et scientifique discutables voire douteux.
Et bien je travaille actuellement sur le mythe du complot comme objet informationnel et j’ai remarqué de fausses ressemblances entre les habiletés dispensées en culture informationnelles et les aptitudes prisées par les théoriciens du complot. Dès lors, j’ai un peu de mal avec le blog de ce teacher-librarian, Christopher Harris qui s’intitule infomancy. C’est surtout la définition qui me gêne même s’il s’agit de second degré et que le blog ne contient pas de thèses conspirationnistes à ce que j’ai pu en voir.
L’infomancie peut donc être définie selon lui comme ceci :
« Infomancy n. 1.The field of magic related to the conjuring of information from the chaos of the universe. 2.The collection of terms, queries, and actions related to the retrieval of information from arcane sources. »
La définition nous renvoie à l’ésotérisme et finalement l’auteur se surnomme infomancer, sans doute en référence au neuromancien de Gibson. Malgré tout, cette définition me gêne désormais quelque peu. Un autre blog porte le même nom et présente le sous-titre suivant :
« the dark of knowing clearly »
Il existe d’autres sites comme celui du britannique Peter Norrington qui date de 2003, mais le plus intéressant c’est qu’il existe également le projet infomancy.net (le collège royal de l’infomancie !) Le site reste en fait sérieux et est administré par un bibliothécaire de caroline du sud, en recherche d’emploi et qui s’intéresse surtout aux bibliothèques numériques. A part ça, le site semble peu dynamique malgré le blog associé mais sans doute les infomanciens travaillent dans le secret !
Si après toutes les littératies, il faut désormais étudier les mancies informationnelles autant écrire un roman.
De là à retomber dans le Pendule de Foucault il n’y a qu’un pas. Quant au Nécronomicon, il ne semble pas loin.

Google docs & doc syncer et Panorama des littératies.

Je teste la fonction d’inclusion des présentations du module de google docs dans un blog. Je la cherchais hier cette fonction, je découvre qu’elle est opérationnelle ce matin après lecture d’un billet de techcrunch
Désormais, Google va concurrencer slideshare et ce n’est pas rien pour moi qui doit désormais optimiser mon temps pour cause de thèse à faire avancer.
En effet, j’utilise désormais un outil fort précieux, doc syncer qui me permet de synchroniser les documents que j’utilise sur mon pc avec google docs. Cela permet des sauvegardes sécurisées en cas de problème de disque dur, et cela permet aussi de les rendre publics ou de les partager en un clic.
Finalement le disque dur ne disparait de nos pc, contrairement à ce que craignait Olivier Ertzscheid dans le Monde, mais on va plutôt vers des systèmes hybrides avec des capacités de stockages accrues inline et online. Voilà qui implique malgré tout une bonne gestion de la ligne de partage entre documents privés, documents à diffuser en accès restreint et documents à diffuser tout public. Voilà sans doute pourquoi, un ouvrage vient de sortir sur une autre littératie : la bit literacy de Mark Hurst qui est commentée ici.
La querelle nominaliste continue donc, et j’userai de mon rasoir d’Ockham à nouveau.