Faut-il encore bloguer ou le web 2.0 s’essouffle-t-il?

Les derniers echos de la blogosphère font part de lassitude, d’arrêt voire de volonté de ne plus s’inscrire au sein de classements tels wikio qui finissent par apporter au blogueur un lectorat parfois non désiré et des sollicitations plus ou moins appréciables.
D’une certaine manière, il est probable que nous sommes entrés dans une phase qui nécessite un second souffle, une période de stabilité qui implique certainement de nouveaux modèles économiques ou tout au moins une définition plus précise de l’économie de l’attention, de la long tail et du bien commun.  Sur ce dernier aspect, il est intéressant de voir la dernière conférence d’Hervé Le Crosnier répertoriée sur savoirscdi où figure également mon interview. A noter aussi l’intervention d’Hervé à Brest.
Néanmoins, c’est aussi l’occasion de tester quelques nouveaux services durant cette accalmie estivale.
Le premier d’entre eux que j’ai choisi d’ailleurs d’intégrer au blog , c’est apture qui permet de générer des liens hypertextes via des documents présents sur wikipédia, flickr et les plateformes de vidéo entre autres pour le blogueur. Mais le lecteur peut en soulignant simplement un terme, effectuer une recherche automatiquement en déclenchant le processus du plugin apture que j’ai intégré à WordPress. Les possibilités peuvent être intéressantes notamment pour les projets collaboratifs. François Guité en parle ici d’ailleurs.
De la même manière, sprout au nom certes ridicule, permet de réaliser des petits documents en flash qui peuvent être utilisés au sein des blogs mais aussi dans les cours en ligne ou en présentiel. Cela permet de se passer de couteux logiciels comme ceux d’articulate même si Sprout offre moins de possibilités…pour le moment. Reste à savoir si l’indexation des documents flash  par les moteurs va également réellement réussir.
Tout cela pour probablement constater que l’été est propice au renouvèlement des forces et que ça nous promet une rentrée blogosphérique animée voire agitée et qu’une fois de plus l’autorité et la science vont être encore un peu bouleversées et que cela va nous donner encore à réflèchir.
Donc il faut encore bloguer mais en goutant l’otium, en dilettantisme cet été, en quasi oisif du blog en espérant qu’il en demeure un peu de dandysme à la rentrée avec l’arrivée des gentlemen blogueurs, adeptes de l’esthétisme de l’écriture relationnelle et sachant user également quant il le faut de la provocation voire de la critique. Enfin de là, à ce que les blogueurs écrivent dans la lignée de Théophile Gautier ou de Huysmans, il y a plus qu’un long chemin mais un bel et bien un étrange labyrinthe.
Ce qui est évident, c’est que des nouvelles formes de publications vont probablement suivre bientôt et  mettant un scène des processus de validation et de sélection. Reste à savoir d’où vont émerger les nouvelles notoriétés…
Pour ma part, je bloguerai donc peu, le blog quelque peu en parent-thèse.

Google : mesure et démesure de l’Internet

Le billet de Martin Lessard, justement initulé la mesure de toutes choses en référence à la phrase de Protagoras me fait revenir quelques années en arrière lorsque je travaillais sur la mesure de l’Internet pour mon Dea.
Or, il semble désormais que Google soit en passe de devenir la mesure totale du web et même de l’Internet si rien ne vient cesser son expansion. Google va donc proposer un système- une nouvelle fois gratuitement- de la mesure de l’audience des sites web, mettant en péril l’équilibre de sociétés commerciales dont c’est le marché et dont les mesures sont certes critiquables.
Une nouvelle fois se pose la question, Google prétend ne pas faire le mal mais pourtant utilise des armes économiques. Il s’agit ni plus ni moins de dumping. Google fait du mal à ses concurrents en rendant gratuit toute une série de services et en gardant le monopole sur les revenus publicitaires.
Il est étonnant que cela ne suscite toujours aucune réaction de l’Union Européenne et des autorités américaines face à une situation qui devient de plus en plus inacceptable et qui menace les fondements même de la démocratie. Théoriquement, il n’existe que deux solutions face à ce dilemme : le démantèlement ou la nationalisation. Pour ma part, j’en ajouterai une troisième : la supranationalisation : le rachat par Google par une autorité supranationale qui pourrait dès lors utiliser les bénéfices dans des actions éducatives et de réductions des fractures numériques et sociales.
Il ne faut pas tarder à réagir sans quoi à ce rythme là, c’est bel et bien Google qui va tout racheter et tout démanteler, y compris nos institutions. La mesure de toutes choses n’est jamais éloignée de la démesure, l’hybris.
Ces questions de mesure de l’Internet et du web intéressent fortement la recherche scientifique mais il semble que les moyens soient surtout du côté de certaines entreprises.  Cela renvoie aussi aux interrogations d’une science de l’Internet et des projets de la cybergéographie. Il s’agit de travailler à une pantométrie qui prenne en compte la métrologie plus centrée sur les aspects techniques et une sociologie plus axée sur les individus et les réseaux.

Classement des blogs : Le retour de Marc Toesca

Je discutais à l’instant avec monsieur electropublication qui s’interrogeait du côté éthique d’un classement des blogs scientfifiques chez wikio. Et je dois dire qu’il a probablement raison de soulever ce problème.
Certains prétendraient même qu’il s’agit d’appliquer la même stratégie que pour la recherche avec l’indice de citations. Mais en la matière Wikio n’est pas le premier à mélanger autorité et popularité.
Je crois que c’est il est vrai un peu le mélange des genres et que wikio est d’ailleurs un des champions en la matière en surfant sur tout ce qui se fait en matière de web 2.0.
Pour ma part, le guide des égarés est classé en high tech, je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs, sans doute parce que je n’ai pas mis le mot clef  » science de l’information » dans ma balise
Cette mode des classements a certes un côté sympathique mais présente des côtés dangereux, celui de chercher sans cesse la popularité. C’est un peu le classement du JDD pour les blogueurs sans compter les éventuels critiques qui pourraient en résulter : untel perd 10 places, il n’a pas assez écrit de messages, untel en gagne 15, ses réflexions sur les photos de miss machin ont bien plu. Bref pourquoi pas proposer à Marc Toesca de présenter le classement aussi, avec le classement « science » à 23 heures juste avant celui d’érotisme » que Wikio devrait penser à créer d’ailleurs. On pourrait imaginer de la publicité ciblée « retrouvez le classement science avec telle ou telle marque »

Enfin, cela pose encore une question, un blog peut-il être scientifique ?
Pour ma part, je répondrai qu’il peut être un laboratoire, un lieu de réflexions et de pistes de travail. Seulement sa production n’est pas toujours nécessairement scientifique, ce qui complique les choses pour le lectorat qui va devoir sans cesse évaluer…mais avec quels critères, ceux de Wikio?
De plus, je vois bien les futurs candidats à des postes à l’université annoncer fièrement leur classement wikio…dans leur domaine scientifique respectif car on peut classer ainsi de suite. Avec un peu de chance, on ira pas voir que le bon classement est du au fait d’un article peu scientifique sur les photos nues de miss physique nucléaire.
Autre réflexion, la qualité des liens n’est pas claire, en effet, des blogs peuvent citer un blog et le qualifier de mauvais. Il n’a pas de sémantique des liens dans ces classements d’autant qu’il suffit qu’un site bien classé en cite un autre même de manière critique pour que cela lui génère du buzz. Il s’agit donc bien d’audience, d’affluence mais nullement de réelle autorité.
Enfin pour ma part, je vais mettre en place un classement de pataphysique au sein de la blogosphère car le mouvement que j’observais il y a plus d’un an avec les glissements entre autorité et popularité et pertinence et influence ne cessent de s’accélérer. Et ce n’est pas les dérives institutionnelles actuelles qui vont résoudre cette crise de l’autorité et de la culture. Merdre de Merdre est d’ailleurs devenu « casse toi, pauv’ con »
Allez, salut les petits clous!
ps: je vois déjà les mauvaises langues me demander, t’es classé combien au fait? La réponse est sur Wikio car tout est accessible en Arcadie.
Update du 1er mars : Etrangement, je fais mon apparition dans le classement science dans le top ten ce qui n’est pas sans  effet terrible du type mails disant » désormais il va falloir tenir ton rang ! » Voilà désormais l’apparition d’un nouveau concept : la pression blogosphérique, phénomène qui vous oblige à tenir votre rang parmi les classements de blogs et qui peut entrainer une forme de melonite incurable. Remèdes : débloguer*
Débloguer : action ou stratégie consistant à ne plus rien publier sur son blog pendant une période indéfinie plus ou moins longue.
Par contre, c’est promis je vais publier plus de billets en anglais à l’instar du dernier article publié chez le numéro 1 du classement. Je dois déjà traduire certains de mes articles pour des confrères en information literacy mais cela prend énormément de temps.

La sérendipité organisée : forcer le destin avec de la valeur esprit

Après la lecture des billets de collègues ici et , je m’interroge sur une des notions montantes de la recherche d’information : la sérendipité.
Je crois qu’en effet c’est une notion complexe et qu’il ne s’agit pas pour autant de dire en effet qu’une bonne recherche peut être supérieure à la sérendipité. J’ai envie de dire au contraire. Cela revient certes à s’interroger sur le besoin d’information mais surtout sur la place du hasard au cours de la recherche d’information mais aussi de l’existence.
En effet, les outils de type web 2.0 permettent une veille poussée mais favorise également la sérendipité. Je songe notamment ici aux outils de type del.icio.us et notamment la possibilité de surveiller les signets de certaines personnes. Hormis ces développements intéressants qui font de ces hypomnemata de voies de réenchantement du monde (cf. Stiegler) et de construction de veille collective à défaut d’intelligence collective, je crois qu’il n’est pas inintéressant de se pencher sur le hasard. Pendant un bout de temps, l’objectif de la science a été de démontrer qu’il n’y avait    pas véritablement de hasard mais des enchainements de cause à effets. Avec la complexité des recherches, l’élément hasard a du être intégré même s’ils demeurent certains « scientistes » purs et durs qui semblent le rejeter et aimeraient tout expliquer. La séréndipité s’inscrit dans une autre lignée à la fois plus modeste dans le sens où elle s’éloigne de l’hubris (la démesure qui viserait à faire de l’homme la mesure de toute chose au mépris de son environnement) et plus ambitieuse car elle s’inscrit dans une lignée, une tradition quasi religieuse (au sens étymologique : qui relie) Cette lignée ,ce sont l’entremêlement de nos vies et de nos destins, l’hypertexte tissé par les Parques.
Cette sérendipité, c’est redonner de la valeur esprit au XXIème siècle car le précédent n’a guère été spirituel. Il ne s’agit pas d’être des mystiques, mais des individus pas seulement contraints de s’adapter à une démarche ou un mode d’emploi, mais capable de se construire parmi les lumières rencontrées. Il convient sans doute de plaider également pour la figure du savant plutôt que des seuls spécialistes, qu’importe si ce savant doit désormais ressembler à un être collectif, s’appeler Roger Pédauque par exemple. Le savant Frankenstein devient lui même Frankenstein, mais cette fois-ci le monstre ne doit pas être banni mais bel et bien au cœur des dispositifs.
Cette sérendipité s’inscrit pleinement pour moi dans les objectifs de mes premiers écrits sur le guide des égarés en 1999. Je n’ai jamais pensé que le but n’était que de relier entre eux des documents. La dimension humaine y était déjà présente.