Le mythe de Cobra

A l’origine, ce texte se trouve sur un vieux site qui date de 2003, voilà l’occasion de le refaire connaitre :

Qui est vraiment, Cobra ? Difficile d’y répondre sans réflèchir un minimum. Un héros, diront certains, sans doute au sens moderne du terme, au sens ancien également, à un détail prêt : les héros sont mortels…et Cobra l’est-il vraiment ? D’aucuns rétorqueront qu’il n’est de toute façon pas né puisque ses aventures se déroulent au XXIVéme siècle. Malgré tout , Cobra semble intemporel, et c’est bien ça qui peut intriguer. J’analyserai les parties essentielles du mythe. S’il fallait vraiment tout analyser, ce serait un travail bien plus long qui nécessiterait un livre. Ce site a pour but de démontrer que Cobra recèle une richesse incomparabale et qu’il peut même nous indiquer la voie à suivre.

 

Le pouvoir de Cobra ne doit pas être uniquement analysé bêtement. Ainsi, le psychogun est une arme extraordinaire qui se trouve quelque peu matérialisée dans le bras gauche de Cobra. Le spectateur ne réflèchit pas et remarque juste que Cobra possède une arme dans son bras et c’est le but afin de ne pas trop déstabiliser les spectateurs. Or, la puissance de Cobra est ailleurs. En effet, l’arme est un psychogun, un pistolet psychique. Il est donc clair que la puissance de Cobra provient de son psychisme, de son mental, ce qui nous est confirmé par le fait que l’arme est dans son bras gauche. Le côté gauche qui renforce encore le côté psychique de l’arme. Mais le côté gauche, c’est aussi le côté obscur, souvenons-nous que gauche se dit sinister en latin : cela signifie qu’il y a un aspect néfaste évident dans cette arme. Effectivement, c’est une arme de mort. La mort pour les ennemis de Cobra. Il est clair que Cobra n’est pas un ange absolu, en fait il serait plutôt luciférien. D’ailleurs, il s’agit peut-être du secret de l’énigme : Cobra semble immortel parce qu’il est lui-même la mort .

Mais Cobra est bien plus que la mort.

 

Une telle énergie ne peut provenir du seul Cobra que nous voyons. Elle vient « d’ailleurs » que de son corps dont on peut percevoir les limites. L’énergie dont dispose Cobra est une énergie dont nous pouvons tous disposer, c’est une énergie libre. Cobra est un personnage global, holistique, il « est ». Ce qu’il faut comprendre, c’est que Cobra est branché en permancnce sur l’énergie disponible, c’est un médiateur, un transmetteur de puissance. On peut se poser alors la question de l’indépendance de Cobra, est-il totalement libre, ou bien n’est-il que la concentration de forces supérieures dont il servirait la cause ?

De même qu’il use de l’énergie du cosmos, Cobra utilise les connaissances universelles de la noosphère, cette sphère des esprits chère à Teillard de Chardin, et dont Pierre Lévy voit l’accomplissement dans le développement du web. Cobra est donc bel et bien un personnage universel. Universel car l’action se déroule dans l’univers et pas seulement sur Terre.


 

Cobra, chantre de l’universalisme français.

Universel aussi car ses origines humaines viennent du pays où est issu la conception de l’universalisme : la France. En effet, Cobra est quelque peu français. Le dessinateur Buichi Teraswa a pris modèle sur Jean Paul Belmondo pour créer Cobra. La ressemblance est évidente au niveau du visage, mais ailleurs aussi. Cobra est un séducteur, genre french lover, quelque peu macho mais n’en demeurant pas moins romantique. Autre trait bien français, celui de l’insatisfait perpétuel et du révolté. Cobra s’inscrit en faux contre une société qui lui déplaît et cherche à y remédier. Dans ce désir utopique, Cobra rejoint Albator, le corsaire de l’espace, lui aussi également français quoique certainement un peu anglais si on pense aux flibustiers.On retrouve encore un autre trait bien français chez Cobra, la prétention de se croire invincible, de penser être le meilleur et de pouvoir tout améliorer. Malgré tout, Cobra a beau s’atteller à une tâche sérieuse, il n’en reste pas moins plein d’humour et demeure imprévisible. Si on regarde bien, Cobra est l’achétype du français idéal dans sa quête de l’universalisme. C’est ici que Cobra devient un héros, et c’est peut être le point le plus inquiétant : il sembre que sa quête soit interminable, impossible à établir. Cobra serait donc le sysyphe de la liberté, il ne peut mourir, mais sa cause ne peut triompher totalement. Ce qui est d’autant plus inquiétant, ce que Cobra est seul, quelques alliés ici ou là,mais surtout sa principale aide émane d’une humanoïde dont on perçoit l’ancienne humanité. Si franchouillard que vous êtes, vous avez gonflé le torse en lisant que Cobra est un peu français, je suis au regret de vous informer que la France ne représente plus grand chose dans l’univers qui entoure Cobra. En effet, l’anglais domine et l’influence française semble faible lorsque l’on perçoit l’impuissance de la police de l’espace, instance supranationale par excellence. C’est dire que la France idéale n’a plus qu’un seul représentant qui n’est finalement « qu’un emmerdeur français ». Faut-il comprendre que le rôle de la France n’est plus que que de proposer l’utopie et de tenter de s’imposer aux forces qui veulent tout contrôler.

Pas de quoi donc être cocardier ! Mais ce n’est pas un drame, c’est justement en comprenant qu’il faut au français devenir cosmopolite qu’il parviendra à imposer le paradoxe de l’universalisme français. Tout le monde deviendra alors français c’est à dire universel. En effet, nous sommes tous enclins à supporter Cobra dans son combat, c’est dire qu’il n’est pas vraiment seul… Je l’ai dit précedemment, Cobra est branché sur la noosphère, la sphère des esprits. Tout reste donc possible.

 

Mais il y a d’autres inquiétudes, Cobra est assurément un surhomme, mais il en est pas moins un homme. Or, sa principale alliée est une humanoïde…qui semble d’ailleurs très humaine. Ce qui est angoissant, c’est que l’intelligence ne puisse plus être seulement humaine. Jean Michel Truong défend l’idée que l’intelligence n’est d’ailleurs pas humaine et qu’elle est indépendante de lui et qu’elle quittera l’Homme quand ce dernier l’aura aidée à migrer vers un support plus solide et plus facilement exportable. C’est peut être bien la disparition de l’humanité qui se profile en fait.

 

Le mythe du roi caché.

 

Mais il reste l’espoir, il reste Cobra. C’est ici que l’universalisme républicain trouve son paradoxe, un paradoxe bien français. Il ne reste plus que l’unique, or l’un renvoie à dieu, au roi. C’est ici un autre mythe qu’il convient d’analyser: le mythe du grand monarque. Le mythe du roi caché, du roi mystère dont on a perdu la lignée supérieure et qui reviendra sauver l’humanité quand elle sera en danger. Ce mythe est souvent chrétien, d’ailleurs ne voit-on pas Cobra se rendre dans une Eglise ? Certes sans grande conviction, il baille, il montre sans doute à Dieu que la mission qui lui incombe le fatigue, d’où l’idée du Sysyphe de la liberté. Cobra a des pouvoirs supérieurs, est-il issu d’une lignée royale ? Est-il le possesseur du graal ?

Dans la chanson du générique français, on entend « et votre roi est là, et votre roi c’est Cobra ». L’auteur de ces paroles est un étrange Paul Persavon plus connu sous le nom d’Antoine de Caunes. Volontairement ou non, cette phrase explique qui est Cobra. C’est le Roi universel à la (re)conquête de son royaume. Un roi, pensez-vous alors, n’est ce pas en contradiction à l’idée de liberté et d’universalisme républicain ?

Effectivement ! Vous vous dîtes qu’un roi ne peut être démocrate. Il y a au moins contradiction dans les termes,mais il existe des personnalités royales bien plus ouvertes à la démocratie. Mais la réponse n’est pas là. Comme je l’ai écrit récemment sur un autre site, le ROI, c’est le Reséau d’Organisation de l’Information. C’est à dire que le ROI est ce qui nous relie tous, ce qui nous unifie en quelque sorte, c’est la somme de nos intelligences collectives, bref le roi c’est nous, c’est pouquoi le ROI est démocrate. Il ne faut donc plus voir Cobra comme un être isolé mais au contraire comme l’unification de notre intelligence collective. Cobra n’est pas seul, tout n’est donc pas perdu…au contraire…Cobra, c’est vous, c’est moi, c’est nous oeuvrant dans un même but.

 

 

Si vous avez lu ce qui précède, nul besoin de vous expliquer cette image issue du générique :

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4 réflexions au sujet de « Le mythe de Cobra »

  1. L’erreur est sur Albator, il est en fait allemand.
    Mais il est vrai que la censure française m’avait fait négliger cet aspect.
    On notera que c’est un allemand, assurément européen, un mix de culture française à la Frédéric II, avec un esprit pirate digne de Defoe.

  2. Gut ! Albator est assurément allemand, période deuxième guerre, et les pirates français étaient fameux , Éric surcouf… le côté buveur de vin … donc franlement

  3. Belle analyse de Cobra qui un héros nimbé de mystère.
    J’aime bien notamment l’idée qu’il incarne le diable un peu comme Hellboy. Peut-être aussi sa tenue rouge, sa lubricité, etc.

    Je me suis toujours interrogé sur la proposition « homme ou machine » : est-il un cyborg façon Terminator ? Je penche plus sur ce que vous dîtes, un être déjà mort, plus fascinant comme lecture. Un mort bon vivant.

    Son véritable pouvoir étant son invincibilité réelle et pas seulement prétendue.

    Moins fan du monarque/démocrate, il semble tellement agir pour lui-même ou par amour, que je ne perçois pas sa dimension politique. Mais faut que je revois la série disponible dorénavant sur Netflix.

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