Umberto et le complot

Mon cœur avait bien ressenti quelque chose mettant ce livre tout en haut du carton. Mais le déménagement m’obligeait à le faire. Au moins, je savais que je n’aurais aucun mal à remettre la main dessus une fois le carton ouvert.
Cet ouvrage, de l’arbre au labyrinthe, était un de ceux d’Umberto Eco qui m’avaient le plus marqué. Celui-là finalement, je l’avais lu très récemment. Je ne savais pas qu’en refermant le carton, quelques jours plus tard, c’est Umberto qui refermerait son existence charnelle. Car Umberto va survivre chez ses innombrables lecteurs, chez ses interprètes, chez ses traducteurs (et donc traîtres), chez ses mauvais épigones (l’épigone est toujours mauvais par principe) et chez les auteurs qui comme Laurent Binet lui donne vie dans des œuvres de fiction.
J’avais rencontré Umberto de façon classique, par la lecture du nom de la rose, que je suis d’ailleurs en train de lire pour la troisième fois. Eco, ça se relit et ça se consulte, que ce soit ses travaux de recherche ou ses fictions. Et à chaque fois, on comprend qu’on est devenu un autre, et on mesure le chemin parcouru. C’est mon cas, lors de ma lecture du nom de la rose où je comprends de mieux en mieux l’ensemble des références qui parsèment l’ouvrage. Même chose pour le Pendule de Foucault… mon roman préféré, celui qui m’a le plus influencé et que beaucoup trouvent imbuvable et incompréhensible, et pourtant c’est celui que j’aime relire. Le pendule de Foucault c’est la lecture indispensable pour comprendre les théories du complot. C’est une façon romancée de montrer que la compréhension du monde ne peut être que complexe et que tenter d’en échafauder une théorie aboutit à un délire pas possible. Le concept qui fait tourner tous les autres est nécessairement réducteur, car trop efficace en apparence. Et on peut s’amuser à en inventer pleins, comme j’étais amusé à la faire sur l’affaire DSK.
Revenons au sujet sur lesquels je voulais écrire initialement  sur le blog : le mythe du complot. J’avais travaillé sur ce sujet à une époque où l’Éducation Nationale s’en moquait totalement en n’ayant pas encore saisi vraiment les changements en cours autour du phénomène du web 2.0. Je plaidais pour que le concept devienne un objet d’études en sciences de l’information et de la communication et j’envisageais des pistes éducatives par la même occasion avec une prise en compte dans les enseignements pour la culture de l’information. Dans cette logique, j’avais initié le projet « Historiae : les collégiens mènent l’enquête » qui incitait des collégiens à produire un article de blog sous forme de synthèse sur des thématiques où l’information disponible sur le web était fortement hétérogène et bourrée de références complotistes. J’avais présenté le projet au premier forum des enseignants innovants. Le but était de reproduire les rencontres informationnelles faites dans des requêtes et des navigations à la maison de façon raisonnée en entrant dans l’étude de l’évaluation de l’information. Le projet a été depuis réintégré à Cactus Acide et repris un temps par Gildas Dimier au niveau de l’expérimentation.
Le ministère vient enfin de s’intéresser à cette question, mais pour de mauvaises raisons. En clair, l’injonction vient du ministère voisin : l’intérieur qui souhaite éviter les dérives contestataires ou djihadistes. Il y a donc une pression forte qui s’exerce sur l’éducation aux médias et à l’information et sur l’éducation morale et civique. La manifestation de l’autre jour avec la mise en scène de la ministre participe d’une volonté de s’emparer du problème d’une façon peu discrète, et finalement ne s’appuie pas sur les travaux de ceux qui s’intéressent à cette question, et qui en la matière se montrent plutôt prudents d’une part, et moins méprisants à l’égard de ceux qui peuvent tomber dans les excès du complot permanent.
On trouvera donc opportun de se reporter à la lecture de Franck Bulinge sur le sujet. J’avais d’ailleurs échangé par mail avec Franck en 2008 sur cet aspect. On lira aussi avec intérêt les travaux de François-Bernard Huyghe et notamment son dernier billet qui évoque aussi Umberto Eco, et plus encore son entretien pour Atlantico. Alors certes l’observatoire du complotisme est intéressant, mais il y a bien d’autres travaux que les ministères feraient bien de consulter. Je reproche parfois à mes étudiants de rechercher principalement les ressources qui affleurent à la surface du web au niveau des premières résultats de google… j’ai le sentiment qu’à ce sujet, c’est un peu pareil au niveau de nos instances parfois. Les compétences informationnelles ne sont pas toutes développées là où elles seraient nécessaires.
Vouloir faire du combat contre les théories conspirationnistes un cheval de bataille gouvernemental est perdu d’avance. C’est y aller avec les gros sabots et surtout c’est désigner des ennemis, et répondre à des personnes qui parfois voient des ennemis qui complotent par un comportement du même type. C’est un jeu qui ne mène à rien et qui ne peut que conduire à Fort-Chabrol. On ne lutte pas avec les mêmes armes sous peine d’alimenter un combat infini. L’idée de développer une armée de blogueurs était d’ailleurs une des idées les plus absurdes proférées ces dernières années. On ne peut pas lutter contre les théories du complot sous peine de rentrer soi-même dans le plan. En clair, les conspirationnistes vont vous désigner soit comme un imbécile, soit comme un participant au complot. En clair, vous êtes manipulé ou manipulateur.
Autre point, il existe une proximité forte entre ceux qui remettent en cause l’’information officielle au point d’imaginer un complot, et les méthodes d’évaluation de l’information produites par les professionnels. Le discours de la ministre y fait quelque peu référence, mais de façon trop générale et finit par pointer un ennemi classique : Internet… on notera qu’on ne parle pas de web… :
J’aborderai d’ailleurs ici une question particulièrement importante, liée directement à l’essor du complotisme, et qui est à la fois enseignée dans l’EMI, mais qui va bien au-delà. C’est, naturellement, celle d’Internet. Oui, la diffusion des savoirs est une belle chose ! Mais elle s’accompagne aussi de la diffusion de son ennemi intime : celle des théories complotistes. Dès lors, il y a un moment où nous devons affronter directement les enjeux liés à cette révolution que constitue Internet.
Le besoin de douter est essentiel, et il nous semble que ce fondement doit être conservé et défendu. Il est vrai que les théories conspirationnistes vont parfois bifurquer sur un point qui va constituer l’explication miracle et qui va devenir le liant. On peut être très censé et tomber rapidement dans des excès, car c’est potentiellement grisant, comme un passage de l’étude rationnelle à la fiction, car tout semble concorder, ce que montre bien Eco :
« La reconstitution nous prit des jours et des jours ; nous interrompions nos travaux pour nous confier la dernière connexion ; nous lisions tout ce qui nous tombait sous la main, encyclopédies, journaux, bandes dessinées, catalogues de maison d’édition, en diagonale, à la recherche de courts¬ circuits possibles ; nous nous arrêtions pour fouiller les éventaires des bouquinistes ; nous flairions les kiosques ; nous puisions à pleines mains dans les manuscrits de nos diaboliques ; nous nous précipitions au bureau, triomphants, en jetant sur la table la dernière trouvaille. » (ECO, le pendule de Foucault, 1990 p.471)
Et même parfois, il est impossible d’en être conscient :
« Lorsque nous échangions les résultats de nos imaginations, il nous semblait, et  justement, procéder par associations indues, courts-­circuits extraordinaires, auxquels nous aurions eu honte de prêter foi – si on nous l’avait imputé. » (Umberto Eco, idem)
 
La meilleure piste évoquée est celle d’une véritable formation à l’information avec un gros travail autour de l’évaluation de l’information qui ne peut se faire en quelques heures, mais qui repose sur un travail d’analyse documentaire réitéré. Une des leçons est que de toute façon, même le plus grand spécialiste peut se faire avoir s’il oublie de poser son esprit et qu’il agit par impulsion. C’est donc à la fois une question de formation de l’esprit, de culture générale, mais aussi de capacité à exercer une distance critique. Cet esprit critique est essentiel, car il participe au besoin de débattre et donc à une culture démocratique. Toute tentative pour imposer une vérité absolue et mettre au ban d’autres alternatives risque d’être vouée à l’échec si elle ne repose pas sur un travail scientifique et rationnel. Il est clair que certains esprits refusent d’emblée ce dialogue.  Mais ce n’est pas en voulant imposer une manière de voir qu’on parviendra à convaincre le plus grand nombre, bien au contraire. On risque au final d’alimenter encore plus les théories du complot. Il reste à savoir quelles sont désormais les priorités : développer l’esprit critique et la capacité à débattre, ou bien de surveiller les opinions non conformes. La dernière loi sur le renseignement permet d’en douter… mais bon sans doute le risque est d’y voir encore un énième complot.
On ne sort donc jamais vraiment de la spirale complotiste. Umberto dans le pendule de Foucault pensait avoir réglé la question par l’absurde… il n’a fait qu’alimenter le complot en produisant un important travail documentaire. D’ailleurs, j’ai comme un doute. On est sûr qu’Umberto est bien mort ? Avec un peu de chance, il a été enlevé par les extraterrestres et le gouvernement nous le cache.
Au final, il ne nous reste plus qu’à en rire.
 
Pour mes amis enseignants et professeurs documentalistes notamment, j’ai écrit l’année dernière pour le Médiadoc, un article sur le sujet : théories du complot, faut-il en faire un objet d’enseignement ?

Personnages en quête d’auteur. Le personnage du mois sur SavoirsCdi

Certains le savent, j’ai repris depuis décembre 2015, la rubrique de savoirsCDI en ce qui concerne le personnage du mois qui avait été popularisé notamment par Marie-France Blanquet. La rubrique étant un lieu opportun pour les professionnels voulant réviser leurs classiques et un lieu incontournable pour les étudiants intéressés par l’histoire de la documentation et de l’information. Il était temps de lui redonner un second souffle, ce que je tente donc de faire.
J’ai fait le choix de plonger un peu plus loin dans l’histoire, car jusque-là la rubrique s’était principalement concentrée sur le XXe et un peu sur le XIXe. Certes, Christophe Dubois avait tenté une incursion dans l’Antiquité avec Callimaque, mais on était resté principalement sur de l’histoire contemporaine.
Dans la lignée d’une histoire longue des humanités digitales, j’ai choisi d’aller voir aussi les XVIe, XVIIe, XVIIIe en montrant l’importance d’autres personnages qui sont aujourd’hui quasi méconnus voire peu mentionnés par les professionnels de l’information et de la documentation. Sans vouloir nécessairement faire une histoire de grands personnages, il s’agit surtout de montrer que des préoccupations actuelles ont déjà existé durant les époques précédentes.
J’avais commencé en décembre avec Conrad Gesner. J’ai poursuivi récemment avec Adrien Baillet, personnage qui vaut lui aussi le détour.
Au menu pour la suite, des personnages connus et d’autres beaucoup moins forcément, mais qui n’attend qu’un auteur pour leur redonner vie. Le but est de montrer que l’histoire de l’information et de l’organisation des connaissances se déroulent sur plusieurs siècles avec des logiques qui s’opposent. C’est quasi digne de Star Wars, avec le côté lumineux qui cherche à améliorer l’indexation des connaissances et de l’autre, le côté obscur : l’indexation des existences. J’évoque cette opposition dans du Tag au Like, mais également dans un récent article sur les utopies documentaires pour la revue Communication et Organisation.
J’ai déjà listé une bonne trentaine de noms qui méritent que l’on raconte leur histoire, mais vous pouvez m’en suggérer d’autres… notamment s’il s’agit d’inconnus qui méritent qu’on s’intéresse à eux, en particulier s’il s’agit de femmes. Tous les acteurs féminins parfois passés sous silence m’intéressent particulièrement, car dans le listing que j’ai commencé à réaliser, je trouve beaucoup d’hommes, même si certes comme je me plais à le rappeler, certains sont entourés de femmes qui ont pu contribuer à leur réussite.
Le prochain personnage sera toutefois un homme, il est très connu, mais beaucoup ont oublié qu’il était d’abord un bibliothécaire.

La licence professionnelle, MIND, un nouvel esprit du digital à Bordeaux

Je suis ravi de pouvoir annoncer le lancement prochain d’une nouvelle licence professionnelle à l’Université Bordeaux Montaigne et plus précisément à l’IUT de Bordeaux.
Cette licence s’intitule MIND, pour médiations de l’information numérique et des données. Dans l’idéal, on aurait pu choisir digital au lieu de numérique, mais il fallait rester cohérent avec notre filière du DUT Infonum, information numérique dans les organisations.
L’objectif est de former des professionnels sur des questions à la fois anciennes, mais de plus en plus renouvelées, notamment en ce qui concerne les fameux discours autour du Big Data et et de l’Open Data. La licence prend le contre-pied en se plaçant au-delà des fantasmes et des discours en mettant en avant de façon nette, le concept de médiation dont la licence entend tirer parti dans toute sa richesse. Le terme a été choisi à dessein plutôt que celui de management par exemple, mais également parce qu’elle correspond mieux à l’ancrage disciplinaire et scientifique de l’information et communication. La médiation permet de travailler autour des actions de médiation-formation, des actions de traitement, ainsi que dans l’étude des supports, des médias et des organisations qui sont concernés par ces problématiques.
La licence prend la suite d’une ancienne licence plus orientée ressources audiovisuelles. C’est donc à la fois une continuité dans le fait qu’elle s’adresse à des professionnels de l’information, mais aussi une rupture du fait qu’elle se place dans des secteurs d’avenir.
En effet, les métiers évoluent continuellement dans les secteurs de l’information documentation et de nouveaux besoins se font sentir. L’étroite relation qui s’opère entre l’information-documentation et la donnée est un signe clef, comme en témoigne le récent changement de nom de la revue documentaliste-science de l’information en I2D pour Information, documents et données. Une perspective qui rejoint pleinement celle de la licence qui ne veut pas pour autant éliminer les concepts de document et d’information, mais plutôt les articuler avec les dispositifs techniques actuels.
La licence s’inscrit également dans une volonté quelque peu pionnière dans sa démarche, car peu de formations en Aquitaine, mais également en France dans le numérique ont placé la question du traitement des données dans cette approche. Généralement, le positionnement classique sur ces questions est davantage orienté mathématique, informatique et éventuellement statistique. Nous souhaitons l’aborder de façon élargie, plus en lien avec les sciences de l’information et de la communication, mais aussi avec l’ensemble du mouvement des humanités digitales.
Il s’agit aussi d’éviter les discours enchantés autour du big data et de l’open data et donc au contraire d’en montrer les richesses, mais aussi les limites tant l’objectif est bien de promouvoir une approche construite et avec de la médiation autour des données, de l’information et du document et pas une simple logique algorithmique. Il s’agit donc de former des professionnels qui puissent organiser et traiter les différents types d’informations rencontrés et parvenir à optimiser leur traitement, leur utilisation et valorisation. On veut que nos étudiants soient de bons curateurs de données pour éviter le tragique syndrome du pdf inexploitable et qu’ils se montrent des analystes des données, des documents et des informations disponibles.
La licence ne forme donc pas des magiciens capables de comprendre des masses de données éparpillées. Elle cherche à former des professionnels qui seront amenés à produire les conditions d’une interprétation intelligente de documents, d’informations et de données dont l’éparpillement nuit à leur compréhension et à la constitution d’une certaine cohérence.
Elle s’inscrit donc dans une logique de renouvèlement professionnel avec des métiers dont on peine encore à imaginer l’intitulé.
La plaquette  de la licence professionnelle MIND est en ligne et j’interviendrai à plusieurs reprises pour la présenter notamment demain à 11h lors des journées portes ouvertes.
Mise à jour : le site de la licence professionnelle MIND est mis en ligne.
 
 
 
 

L’impératif digital ?

Mon dernier billet sur les avantages du digital par rapport à numérique a suscité quelques intérêts et réactions notamment sur twitter. En dehors de réactions épidermiques, de quelques références au dictionnaire wikipédia, qui est en fait une charge contre digital, et à l’avis l’Académie française, j’ai vu peu d’arguments contre émerger.

Le billet s’inscrit finalement en parallèle avec le dernier article d’Alexandre Moatti dans la revue Le Débat. Sans prendre parti, il montre la montée en puissance du mot digital vis-à-vis de numérique, et pointe quelques éléments de langage qui méritent un examen plus poussé.

Il montre que l’expression cache parfois une volonté d’aller plus loin que le numérique et que cela suppose de passer à une nouvelle transformation et révolution digitale. J’avais précisé en effet que digital devenait de plus en plus employé dans les milieux du marketing, ce qui a fait dire à certains que justement c’était un mauvais argument pour l’utiliser. Ils oublient sans doute que numérique a été utilisé abusivement par les mêmes milieux.

On a l’habitude de ces évolutions dans les discours marketing et médiatiques, car ils sont porteurs de stratégie qui s’impose sans réel débat et opposition, car ils veulent s’appuyer sur des évidences qui visent à faire des nouveaux environnements technologiques des éléments naturels. L’objectif est celui de démontrer qu’il n’y a pas d’autre voie possible, et en cela les tenants de «  l’impératif digital » ne font que prolonger les discours de la société de l’information, des autoroutes de l’information, du web 2.0 décliné à toutes les sauces et des diverses déclinaisons du numérique.

Ces discours sont sans cesse portés par les lobbies industriels qui ont des marchés à conquérir et tentent d’immiscer partout et notamment au sein des institutions publiques. Le but est de développer des mécanismes de transformation qui peut-être produiront des effets opportuns pour ces institutions, mais qui surtout permettront des effets d’aubaine pour les industriels du domaine. Évidemment, il s’agit aussi d’imposer de nouveaux modes de management et sous couvert de coolitude (voir ce que dénonçait déjà Alan Liu en 2004) et  de nous démontrer que les changements à venir sont pour notre bien à tous et notre épanouissement, ce que j’ai tenté de montrer dans l’analyse d’une conférence.

Pour autant, faut-il se priver de digital ? Non, car je l’avais rappelé, digital est justement un pharmakon, ce qui montre bien la complexité à l’œuvre et les enjeux de pouvoir. En ce sens, il reflète mieux les tensions à l’œuvre et montre une fois de plus que cette histoire n’est pas qu’une affaire d’informatique… terme qui mériterait d’ailleurs d’être réinterrogé parfois.

Évoquer un impératif digital est intéressant à plus d’un titre, car cela exprime bien la tentation de désigner la voie à suivre et montrer le chemin… sans qu’on puisse le contester. C’est le côté obscur de l’indexation qui fixe la norme et désigne les hérétiques. Mais l’indexation a aussi un côté positif qui recherche la collaboration, le partage et l’organisation des connaissances. L’impératif digital ne peut s’imposer que s’il n’y a pas de contestation, et que les acteurs de la formation sont peu valorisés ou mis sous l’éteignoir.

À ce titre, on ne peut que s’inquiéter de l’évolution annoncée du Conseil National du Numérique, gadget prévu pour être un énième conseil théodule, mais qui a fait son travail bien au-delà des attendus ministériels, car on y trouvait une équipe investie et qui osait s’exprimer et surtout exprimer des avis contradictoires à ceux de la politique menée.

Une équipe d’emmerdeurs en quelque sorte qui n’ont pas compris que pour les gouvernants, ils ne sont là que pour conforter leurs dires et apporter un semblant d’expertise. Le Conseil national du numérique est trop résistant face à l’impératif digital, il faut donc le changer. Au menu, on nous annonce des copains et des lobbies, c’est plus conforme à la politique traditionnelle. Les chercheurs y seront moins présents. Mais ce n’est guère une surprise, ils cherchent des explications, alors qu’on leur demande de se conformer au dogme.

Par conséquent, il est probablement temps de continuer à se mettre à l’écart des instances pour continuer de porter l’esprit de la République digitale (sans doute un autre billet à venir…)