Blog et science

 

Je publie ici la trame que j’ai à peu près suivie pour mon intervention à la table ronde du colloque international sur le numérique éditorial organisé par sens public à l’INHA.

La table ronde était modérée par Antoine Blanchard et s’intitulait « Nouveaux rapports des chercheurs aux publics » avec Ghislaine Chartron (CNAM, INTD), Bastien Guerry (Wikimédia France), Alexandre Moatti (Conseil scientifique du TGE-Adonis), Joëlle Zask (Université de Provence) .

Je vais plutôt adapter une position personnelle qui s’appuie principalement sur des expériences et des ressentis.

J’interviens donc en tant qu’hybride, à la fois en tant que docteur en information communication, mais aussi en tant que blogueur et également en tant que professionnel de la documentation et de la pédagogie de l’information car je suis également certifié en documentation.

Je m’intéresse par conséquent à ces espaces hybrides, à ces entredeux que constituent justement les blogs.

Mon blog « le guide des Egarés » a débuté en 1999. Il n’était donc pas originellement un écrit voué à la recherche, mais plutôt un objectif personnel de valorisation d’idées pour le monde des bibliothèques. Il n’a donc cessé en fait de suivre mon itinéraire personnel, s’orientant davantage vers la pédagogie à la suite de la réussite de concours de professeur-documentaliste. La réorientation progressive vers une démarche plus proche des sciences de l’information et de la communication s’est faite avec la reprise d’étude et la thèse.

Je vais donc aborder la relation entre le blog et la science sans chercher à démontrer qu’il existe une opposition mais au contraire qu’il y a plutôt des relations.

J’aime assez le propos d’Olivier Ertzscheid sur twitter récemment :

@affordanceinfo le blog c’est un peu l’archive ouverte de l’établi / du terrain scientifique

Par conséquent, ce n’est pas une perte de temps dans la recherche scientifique. Je pense même que les blogueurs possédant une activité de recherche, écrivent plus. Henry Jenkins revendiquait d’ailleurs la pratique du blog comme un exercice intéressant dans la mesure où il permet d’écrire et d’exprimer des idées et de les confronter. Il convient toutefois de ne pas demeurer évidemment dans ce seul exercice et donc d’opérer de réguliers détachements pour la production d’articles par exemple.

Institutionnellement, il est encore difficile de prétendre qu’il s’agit d’une pratique reconnue scientifiquement. La tendance est plutôt de ne pas trop mettre en avant cet aspect car il suscite encore de la méfiance. Personnellement, je crois que le succès relatif de mon blog dans la communauté professionnel de l’infodoc a quand même facilité mon recrutement en tant qu’Ater à l’université de Lyon 3.

Il reste que le blog se place davantage sur un terrain différent du processus universitaire classique qui est celui de l’autorité. Le blog est dans la lignée du web 2.0 dans une position qui est celle de la popularité. Cette opposition se voit notamment dans le classement wikio qui possède un top science qui fait d’ailleurs la part belle aux sciences de l’information. Il est possible d’ailleurs d’acquérir une notoriété importante par ce moyen.

Mais passons outre les classements pour se concentrer vers des actions plus hybrides qui sont fortement importantes pour la place des universitaires au sein de l’espace public.

Le blog est un espace de valorisation et pas seulement de vulgarisation dont le sens reste toujours péjoratif. Il constitue un lien entre différents acteurs. Sa présence dans l’espace public, même si elle peut paraître risquée, est une nécessité…justement du fait de la concurrence dans le monde de la recherche et de l’impératif d’attirer des étudiants et d’opérer des relations avec le monde professionnel.

Mon blog est un lien avec une communauté professionnelle qui me semble vital à la fois pour mes activités de recherche, mais également au niveau de l’enseignement. Je pense qu’une légitimité universitaire qui s’appuierait seulement sur ses pairs est insuffisante notamment dans le champ des SIC.

Cette visibilité est importante pour que la recherche soit lue en dehors d’une communauté scientifique restreinte et ce afin de faciliter l’interdisciplinarité, et pour inciter les étudiants à s’intéresser davantage à certaines thématiques, pour rapprocher le monde professionnel de la science et vice versa.

Je crois aussi que l’enseignement va rentrer dans des systèmes de plus en plus concurrentiels et que la reconnaissance universitaire repose également sur les étudiants et les partenaires extérieurs. Et si pour l’instant ces relations reposent sur des mécanismes différents de la reconnaissance par les pairs, ils existent néanmoins.

Par conséquent, tous les outils issus du web 2.0 laissent entrevoir de nouveaux développement et la production d’une variété de documents autre que l’article. Cela peut être des résultats d’enquête, des résumés orientés grand public ou à destination de professionnels. Il s’agit de s’orienter davantage dans le mouvement d’une science ouverte (open science ou e-science) et le blog participe de ce mouvement.

Je pense également que cette production diversifiée devra entrainer une évaluation riche et tout autant diversifiée, ainsi que de nouvelles métries qui peuvent intéresser autant les secteurs professionnels et éducatifs.

Je n’ai pas eu le temps d’aborder la question des nouvelles métries même si j’ai eu l’occasion d’en discuter avec Antoine Blanchard. Pourtant, il semble bien que de nouveaux enjeux peuvent se jouer ici. J’y reviendrai dans un prochain billet

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