Nous voilà de retour pour le second épisode de notre série décalée. J’avais consacré un épisode hors série à Cabu, et je reprends le fil de façon plus détendue aujourd’hui.
Il y a trente ans, la première place du TOP 50 allait voir en février l’arrivée à la première place d’un tube finalement de saison, car il pleut beaucoup, il fait froid et on a besoin d’un peu de soleil dans nos vies : and when the rain begins to fall avec Jermaine Jackson et Pia Zadora, un clip sous forme de duels à moto, où rétrospectivement on trouve que les méchants font drôlement sympas. En janvier et février 85, la période était très froide et la neige assez fréquente si je me souviens bien.
Côté français, Peter et Stone n’ont besoin de rien, tandis que Téléphone rêve d’un autre monde… ce qui finalement ne change pas trop pour nous actuellement.
A noter qu’on venait de fêter quelques semaines auparavant, l’anniversaire de Jacky… qui se retrouvait symboliquement en prison.
L’ambiance était à la rigolade, on ignore encore que plusieurs changements vont se produire dans les années suivantes. La question sociale est déjà là bien évidemment et Apostrophes consacre un sujet entre les relations entre l’argent et le pouvoir. Rien n’a changé, si ce n’est que c’est pire désormais et Bernard Pivot semble débuter son émission en se demandant si la question continuerait à se poser quelques années plus tard.
Plus inquiétant est le sketch de l’ombre joué par Francis Perrin qui prend davantage de sens, si on songe que cette ombre pourrait être celle de notre présence numérique et que les policiers décrits dans le sketch, ceux qui sont du côté du nombre, ressemblent fortement à ceux qui veulent traquer nos moindres faits et gestes, faisant de nous de permanents suspects potentiels.
Je finis par une note plus positive avec une chanson emblématique de l’époque, car elle retraduit pas mal d’effets de mode également. Un style 80 à tous niveaux, celle d’une époque déguisée comme un arc-en-ciel, comme la petite lady qui est devenue grande aujourd’hui. Vivien Savage était 23ème du top 50 le 10 février 1985, mais on a bien conservé cette chanson tatouée dans nos cœurs depuis :
On notera à nouveau la métaphore de l’enfermement dans le clip… Comme quoi, la tendance semble comme pressentir de futures libérations à venir après le développement des radios libres. Pour nous, sous couvert de libertés d’expressions, on a le sentiment que c’est bien sa privation qui est en marche. Alors si notre petite lady est cette liberté, ne la laissons pas partir avec un légionnaire en perm….
Étiquette : dorothée
Série « retour vers le futur 1985 » : hommage à Cabu
En commençant une série de billet eighties, je ne pensais pas que pour 2015, il me faudrait accepter qu’une partie de mon enfance serait flinguée en milieu de semaine. Impossible pour les personnes de ma génération de ne pas connaître et apprécier Cabu bien évidemment. De même pour Wolinski dont je lisais les facéties dans le nouvel obs de mon père. Du coup, forcément, j’ai l’impression qu’on m’a retiré d’un coup des parcelles de moi-même la semaine dernière. Je ne sais pas pourquoi lundi soir, je m’étais mis à songer à des évènements de ce type. Cela m’arrive parfois la veille d’un drame sans que je ne parvienne sur le moment à comprendre pourquoi je me mets à songer à tel aspect dans la mesure où c’est souvent le post-drame que je ressens, et pas le drame lui-même. Bon, je ne vais me prétendre Madame Soleil, mais j’avais envie de l’écrire moi qui ai l’habitude d’agir plutôt rationnellement. Mais revenons à Cabu à qui je veux rendre hommage, et en même temps me souvenir du gamin que j’étais en 1985.
Du coup, je songe bien évidemment au générique de Récré A2 dessiné par Cabu.
On s’identifiait parfaitement au personnage qui met les adultes au placard pour regarder son émission préférée. On y voit d’ailleurs le père de famille, incarnation du beauf par excellence. Cabu sortira d’ailleurs en 1985, roti de beauf, la suite de son premier album dédié à ces specimens qui peuvent devenir violents. Le beauf dessiné par Cabu d’ailleurs était pour moi l’incarnation de la méchanceté.
En 1985, tous les enfants connaissent Cabu. Il rentrera d’ailleurs cette année-là dans le Larousse. L’enfant que j’étais en 1985, le pleure aujourd’hui. Quand j’ai vu son nom s’afficher sur la une du Monde, j’ai senti tout d’un coup qu’en 2015 quelqu’un était venu pour tenter de me voler quelque chose que j’aimais tellement dans les années 80. Mais on ne pourra pas tuer les gamins qu’on était en 1985. Tuer Cabu ne nous privera jamais de son héritage qu’il nous a patiemment légué. Je suis comme d’autres un enfant de l’esprit de Cabu et je souhaite continuer à l’être tel que je l’étais en 1985, une période où ma tendance à blaguer commençait à s’affirmer.
Evidemment en 1985, il y a bien sûr le fameux vive les vacances de Dorothée, une nouvelle fois illustrée par Cabu. Vive l’insouciance, clamait-elle. Une insouciance qu’on a bien du mal à retrouver. Cabu incarnait d’ailleurs parfaitement cette insouciance en affichant un calme communicatif. Un apaisement qui était salutaire pour les gamins qu’on était et qui s’accompagnait de cette capacité à se moquer de soi-même et des autres. La caricature de Dorothée avec son long nez donnera naissance ensuite à la chanson de Corbier dont on était tous fans à l’époque.
Cabu, dans la culture d’un gamin des années 80, c’était important car on était capable de reconnaître le moindre de ses dessins en quelques secondes. On ne connaissait pas nécessairement foule d’artistes ou de dessinateurs, mais Cabu oui assurément. Pas besoin de savoir lire d’ailleurs pour comprendre ce qu’il voulait dire.
Alors si 1985 doit encore nous éclairer en 2015, c’est assurément en se souvenant de ce qu’on était à l’époque de Cabu, des gamins qui pensaient que le monde de demain serait meilleur. Désormais, c’est à nous de faire qu’il le soit vraiment.