Je me suis motivé pour relancer les podcasts que j’avais abandonnés depuis bientôt deux ans faute de temps.
Le contexte a évolué. J’ai décidé de privilégier des formes très courtes, facilement partageables et qui sont rapides à écouter.
Je débute cette semaine avec un premier épisode sur le concept de littératie.
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et bien sûr… voici la version texte :
Le concept de littératie est de plus en fréquemment utilisé non seulement par les chercheurs mais par les médias et les politiques.
Mais que signifie réellement ce concept mobilisé initialement par les anthropologues comme ce fut le cas notamment Jacques Goody à propos du développement de la culture écrite. Litéracy rappelle étymologiquement l’importance de la lettre.
Si on ouvre un dictionnaire de langue anglaise, trois sens principaux apparaissent :
Le premier renvoie à l’alphabétisation, c’est-à-dire à la capacité à lire et à écrire. Mais quel sens lui donné actuellement tant l’enjeu s’est complexifié et qu’il ne s’agit pas seulement de savoir si le petit John sait lire, ce que rappelait judicieusement Hannah Arendt dans la crise de l’éducation. L’Unesco évoque à ce titre une functional literacy comme littératie qui permet de s’en sortir dans la vie de tous les jours;
Le second sens est celui de compétences ou d’habiletés, ce qui explique la multitude des littératies existantes. Il est possible d’évoquer ainsi la geographical literacy, la financial literacy, mais ce sont surtout les media literacy, information literacy et digital literacy qui ont le plus intéressé et été le plus étudiés notamment ces dernières années Nous y reviendrons une prochaine fois;
Le troisième sens renvoie aux enjeux éducatifs et donc aux acteurs de la transmission, aux méthodes employées, aux programmes et aux contenus, aux pédagogies utilisées ainsi qu’aux didactiques déployées.
Harvey Graff considérait d’ailleurs que la littératie s’avérait toujours en crise, notamment parce qu’elle s’accompagne d’évaluation, et que très souvent les résultats des évaluations s’avèrent décevants. Les institutions se trouvent alors sommées de réagir… mais se montrent parfois dépourvues.
Quoi de plus complexe désormais que les littératies se mélangent comme dans le cas de la littératie numérique de santé, digital health literacy dont la période Covid ne peut que révéler un immense déficit en la matière.
Nous voilà donc dans une énième crise de la littératie.
Quelques pistes bibliographiques
J’ai beaucoup travaillé sur le sujet au point d’ailleurs que la littératie fait pleinement partie de ma thèse.
J’en parle ici aussi :
Le Deuff, O. (2012). Littératies informationnelles, médiatiques et numériques: de la concurrence à la convergence ?. Études de communication. langages, information, médiations, 2012, 131–147.
Le Deuff, O. (2015). Digital Health literacy: an emerging field. Dans Les écosystèmes numériques et la démocratisation informationnelle : Intelligence collective, Développement durable, Interculturalité, Transfert de connaissances. Schoelcher, France. [En ligne]. Disponible à l’adresse : https://hal.univ-antilles.fr/hal-01258315
Le Deuff, O. (2012). Humanisme numérique et littératies. Semen, December 2012, 117–134.
Pour les autres références, elles sont innombrables, notamment l’œuvre de Goody. Moins connues, les références à Graff :
Graff, H.J. (1985). The Labyrinths of Literacy: Reflections on Literacy Past and Present University of Pittsburgh Press, Pittsburgh, PA.
Graff, H.J. (1987). The Legacies of Literacy: Continuities and Contradictions in Western Culture and Society Indiana University Press.
Pour le reste des littératies…des millions de références vous attendent.