Le billet de Martin Lessard, justement initulé la mesure de toutes choses en référence à la phrase de Protagoras me fait revenir quelques années en arrière lorsque je travaillais sur la mesure de l’Internet pour mon Dea.
Or, il semble désormais que Google soit en passe de devenir la mesure totale du web et même de l’Internet si rien ne vient cesser son expansion. Google va donc proposer un système- une nouvelle fois gratuitement- de la mesure de l’audience des sites web, mettant en péril l’équilibre de sociétés commerciales dont c’est le marché et dont les mesures sont certes critiquables.
Une nouvelle fois se pose la question, Google prétend ne pas faire le mal mais pourtant utilise des armes économiques. Il s’agit ni plus ni moins de dumping. Google fait du mal à ses concurrents en rendant gratuit toute une série de services et en gardant le monopole sur les revenus publicitaires.
Il est étonnant que cela ne suscite toujours aucune réaction de l’Union Européenne et des autorités américaines face à une situation qui devient de plus en plus inacceptable et qui menace les fondements même de la démocratie. Théoriquement, il n’existe que deux solutions face à ce dilemme : le démantèlement ou la nationalisation. Pour ma part, j’en ajouterai une troisième : la supranationalisation : le rachat par Google par une autorité supranationale qui pourrait dès lors utiliser les bénéfices dans des actions éducatives et de réductions des fractures numériques et sociales.
Il ne faut pas tarder à réagir sans quoi à ce rythme là, c’est bel et bien Google qui va tout racheter et tout démanteler, y compris nos institutions. La mesure de toutes choses n’est jamais éloignée de la démesure, l’hybris.
Ces questions de mesure de l’Internet et du web intéressent fortement la recherche scientifique mais il semble que les moyens soient surtout du côté de certaines entreprises. Cela renvoie aussi aux interrogations d’une science de l’Internet et des projets de la cybergéographie. Il s’agit de travailler à une pantométrie qui prenne en compte la métrologie plus centrée sur les aspects techniques et une sociologie plus axée sur les individus et les réseaux.