Etes-vous un bibliothécaire 2.0 ?

Etes-vous un bibliothécaire ou documentaliste web 2.0 ?

 

Il n’est pas rare de rencontrer chez nos confrères notamment outre-atlantique l’expression « librarian 2.0 » ou « librarian web 2.0 ».

Si vous ne savez pas ce que c’est que le web 2.0 comme semble le démontrer le sondage sur le site, sachez que cela correspond à un nouvel âge du web qui permet à l’internaute d’être encore plus actif dans la production d’informations et dans les possibilités de classement offertes par les folksonomies. ( Je reviendrai bientôt sur ce sujet des folksonomies) Pour en savoir plus vous pouvez aller voir les conférences d’Hervé Le Crosnier.

Par conséquent le bibliothécaire ou documentaliste 2.0 serait donc très au fait des nouvelles technologies à l’inverse des « vieilles bibliothécaires » qui ne comprennent rien aux sigles abscons que sont le Rss, Spip ou aux termes comme folksonomies, tags,etc. Heureusement la liste biblio-fr permet de pallier à nos problèmes et méconnaissances grâce à l’intelligence collective de la profession.

Le bibliothécaire 2.0 a son propre blog ou tout au moins participe à un blog, consulte régulièrement ceux des autres grâce aux flux rss qui l’avertissent des nouveaux billets, réfléchit à diverses questions comme les OA (open archives), aux bibliothèques numériques, à l’évolution des catalogues ainsi qu’à la maîtrise de l’information.

Faut-il en conclure que la profession doit sans cesse évoluer comme le préconise Stephen Abram.

Certes l’article a parfois un côté promotionnel pour un logiciel mais il y a des réflexions intéressantes que je vous livre. Selon lui “Librarian 2.0 is the guru of the information age.” phrase que je n’ai pas besoin de traduire. Néanmoins j’ai traduit rapidemment les propos qui me paraissent le plus importants. Selon lui le bibliothécaire 2.0 doit :

« – Comprendre les opportunités du web 2.0.

Apprendre les principaux outils du web 2.0 et des bibliothèques 2.0.

Combiner les ressources électroniques et les formats imprimés.

Etre un conseiller indépendant de toute considération technique et commerciale et doit pouvoir transférer de l’information aussi bien sur PDA que sur Ipod ou portable.

Développer des projets de recherche collectifs et adopter les standards de l’openURl.

Connecter les personnes et les technologies dans le contexte approprié.

Ne pas être timide avec les systèmes de catalogage et de classification non traditionnels lorsque les folksonomies s’avèrent appropriées.

Utiliser l’information non textuelle et notamment le pouvoir des images, des images animées, des signes et du son. ( Je note ici que le mind-mapping serait pertinent)

Comprendre la théorie de la longue traîne (« long tail ») et ses effets.

Voir le potentiel des ressources comme the Open Content Alliance, Google Print, and Open WorldCat.

Connecter les usages aux experts par des discussions et débats dans des communautés de pratiques. ·

– Utiliser les derniers outils de communication comme Skype pour connecter les personnes et les contenus, etc.

Utiliser les réseaux sociaux pour être plus efficace et entreprendre plus.

Se connecter avec tout le monde qu’importe son mode de communication : telephone, Skype, IM, SMS, texte, email, etc.

Encourager les usagers à utiliser des métadonnées et à développer des contenus et des commentaires ·

Comprendre la sagesse des foules et les rôles qui émergent ainsi que l’impact de la blogosphère, de la syndicasphère et de la wikisphère.

D’abord et avant tout, le bibliothécaire 2.0 comprend ses usagers à un niveau poussé, pas seulement en tant que simples recherchants et cliqueurs. Le bibliothécaire 2.0 comprend l’utilisateur en ce qui concerne ses buts et aspirations, ses environnements de travail, ses besoins sociaux et de contenus et bien plus encore. Le bibliothécaire 2.0 est où l’usager se trouve quand l’usager est présent. C’est un environnement en immersion auquel les bibliothécaires sont parfaitement qualifiés pour contribuer. Sous cet angle le bibliothécaire a influencé l’apprentissage à distance dans son inclusion au sein de nos institutions et communautés ce qui devrait nous permettre de contribuer à la formation de nos usagers dans l’acquisition et l’application de leurs habiletés et compétences.

Il est essentiel que nous nous préparions à devenir bibliothécaire 2.0 maintenant. Le mouvement web 2.0 pose la base d’un commerce grandissant et d’un changement majeur dans nos manières de vivre, de travailler et de jouer. Nous avons la capacité, la perspicacité et la connaissance pour influencer la création de cette nouvelle dynamique et garantir le futur de notre profession. Bibliothécaire 2.0 maintenant. »

 

Pour ma part, je rejoints une bonne partie de ces propos même s’il faudrait sans doutes les affiner et préciser. Je crois que désormais l’usager est au centre du système et plus seulement le document et que le bibliothécaire doit être le faciliteur de relations et de médiations.

Dernière minute : un lien sur ces réflexions. ici en anglais of course!

A vos commentaires !

tags : bibliothécaire 2.0, web 2.0, librarian 2.0.

Du catalogue au blog : le catalogablog

J’avais écrit l’année dernière un article qui avait suscité beaucoup de débats : « le catalogage : l’art de décrire un livre sans l’avoir lu » . Un an après ma réflexion se poursuit avec un titre volontairement à nouveau  provocateur. C’est d’ailleurs la meilleure manière de susciter des réactions. Je ne prône évidemment pas la disparition totale du catalogage mais une évolution vers un enrichissement du catalogue. J’avais il y a quelques mois lancé un autre appel afin que nous puissions construire les bibliothèques numériques ensemble. Visiblement cela n’intéresse pas grand monde de même que ma proposition sur les jeudis de la lecture . J’ai mis cette absence de réactions sur le fait que la période hiémale est plus propice à l’hibernation, le printemps étant présent j’espère un peu plus de dynamisme.

L’avenir des catalogues de bibliothèques réside désormais dans les blogs. L’idée émerge avec parfois le nom de catalogablog.   et même  connaît des applications collaboratives . Olivier Ertzscheid (encore lui !) avait déjà soulevé la question .

Les catalogues doivent donc s’enrichir de « digital stuffs » et autres « bidules » qui permettent aux usagers de proposer des résumés d’ouvrages et des commentaires, de voter, de recommander, de proposer des tags (je reviendrai bientôt sur les folksonomies), etc.

Le catalogue se démocratise, devient web 2.0, devient interactif moins obscur et surtout demeure de ce fait utilisé. Pourquoi ne pas y inclure un moteur cartographique, relier les usagers entre eux ? Tant de possibilités sont offertes, utilisons les. Les aspirations que j’avais écrites en 1999 dans les premiers textes du guide des égarés deviennent de plus en plus réalisables. La bibliothèque et son catalogue orienté Web 2.0 opère des changements spatio-temporels et des conceptions différentes. La bibliothèque est éclatée en plusieurs lieux et diversifiée. Je ne comprends d’ailleurs pas les obsessions de certains politiques à vouloir construire des médiathèques pharaoniques. La grande bibliothèque centralisée est à mon sens dépassée et babélienne. C’est une erreur coûteuse et  qui généralement privilégie un projet architectural grandiloquent par rapport à une réelle réflexion urbaine et sociale. Je reviendrai sans doute sur ce point une autre fois.

 

Face à la facilité du guichet Google beaucoup d’usagers oublient l’intérêt pourtant immense du catalogue. Je constate d’années en années que mes élèves de collège malgré les injonctions  perdent le réflexe d’aller consulter la base de données BCDI. Je continue par conscience professionnelle à cataloguer les ouvrages et articles du fonds mais BCDI n’attire plus. J’envisage peut-être de passer à un logiciel libre mais je ne sais pas lequel pourrait être le plus orienté « catalogablog » car c’est là l’intérêt. Quant à savoir s’il faut que Motbis y soit intégré ou non, et bien franchement je crois qu’on peut désormais se passer du thésaurus du CNDP et plutôt utiliser des tags et autoriser les usagers et élèves à en rajouter. Cela évitera les sempiternels débats notant que Céline Dion est dans le thésaurus et pas Thomas Hobbes. Ce n’est pas plus choquant d’ailleurs que le fait que les ouvrages de Danielle Steel occupent déjà plus de place dans bon nombre de bibliothèques que beaucoup d’auteurs talentueux.

 

Le « catalagoblog » implique de nouveaux usages tant de la part des usagers que de la part des professionnels de l’information. C’est sans doute aussi de nouvelles réflexions qui méritent d’être soulevées dans la façon de cataloguer, dans la formation et le recrutement.

 

J’en appelle donc toujours aux bonnes volontés dans la construction de projets collectifs notamment celui d’un  site Web 2.0 un peu dans le style de « mauvais genres » de Bernard Strainchamp.  J’en appelle surtout aux directeurs de bibliothèques et conservateurs qui n’ont pas réagi face à cette fermeture ce que j’ai trouvé relativement lamentable. Mais peut-être n’est-ce  après tout qu’un problème de compétences ou de reconnaissance, à moins que ce ne soit qu’un sinistre symptôme. J’ose encore espérer que non. Ces projets ne peuvent se faire que collectivement et il y a suffisamment de richesses (ouvrages, personnes et usagers) dans le monde des bibliothèques et de la culture pour que cela puisse fonctionner.

 

Alors cataloguons, bloguons, échangeons, construisons…

Faut-il traduire « information literacy » : traduction ou trahison

Le concept d’information literacy peut-il être vraiment traduit ?
Et s’il fallait plutôt plaider pour un bilinguisme?

Je m'interroge depuis peu sur le problème de la traduction. En effet faut-il traduire « information literacy » ?

Pour ma part, je penche plutôt pour le non. La traduction par "maîtrise de l'information" me paraît un peu pauvre.  De plus j’y vois dans le terme de maîtrise, une volonté sous-jacente de contrôle (institutionnel) mais peut-être est-ce une erreur.

Les débats sur la traduction d’expression anglaises (ou américaines) deviennent fréquents en ce moment. Je songe au débat sur la traduction de l’expression « digital stuffs » de l’article de Carl Lagoze. J’ai proposé « bidules » mais est-ce une bonne solution ? La réflexion s’est poursuivie également sur la liste du RTP-Doc et finalement je crois, comme plusieurs intervenants, que la meilleure solution est le bilinguisme. Pourquoi sans cesse traduire quand on sait que le risque de la traduction c’est la trahison ? D’ailleurs, je pense que nous ne devrions pas traduire toutes les séries étrangères qui sont diffusées sur nos chaines de télévision. Nos difficultés en langue viennent certainement de là quand on voit nos voisins scandinaves parfaitement bilingues. La langue française n’en sera pas menacée pour autant. Il faut noter que dans la blogosphère la langue française est plutôt pas mal représentée. Néanmoins l’anglais demeure la langue la mieux partagée. Ainsi le terme d’ « information literacy » est connu à l’international ce qui permet les échanges entre bibliothécaires, documentalistes et enseignants de tous pays autour de ce domaine. J'effectue ainsi régulièrement du tracking sur Technorati.

Il faut reconnaître que dans beaucoup de domaines scientifiques il est inconcevable de communiquer dans d’autres langues que l’anglais. Cela peut être à déplorer mais il est dommage que nous ne puissions pas faire part de nos idées sous prétexte que nous ne voulons et pouvons nous exprimer qu’en français. Je vois donc le bilinguisme comme une solution. Si les français communiquent plus en anglais, leurs idées pourraient être plus représentées. Mais cela ne signifie pas qu’il faille sans cesse écrire en anglais, au contraire. Certains de nos écrits demeurent bien meilleurs en français, alors il vaut mieux en donner des résumés en anglais. Et qui sait si nous devenons performants, nous donnerons peut-être envie à nos confrères internationaux, aux étudiants intéressés par nos travaux de se mettre au français.

Le bilinguisme ou multilinguisme vaut pour tout le monde. Mais il est clair qu’il est impossible de maîtriser tous les idiomes. Nous aurons donc toujours besoin de traducteurs. Néanmoins pourquoi ne pas s’interroger sur d’autres formes communicationnelles usant de représentations idéographiques mêlées à des techniques de mind mapping.

 

Le débat est ouvert.

Vous pouvez vous prononcer sur la question en répondant au sondage en bas à droite.

 Et réagir sur le forum :

http://gde.jexiste.fr/phpbb/viewtopic.php?p=10#10 

 

Les jeudis de la lecture : Quelques idées pour réconcilier les intérêts et les moyens.

En ces temps de querelles incessantes sur les méthodes d’apprentissage de la lecture, il est temps de tenter de réconcilier les intérêts, les envies et les moyens autour de projets communs. Il est évident que les activités de lecture sont fortement concurrencées et que les plus jeunes en pâtissent le plus ce qui n’est pas sans conséquence sur les capacités de lecture et écriture ainsi que sur l’acquisition d’une culture générale.
Pourquoi ne pas proposer une manifestation non plus annuelle comme « lire en fête » mais hebdomadaire. Il est clair que les évènements anniversaires sont à mon avis insuffisants pour impulser une dynamique sérieuse.
L’idée est donc de dédier un jour en particulier dans la semaine où les initiatives pour la lecture seraient accrues. Je propose le jeudi. Nous pouvons encore débattre là-dessus. L’idée du jeudi est sortie de mon esprit sans grande réflexion philosophique ou scientifique.

Le but est d’inciter à la lecture quelles que soient ses formes, du blog au roman en passant par la presse. Il est clair qu’il ne s’agit pas de privilégier le roman par rapport à toutes autres formes de lecture. Il est évident que la lecture s’accompagne de son pendant écriture et que je reste persuadé que le fait d’inciter à produire des textes et autres contenus même à diffusion limitée accroît l’intérêt pour les écrits des autres.

 

Que se passerait-il ?

 

Des manifestations seraient organisées ce jour-là dans les lieux adéquats. Nous pouvons envisager dès lors des fermetures de bibliothèque plus tardive avec des animations du style café-littéraire, débats, lecture à haute voix, etc.

Il en serait de même pour les librairies qui pourraient obtenir un droit d’ouverture prolongé le soir.

Les possibilités d’animation étant nombreuses, je ne vais pas les lister ici. Mais je pense que  ces journées  pourraient participer à l’enrichissement de bases de données collectives sur les livres et autres ouvrages. (cf. mon appel : construisons les bibliothèques numériques)

 

Pour que ces projets puissent avoir des effets, il faut envisager d’autres mesures que je livre ici un peu en vrac:

         Les publicités pour les livres seraient autorisées à la télévision ce jour-là.

         Les chaines de télévision devraient consacrer au moins cinq minutes de leurs programmes à la littérature ou ayant un lien avec la lecture.

         Les émissions de télévision à heure de grande écoute ayant un caractère non culturel  seraient contraintes de reverser 5% de leurs recettes publicitaires à un fond pour la lecture.

         Ce fonds permettrait d’augmenter les budgets des bibliothèques et pourrait être utilisées pour des remises de prix au sein de l’Education Nationale. Cela permettrait d’alimenter un fonds compensatoire pour les auteurs qui voient leurs ouvrages lus et empruntés en bibliothèque.

         La fiscalité sur le droit d’auteur devrait être revue pour être plus avantageuse. Nous pouvons imaginer des systèmes d’autant plus intéressant si l’auteur décide de laisser une partie de ces droits dans le domaine public.

         Les projets de bibliothèques numériques ont besoin de fonds. Pourquoi ne pas envisager une taxe BNE sur les loteries notamment européennes ?

         Des projets de recherches interdisciplinaires sur les méthodes d’apprentissage de la lecture seraient développés.  J’entends ici apprentissage depuis le plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte. Pour sortir des débats entre méthodes syllabiques, globales ou semi-globales, il serait intéressant d’étudier l’apprentissage des méthodes de lecture rapide et les techniques des schémas heuristiques fort intéressantes en ces temps de surabondance de l’information.

 

 

Il est encore possible d’imaginer plein d’autres solutions. Alors faites-part de vos idées sur le forum consacré à la question. Le but est de proposer une synthèse collective qui pourrait être envoyée notamment à nos gouvernants souvent en panne d’idées.

 

Téléchargements et droits d’auteur

Ce texte est la reprise d'un article écrit il y a peu près 2 ans. Je le propose ici avec quelques ajouts.
Le texte reste d'actualité avec la récente polémique face au texte voté à l'Assemblée Nationale.
Le texte d'origine est consultable ici
Je le reproduis sur le site en couleur bleue.
Les maisons de disques et autres éditeurs se plaignent des pertes encourues à cause du téléchargement sur Internet de films ou de musique. Il est évident qu'il faut tirer les conclusions d'un telle évolution. Les maisons d'éditions vont petit à petit perdre leur monopole sur la diffusion. De même, les incidences sur le droit d'auteur sont évidentes. Il existe cependant une solution : le doublement voire le triplement des droits de l'artiste. Cependant les droits d'auteur seraient réduits dans la durée. Une période de 5 ans voire 10 ans paraît convenable. Au delà, l'artiste garderait ses droits sur l'intégrité de son oeuvre mais abandonnerait ses droits financiers. Le but c'est de rétribuer les artistes à leur juste valeur au moment de la diffusion commerciale du produit. La période de 5 à 10 ans correspond à la durée "spectacle" du produit. Au delà, l'oeuvre rentrerait dans la sphère culturelle, sphère gratuite où chaque individu pourrait avoir accès gratuitement à la culture. Dès lors, seuls les téléchargements sauvages effectués durant la période de "spectacle" pourraient être exposés à des poursuites. D'autres moyens de diffusion des écrits et des musiques vont continuer à voir le jour. Il est probable que certains artistes passeront outre les diffuseurs traditionnels et vendront depuis leur site. Le prix de l'oeuvre connaîtrait une baisse significative et le pourcentage revenant à l'auteur deviendrait majoritaire. Cela constitue sans doute une menace pour les maisons de disque voire les librairies. Mais après tout il n'est pas choquant que ce soit les artistes qui soient enfin rémunérés à la hauteur de leurs oeuvres et non plus les intermédiaires. Les intermédiaires médiocres sont donc menacés, seuls les médiateurs de talents s'en sortiront. Mais il est clair que la mutation est en marche et que dans cette période d'interrogation les priorités sont le statut de l'artiste et le développement de la culture. Les velléités commerciales des intermédiaires passeront après. Le New Deal culturel commence…

Voilà ce que j'écrivais il n'y a pas si longtemps. Je crois aujourd'hui qu'il faut proposer des soltutions sérieuses de téléchargement légal pour les oeuvres qui sont encore dans la société du spectacle avec des forfaits mensuels. Je pense que la durée des droits d'auteur peut être ramenée à trois ans. Pour les oeuvres s'étant peu vendues, ces droits pourraient être prolongés jusqu'à ce que l'artiste est perçu une somme qu'il reste à fixer mais qui serait une rémunération perçue comme juste.
Certains artistes s'offusquent des amendements votés mais il manque sérieusement de réflexion sur leur travail. Leur succès vient du fait que les médias les mettent sur le devant de la scène. Cela ne signifie par pour autant qu'ils ont plus de talent que d'un chanteur lambda. Ils se plaignent mais oublient que beaucoup de personnes talentueuses écrivent, peignent sans recevoir des sommes extravagantes et ont un travail à côté.
L'oeuvre n'est pas forcemment commerciale. La culture ne passe pas nécessairement par une rétribution extravagante. Certaines sphères tentent de rendre le culturel hors de prix, notamment dans l'art contemporain. Il y a la volonté parmi ceux qui profitent du système de faire croire que la culture, que ce qui doit être écouté ou lu passe nécessairement par les médiateurs que sont les télévisions, les radios ou bien encore les maisons de disque. Il faut relativiser. Le téléchargement est un effet pervers de la légitimité fabriquée par ces médias.
Il est un danger bien plus menaçant pour ces grands groupes et artistes et que constituent l'Internet. C'est l'infime possibilité technique offerte à chacun de publier ses oeuvres littéraires ou musicales. Déjà il est possible de lire ou de télécharger des morceaux de musique de qualité parfois supérieure à ce que nous proposent les médias.
Tout n'est pas d'une qualité exceptionnelle sur Internet, mais sur la sphère médiatique c'est bien loin d'être le cas aussi.
Le problème est bien complexe et il n'y a pas que les artistes de la sphère médiatique qui peuvent s'estimer léser. Je n'ai rien contre la propriété mais trop de propriété c'est aussi voler. Franchement qui peut s'estimer de nos jours recevoir un salaire méritant ? Pas grand monde.
Alors quand je vois des artistes de renommée s'insurger, je suis perplexe. Sans doute n'ont-ils pas compris qu'ils ne sont que des marionnettes de la société du spectacle et que la loi que voulait faire voter le gouvernement était liberticide. Je crois qu'à l'inverse ils feraient mieux de s'investir d'avantage sur Internet. Enfin, je crois que bientôt les présentateurs télé qui sont payés grassement s'insurgeront aussi contre les podcast libres, les webtv et autres webradios.
Les temps changent et ce n'est pas toujours facile. Mais la liberté est à ce prix…Place au débat maintenant

Boycott du concours capes troisième voie ?

 

Ce texte rassemble deux de mes intervention sur la liste e-doc.

C’est une interrogation sur la dérive des troisièmes concours. Je demeure dans l’optique de la défense des diplômes et contre la mise en place de passe-droits n’impliquant pas une vraie validation d’acquis.

Intervention numéro 1 :

Il serait quand même bien que ce concours troisième voie soit plus clair. Il me parait même inégalitaire voire illégal. Il est en effet

injuste que des cadres C ayant une licence ne puisse pas le passer quand des personnes exerçant une profession dans le privé n’ayant rien à voir avec l’Education Nationale aurait ce droit. Je vois dans ce concours un grand mépris : d’une part pour les diplômés, d’autre part pour les fonctionnaires.

De plus, cela entraîne à nouveau des situations de passe-droit étranges. Le troisième voie était destiné surtout aux emplois-jeunes. Il ne devait donc pas durer dans le temps. Or les nouvelles conditions sont synonymes de pérennité.

Finalement il faut que nous demandions qu’une expérience dans l’Education Nationale ou dans un domaine proche soit inscrite comme condition obligatoire. De plus il faut que ces concours soient provisoires.

Si ces deux conditions ne devaient pas être réunies, seul un boycott des épreuves pourrait être la solution. Je lance donc le débat : comment faut-il donc réagir car le troisième voie tel qu’il est en train de devenir est une menace pour la fonction publique.

 

Suite à ces propos, d’autres personnes ont réagi arguant notamment que ma réaction résultait du corporatisme de l’Education Nationale.

 

J’ai donc tenté de leur répondre (intervention numéro 2) :

Bonjour,

J’ai bien lu les remarques des personnes qui souhaitent passer ce concours. Pour ma part, je suis pour que l’expérience soit prise en compte et validée. Seulement pourquoi un troisième concours dans ce cas ? Car c’est bien là que se situe l’inégalité. D’ailleurs en matière d’inégalité, lorsque j’étais en recherche d’emploi, j’ai été souvent recalé sur les profils d’emploi-jeune car j’étais trop diplômé et personne ne s’en offusquait. L’idéal serait que l’externe soit simplement plus ouvert avec plus de postes s’il le faut. Dans ce cas tout le monde serait sur le même plan d’égalité.

Je persiste à dire qu’il y a une menace pour la fonction publique à terme si ce genre de concours venait à se généraliser : troisième voie et titularisation via la loi Sapin.

Je sais aussi que pour beaucoup la réussite au concours constitue une fin en soi et que l’hétérogénéité des candidats serait positive. Mais il faut que les chances soient les mêmes pour tous, il n’y a aucune raison qu’un salarié ayant 5 ans d’expérience professionnelle soit privilégiée par rapport à un jeune candidat sortant de ses études avec une licence. J’ai le sentiment que les diplômes commencent de plus en plus à devenir un handicap en France ce qui explique sans doute la tentation des élites à s’exiler.

Pour ma part, je reste convaincu que le concours troisième voie reste inacceptable dans l’état et que le boycott risque d’être une des solutions. L’autre serait un recours administratif au conseil d’Etat à moins que des solutions de médiation ne soient proposées.

 

Pour conclure ces deux interventions:

 

Oui à l’ouverture des concours à un plus grand nombre pour que l’Education Nationale fasse rentrer en son sein des personnes de différents horizons, seulement il faut que les règles soient les mêmes pour tous.

A ceux qui répondent qu’il vaut mieux être passé par l’IUFM pour réussir le concours, je dirai que de nombreux candidats dont je fais partie l’ont réussi sans.

Malgré tout, les critiques sont bonnes à prendre et le concours doit permettre de mieux détecter des aptitudes qui peuvent s’avérer intéressantes pour la formation des élèves mais il est clair que c’est déjà un autre débat.

 

Le catalogage : l’art de décrire un livre sans l’avoir lu. Réflexions sur une nécessaire évolution des bibliothèques pour « sauver la lecture. »

Retrouvez l’article original sur l’ancien site avec les débats qui s’en sont suivis :
http://membres.lycos.fr/ledeuff/gde/article.php3?id_article=22

Critique du catalogage et avenir des bibliothèques. Quelques réflexions qui reviennent dans l’esprit du projet initial du guide des égarés.

Depuis quelques temps sur la liste Biblio-fr, certaines personnes s’insurgent du fait qu’elles sont jugées inaptes au métier des bibliothèques sous prétexte qu’elles ne savent pas cataloguer. Je les comprends. Je me souviens que lorsque je postulais en bibliothèque en tant que lauréat du concours de bibliothécaire territorial, je me voyais par fois reprocher mon manque de formation professionnelle. Malgré une maîtrise et licence d’histoire avec une mention documentation, il aurait mieux valu avoir un Dut probablement. Après quelques années passées en tant que documentaliste de collège, mon opinion n’a guère évolué. Les apôtres du catalogage me font bien rire. Le catalogage ne cessera d’évoluer au gré des progrès des logiciels. Bref, il suffit de savoir mettre les bonnes données dans les bonnes cases. Une tâche qui ne nécessite ni d’extraordinaires compétences intellectuelles et encore moins de compétences informatiques poussées. En clair, si vous savez vous débrouiller avec des logiciels bureautiques, vous saurez sans peine cataloguer.

 

Le plus absurde dans tout cela, c’est que le catalogage s’accompagne le plus souvent d’un vide étonnant : l’absence de résumé notamment en bibliothèque. Et oui, le catalogage est bien l’art de décrire un livre sans l’avoir lu. Le catalogueur n’est pas critique littéraire certes, mais le fait de cataloguer ne lui donne aucune supériorité qui mérite d’être autant soulignée lors des recrutements. A moins qu’il ne voie dans la classification Dewey une nouvelle bible dont il se ferait le plus pur exégète. Une personne ayant une bonne culture générale, une bonne pratique informatique et des facilités d’adaptation me semblent plus apte qu’un catalogueur inculte. Et puis le « progrès » se faisant, ses tâches de catalogage se verront de plus en plus automatisées et les nombreux catalogueurs disparaîtront petit à petit. Peut-être alors verrons- nous enfin apparaître les vrais médiateurs du livre et de la culture. Sinon, il est à craindre que tout ne se robotise à tel point qu’il n’ y ait plus beaucoup de personnel en bibliothèque. De toute façon, il faudra faire des choix. Mais à mon avis, il vaut mieux recruter des personnels dynamiques, cultivés, motivés et sachant s’adapter plutôt que des « techniciens » du catalogage voués à disparaître. Les « purs techniciens » qui resteront seront ceux qui sauront veiller à la conservation du media.

 

Je trouve pour ma part toujours scandaleux qu’il y ait autant de personnes en bibliothèque occupées à cataloguer. Il serait fortement intéressant de voir les moyens qu’il y aurait pour réaliser ainsi des économies d’échelle. Des personnes qui cataloguent pourraient se voir confier d’autres tâches plus intéressantes. (animations, expositions, conseils, etc.) La nécessité fait apparaître le besoin de recrutement de plus de cadre A. Et ces derniers devraient avoir une expérience de la recherche soit au moins le niveau maîtrise. Je ne vois pas comment on peut guider avec efficacité des chercheurs sans un tel niveau. De plus, il en va aussi de l’image du bibliothécaire et de sa considération. Il est grand temps d’en finir avec la paupérisation d’un lieu clef de la culture. J’ose affirmer que les bibliothèques ne sont pas assez considérées en France. La lecture que ce soit par n’importe quel support (livres, journaux, multimédia) reste le meilleur moyen pour apprendre. Il ne sert à rien d’augmenter le budget de la culture si ce n’est que pour favoriser le spectacle et les manifestations voyantes. La France prétend être un pays de culture. Et elle l’est sans doute. Seulement la lecture me semble en baisse notamment chez les plus jeunes. Un travail en commun doit être donc fait avec l’Education Nationale. Si on dispose de bibliothèques c’est pour que les livres y soient lus vraiment. Or, il faut constater que dans la chaîne du livre, plus grand monde ne semble vraiment lire les ouvrages. Depuis le processus éditorial qui laisse place de plus en plus à des coquilles en passant par le catalogage sans résumé jusqu’au lecteur emprunteur qui lira parfois au mieux la quatrième de couverture pour l’intégrer ensuite à sa bibliographie. Evidemment ce constat est un peu poussé mais il n’est pas totalement faux non plus. La lecture me semble par conséquent en danger. Je ne serai nullement choqué que soit compris dans l’emploi du temps du personnel travaillant en bibliothèque quelques heures de lecture obligatoire aboutissant à des résumés ou des conseils de lecture. Le responsable de la bibliothèque aurait pour charge de confier ainsi des lectures « obligatoires » à réaliser. Il faudrait que ce travail ne soit pas perçu comme une tâche ingrate mais au contraire qu’il soit gratifiant. On va me rétorquer que les vrais professionnels lisent beaucoup. Je suis d’accord. Mais je pense que beaucoup ne lisent pas assez. Finalement, la meilleure technique à apprendre ne serait pas le catalogage mais la lecture rapide.

 

Le ton est volontairement polémique. Le débat est ouvert…

P.S Cet article n’a pas pour but de critiquer les personnes qui passent l’essentiel de leur temps à cataloguer. Mais il s’agit de leur faire prendre conscience qu’une réorganisation du travail leur permettrait d’apporter un réel plus en bibliothque en sollicitant bien d’autres de leurs capacités.