Entrez dans la poétique du numérique

Compte rendu  de  Poétique du numérique 2, les territoires de l’art et le numérique, quels imaginaires ? Sous. la direction de Franck Cormerais. Editions, l’entretemps, 2013 Une couverture violette avec un titre en jaune, la couleur est donnée pour ce poétique du numérique numéro 2. Franck Cormerais a réuni dans cette édition une quinzaine d’auteurs pour interroger notamment le rapport entre l’art et le numérique. Il s’agit aussi de réinterroger l’esthétique dans des perspectives contemporaines qui aboutissent à une réflexion sur l’œuvre d’art et sa place dans la société. Mais l’objectif est de mieux comprendre le rôle de l’artiste et du spectateur, en incitant l’artiste à devenir majeur notamment face au regard d’un spectateur dont il faut faire également la critique. L’ouvrage se positionne nettement autour de la question technique, la technè dont il est rappelé à juste titre qu’elle mêle aussi bien art que technique, imaginaire et raison et qu’il est sans doute opportun de repenser les liaisons et les hybridations entre les différentes facettes, tandis que des siècles nous ont appris plutôt à les séparer. Jean Paul Fourmentraux dans le second chapitre retraduit d’ailleurs bien cet enjeu en montrant que la poïesis présente bien cette dualité entre création et production.

Poétique du numérique

L’ouvrage fait donc une place importante aux imaginaires. Pierre Musso qui signe la préface nous gratifie d’un chapitre intitulé « imaginaires et innovation technologique » d’une grande qualité qui fait le point sur différentes théories autour des techno-imaginaires de façon éclairante et synthétique. Un texte à lire et à faire lire assurément. L’ouvrage s’appuie souvent sur des expériences artistiques particulières, voire innovantes. Le générateur poiétique (dont j’avais parlé ici) d’Olivier Auber est ainsi cité à plusieurs reprises. Le lecteur y trouvera matière à réflexion et une richesse dans les références épistémologiques, ce qui entrainera de nouvelles lectures et certainement des relectures. On notera que Gilbert Simondon en tant que philosophe de la technique est souvent cité en référence. Impossible de résumer l’ensemble des chapitres de l’ouvrage qui est divisé en quatre parties :

  1. De nouveaux territoires pour l’art ?
  2. Une cartographie déplacée
  3. Une spatialité interrogée
  4. Un imaginaire reformé.

Les lecteurs du blog seront sans doute également intéressés par le chapitre consacré par Jacques Gilbert au concept de sérendipité, « A la suite des princes de serendip » dont il fait la critique. Il montre les différents récits mythiques de la sérendipité et étudie de manière intéressante le positionnement d’Horace Whalpole, le créateur du roman gothique et créateur du néologisme. L’ouvrage s’achève par la rédaction de six thèses concernant la poétique du numérique par Franck Cormerais et Sylvie Gosselin, thèses brièvement exposées tout d’abord, puis développées ensuite. Posant les jalons d’une réflexion théorique nouvelle, la poétique du numérique est vue comme une manière de voir le numérique autant de façon pratique que théorique. La technique est ici pensée et non rejetée, et la création vue également d’une manière collective. Ce texte laisse entrevoir de futurs développements intéressants en s’achevant sur la nécessité de construire un nouveau « sublime » entre art, science et technique. Le lecteur y trouvera également quelques réflexions sur la tendance aux « labs ». La courte postface de Bernard Stiegler tente de redéfinir l’artiste dont le philosophe nous dit au final qu’il est un « tenseur ». C’est dans cette poétique du numérique en tension que nous invitions le lecteur à entrer.

Pourquoi j’écris moins sur le blog…

Cela fait plus de deux mois que je n’ai rien écrit sur le blog. Une activité faible alors que le guide des égarés est dans sa quinzième année.
La principale raison est principalement liée au temps et au fait que je partage mes journées entre projets de recherche, articles et gestion de la filière InfoNum de l’iut de Bordeaux. Pour la semaine prochaine, je dois remettre un article pour un colloque, une évaluation ANR, corriger la dernière version d’un article, préparer une réunion pour un projet de recherche et gérer tout ce qui va arriver à l’IUT, sans oublier les imprévus.
Du coup, le blog n’est pas du tout prioritaire et ce d’autant plus qu’une partie de l’activité est aussi déportée depuis quelques années sur Humanlit. A suivre prochainement sur Humanlit, des travaux de ma stagiaire (une grande première pour moi !) et des résultats d’enquête.
C’est aussi une logique amorcée depuis quelques années et qui consiste à devenir réellement « transmédia » en ne faisant pas du blog le seul lieu de publication. Je préfère donc largement diversifier mes écrits entre articles de recherche (deux devraient sortir prochainement et j’espère un cet été qui devrait faire un peu de bruit dans les SIC), des chapitres d’ouvrage ( dont un dans cet ouvrage sur l’identité numérique coordonné par notre JPP de l’infodoc et de la cybercriminalité), des ouvrages, un en solo aux Presses de l’Enssib, un collectif sur les Humanités Digitales chez Fyp, et un petit roman sur une thématique du moment chez Publie.net. A cela se rajoutent d’autres articles pour les copains, des articles pour les  revues professionnelles (Argus prochainement) et des articles pour des dictionnaires thématiques, et j’en oublie sûrement.
Bref, je n’arrête pas d’écrire, ce qui ne signifie pas que je sais parfaitement écrire, bien au contraire.
J’ai hésité à deux ou trois reprises à publier des avis sur l’Education Nationale, mais j’ai préféré m’abstenir, faute de temps pour le faire ou par manque de cohérence de l’écrit parfois. Sur le sujet, c’est un court ouvrage qu’il me faudrait écrire, mais j’hésite un peu à rajouter ma prose aux innombrables publications dans le domaine. Il reste que je me sens assez nettement en rupture avec les différents courants actuels.
Le blog en pâtit quelque peu, mais ce n’est rien en regard du projet de roman amorcé en fin d’été et qui n’a pas franchi les dix pages et dont j’avais fait un des objectifs de l’année et sans doute un objectif encore plus ambitieux.
Si le temps le permet, j’envisage un nouveau visage graphique pour le blog, ce qui me donnera peut-être envie de rebloguer !