Quelles littératies au CDI ?

Ce petit professeur vous lit le début de ce texte, histoire en même temps d’illustrer mes propos « translittératiques ».

Ce n’est pas exceptionnel de constater que les activités des élèves au sein du centre de documentation de l’établissement ne correspondent  pas aux usages prescriptifs qui en fait principalement un lieu d’études. Nos observations ne font que confirmer une tendance qui se constate déjà depuis plusieurs années en CDI ainsi qu’en bibliothèque. Les aspects de convivialité ayant pris de plus en plus d’importance. Les centres de documentation et les bibliothèques apparaissent dès lors multi-facettes pour attirer et satisfaire un plus grand nombre d’usagers qui ne sont pas tous d’ailleurs de véritables lecteurs au sens traditionnel .
Néanmoins, si les usages observés peuvent apparaitre quelque peu hors cadre dans la mesure où il ne s’agit ni de pratiques studieuses ni de lectures et d’emprunts, comment pouvons nous les qualifier ?
Nous avions déjà observé des usages, des mésusages que nous avions qualifiés de négligences (neg-lego : ne pas lire. Les négligences rassemblent toutes les activités de non-lecture ou de « mauvaise lecture »).  Il nous semble que toutes les négligences ne sont pas toutes à exclure des pratiques de lecture et de l’écriture, bref de la littératie. Il en va de même pour des usages que nous avons repérés dans l’espace CDI de notre lycée professionnel depuis la rentrée.
Nous souhaitons rappeler que la littératie peut être associée à la notion de texte qui définit ce qui mérite ou nécessite une lecture. Cela élargit donc la littératie à l’ensemble des supports et pas seulement le livre ou les supports alphabétiques. Le numérique contribue à l’élargissement de la notion de texte avec le développement des écrits d’écrans, d’où d’ailleurs les perspectives ouvertes par la translittératie.
Observations :
Il est intéressant de noter que la lecture sur écran semble poser moins de rejet notamment quand il s’agit de recherche des scantrads de mangas. Cette pratique semble fréquente et bien avancée chez les lycéens. Ce constat nous incite à nous demander s’il ne serait pas opportun de proposer davantage de supports mobiles permettant ce type de lectures. Autre aspect intéressant est le passage fréquent entre la version papier et la version animée du manga qu’effectue les lycéens qui viennent à la version papier via l’animé et vice versa. Il y a ici comme une continuité entre les différents supports. Il serait opportun par ailleurs de veiller au transfert des supports de manière plus fréquente notamment entre les versions littéraires et leurs diverses adaptations. Il apparait que la lecture sur écran permet de réaliser plus facilement cette tabulation culturelle entre un manga dans sa version numérique, dans sa version animée voire dans les versions plus traditionnelles qui ont pu inspirer son histoire.  Pourquoi ne pas envisager une telle continuité avec les œuvres classiques ?
Des parcours peuvent être également réalisés via des applications tel pearltrees peuvent constituer des éléments intéressants de parcours de translittératie. L’avantage serait que quelque soit le parcours réalisé initialement, il puisse être réinvesti dans un autre.
L’enseignant peut évidemment tracer de tels parcours qui permettent à l’élève et à l’étudiant de parcourir et de découvrir, mais il est tout aussi opportun pour l’élève de co-construire également son parcours en usant des outils tels des hypomnemata qui constituent des traces de ses découvertes et de ses apprentissages. La césure entre loisirs/culture devenu moins prégnante, l’élève co-construit de manière plus volontaire et plus valorisée sa progression ainsi que son écriture de lui-même.
Cette écriture de soi peut alors prendre des formes  plus ambitieuses et plus participatives, incitant à l’échange et à la découverte avec autrui. La translittératie s’opérant pleinement au sein de milieux associés.
Cela signifie aussi qu’il est possible d’apprendre par le biais des loisirs. Le milieu des loisirs créatifs constituant ainsi une piste à observer.
L’enjeu étant désormais de faciliter les relations entre les diverses données de façon à créer autant des échanges que des relations trans-culturelles et décloisonnées. Il est tout  autant gênant que l’Ecole ne s’ouvre pas aux acquisitions de compétences issues de la sphère domestique que l’inverse.  Trop souvent, les élèves ne parviennent pas à établir des ponts, ils ont une représentation du scolaire et une projection qui se relève encore plus plan-plan qu’elle ne l’est vraiment. Cette césure n’est plus possible et en tout cas pas acceptable, sinon ce serait renoncer et laisser la place à ceux qui distillent le mieux leurs messages sur les réseaux et les nouveaux médias : territoire dont tend à s’emparer les industries publicitaires et de service.
C’est dans ce contexte, qu’il va falloir expérimenter et proposer de nouvelles solutions. J’espère pouvoir en apporter quelques unes cette année.

Une réflexion sur « Quelles littératies au CDI ? »

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