L’université de Google

Un mini buzz s’est produit dans la sphère des professionnels de l’information et en particulier ceux de de l’information literacy après les propos de Tara Brabazon de l’université de Brighton qui trouve les étudiants de plus en plus feignants car ils se cantonnent dans l’usage du duo Google et Wikipédia. Elle emploie donc le terme d’université de Google « university of Google » qui est également le terme de son dernier ouvrage. Ses propos tenus durant une lecture présentation de ses dernières recherches ont provoqué pas mal d’écho et notamment pas mal d’avis divergents.
Elle s’inscrit dans la lignée d’Andrew Keen qui avait employé l’expression « culte de l’amateur » mais qui avait confié à Francis Pisani qu’il n’avait pas une vision aussi figée. Pour ma part, je pense que le plus gênant, c’est le fort développement de la culture du pitre. Il en serait également de même pour Tara qui cherche surtout à enseigner l’information literacy et notamment le travail sur les sources. Il faudrait voir dans ces propos plutôt une stratégie pédagogique même s’il est certain qu’il y a également une stratégie commerciale évidente notamment au niveau de la vente de son ouvrage.
Ce qui a mis le feu aux poudres c’est les propos suivants rapportés par le journal « the argus »:
« I ban my students from using Google, Wikipedia and other websites like
that. I give them a reading list to work from and expect them to cite a
good number of them in any work they produce
. »
Scott Berkun replace l’intervention dans son contexte et montre que le bannissement n’est que stratégique et surtout provisoire. En effet, rien n’empêche un enseignant d’inciter ses élèves à chercher de manière différente et à se confronter vraiment à l’évaluation de l’information et à user d’autres stratégies pour accéder à des ressources pertinentes. Il est probable que le but de cette provocation est avant tout un plaidoyer pour la formation à un meilleur usage de l’information. Il est vrai qu’il existe un risque que cela renforte les positions conservatrices de certains, notamment de quelques bibliothécaires qui s’inscrivent contre ces nouveaux usages ce que déplore sur son blog Peter Godwin.
Je vous invite à lire sur le sujet l’article d’Edward Bilodeau que j’ai commenté sur mon nouveau blog test Et in Arcadio ego qui est en fait un lazy blog.
En guise de final, je note que justement des chercheurs britanniques ont conclu qu’il n’y avait pas véritablement de génération Google. Le programme de l’étude est ici et les premiers résultats .
Pour ma part, je songe que certes l’usage abusif de wikipédia peut-être gênant mais je note également que l’encyclopédie en ligne permet d’éviter la rencontre de sites peu pertinents. Je rejoints cependant Tara dans le fait que cela n’incite pas les élèves et étudiants à se confronter à l’analyse poussée des différents sites rencontrés. Je peux confirmer que cet exercice est très difficile pour mes collégiens qui participent à l’expérience historiae. J’en appelle à vous lecteurs d’ailleurs pour laisser des commentaires critiques, poser des questions aux rédacteurs voire indiquer d’autres pistes non exploitées sur le blog d’historiae.

 

4 réflexions au sujet de « L’université de Google »

  1. Bonjour,
    Merci pour ces liens pertinents sur les limites ou les effets néfastes de Google et Wikipedia. J’ai moi-même, à titre personnel, diffusé une réflexion en quatre volets sur le sujet sur mon blogue. Les billets s’institulent Les Méfaits du Web 2. La conclusion s’intitule Ah! Les jeunes!. Si jamais cela vous intéresse.

  2. Par un assez obscur cheminement d’idées, me revient la remarque de François Dubet, interrogé par le Café pédagogique, soulignant que l’enseignement avait beaucoup d’attentes et bien peu d’exigences. Dans les propos de Tara Brabazon, je ressens cette tentation de reporter sur les étudiants la « faute ». Si l’on veut vraiment quelque chose d’eux, exigeons-le. Ils s’adapteront. La plupart des automobolistes américains ne savent pas conduire une voiture à boite manuelle. Ils n’en ont pas besoin. Les français, si ; c’est obligatoire. En revanche (du moins dans mon département de l’Orne) beaucoup ne savent pas conduire sur trois centimètres de neige. Les scandinaves, si. C’est la nécessité qui pousse à la compétence. Revoyons nos exigences coutumières pour qu’elles s’adaptent et à nos visées et à nos élèves. Et donnons-nous les moyens.

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