Retour du colloque Erté sur la culture informationnelle.

J’ai retenu du colloque lillois sur la culture informationnelle quelques points qui nous permettent de travailler sur des points de stabilité. J’ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs personnes notamment Sheila Webber que j’avais rencontrée dans le virtuel mais pas encore dans le réel.
En premier lieu, nous sommes d’accord sur le fait de former à la distance critique. Il reste quelques points de désaccord à ce niveau. Je suis en ce sens proche d’Alexandre Serres dans ses critiques émises à la suite de la conférence de Dominique Wolton que cette distance critique ne s’avère que possible dans la prise en compte de la technique dans l’examen scientifique et la nécessité de son enseignement au niveau de la formation des élèves et des étudiants. Il ne s’agit pas de former de manière procédurale mais bel et bien de montrer quels sont les processus et les points de vue sur lesquels reposent notamment les outils actuels du web 2.0 ainsi que les moteurs de recherche type Google.
Le deuxième point qui semble faire consensus, c’est que nous sommes inscrits désormais dans une démarche de translittératie c’est à dire que nous ne pouvons penser et envisager les formations sous l’angle d’une stricte division de la formation aux médias, de la formation à l’information-documentation et de la formation à l’informatique. En effet, l’élève pris dans le maelström technico-informationnel ne peut comprendre ces distinctions tant il parvient via un seul outil à accéder à la fois à de l’information type news, à des vidéos et des extraits d’émission, le tout via des procédés techniques et informatiques qui bien souvent le dépassent et dont il ignore si ce n’est l’existence, tout au moins la complexité.
Une fois établi, ce consensus, vient les difficultés. En effet, si nous souhaitons rassembler, il demeure important de garder des distinctions entre ces disciplines. Ensuite, vient la question du dépassement des discours. Les travaux de l’Unesco, de l’IFLA et les actions internationales et européennes constituent d’évidentes avancées. Seulement, il nous semble qu’une translittératie reposant sur une culture de l’information et de la communication ne peut s’appuyer que sur des incitations, des modèles normatifs ou pire des kits ou autres dispositifs simplement « adaptionistes ».
Il ne s’agit donc pas de répondre aux théories de la société de l’information par des théories de la culture de l’information reposant sur des modalités assez similaires qui auraient d’ailleurs plutôt tendance à ressembler à une « digital literacy » mettant davantage l’accent sur la formation immédiate aux outils. Il faut également rappeler qu’historiquement le terme d’information literacy constitue un pendant de la société de l’information en considérant que l’information devient la matière première des sociétés post-industrielles.
Le problème c’est qu’au final, le discours de former tous les citoyens à ce qu’ils parviennent à utiliser au mieux leur environnement informationnel est évident. Pourtant derrière les concepts de culture de l’information demeurent des visions parfois diamétralement opposées.
C’est en ce sens que les travaux en didactique de l’information constituent des éléments intéressants du fait qu’ils nous permettent de distinguer à la fois les notions stables qui méritent d’être transmises.
C’est donc comprendre que derrière la littératie se trouve des élements stables, fortement liés à la constitution de l’humanité avec la technique, et qu’il nous faut donc penser le « trans ».
C’est donc aussi la difficulté de nos projets, face aux discours simplistes de la société de l’information, il nous faut répondre de manière patiente et complexe tout en parvenant à élaborer des formations adéquates et adaptées.
J’ai moi-même quelque peu amorcé concrètement cette visée avec la mise à disposition de séances que j’ai effectuées avec mes sixièmes sur Lilit & Circé. Ces fiches comme celles publiées par d’autres collègues ne sont pas à suivre à la lettre mais cherchent au travers de situations-problèmes à faire acquérir des notions notamment info-documentaires.
Les enseignants et les formateurs ont besoin de sources et de fiches qu’ils peuvent se réapproprier plutôt que de kits.
Il demeure toujours le problème politique de la réelle mise en place de ces formations qui n’ont lieu sur le terrain qu’au prix de bricolage…voire de négociations ce qui ne peuvent être sastisfaisants.
Je reste pour ma part pour une redistribution des cartes et un new-deal disciplinaire qui permettraient la mise en place de ces enseignements en souhaitant qu’ils reposent sur des stratégies pédagogiques et didactiques qui ne soient pas purement magistrales. La culture de l’information n’a de sens d’ailleurs que dans un fin dosage de pratique et de théorique s’autoalimentant.
Mon intervention s’intitulait bouillon de cultures : la culture de l’information est-elle un concept international ?
Je n’ai plus qu’à souhaiter que ça continue à bouillonner et que cela émerge non pas sur une soupe en kit mais sur des processus d’appropriations et des milieux associés.
Pour cela, il nous faut sans doute ne pas demeurer trop sur notre « Lille » mais continuer à aller de l’avant sans quoi nous finirons par faire de la chanson de JM Caradec notre hymne.

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