L’invention d’Orfanik et la technique aux enfers

The parade is named after Orpheus, a figure fr...
Image via Wikipedia

Jules Verne dans le château des Carpathes nous fait part à la fin du mystère de la présence continue de la cantatrice Stilla dans le château en ruines qui suscite l’inquiétude en Transylvanie. Elle est en fait morte mais l’inventeur Orfanik, qui travaille au service de Rodolphe de Gortz a mis au point un procédé qui permet de retransmettre l’image et la voie de la cantatrice. L’image et la voie ayant été précédemment enregistrés lors d’une représentation.
Ce procédé que Jules Verne qualifie sans vraiment le dire de diabolique correspond à la vision de la culture littéraire qui voit de la magie dans la technique. Orfanik en étant le digne représentant. Toutefois, Jules Verne qui possède également une culture technique nous donne quelques éclaircissements sur le procédé :
« Or, au moyen de glaces inclinées suivant un certain angle calculé par Orfanik, lorsqu’un foyer puissant éclairait ce portrait placé devant un miroir, la Stilla apparaissait, par réflexion, aussi « réelle » que lorsqu’elle était pleine de vie et dans toute la splendeur de sa beauté. »

Dans ce roman de Jules Verne, nous retrouvons les deux côtés de l’objet technique ou de l’hypomnematon, un côté positif qui est illustré par les potentialités de la technique explicitées et un côté négatif exprimée par la confusion engendrée et par les relations diaboliques, quasi alchimiques d’un Orfanik.
Aujourd’hui, cela n’a guère évolué avec les potentialités de la technique qui sont louées lorsqu’il s’agit de pouvoir commercialiser au delà de la mort, les œuvres d’Elvis Presley et de Mickael Jackson…mais qui deviennent alors sujettes à critiques lorsqu’il s’agit de pouvoir en disposer sans les acheter grâce à des procédés qui en facilitent l’échange.
Pourtant, la reproduction sur supports constitue à l’origine un faux qui tente de s’approcher au mieux de l’original. Pendant des années, la possibilité de reproduire des œuvres a permis des bénéfices énormes en offrant la possibilité de revendre une prestation pourtant unique à l’origine. Peu semblaient pourtant s’offusquer de ce qui constitue autant une supercherie qu’une prouesse diabolique comme l’auraient sans doute qualifiée certains inquisiteurs quelques siècles plus tôt.
Finalement, la technique demeure Eurydice ou Stilla, prisonnière des enfers, difficile à regarder en face et à saisir.
Il nous faut pourtant parvenir à réaliser ce qu’Orphée n’est pas parvenu à faire, pour faire corps avec elle.

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Une réflexion sur « L’invention d’Orfanik et la technique aux enfers »

  1. Juste pour info et même si cela n’apporte pas grand chose au propos, le compositeur contemporain Philippe Hersant a tiré un très bel opéra de ce roman de Jules Verne, sous le titre « Le Château des Carpathes ».

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