Le blog du chercheur ou l’effet trampoline

La réflexion  de François Bon, lue ce matin, a un peu aidé la mienne sur le sujet de l’écriture du blog, notamment pour un enseignant-chercheur.
Le blog d’un chercheur est-il une  production professionnelle ou amateur ? Il est évidemment impossible de trancher. De même que prétendre que tous les écrits d’un blogueur qui serait chercheur appartiennent nécessairement à la science. On se trouve clairement dans un entredeux, un de ces espaces qui paraissent parfois dérisoires aux gens sérieux, mais qui sont pourtant essentiel à la communication scientifique et à la communication tout court. C’est souvent là que se joue et s’opère les transitions du fait de la construction d’un effet blogueur, au même titre que l’effet maître en pédagogie. Le blog construit une relation plus intime, liée à une confiance qui se construit peu à peu. Le blog devient le trampoline du chercheur qui peut aisément prendre de la hauteur à partir de ses recherches et de son quotidien. Ces prises de distance et de hauteur lui réclament aussi quelques efforts dans la manière de faire, mais sa régularité en fait une forme d’ascèse nécessaire, un exercice de soi qui recherche l’élargissement de sa pensée, de sa mise en contact avec l’autre. Un autre qui ne se limite pas à ses pairs mais qui s’étend à l’agora. Cette montée n’est pas sans risque, car elle peut être sujette à critiques, désaccords mais elle peut être aussi liée à l’hybris. Le blogueur quittant alors le trampoline, ne voulant plus descendre et préférant s’envoler vers les sphères médiatiques dans lesquelles il finit par se complaire. Il ne revient plus alors sur son terrain, le blog devenant alors autopromotion de soi. Le blogueur dès lors ne parle plus que de lui-même et finit par ne plus rien dire d’intéressant. Tout cela pour dire qu’il n’y a sans doute rien de pire que d’imaginer un blogueur scientifique qui deviendrait blogueur professionnel. L’essence de sa profession est ailleurs. Toutefois, blogueur est un véritable travail : en tant que travail sur soi mais aussi en tant que mise à disposition des autres. Si bien que si on peut considérer que blogueur-chercheur n’est pas une profession, bloguer fait bien partie du travail du chercheur et peut-être encore davantage de l’enseignant-chercheur du fait du caractère pédagogique apparent.
Dès lors, toute montée du blogueur n’en sera que meilleure s’il sait parfaitement retomber sur son terrain pour à nouveau se projeter.IMG_4245
Creative Commons License photo credit: jordan.olels

3 réflexions au sujet de « Le blog du chercheur ou l’effet trampoline »

  1. J’ai souvent dû opposer le chercheur et l’acteur dans ma quête de la bonne recherche-action. Et là, lisant ton billet, je dirais que si le blog est le trampoline du chercheur, il doit être le trEmpoline de l’acteur – qui, lui, s’y trempe. Non ? Trop facile ! À méditer cependant 😉

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