Le passage de la loi Hadopi et des autres lois de surveillance des activités des internautes témoigne de la volonté d’instaurer une société de surveillance qui ne peut inciter qu’à la création d’un cercle vicieux.
Dès lors, l’internaute lambda se sachant coupable potentiel et surveillé par les institutions et notamment des sociétés privées payées au frais du contribuable, cherchera à échapper de plus en plus à cette méfiance que porte à son encontre l’institution républicaine désormais aux mains des industries de service.
L’institution devenant peu digne de confiance, de la méfiance, le passage à la défiance s’en trouvera tout naturel.
Une défiance qui nous lancera dans une suite sans fin pour se cacher de l’œil de Sauron avec utilisations de nouveaux outils comme les VPN ou bien encore les nouveaux plugins Firefox qui nous permettront d’échanger dans un relatif anonymat.
Tout cela ne fait qu’accentuer la distance qui se creuse entre responsables politiques nationaux, chef d’entreprise du CAC 40 et autres lobbyistes qui cherchent à préserver leurs pré-carrés souvent mal acquis d’ailleurs. (Nous songeons notamment à la privatisation douteuse de TF1 et son attribution au groupe Bouygues mais à tous les autres attributions de marché qui malgré les règles font que nous ne pouvons distinguer les industriels de nos responsables politiques)
Il n’y a qu’une réponse face à une société de l’information et de la surveillance, celle de la culture et de la communauté. Communauté ne signifiant nullement communautarisme mais rassemblement de nos différentes identités au sein d’une communauté de partage de moyens et d’objectifs. La culture étant cette voie de la construction d’où l’opposition que je vois parfois entre culture de l’information et société de l’information.
Si nous ne pouvons plus avoir confiance en nos dirigeants, il nous désormais avoir confiance en nous. D’ailleurs, la nation, concept historiquement daté, ne peut constituer un cadre de réponse adéquat. Tout porte à croire d’ailleurs que depuis que le mur de Berlin est tombé, l’incapacité à penser un nouveau monde cosmopolite nous fait cruellement défaut. La chute du mur s’est transformée en triomphe des marchés financiers et nullement en triomphe de la démocratie. Sur ce point, Fukuyama s’est trompé en exagérant le pouvoir du capitalisme. Il ne s’agit donc pas non plus d’y répondre par une nouvelle internationale, mais par un au-delà des nations et des religions, un réel supranationalisme afin de pouvoir contrôler les flux financiers des multinationales et de pouvoir mettre en place des projets d’envergure mondiale.