La fin de la révélation ?

Je vous livre un début de réflexion que seul le blog peut accueillir pour le moment, tant il s’agit d’une amorce non finalisée, mais qui est mue par un besoin de s’exprimer face à un sentiment d’impuissance croissant.

J’ai achevé il y a quelques jours la lecture de numéro zéro d’Umberto Eco qui n’est pas son meilleur ouvrage loin de là, et qui m’a laissé un étrange sentiment également. Mais je commence à mieux saisir le message au fil du temps. L’histoire est celle d’un pseudo-journal qui ne paraîtra jamais, une sorte de farce en quelque sorte, mais qui finir par se retourner contre les journalistes, car un des journalistes obsédé par les théories du complot, finit par relier tout un tas événements de la politique et de l’histoire italienne à la non-mort du Mussolini. Cette histoire rocambolesque possède un tel fonds de crédibilité qu’elle précipite la fin de l’expérience, car elle met finalement trop de personnes en danger. Néanmoins, les hypothèses de l’étrange complot finissent par être divulguées par une télévision anglaise qui révèle alors au grand public toutes les manipulations et les acteurs impliqués. La conclusion est alors terrible : il ne se passe rien, personne ne démissionne, tout le monde reste en place, rien n’est vraiment grave de toute façon.

C’est la leçon du numéro zéro, une conséquence finalement tragique, c’est la fin du pouvoir des médias d’investigation et la disparition progressive de la révélation. Le message ne passe plus, car il y a trop de messages évidemment, mais également parce que l’enjeu n’est pas que ce soit vrai ou faux, mais que tout le monde s’en fout. Il ne peut y avoir de suite aux révélations que si et seulement si, il y a des suites judiciaires, à condition que cette dernière puisse exercer son action… ce qui n’est évidemment plus le cas. Les ministres grugent le fisc et restent en place, etc.

Chaque affaire révélée par les médias ne produit plus d’effets, car il y en a tout simplement trop d’une part, d’autre part parce que ça n’étonne plus personne. La révélation ne fonctionne plus, car l’affaire à révéler n’est pas une chose rare, ce qui témoigne d’un niveau de corruption de la République jamais atteint jusqu’alors en France. Par exemple, alors que la mairie de Bordeaux a manipulé les chiffres du budget notamment autour du nouveau stade, ce qui constitue une escroquerie de plus de 100 millions d’euros et qui devrait conduire à une démission immédiate de l’édile responsable… ce dernier raille simplement l’opposition. Même chose finalement pour les divers leaks, les lanceurs d’alerte sont quant à eux poursuivis en justice, voient leur vie détruite…pendant qu’on cherche à protéger les secrets industriels (en fait les petites magouilles entre amis). On pourrait imaginer que l’hypocrisie habituelle aboutirait à sacrifier de temps en temps quelques personnages, mais le plus simple est de blâmer désormais celui qui interrompt le jeu. Celui qui tente le chemin de la révélation est considéré comme un infâme streaker qu’il faut plaquer au sol. C’est lui qu’on sacrifiera au final pour le bénéfice du show must go on.

Jamais, on a vu un tel culot des personnes incriminées… on a l’impression de se retrouver dans le sketch de Catherine de Pierre Palmade « si tu t’excusais et qu’on n’en parlait plus !».

Dans l’histoire de la circulation et de l’information, le vocabulaire de la révélation a bien sûr été lié au vocabulaire religieux, mais également à la découverte scientifique. Finalement, le journalisme en a fait un de ses fers de lance, en incarnant un quatrième pouvoir nécessaire. Or, il devient non seulement de plus en difficile de réaliser ce travail, mais lorsqu’il est réalisé… il est d’emblée mis en doute ou pire ignoré. La révélation est devenue impuissante, face à d’autres magies que je ne sais comment qualifier. Il se produit en tout cas une forme de tragédie informationnelle d’un type nouveau que je ne sais pas encore conceptualiser. Ce dévoilement informationnel impuissant ne peut qu’inquiéter, car il est le marqueur d’un désenchantement du monde, de dysfonctionnements suite à une sorte de magie noire dont nos politiques sont les grands maîtres. Finalement, ces médecins de nos sociétés ne sont pas là pour nous soigner, mais faire de nous des malades permanents porteurs de tous les maux. On retrouve ce que disait Antonin Artaud à propos de cet état de magie noire qui n’existait pas il n’y a pas si longtemps. Sauf que ce n’est pas une mort classique, mais une zombification qu’avait déjà dénoncée Romero. Cette situation informationnelle étrange va alimenter mes réflexions (et mes actions ?) dans les prochains mois

Une des réponses se situe peut-être dans l’humanisme de Montaigne dont j’ai lu récemment la biographie par Stephen Zweig. On connait la célèbre devise « Que sais-je ? » de l’ancien édile de Bordeaux. Cette question, il nous faut nous la poser, à condition de l’accompagner d’une autre question « Que fais-je ? » Sans doute pouvons déjouer une énième conjuration de Catilina (saine lecture pour les rares latinistes survivants), mais ne pourrons pas sauver cette république.

Antidote 9, quoi de neuf docteur? Nine is better for your mind !

Je suis testeur de la nouvelle version d’Antidote 9 suite à mon précèdent billet. Soyons clair, cette nouvelle version m’a été offerte par l’éditeur, qui m’a d ‘ailleurs fait une présentation fort intéressante en ligne. Je l’utilise avec plaisir depuis quelques mois. Le logiciel a connu quelques améliorations au niveau outils et interfaces, mais le grand changement est bien sûr l’arrivée de la version pour l’anglais. Et ce n’est pas un luxe, non pas que j’écrive beaucoup en anglais, mais quand ça m’arrive… j’ai toujours plein de doutes…

Du coup, Antidote dans sa version anglaise est encore plus utile que dans sa version française, et pour cause : vous allez probablement utiliser davantage de fonctionnalités qu’en français, et notamment toute la série de dictionnaires qu’on peut négliger parfois lorsqu’on estime qu’on a une bonne maîtrise du français. Or en anglais, dès que vous écrivez, vous craignez sans cesse de faire des erreurs de sens. Dans ce cadre Antidote va justement vous soigner comme il faut, car vous allez pouvoir d’un clic, vérifier si le mot que vous utilisez est vraiment approprié, s’il n’est pas un faux-ami, quels sont ses principaux sens, etc. Bref, c’est ici que l’outil devient vraiment opportun, c’est qu’il va éviter vos blocages dans la rédaction. Très souvent lorsque je rédige en anglais, j’ai tendance à vérifier que l’usage du mot que je fais est correct en utilisant Google. Si je trouve des phrases qui semblent conforter ma manière de rédiger, je conserve la formulation, dans le cas contraire, je me mets à douter et je change. Antidote 09 va me permettre de diminuer cette pratique. Étrangement d’ailleurs, il a pour l’instant plutôt tendance à confirmer ce que j’avais tendance à écrire, ce qui m’enlève le poids de l’incertitude, ce qui n’est pas une mince affaire.

Le logiciel permet également de gérer le double langage dans un texte et donc peut corriger aussi bien l’anglais et le français. Volontairement, j’ai glissé un petit passage en anglais dans ce billet :

Antidote 10 is an excellent tool for knowledge workers and researchers who need to write professional or scientific documents. You can use it to check if your English is correct. When I have to write in English, I’m often full of  doubts and I’m not always sure if my sentence is correct or not. With the software, I can see if the words I use are free of errors or not. So, Antidote gives me more trust when I write in English. I don’t need to spend too much time on Google to type request with the expression that I’m not convinced they are accurate. I can use all the Antidote tools for that, above all the dictionaries. I hope to ameliorate my  style of writing with the use of Antidote.

Le logiciel détecte d’ailleurs les proportions et signale les langues de façon distincte.double langage

détection du ratio anglais/français
détection du ratio anglais/français

Du coup, la partie dictionnaire devient un must, car je prends plaisir à l’utiliser alors qu’en français, j’ai tendance à la négliger complètement sauf cas exceptionnel.

Du coup, le logiciel devient également un très bon outil d’apprentissage de l’anglais si on prend soin d’utiliser les fonctionnalités du dictionnaire. Sur ce point, le fait de pouvoir basculer sur la partie dictionnaire est plus efficace que de devoir faire une requête sur un moteur de recherche, et plus rapide que d’ouvrir un outil papier. Dictionnaire antidote 9L’outil peut donc s’avérer fort opportun pour un apprentissage de la langue, d’autant qu’il rapproche la consultation des dictionnaires de la rédaction. Finalement, que ce soit pour un novice ou pour un expert, le logiciel me semble très intéressant. De là à dire que l’outil pourrait également intéresser les traducteurs professionnels ou non, il n’y a qu’un pas.

Comme je l’avais également dit précédemment, Antidote requiert une forme d’apprentissage de façon à l’utiliser de façon personnelle et selon ses besoins. Je pense également qu’il pourrait s’avérer propice pour améliorer ses performances d’écriture en anglais, pour peu qu’on sache effectivement trouver la manière de l’utiliser de façon à ce qu’il s’intègre dans sa pratique d’écriture.

Bref, un outil qui prend place de plus en plus dans ma panoplie d’outils de travailleur du savoir. Indispensable depuis que j’en ai fait l’acquisition. La dernière version m’apporte des fonctionnalités opportunes pour gérer désormais l’anglais également. Le produit reste sans doute un produit de luxe (108 euros sur amazon par exemple), mais il s’avère bien utile au quotidien, surtout si vous écrivez souvent ou que vous produisez des documents en masse. Je suis par exemple adepte de la correction typographique automatique.