Nous sommes dans un climat bien étrange. On parle de changement mais en fait rien ne change vraiment. Tel semble être le cas de l’EN, où le principal changement porte sur des recrutements massifs mais pour le reste…
Rien ne change par exemple dans le petit monde de la documentation dont le ministère se moque éperdument.
A la tête de la gouvernance de la discipline, toujours le même inspecteur général de l’Education depuis 9 ans pourtant nommé par un premier ministre UMP et qui a plus d’une fois devancé la politique du précédent ministre de l’Education en faisant du zèle avec le gel d’une cinquantaine de postes au capes externe l’année dernière de son propre fait. Il est vrai qu’il préfère développer la politique des Learning Centers.
On passera sur l’incohérence politique et stratégique qui peut s’expliquer par le fait que Jean Michel Blanquer, artisan zélé de la politique de Châtel est toujours en place. On aurait pu imaginer que le responsable de la DGESCO aurait du être le premier à quitter la place après une politique de saccage qui le placera comme un des plus grand ennemis de l’Education par le tribunal de l’histoire.
Mais passons sur les incohérences politiques et éducatives… il y a finalement plus grave.
Comment peut-on parler de morale en matière d’éducation et faire soutenir à des candidats une épreuve d’éthique de fonctionnaire, quand le jury interne de capes de documentation ne respecte pas les règles élémentaires de nomination… avec un président qui assurerait la présidence de l’épreuve pour la sixième fois consécutive … ce qui est interdit. Bonjour, le cumul des mandats… visiblement, cela ne concerne pas que les hommes politiques. On déplorera également le fait que cette présidence s’exerce pour la neuvième fois ! à l’externe mais comme il y a eu une interruption… c’est légal mais certainement pas éthique.
Pour mieux comprendre la situation, nous produisons le début de la lettre envoyée sous forme d’un recours hiérarchique au ministère fin juillet avec accusé-réception. Le ministère a fait le choix de ne pas répondre car il sait que notre demande est légitime et espère simplement tasser l’affaire et qu’aucun recours administratif n’ait lieu. Bel esprit éthique et de changement….
» Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance une situation qui déroge aux dispositions de l’arrêté du 28 décembre 2009 fixant les sections et les modalités d’organisation des concours du certificat d’aptitude au professorat du second degré dont la version consolidée est parue le 1er juin 2012.
En effet, l’arrêté du 14 juin 2012, paru au BOEN n°29 du 19 juillet 2012 publie la liste des présidents des jurys des concours pour la session 2013. Il fait état de la nomination de Monsieur Jean-Louis Durpaire, Inspecteur général de l’Éducation nationale, en tant que président des jurys du CAPES externe et interne et des CAFEP/CAER correspondants pour la section Documentation.
Ce choix appelle de notre part les observations suivantes :
Au sujet du CAPES interne, cette décision présente une irrégularité flagrante puisque ce serait la sixième nomination consécutive de Monsieur Durpaire à la présidence de ce jury. Or l’arrêté visé précise à l’article 11 que :
Le président, le ou les vice-présidents et les membres du jury ne peuvent participer à plus de quatre sessions successives. À titre exceptionnel, leur mandat peut être prorogé pour une session.
Cette nomination est donc anormale au vu du texte réglementaire en vigueur et peut, de fait, faire l’objet d’un recours par un candidat non admis aux épreuves de 2013, entraînant le risque d’une annulation du concours pour la session 2013.
Nous n’imaginons pas que le Ministère puisse prendre un tel risque, vu les conséquences morales et financières qu’entraîne une annulation globale du concours, alors qu’il est déjà très perturbant et coûteux d’avoir à annuler une épreuve. Membres ou ex-membres des jurys et formateurs, nous avons le souci des candidats qui préparent ce concours difficile – la plupart d’entre eux étant de plus salariés – et du préjudice qu’ils subiraient alors. »
La lettre se poursuit sur les problèmes de cohérence pour le monde de la documentation.
En attendant un recours administratif possible mais qui sera sans doute trop long, la seule autre alternative est le recours médiatique face à un ministère et une équipe qui méprise les règles.
Pour l’anecdote, je fais partie du jury du capes interne, j’ai décidé il y a quelques semaines, de dénoncer la situation sur notre liste de diffusion. La seule conséquence à ce jour est que le président qui cherche à se protéger en arguant de sa nomination par le ministre, a considéré que j’étais démissionnaire. Peu de membres se sont bougés, ce qui n’est guère surprenant puisque l’Éducation Nationale est devenue la grande muette.
C’est le monde à l’envers. A noter que l’arrêté de nomination sous lequel cherche à se placer, le président du capes interne de documentation, fait explicitement référence au texte qui précise les règles de nomination.
Je m’excuse d’avance pour les candidats que ça ne va pas rassurer. Mais il était dorénavant impossible de tenir l’information en interne vu que rien n’évoluait.
Espérons que cette situation ne perdure pas sinon l’éthique en toc sera en doc…
mise à jour du 2 octobre : le café pédagogique relaie « l’affaire » en évoquant un règlement de compte. C’est surtout un problème de droit et d’éthique avant tout et de cohérence politique et stratégique. Quant à la nomination par un ministre que j’évoque, je ne vais pas apprendre au café pédagogique, que beaucoup de nominations sont le fait du prince même si les arrêtés officiels ne sont pas directement signés du premier ministre.
il l’est en externe aussi? oui c’est tout à fait anormal; néanmoins, l’annulation du concours peut-elle être sérieusement envisagée ? A mon sens, la lettre d’un candidat, quoique appuyée sur des textes de lois, ne contribuera pas à l’annulation d’un concours, même si cette lettre était suivie de d’autres candidats se sentant lésés du fait de l’élection injuste du même président. Je me fonde, sur ce point, sur le fait que votre lettre, que j’imagine bien argumentée, n’a eu aucun impact sur le plan juridique.
Une premier recours hiérarchique a été effectué sans résultat. Un recours au Tribunal administratif va suivre mais c’est une procédure longue.
Bon courage, Olivier, tu as tout mon soutien… moral 🙂
En plus , ton site est très bien… d’ici qques années, toi aussi tu seras président du jury de… Learning centers lol
Merci pour cette sur-veille-ance citoyenne, continuez !
Étrange en effet comme les lois ne sont pas les mêmes pour tous…
Merci de veiller avec vigilance et de dénoncer ce genre de situation.
Quel monde !
tout à fait d’accord et prête pour une action collective, éthique et citoyenne
Merci, merci, merci, Olivier. Je me suis fait la même réflexion. Encore le même président du jury !!!
Je m’interroge d’ailleurs sur d’autres irrégularités notamment sur les épreuves orales..Bref. Il serait temps de recruter autrement que par concours !!!
Sous-jacente la question « ETHIQUE »… Bien à toi Olivier.
Argh ! Après l’enseignement caduque, voici le jury caduque !
Attention cependant, les commentaires précédents le mien me semblent symptomatiques du grand n’importe quoi dans lequel on risque de s’installer.
La caducité s’applique au statut légal du jury du fait d’un président ayant dépassé la durée légale de présidence.
Cela ne remet pas en cause, juridiquement en tout cas, l’éthique des membres de ce jury, docs eux-mêmes en majorité et tous citoyens ça va de soi, qui ont déjà toutes les peines du monde à (sauve)garder un minimum d’exigence et de cohérence pédagogique à la fonction de documentaliste (on n’a pas toujours eu une profession enthousiaste à l’idée d’enseigner, et encore moins à l’idée de l’écrire officiellement (c’est même plutôt – très – nouveau).
Il serait tout à fait contre-productif d’amalgamer des « irrégularités notamment sur les épreuves orales » (ça mériterait d’être étayé quand même !) ou encore de se vautrer dans des absurdités de candidats « se sentant lésés du fait de l’élection injuste du même président » !
Non, un président de jury n’est pas élu. Non un président même nommé à vie ne suffirait pas à léser les candidats. Il s’agit d’un problème politique ou peut-être même bassement administratif : problème politique du fait d’une stratégie de gouvernance qui a profité d’une stratégie inexistante de la profession quant à l’affirmation de ses prérogatives pédagogiques, disciplinaires et technologiques ; problème politico-administratif : c’est bien trivial certes mais qui pour présider ? Rappelons quand même que les IG s’intéressant à la documentation, quelque soit leurs choix et leurs actions politiques, se comptent facilement : il n’y en a qu’un… Et les inspecteurs pas généraux… plus nombreux pourtant, spécialistes des sciences de l’information, combien sont-ils ? Où sont-ils ?
Quant à recruter sans concours, c’est le meilleur moyen d’entériner voire d’institutionaliser toutes les dérives que l’on cherche à dénoncer.
Bref, l’action collective, éthique et citoyenne : oui (c’est beau) mais c’est d’abord exiger que ce champ disciplinaire soit enfin reconnu et pleinement assumé au quotidien (eh oui, il FAUT enseigner les sciences de l’information) : un programme d’enseignement, une agrégation, une inspection.
C’est médiatiquement moins facile et encore plus long qu’un recours au tribunal administratif. Mais j’ose voir dans cette petite agitation un dessein plus grand 🙂
Merci M. Le Deuff pour votre courage et pour votre dénonciation des abus de pouvoir et de l’inanité de la nouvelle équipe dirigeante en place. Il est bien dommage que les professeurs documentalistes soient incapables de tenir un discours commun et de se battre avec bien plus de véhémence pour obtenir (enfin !) un cadre institutionnel permettant l’enseignement de l’information-documentation.
je suis entièrement d’accord avec pas doc. « Quant à recruter sans concours, c’est le meilleur moyen d’entériner voire d’institutionaliser toutes les dérives que l’on cherche à dénoncer.
Bref, l’action collective, éthique et citoyenne : oui (c’est beau) mais c’est d’abord exiger que ce champ disciplinaire soit enfin reconnu et pleinement assumé au quotidien (eh oui, il FAUT enseigner les sciences de l’information) : un programme d’enseignement, une agrégation, une inspection. »
en revanche je pense vraiment que Monsieur Durpaire devrait démissionner de ce poste de président de jury au capes interne pour agir en fonctionnaire de l’état (de façon éthique et responsable)
@ Pasdoc j’avais juste cité un fait hypothétique sans l’approuver en réponse au billet d’Olivier le Deuff « se vautrer dans des absurdités de candidats « se sentant lésés du fait de l’élection injuste du même président » ! »
Pour info JL Durpaire à été également nommé cette année président du Jury du concours reservé de documentation… et un de plus…
Généralement, le président du concours réservé est le même que l’externe donc ce n’est pas étonnant. On change l’année prochaine de président à l’externe, mais je vous rassure il ne connait rien à la documentation…
Olivier
Je suis sidérée par les propos d’une collègue « tutrice » qui m’a vivement conseillé, dans mon dossier de CAPES Réservé, de retirer certaines références de profs docs chercheurs en SIC, militant Fabden. Mr le Pdt du Jury ne peut pas « sentir » certaines personnalités…
Contractuelle depuis 2008, je prends conscience des intérêts personnels des uns et et des autres au détriment d’une position personnelle. Je me vois contrainte pour mes oraux du Capes de bien faire attention à mes contenus de réponses. je ne sais plus où poser mes pieds…Compétences Info-Documentaires( cf Ivana Ballarini) ou SCCC… Pourtant le Ministère reprend à bon compte certaines idées innovantes émanant de ses chercheurs en SIC…
Liberté d’enseignement sous contrainte ? on nous empêche de penser par nous même…
A bon entendeur…
merci pour votre site et vos contributions toujours innovantes…
C’est vrai que cela en devient inquiétant si vous êtes contraint de vous censurer pour adopter l’idéologie officielle. C’est hélas à l’image, d’une gouvernance de la documentation devenue de plus en plus illégitime au sein de l’Education Nationale.
Merci M. Le Deuff de dénoncer toutes ces irrégularités qui sont acceptées par l’autorité suprême puisque cette dernière affiche sa totale désinvolture vis-à-vis du réglement.
Ce qui est interdit, l’Éducation nationale le fait quand même.
Quel bel exemple pour la jeunesse de transgresser ainsi un cadre juridique donné !
Merci Olivier, même si cet article date d’un an maintenant ça me met un peu de baume au coeur pour avoir été « massacré » au CAPES réservé malgré mes intentions pédagogiques (rares chez les profs désormais…) et mes valeurs éducatives pures et déterminées. Je ne comprends plus cette Education Nationale et les sombres objectifs qu’elle vise…
Bonjour,
En reprise d’études, je présente le troisième concours cette année et j’avais en effet tiqué sur le fait que le président du jury n’ait toujours pas changé. En sait-on un peu plus pour la session 2014 ?
Bien cordialement, et merci pour votre blog !
Bon courage pour votre concours. Je ne sais rien de particulier sur la session 2014. Je ne fais plus partie des jurys et je pense que je ne suis pas prêt d’y revenir un jour vu la situation.
bonjour à tous
une autre indignation pour le CAPES interne SVT … comment peut-on être interrogé à l’oral par le même jury depuis 3 ans ???? Un jury qui recale systématiquement la même personne en lui attribuant 4.5 alors que 5 aurait suffit !!!! Une belle personne, bon contact avec les élèves, un regard pédagogique différencié, un travail sur les compétences très affiné … bref ! une personne comme l’Education Nationale devrait se soucier au lieu de la renvoyer à une 4° année … Quel est la légalité de passer 3 fois avec le même jury? où est l’impartialité ? quel pourrait- être son recours ? je précise qu’elle a eu 16 à l’écrit donc les connaissances sont bien là et la pédagogie au rendez-vous !!! Mais en France on préfère les têtes bien pleines et les pédagogues-supra-diplômés-nuls avec leurs élèves …
bonjour
je repasse le concours cette année
j’avais déjà été admissible en 2012
et j’avais été « collé » à l’oral d’une étrange manière
votre blog que je consulte à retardement m’aide à comprendre certaines choses
j’espère que les choses ne vont pas se renouveler cette année
nous pouvons en discuter
bien amicalement
olivier sigaut