Amorcer la réflexion sur l’archivage du web

Les chercheurs ont également besoin que l’histoire du web, aujourd’hui disséminée dans les souvenirs de quelques spécialistes, soit reconnue, préservée et
partagée.
Je signale un intéressant document,  dont est extraite la citation ci-dessus, sur l’archivage du web à l’initiative de la BNF dans le cadre de sa mission de dépôt légal numérique. (« Depuis la loi du 1er août 2006, la Bibliothèque nationale de France a en charge le dépôt légal de l’Internet français. Initiée en avril 2008, la consultation de ces archives, d’abord disponible sur une dizaine de postes informatiques, puis progressivement étendue à l’ensemble des postes des salles de lecture de la bibliothèque de Recherche, demeure expérimentale dans l’attente de la publication du décret d’application de la loi du 1er août 2006. »)
 
Des problèmes de méthodologie sont soulevés notamment sur ce qui mérite un archivage. Le problème, c’est qu’il est difficile par avance de savoir ce qui mérite d’être archivé. Certains chercheurs interrogés semblent avoir des idées sur ce qu’il faut exclure. Pour ma part, je n’en ai aucune idée à l’avance. L’idéal serait plutôt de procéder à des tris réguliers ce qui place l’archiviste en tant qu’historien du web mais surtout historien tout court dans la mesure où les discussions ne peuvent être jugées à l’avance non pertinentes. Il convient de juger après coup si tel ou tel message présente une portée intéressante. Il faudra donc faire des choix ce qui explique le fait que l’erreur archivistique est toujours une erreur qui ne sera détectée que par nos héritiers.
 
Ce qui est intéressant, ce sont les divers services qui vont pouvoir être mis à disposition à l’avenir et qu’évoque le rapport :
Services : développer des services et des outils à distance, en particulier pour les professionnels
– donner aux internautes la possibilité de proposer en ligne leur site (ou d’autres sites ?) à archiver par la BnF au titre du dépôt légal ;
– mettre à disposition des outils pour savoir si un site est archivé et se repérer dans les archives, si possible à distance, même sans accès au document primaire ;
–  développer des services de recherche documentaire à distance à destination des professionnels : recherche déléguée, authentification, datation, citation, reproduction, etc. ; explorer les possibilités de services payants et de ressources propres dans les limites du cadre juridique existant.

Intéressant également certaines réponses qui démontrent la difficulté de tracer des frontières nettes entre loisirs et travail, entre phatique et sérieux :
« C’est difficile de dire à un certain moment si je fais de la veille scientifique ou alors tout simplement si je suis en train de twitter avec mes amis ».
Voilà qui montre la complexité de twitter mais également sa force en tant que « milieu associé »
La réflexion sur la pratique du blog sur les chercheurs est à noter également :
« Tout d’abord, parce que le chercheur-blogueur garde un côté contrebandier, exerçant souvent « en cachette », à l’insu de certains de ses collègues qui ne considèrent pas ce type d’activité comme sérieuse : « C’est un type d’écriture qui est dévalorisé ; dans notre équipe [de recherche], on ne peut
pas en parler. Si on en parle, ça fait toute une histoire ». Ensuite, parce que les blogs sont des créations souvent très personnelles ou des relevés d’expérience (« comme un carnet de recherche »), où le chercheur expérimente de nouvelles manières d’écrire, bien distinctes d’une publication papier : « On n’écrit pas de la même manière […]. Pour moi c’est impossible de faire un livre avec ça, parce que d’abord le blog c’est une forme de parution et d’exposition […] qui est particulière. Quand les gens vont [sur le blog], c’est une apparition sur l’écran. »
En matière de contrebandier, c’est l’occasion de  signaler qu’Olivier Ertzcheid a redocumentarisé une série de billets de blog pour en faire une publication type work in progress qu’il a déposé sur archivesic.
Tout le reste du document constitue une réflexion à lire en ce qui concerne les domaines de l’archivistique, de la science et des données à décrire et à conserver.
Nous sommes clairement au sein des humanités numériques qui deviennent de plus en plus présentes.
Sur le sujet, il convient d’aller voir les travaux de l’autre acteur du dépôt légal : l’INA. Notamment, les ateliers pilotés par Louise Merzeau.
 

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