Faut-il encore bloguer ou le web 2.0 s’essouffle-t-il?

Les derniers echos de la blogosphère font part de lassitude, d’arrêt voire de volonté de ne plus s’inscrire au sein de classements tels wikio qui finissent par apporter au blogueur un lectorat parfois non désiré et des sollicitations plus ou moins appréciables.
D’une certaine manière, il est probable que nous sommes entrés dans une phase qui nécessite un second souffle, une période de stabilité qui implique certainement de nouveaux modèles économiques ou tout au moins une définition plus précise de l’économie de l’attention, de la long tail et du bien commun.  Sur ce dernier aspect, il est intéressant de voir la dernière conférence d’Hervé Le Crosnier répertoriée sur savoirscdi où figure également mon interview. A noter aussi l’intervention d’Hervé à Brest.
Néanmoins, c’est aussi l’occasion de tester quelques nouveaux services durant cette accalmie estivale.
Le premier d’entre eux que j’ai choisi d’ailleurs d’intégrer au blog , c’est apture qui permet de générer des liens hypertextes via des documents présents sur wikipédia, flickr et les plateformes de vidéo entre autres pour le blogueur. Mais le lecteur peut en soulignant simplement un terme, effectuer une recherche automatiquement en déclenchant le processus du plugin apture que j’ai intégré à WordPress. Les possibilités peuvent être intéressantes notamment pour les projets collaboratifs. François Guité en parle ici d’ailleurs.
De la même manière, sprout au nom certes ridicule, permet de réaliser des petits documents en flash qui peuvent être utilisés au sein des blogs mais aussi dans les cours en ligne ou en présentiel. Cela permet de se passer de couteux logiciels comme ceux d’articulate même si Sprout offre moins de possibilités…pour le moment. Reste à savoir si l’indexation des documents flash  par les moteurs va également réellement réussir.
Tout cela pour probablement constater que l’été est propice au renouvèlement des forces et que ça nous promet une rentrée blogosphérique animée voire agitée et qu’une fois de plus l’autorité et la science vont être encore un peu bouleversées et que cela va nous donner encore à réflèchir.
Donc il faut encore bloguer mais en goutant l’otium, en dilettantisme cet été, en quasi oisif du blog en espérant qu’il en demeure un peu de dandysme à la rentrée avec l’arrivée des gentlemen blogueurs, adeptes de l’esthétisme de l’écriture relationnelle et sachant user également quant il le faut de la provocation voire de la critique. Enfin de là, à ce que les blogueurs écrivent dans la lignée de Théophile Gautier ou de Huysmans, il y a plus qu’un long chemin mais un bel et bien un étrange labyrinthe.
Ce qui est évident, c’est que des nouvelles formes de publications vont probablement suivre bientôt et  mettant un scène des processus de validation et de sélection. Reste à savoir d’où vont émerger les nouvelles notoriétés…
Pour ma part, je bloguerai donc peu, le blog quelque peu en parent-thèse.

Intervention groupe de secteur Saint Brieuc

Voici le support sur lequel je me suis appuyé lors de mon intervention pour les professeurs-documentalistes du groupe de secteur de Saint-Brieuc.

En ce qui concerne les folksonomies, je me suis appuyé sur ce document :
http://www.slideshare.net/oledeuff/folkso
Je remercie encore l’équipe pour l’accueil chaleureux.

La culture du boustrophédon

Je mets en ligne, le texte de mon intervention de la journée des professeurs-documentalistes de l’Académie de Lyon.
Je remercie encore une fois les organisateurs pour leur invitation. J’espère que le texte permettra d’éclaircir quelques points d’une intervention sans doute trop brève.

 

Tice, socle commun et professeurs-documentalistes :

Mettre en place la culture du boustrophédon pour une meilleure gestion de la progression via de nouveaux outils et de nouvelles stratégies.

 

Introduction :

Le boustrophédon désigne étymologiquement le trajet des bœufs lors du labour marquant les sillons dans les champs de droite à gauche puis de gauche à droite. Par extension, le boustrophédon désignait une écriture qui ne revenait pas à la ligne. Le sens actuel est proche celui d’un palindrome. (ex : le mot port se lit trop en sens inverse)

 

Ce qui m’intéresse dans l’idée de la culture du boustrophédon c’est l’idée de cheminement permettant une mesure du parcours accompli mais qui constitue une progression ouvrant un passage inédit. Un moyen d’échapper à l’âge de la vitesse et d’illustrer la fameuse phrase de René Char « le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres » cité d’ailleurs par Hannah Arendt dans la crise de la culture. C’est aussi l’idée de la trace permettant la mesure de la faculté à progresser. C’est d’ailleurs cette dernière qui mériterait d’être évaluée et pas seulement une mesure effectuée durant un contrôle lambda qui ne s’inscrit pas dans une réelle progression.

 

Mon intervention porte plus particulièrement sur les Tice et la première remarque que je souhaiterais effectuer c’est que les TICE ne peuvent concerner uniquement que le domaine 4 du socle. Une nouvelle fois le socle commun court le même risque que les TICE et le B2I : une mise en place à la marge. Un autre risque menace également celui de la dissolution au sein des programmes des disciplines. Un risque que les professeurs documentalistes connaissent bien.

 

 

1. Des enjeux culturels.

Par conséquent, le socle commun doit se distinguer au niveau des Tice mais pas seulement de la culture adolescente et ne pas reproduire les effets de superficialité et de survol que l’on rencontre dans le B2I. Chez les adolescents l’usage ludique des technologies prime sur l’usage pédagogique sans compter que l’innovation est peu fréquente si on songe au mimétisme “débilisant” des skyblogs.

 

Il ne s’agit pas de demeurer dans la simple validation mais bel et bien de démontrer les possibilités pédagogiques des TICE face à la montée en puissance des phénomènes du web 2.0 avec notamment le passage de l’autorité à la popularité ainsi que la montée en puissance de la culture du pitre c’est-à-dire de la culture de la vidéo drôle ou qu’il faut absolument avoir vu et qui se transmet de manière virale. C’est bien d’une réflexion pédagogique et didactique avec les TICE dont on a besoin et ce afin que le socle commun soit le garant de la transmission des plusieurs cultures et notamment trois cultures auxquels le B2I a fini par faire obstacle (Un B2I symptomatique d’un système scolaire qui connaît d’importants dysfonctionnements) :

 

La culture informatique

La culture technique.

La culture informationnelle dans une définition élargie. En ce qui concerne cette dernière, il faut dorénavant élargir ses ambitions en en faisant une culture de l’information et de la communication prenant en compte l’éducation aux médias mais aussi ce que les américains nomment la participatory culture, la culture de participation faisant référence aux outil du web 2.0.

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2. Pas d’évaluation sans formation.

Cela nécessite non pas une simple validation mais une évaluation qui soit une mise en valeur de la progression. De la même manière, cette « évaluation-mise en valeur » ne peut être séparée de la formation. Une formation nécessaire car les digital natives n’existent pas vraiment. Je le constate tous les jours, il y a une forte confusion entre l’attrait, les habitudes et la réelle maîtrise.

 

Cette formation peut prendre différents aspects et qui n’inclut pas nécessairement des cours magistraux. Le repli disciplinaire dont sont parfois accusés certains didacticiens de l’information est une mauvaise analyse Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un repli mais d’une avancée qui s’avère d’ailleurs plutôt innovatrice dans ces méthodes, puisque la didactique vise à concevoir des séquences permettant aux élèves de construire des savoirs info-documentaires dans des situations actives. Aujourd’hui, un certain nombre de notions sont stabilisées et mériteraient d’être enseignées. Nous pouvons ainsi citer quelques notions primordiales dont le travail de définition a été effectué par Pascal Duplessis et Ivana Ballarini notamment :

n Interfaces de navigation

n Site Web

n Page web

n Structuration d’un site web

n Décodage d’une page d’accueil

n Sélection de l’information

n Adresse URL

n Navigation hypertextuelle

n Navigation arborescente

n Mot-clé

n Menu contextuel

n Navigation dans un document

n Recherche d’information

Mais aussi des notions clefs comme celles d’auteur, de document et de source.

Les situations didactiques à aménager, loin d’être déconnectées ou trop abstraites correspondent en effet à des situations problèmes, à une pédagogie du défi. Le projet historiae est d’ailleurs un exemple de ces nouvelles stratégies didactiques qui peuvent être mises en place.

Des notions et des savoirs me semblent désormais primordiaux et ne peuvent continuer à être évoqués à la marge. Ces notions me semblent probablement plus utiles que certaines parties du programme émanant de disciplines classiques. Le socle commun ne peut se mettre en place selon moi sans un new deal disciplinaire. Former c’est aussi re-former voire ré-former et notamment sortir de la fracture littéraire/sciences dures.

 

 

3. Veiller sur les traces

Les outils du web 2.0 tardent à être pleinement utilisés dans l’Education Nationale. D’autre part, il me semble qu’encore une fois, c’est une logique d’adaptation qui prédomine et nullement une volonté proactive de mettre en place des stratégies pédagogiques. Pourtant, il y a urgence à s’emparer des possibilités qui s’offrent à nous mais néanmoins derrière l’apparente simplicité il faut être capable de songer à (ou penser la) la complexité. Il s’agit pour cela de veiller, de prendre soin de l’élève et de mesurer sa progression. Mais cela ne peut se faire qu’au travers de la construction de scenarii pédagogiques, de parcours permettant l’acquisition de savoirs et de compétences et pas seulement d’ailleurs en infodoc.

 

Les portfolios, les blogs, les plateformes d’e-learning et autres wikis permettent une meilleure gestion de la trace et donc de la progression de l’élève. Cela permet une pédagogie davantage différentiée et individualisée et plus motivante. Evidemment cela ne peut être sans incidence sur le fonctionnement actuel toujours basé sur la logique de la captivité. Il s’agit donc de permettre à l’élève de garder en ligne ses travaux, ses cours mais aussi les exercices avec un suivi plus fin et plus précis de la part de l’enseignant. (projet lilit et circé)

(image issue du projet lilit et circé sur lequel je reviendrais bientôt)

 

 

Conclusion :

Il semble malgré tout que certains discours politiques et commerciaux pèsent sur l’Ecole et les termes de « société de l’information », de « digital natives », de « culture numérique », voire le dernier rapport de la commission « syntec », tout cela contribue à un mélange qui pousse encore une fois à ne voir que le problème matériel, certes existant mais nullement primordial désormais. Pourtant tous les spécialistes mondiaux du domaine constatent bien que le problème est ailleurs et qu’il s’agit plutôt d’un problème de littératie, autrement dit de culture. Et cela ne peut se faire avec une simple connexion matérielle. Pour revenir au boustrophédon, ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

 

 

Education Nationale : construire l’Atlantis

Les temps changent et c’est indéniable. Les professionnels de l’information et les enseignants ne peuvent que s’interroger face au phénomène de plagiat et de piraterie ainsi que face à toutes ces négligences que nous observons dans les usages des jeunes générations abusivement qualifiées de digital natives.
Faut-il pour autant rejoindre le clan des moralisateurs et des défenseurs de l’ancien régime ? Faut-il mettre des barrières, des réglementations lourdes face à un web 2.0 déstructurant et faisant triompher la popularité sur l’autorité ainsi que la culture du pitre ?
Je n’en suis pas convaincu. Chaque aspect inquiétant de l’évolution de l’Internet qui constitue autant d’évolutions de nos sociétés actuelles se transformant en une Arcadie où l’intelligence collective n’est en fait que la constitution d’un réseau d’espionnage de tous contre tous nous obligent à repenser à la fois le web mais aussi l’ensemble de nos fonctionnements. Par conséquent l’éducation ne peut être épargnée.
Pour autant doit-on suivre le chemin des héritiers et des tenants du c’était mieux avant comme on a trop souvent le sentiment à la lecture du culte de l’amateur d’Andrew Keene ? Doit-on stupidement allonger les droits d’auteur alors que la tentation du piratage est permanente ? Doit-on se laisser dicter des législations par des groupes de pression et autres lobbys industriels incapables de comprendre le monde actuel à l’instar de nombreux parlementaires qui n’y comprennent plus rien et qui ne désirent que revenir avant 1989 ?
Peut-on continuer à penser les TICE comme de simples besoins matériels ? Doit-on demeurer dans une logique éditoriale coûteuse pour l’éducation nationale en dépensant des sommes énormes pour des prestataires de service hors fonction publique alors que cette dernière pourrait fort bien assurer la mise à disposition de ressources numériques pédagogiques dans des actions de mutualisation et de revalorisation des salaires enseignants ? Au lieu de cela, on préfère dépenser sans cesse pour préserver les lobbys éditoriaux et les officines de cours particuliers avec des déductions fiscales. La logique économique domine chez les gestionnaires de l’Education Nationale mettant en sourdine de réelles avancées pédagogiques. Nous remarquons qu’à l’inverse le monde enseignant semble complètement ignorant des fonctionnements de l’Economie d’une Nation. Le tout converge vers l’incessant dialogue de sourds. Tout n’est certes pas à rejeter dans le rapport sur la mission e-education mais on a le sentiment que les enseignants ne sont vus que comme des consommateurs de ressources numériques et rarement comme des producteurs.
Une solution consisterait à donner les moyen au CNDP de pouvoir mettre en place une politique documentaire nationale, permettant de gérer les contenus pédagogiques numériques, depuis sa création jusqu’à sa diffusion ce qui implique des chefs de projets et des enseignants chargés de création de contenus. Le CNDP serait donc avant tout un producteur et pas seulement un sélectionneur de bonnes ressources. Un bon moyen de revaloriser enseignants et institutions scolaires.
Par contre si nous devions nous voir imposer des politiques bassement matérielles avec des offres numériques émanant de grands groupes éditoriaux avec des coûts prohibitifs, une seule autre voie serait possible, celle de la rébellion à la fois pédagogique et intellectuelle. Car il s’agit bien de veiller sur les jeunes générations, mais aussi sur une institution qui mérite des réformes urgentes mais qui ne doit pas disparaître. Il faut nous faut donc tous ensemble construire l’Atlantis (ou Arcadia, le vaisseau du capitaine Albator ou Harlock) dans cette Arcadie où les seules autorités que l’on souhaite nous imposer ne viennent que de grands groupes. La culture de l’information pour répondre à cette rengaine de la société de l’information. Le rapport de la mission e-educ d’ailleurs mélange un peu tout d’ailleurs ce qui le rend de fait illisible et impraticable laissant sa mise en oeuvre aux partenaires privés et aux politiques. Les enseignants n’y étant vus que comme de simples usagers à l’exception de profs valorisés pour leurs technicités informatiques. La confusion entre culture numérique et culture informationnelle demeure, celle entre outils et stratégies didactiques est entérinée. Le plus important est encore manqué : le nouveau rôle de l’enseignant, son évolution nécessaire et sa revalorisation en tant que référant, guide des égarés, passeur de savoir, vecteur de confiance, incitateur à la création de savoirs, etc.
Je crois qu’il est vraiment temps de ressortir sa cape noire pour veiller sur la galaxie Education et sur la liberté.

Les recommandations du CNRS où l’aporie institutionnelle?

Hervé Le Crosnier signale sur la liste rtp-doc ainsi que sur biblio-fr une mise en garde du CNRS quant à l’usage de services gratuits notamment liés au web 2.0 et à Google. Il est vrai que la gratuité est souvent un leurre et ce n’est pas une nouveauté. Notre article sur le web 2.0 mentionnait déjà ce côté obscur.
Il faut utiliser nos adresses institutionnelles et nos espaces institutionnels, voilà quelle serait donc la solution miracle!
Une nouvelle fois, cette remarque rejoint celle qui est souvent faite aux étudiants à qui on reproche d’utiliser leurs adresses personnelles. Ces dernières étant parfois farfelues, il est vrai.
Néanmoins tout cela procède d’une analyse qui me semble insuffisante et surtout qui ne perçoit pas des changements de paradigmes importants qui se font au détriment de l’institution.
D’une part, les étudiants ne vont pas garder leur adresse de l’université plus de 2 -3 ans en moyenne ce qui n’incite guère à utiliser celle de l’institution très souvent laide et inefficace. Il faudrait alors utiliser un logiciel de messagerie pour améliorer la qualité de service vous répondent les informaticiens de l’université. Pourquoi faire? Le logiciel de messagerie c’est tout simplement dépassé à moins de ne travailler tout le temps sur la même machine en espérant que le disque dur ne tombe pas en rade sous peine de tout perdre. A moins également que vous ne disposiez d’un formidable portable conçu pour durer qui vous permet de vous connecter partout. Seulement le document du CNRS nous met également en garde sur les diverses connexions en dehors des lieus sécurisés. Bref, c’est une logique de pantouflard voire de paranoïaque qu’on nous impose !
La solution de redirection pourrait constituer une bonne solution ce que je fais d’ailleurs moi-même mais reste sujet à critique car vous useriez encore d’un prestataire privé. Pour ma part, je n’écris jamais sous l’adresse de mon académie tout simplement parce que je sais que je vais en changer bientôt et qui si je l’utilisais régulièrement actuellement, je deviendrais « inconnu à cette adresse » l’année d’après. De plus, gmail me permet de stocker des mails et des données depuis plus de deux ans et c’est une formidable avancée d’autant que vous pouvez y accéder depuis n’importe où. Tandis qu’avec votre mail institutionnel, vous avez perdu la plupart de vos anciens mails car vous les avez mal archivés et qu’il a fallu faire le vide car vous êtes limités en espace de stockage. Les ENT ont permis quelques progrès néanmoins mais c’est insuffisant.
Finalement, le choix est rapidement fait. Google a des défauts, gmail est fliqué et il est vrai certains utilisateurs l’ignorent. Mais quelle confiance accordons nous aux services de l’institution ? Ne sommes-nous pas également surveillés ? Il nous semble évident que les élèves et les étudiants ont moins confiance dans les solutions de l’institution que dans les grands groupes comme Google, Yahoo ou Msn. Ils ont sans doute tort mais c’est un fait. De plus ces derniers rendent des services sans être trop contraignants en apparence tandis que l’institution met sans cesse des restrictions d’usage et des restrictions techniques. D’ailleurs peut-on reprocher à des étudiants et à des fonctionnaires d’utiliser des services plus performants car force est de constater que l’institution n’est pas toujours au niveau loin de là. Les projets sont longs à monter du fait de la hiérarchie et des circuits divers et variés d’incompétences techniques et politiques. La perte de confiance est d’autant plus forte que trop souvent les bâtiments de l ‘université ou les établissements scolaires sont laids, délabrés. Et le moins qu’on puisse dire c’est que rien n’incite au sentiment d’appartenance parce qu’une adresse électronique c’est aussi cela. Peu d’étudiants sont en fait fiers d’appartenir à telle ou telle université française. A-ton envie d’envoyer des mails mentionnant son appartenance à une université qui vous annonce votre réussite à un examen sur un papier prêt à tomber au sol ? Et puis allons droit au but, beaucoup d’entrepreneurs apprécient autant une adresse mail qui ne vient pas rappeler les derniers mouvements sociaux qui viennent d’agiter votre université de formation.
Certes le document du CNRS mentionne le fait qu’ « Aux responsables des systèmes d’information, il est rappelé que la meilleure façon d’éviter que les utilisateurs ne soient tentés de recourir à des services externes est de fournir en interne un service de qualité. »
Seulement il est certes bon d’inciter à, mais le document demeure dans des logiques contradictoires devant concilier à la fois sécurité et innovation.
Certes Google nous file, mais que dire de l’institution qui nous fait sans cesse remplir des tonnes de dossier, nous faisant redonner sans cesse les mêmes informations. En tant que fonctionnaire, je ne compte plus les heures passées à remplir dossiers, autorisations de cumul et autres paperasseries lassantes. Qu’on ne s’étonne pas au final si on préfère passer par Google que par l’institution qui semble autant fliquante voire plus que Google sans parler de l’efficacité car il n’est pas rare que les mails ne parviennent pas à leur destinataire pour des raisons de sécurité informatique qui sont surtout autant de raison pour repousser sans cesse l’innovation. Il est évident que les informaticiens de l’université ne sont pas ceux qui travaillent chez Google. Les salaires et les compétences sont aussi différentes.
Dès lors, les recommandations ne suffisent pas et j’avais déjà mentionné ce fait à Formist l’an dernier, l’institution doit se doter de services au moins équivalents à google et compagnie. Pourquoi ne pas imaginer une adresse unique pour les fonctionnaires pouvant être couplée avec une adresse correspondant à leur emploi du moment mais qui permettrait de garder la même boîte au fil de leurs mutations ? Pourquoi limiter les espaces de stockage ? Qu’est-ce qui empêche les universités de mettre en place des services du type web 2.0 ? Certaines le font comme à Paris V.
Nous l’avons dit, la solution n’est pas que technique mais la mise en place de solutions innovantes dans le cadre de réflexions est inévitable. Il s’agit de redonner confiance dans l’institution, pour cela il ne suffit pas de recommander, il faut agir. Il faut agir en étant proactif et pas seulement par mimétisme ou adaptionisme. Confiance et sentiment d’appartenance ne sont pas non plus des vains mots et il serait temps que l’institution s’interroge sur ce plan.
Il en va de même d’ailleurs pour la signature scientifique des chercheurs. J’aurais du être chargé d’une mission de ce type pour la Bretagne, seulement les blocages institutionnels ont empêché mon arrivée à ce poste malgré une réussite à un entretien. Pas vraiment de quoi donner confiance en l’institution. Qu’on ne s’étonne pas de ce fait que je continue et que je continuerai à utiliser les services de Google en dépit des défauts que je dénonce également. Mais comme beaucoup d’internautes, j’ai parfois plus confiance en Google qui me rend bien plus de services qu’en une institution dont la tournure kafkaïenne ou ubuesque ne cesse de lasser. Et l’institution ce n’est pas seulement les dirigeants, c’est nous tous. Une critique envers une institution impalpable où nul ne serait concerné serait trop facile : nous le sommes tous.
Les enjeux sont importants à l’heure où la popularité prend le pas sur l’autorité notamment sur le web, l’institution se doit de réagir et de « proagir ». La prévention ne suffit pas. A moins que nous appartenions tous demain à une nouvelle institution…Google…

Classement des blogs : Le retour de Marc Toesca

Je discutais à l’instant avec monsieur electropublication qui s’interrogeait du côté éthique d’un classement des blogs scientfifiques chez wikio. Et je dois dire qu’il a probablement raison de soulever ce problème.
Certains prétendraient même qu’il s’agit d’appliquer la même stratégie que pour la recherche avec l’indice de citations. Mais en la matière Wikio n’est pas le premier à mélanger autorité et popularité.
Je crois que c’est il est vrai un peu le mélange des genres et que wikio est d’ailleurs un des champions en la matière en surfant sur tout ce qui se fait en matière de web 2.0.
Pour ma part, le guide des égarés est classé en high tech, je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs, sans doute parce que je n’ai pas mis le mot clef  » science de l’information » dans ma balise
Cette mode des classements a certes un côté sympathique mais présente des côtés dangereux, celui de chercher sans cesse la popularité. C’est un peu le classement du JDD pour les blogueurs sans compter les éventuels critiques qui pourraient en résulter : untel perd 10 places, il n’a pas assez écrit de messages, untel en gagne 15, ses réflexions sur les photos de miss machin ont bien plu. Bref pourquoi pas proposer à Marc Toesca de présenter le classement aussi, avec le classement « science » à 23 heures juste avant celui d’érotisme » que Wikio devrait penser à créer d’ailleurs. On pourrait imaginer de la publicité ciblée « retrouvez le classement science avec telle ou telle marque »

Enfin, cela pose encore une question, un blog peut-il être scientifique ?
Pour ma part, je répondrai qu’il peut être un laboratoire, un lieu de réflexions et de pistes de travail. Seulement sa production n’est pas toujours nécessairement scientifique, ce qui complique les choses pour le lectorat qui va devoir sans cesse évaluer…mais avec quels critères, ceux de Wikio?
De plus, je vois bien les futurs candidats à des postes à l’université annoncer fièrement leur classement wikio…dans leur domaine scientifique respectif car on peut classer ainsi de suite. Avec un peu de chance, on ira pas voir que le bon classement est du au fait d’un article peu scientifique sur les photos nues de miss physique nucléaire.
Autre réflexion, la qualité des liens n’est pas claire, en effet, des blogs peuvent citer un blog et le qualifier de mauvais. Il n’a pas de sémantique des liens dans ces classements d’autant qu’il suffit qu’un site bien classé en cite un autre même de manière critique pour que cela lui génère du buzz. Il s’agit donc bien d’audience, d’affluence mais nullement de réelle autorité.
Enfin pour ma part, je vais mettre en place un classement de pataphysique au sein de la blogosphère car le mouvement que j’observais il y a plus d’un an avec les glissements entre autorité et popularité et pertinence et influence ne cessent de s’accélérer. Et ce n’est pas les dérives institutionnelles actuelles qui vont résoudre cette crise de l’autorité et de la culture. Merdre de Merdre est d’ailleurs devenu « casse toi, pauv’ con »
Allez, salut les petits clous!
ps: je vois déjà les mauvaises langues me demander, t’es classé combien au fait? La réponse est sur Wikio car tout est accessible en Arcadie.
Update du 1er mars : Etrangement, je fais mon apparition dans le classement science dans le top ten ce qui n’est pas sans  effet terrible du type mails disant » désormais il va falloir tenir ton rang ! » Voilà désormais l’apparition d’un nouveau concept : la pression blogosphérique, phénomène qui vous oblige à tenir votre rang parmi les classements de blogs et qui peut entrainer une forme de melonite incurable. Remèdes : débloguer*
Débloguer : action ou stratégie consistant à ne plus rien publier sur son blog pendant une période indéfinie plus ou moins longue.
Par contre, c’est promis je vais publier plus de billets en anglais à l’instar du dernier article publié chez le numéro 1 du classement. Je dois déjà traduire certains de mes articles pour des confrères en information literacy mais cela prend énormément de temps.

Métamorphose de l’éducation : allons-nous devenir des individus purs ?

Dans la lignée de ma réaction anti « éducation 2.0 » au niveau conceptuel, je pense qu’il faut faire attention à ne pas être dans une mutation permanente. Il faut donc envisager des éléments stables avec des éléments évolutifs et non pas adaptationnistes voire quasi darwinistes. Je m’inscris donc encore une fois contre le concept d’éducation 2.0 ou bien encore contre celui d‘apprentinuité proposé par la dynamique Florence Meichel qui cherche à fédérer toutes les bonnes volontés pour tirer profit au maximum des nouvelles technologies pour améliorer les performances éducatives. Je vous invite d’ailleurs à participer au réseau qui regroupe plusieurs usagers actifs dans le domaine et sur lequel vous trouverez liens et réflexions pertinentes. Même si nous ne sommes pas tous d’accord, la discussion reste courtoise, ce qui peut faire progresser le débat. Je vous invite également à lire la réflexion de Mario Asselin sur le sujet.
Je ne peux souscrire donc aux notions d’apprentinuité, ni de méta-élève pour la simple raison que cela entraine non pas une métastabilité telle que la voit Simondon mais une déstabilisation permanente. Une nouvelle fois, il s’agit d’être proactif comme le propose le finlandais Teemu Arina et pas seulement réactif. Je comprends malgré tout la volonté de prôner un enseignement qui ne soit pas en décalage, mais je rejoints Teemu sur la nécessité d’échapper à l’âge de la vitesse.

Dès lors, l’éducation demeure l’éducation et les apprenants demeure des apprenants et non des apprentinuants, barbarisme linguistique avec lequel j’ai beaucoup de mal puisqu’il s’agit d’un pléonasme, apprenant comportant déjà cette permanence d’apprentissage. Il ne s’agit donc pas de déstabiliser un peu plus des concepts et des institutions déjà en grande difficulté mais de permettre la transindividualisation notamment des élèves voire des enseignants grâce aux nouvelles technologies devenues hypomnemata des milieux éducatifs associés. Il s’agit d’adopter plutôt que de s’adapter.
Je pense pourtant que Florence partage les mêmes objectifs que moi, mais il faut être prudent et surtout efficace. L’institution scolaire doit se transformer et progresser à la fois dans une individualisation psychique et collective mais également afin que l’élève puisse se ré-approprier les moyens d’accès au savoir face aux tentatives de court-circuitage entropique des industries de service. (cf Stiegler)
Or, il faut être clairvoyant car les outils du web 2.0 peuvent également constituer des techniques dissociatives qui peuvent encore plus priver les usagers notamment de leur anonymat. Je songe ici au phénomène de l’Arcadie, prolongement du web 2.0, qui nous enferme dans un panoptique foucaldien permanent où nous sommes autant que voyeurs qu’observés. Je renvoie ici à mes articles sur urfist info et sur le site spokéo.
Par conséquent pour créer ces milieux associés, il faut prendre en compte la technique et notamment la culture technique qui implique que nous devenions majeurs au sens de Simondon et pas seulement mineur, c’est à dire qu’il nous faut comprendre le fonctionnement et la philosophie de ces outils qui n’ont probablement pas encore atteints leur concrétisation ultime.
Je rejoints néanmoins Florence sur le fait que nous non plus, apprenants et enseignants n’avons sans doute pas encore complèté notre transindividuation, mais il ne s’agit nullement d’augmenter l’entropie informationnelle et bien au contraire de construire la néguentropie des savoirs. Cela implique de l’association mais aussi de la distinction.
Par conséquent, ce n’est pas les concepts qu’il faut faire évoluer mais bel et bien le système. Il nous faut ainsi devenir des individus purs au sens de Simondon « médiateur entre la communauté et l’objet caché ou inaccessible »

Contre le concept d’éducation 2.0

J’ai récemment utilisé le concept de culture de l’information  2.0 dans une conférence à la fois en clin d’oeil ironique à la volonté de mettre du 2.0 partout mais également parce que dans mon esprit cela correspondait à une nouvelle étape après la thèse de Brigitte Juanals.
J’ai moi-même appliqué le 2.0 à celui de bibliothécaire. Je développe donc ici mon argumentation suite au message que j’ai posté sur le réseau apprendre 2.0 créé par Florence Meichel sur ning et sur lequel il m’a été demandé de m’expliquer par Olivier d’Ocarbone.
Je considère que l’éducation doit demeure tel comme concept et qu’il ne s’agit pas de lui adjoindre du 2.0 puisque cela reviendrait à affaiblir un concept qui est déjà en difficulté en la faisant rentrer dans une phase d’instabilité permanente. Je considère donc que l’éducation doit donc au contraire se démarquer et s’inscrire dans la pérennité de part ses objectifs généraux qui au final ne varient pas nécessairement  dans le temps.
Dès lors, je m’inscris contre ce concept d’éducation 2.0. Je ne pense pas être le seul, Eric Delcroix avait perçu le caractère vain de l’initiative notamment parce qu’elle s’inscrit dans le temps et qu’elle est vouée d’emblée à être dépassée au risque de n’être jamais mis en place :
L’éducation 2.0 existe t-elle ? Malheureusement, je ne pense pas. Je ne crois pas qu’elle aura d’ailleurs le temps de se mettre en place balayée qu’elle sera par les autres « révolutions » dans notre environnement multimédia. Elle restera à l’état d’embryon, marquant juste un passage vers d’autres formes d’éducation !
De plus, le terme d’éducation 2.0 est surtout à mon avis un concept porteur véhiculé par des consultants. Or leurs objectifs diffèrent grandement de ceux du système éducatif. Personnellement j’ai beaucoup de mal avec les consultants en éducation qui n’ont jamais été profs et je pense que c’est un sentiment partagé par de nombreux collègues. Il y a également une confusion entre l’adjonction de nouvelles technologies et les nouveautés pédagogiques qui pourraient en résulter. En ce sens, l’éducation 2.0 reproduit l’erreur de mettre en avant toujours les technologies et c’est un risque que je mesure moi-même en étant trop souvent assimilé au web 2.0 plutôt qu’à mes autres centres d’intérêts et de recherches.
Malgré tout cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas y avoir des profs 2.0 dans le sens où ils établissent des séquences pédagogiques usant des nouvelles technologies : blogs, wikis mais aussi en prenant en compte l’aspect social de ces outils et en étant conscient des changements de paradigmes occasionnés. Car le web 2.0 n’est pas neutre et il faut être également conscient de ce qu’il implique. Le terme de web 2.0 est au départ une stratégie marketing et il me parait important que l’éducation s’en distingue philosophiquement. Stiegler dirait sans doute qu’il faut constituer des milieux associés éducatifs. En clair, l’éducation doit demeurer, mais ce sont les profs et les méthodes ainsi que les systèmes éducatifs qui doivent changer et évoluer. Et parler d’éducation 2.0 n’a rien d’exceptionnel, ce n’est qu’une réaction à l’évolution du web 2.0, il n’y a donc rien d’innovant, c ‘est simplement une stratégie réactive d’adaptation : c’est insuffisant. Si on désire être à la pointe, je rejoints Teemu Arina en étant surtout proactif plutôt que réactif.