Apple et ses instruments de flatterie

Je n’ai pas grand-chose à rajouter aux propos de Narvic sur le positionnement d’Apple et le fait que les ambitions mercantiles de la pomme n’ont vraiment rien à envier à celles de Windows. L’ipad n’est pas une réelle innovation.

Je reproduis juste ce texte de Gilbert Simondon qui ne manque pas de me faire songer à chaque fois à la stratégie d’Apple, qui vise sans cesse la flatterie personnelle et probablement aussi « le signe extérieur de richesse » :

« Si nous considérons l’ensemble des machines que notre civilisation livre à l’usage de l’individu, nous verrons que leurs caractères techniques sont oblitérés et dissimulés par une impénétrable rhétorique, recouverts d’une mythologie et d’une magie collective qu’on arrive à peine à élucider ou démystifier. Les machines modernes utilisées dans la vie quotidienne sont pour la plupart des instruments de flatterie. Il existe une sophistique de la présentation qui consiste à donner une tournure magique à l’être technique, pour endormir les puissances actives de l’individu et l’amener à un état hypnotique dans lequel il goûte le plaisir de commander à une foule d’esclaves mécaniques, souvent assez peu diligents et peu fidèles, mais toujours flatteurs. »

In SIMONDON, G. (2007). L’individuation psychique et collective : A la lumière des notions de Forme, Information, Potentiel et Métastabilité. (p. 293). Editions Aubier. (p.522)


 

4 réflexions au sujet de « Apple et ses instruments de flatterie »

  1. Et bien sûr, seuls les bloggeurs sont capables de résister à l’endormissement des « puissances actives de l’individu ».
    Ouf, me voilà rassuré.
    PS: je vais peut-être blasphémer, mais je ne suis pas sûr que l’Ecole de Francfort (et son prolongement simondonesque) soit la mieux armée, à la fois théoriquement et empiriquement, pour nous parler de la réception des outils techniques et de leurs usages.

    1. Je ne vois pas trop le rapport avec les blogueurs et le citation de Simondon.
      Sinon, je ne prétends pas que Simondon soit la panacée.
      Par contre, si vous avez des éclairages plus pertinents, je suis preneur.

  2. oui, la définition de pharmakon sur le site d’Ars industrialis, que tu connais surement par coeur, ça me semble bien plus pertinent :
    « Toute technique, originairement, est ambivalente : l’écriture alphabétique, par exemple, a pu et peut encore être aussi bien un instrument d’émancipation que d’aliénation. Raisonner pharmacologiquement c’est, autre exemple, comprendre que pour lutter contre les effets néfaste du web, il convient non pas de ne plus se servir du web (ce qui n’aurait pas de sens) mais de s’en servir autrement. Si le web peut être dit pharmacologique c’est qu’il est à la fois un dispositif technologique associé permettant la participationi et un système industriel dépossédant les internautes de leurs données pour les soumettre à un marketing omniprésent et individuellement ciblé (user profiling) »

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