Le ministère de l’industrie « culturelle » (enfin du spectacle)

Mission Olivennes – 23 novembre 2007

  • « Si le pirate récidive, l’autorité prendra alors des sanctions adaptées à la nature du
    comportement auquel il s’agit de mettre fin : la suspension de l’abonnement Internet,
    puis sa résiliation. Pour éviter que les pirates ne « migrent » d’un fournisseur d’accès à
    un autre, un « fichier des résiliés » sur le modèle du fichier des interdits bancaires de la
    Banque de France sera créé. » Il suffit de lire cette phrase pour s’interroger. Qui sont les vrais hors la loi? Apparemment les négociateurs ignorent les textes de base. Ce paragraphe est tout simplement anticonstitutionnel et anti-CNIL.
  • De toute façon, les technologies évoluent et avec les réseaux sociaux et les nouveaux espaces de stockage, de nouvelles stratégies d’échange vont se développer de plus en plus invisibles. La lutte se poursuit…

Pourquoi je reste sur Facebook…pour le moment

Evidemment, j’alimente là nouveau le buzz. Les différents billets intéressants sont déjà mentionnés par le « catholique chiite » de Facebook sur son blog. Facebook comme je l’avais écrit précédemment c’est Rennes-le-Château .

Bien sûr moi aussi je n’ai guère apprécié les publicités pour le front national, les problèmes de performance et les sites de rencontres qui apparaissent sur mon profil.

Mais cessons l’hypocrisie, Facebook a la mérite de fonctionner, d’être parfois efficace y compris en matière de veille même si j’y ai déjà dénoncé les risques accrus d’infopollution. Sans doute le modèle reste à affiner mais retirer aussi vite sa confiance revient sans cesse à rentrer dans un effet de zapping permanent un peu similaire à ce passage de l’autorité à la popularité où chacun de nous est dépossédé de la légitimité du prêtre et doit la gagner tel le prophète. A ce jeu là, les idoles ne durent guère de temps et la cybersphère ne peut que que nous conduire qu’à la tentation de l’érémitisme le plus complet. De toute manière, il sera difficile d’échapper à l’Arcadie. Par conséquent, ce procès d’utilisation des données privées pourrait être également fait au Dieu Google voire à d’autres organismes ou institutions.

Un réseau comme Facebook ne peut que tourner qu’avec de la publicité sauf si les membres acceptent de payer ce qui n’est pas le modèle en vogue sur le net. Facebook cherche lui aussi à offrir du temps de cerveau à ses publicitaires grâce à des stratégies d’économie de l’attention.

Le trésor de Facebook ce sont bien sûr avant tout ses membres et sans leur confiance le modèle ne peut pas fonctionner. Pourtant il existe des médias médiocres et où la publicité y est déversée et dont le modèle économique fonctionne parfaitement. Je songe à la plus puissante chaine européenne, TF1 : des programmes pas terribles et des publicités à gogo. Le net n’est certes pas la télévision et les comportements sont différents. Mais il faudra sans doute s’y faire, les gros médias du net useront de plus en plus de la publicité avec des stratégies plus fines que celles de la télévision.

Facebook suscite une controverse : c’est à mon avis excellent pour lui. On en parle encore plus, Facebook réagira probablement et proposera des améliorations se montrant à l’écoute de ses membres. Bilan, on en reparlera encore et encore. Une nouvelle fois, ce n’est pas uniquement les médias qui sont à critiquer mais ce que nous en faisons qui doit susciter l’interrogation. Mais je ne vais pas reparler ici de l’importance de la culture de l’information et de la communication.

Si je devais par conséquent quitter Facebook, ce serait pour mieux. C’est toujours possible. Pour ma part, j’aurais aimé que les universités imaginent des plateformes similaires inter- opérables entre elles un peu à l’instar de ce qui a été fait dans les  Ent. Une mashup de Elgg avec une dose de Portanéo mélangée avec une solution type facebook, voilà qui aurait de quoi séduire surtout si ces espaces réseaux pouvaient facilement se raccrocher avec des organismes type Anpe ou Apec. Les entreprises pourraient ensuite faire de même pour proposer des applications permettant de se raccrocher et ainsi de suite. Bref un modèle inverse de celui de Facebook reposant sur des architectures libres et ouvertes et bénéficiant de la participation de l’Etat. Le secteur privé pourrait se raccrocher par la suite en proposant des applications pour recruter, s’intéresser à la recherche, se faire connaitre et vice versa.

Je suis persuadé qu’il est encore possible de le faire. Il suffit de volonté politique et de collaboration efficace entre les diverses équipes. Mais avant il faut sans doute sortir du dogmatisme.

Du bon usage de l’INA ou les rouages administratifs appliqués au TICE

La base mise à disposition par l’INA est exceptionnelle et je m’en félicite.
Seulement voilà, son système de location et de téléchargement est catastrophique. J’avais ainsi loué une vidéo que je n’ai pu diffuser à mes élèves du fait que le serveur du logiciel qui authentifie les droits ne fonctionnaient pas ce matin là.
La tentation d’user des réseaux P2p est alors forte sachant que je ne suis pas le seul à rencontrer des problèmes de ce genre. Tant que la voie légale sera plus complexe et peu efficace, ce genre de pratiques n’a aucun avenir.
J’ai voulu tester la possiblité d’ajouter des vidéos à son blog offerte par le web pédagogique et j’ai renoncé : la démarche est trop longue et peu motivante surtout lorsque l’on connait la facilité offerte par youtube ou dailymotion. En effet, il vous faut vous connecter avec un autre compte que le votre sur INa, ajouter la vidéo aux préférées et ensuite envoyer un mail à l’administrateur du web pédagogique pour obtenir si possible un code dans les 24 h! Bref les rouages administratifs appliqués au TICE. Bref, on croît rêver ou cauchemarder.
L’idéal serait que l’INA signe un accord avec l’éducation nationale comme pour lesite.tv, ça me paraît plus efficace.
A force de vouloir protéger sans cesse les ayants droits, on aboutit à l’effet inverse et c’est bien dommage.

Les implications pédagogiques des TICE

Copie du message envoyé sur le site de l’université numérique. J’ai un peu extrapolé en dehors de l’unique sphère universitaire.

Il ne faudrait pas renverser le problème, les outils ne doivent pas dicter les nouveaux usages pédagogiques. Néanmoins, l’enjeu implique une redéfinition pédagogique totale des objectifs et des moyens. Le développement des TICE constitue une évolution à prendre en compte mais ce n’est pas la seule puisqu’il faut également prendre en compte les évolutions sociales, économiques, etc.

Il faut également songer aux mutations liées aux réseaux sociaux et aux web 2.0 et à l’affaiblissement des autorités traditionnelles qui s’accélère pour laisser place à la popularité et aux stratégies d’influence. Cette situation rend de plus en plus le cours magistral classique sans support de cours quasi caduque.

Les NTIC permettent d’envisager de nouveaux types de relations pédagogiques mêlant les différents scénarios depuis le présentiel jusqu’au tout à distance. Que ce soit en primaire, au secondaire ou à l’Université, la relation maître-élève demeure primordiale même si cette dernière n’est pas exclusivement réalisée en présence directe.

Il faut dès lors utiliser les NTIC pour parvenir à :

Mieux individualiser la pédagogie grâce à des constructions de parcours évolutifs : la granularité de l’élément pédagogique facilitant les divers agencements.

Mieux percevoir les traces et trajets pédagogiques des apprenants ce qui permet à l’enseignant de faire évoluer son cours et de remédier plus précisément aux difficultés de l’élève.

Diminuer la part de magistral, grâce à des pans de cours en ligne, pour se consacrer à l’explication voire à l’expérimentation.

Renforcer la motivation des apprenants via les systèmes de portfolio qui constituent des traces des réalisations et qui impliquent une progression réelle détachée du simple objectif de performance des évaluations notées.

Faciliter la mutualisation des travaux des enseignants et les diverses mises en commun.

Mettre en place une intelligence au moins collaborative si ce n’est collective pour construire à plusieurs des projets ambitieux.

Pour cela, il faut sans doute sortir des visions disciplinaires actuelles et des cloisonnements qu’elles engendrent. Le projet didactique et pédagogique doit être dès lors revu et le dualisme dominant maths-français du secondaire sérieusement remis en cause. L’ambition est la transmission d’une véritable culture de l’information et de la communication qui permette à chaque élève de disposer un esprit critique qui lui permette de sélectionner et de synthétiser l’information mais également de pouvoir communiquer efficacement en tant que citoyen mais également professionnel.

Débranche !

Non ce billet n’est pas un hommage à la chanson de France Gall mais une réaction envoyée sur la liste cdidoc à propos de l’émission ripostes où une documentaliste signalait les propos d’Alain Finkielfraut qui pensait qu’il fallait mieux débrancher les élèves car ils avaient un esprit critique insuffisant. Elle notait également le fait que certains critiquaient les efforts trop nettement employés pour aider les 15% en difficulté.

Je crois que les deux thèses ne sont pas si mauvaises. En effet, je plaide aussi assez souvent pour le « débranché » qui est fortement utile et oblige les élèves à lire, analyser et synthétiser. Par contre je suis pour l’usage réfléchi et efficace des TICE ce qui n’est pas toujours le cas. Notre système n’est pas parvenu encore à en tirer la pleine quintessence du fait du manque de maîtrise technique des outils des enseignants mais aussi par manque de réflexion pédagogique quant à leurs usages. Dans les deux cas (débranché ou branché), il faut qu’il y ait une réelle stratégie pédagogique derrière. De plus, si ce n’est pas l’Ecole qui forme à l’esprit critique sur Internet, qui le fera. Plaider pour un débranchage absolu est donc une hypocrisie totale car nos élèves se connecteront chez eux.

Quant aux efforts dépensés sur les 15%, il faut quand même constater que l’on dépense beaucoup d’énergie en pure perte en heure de soutien, en colles, punitions, réunion avec les parents, etc. Au bout du compte, les élèves moyens et les meilleurs en pâtissent car leur progression est freinée. Sans compter, que les enseignants s’épuisent en cours avec les plus récalcitrants en passant trop de temps à tenter de se faire écouter. La solution consiste à imaginer un collège multiple dans la lignée du collège unique mais prenant en compte les évolutions. Il convient donc de créer plus de structures de style segpa pour faire progresser les élèves en difficulté et qui ne ralentiraient pas dès lors les autres classes. Cela nécessite donc des moyens supplémentaires et des enseignants formés dans ce but. Très souvent lors des heures de soutien, les enseignants ne parviennent guère à faire évoluer ces élèves car il faut utiliser des méthodes différentes. Pour parvenir à ce système, il est à mon avis urgent d’établir un examen en fin de cm2 ce qui motiverait les élèves de primaire et qui permettrait en juin de préparer la rentrée suivante au collège et de connaître les élèves devant être orientés en section spéciale. L’examen rendrait de fait le refus de l’orientation par les parents impossible. L’égalité républicaine doit aider l’élève à tirer le maximum de son potentiel, cela est valable pour l’ensemble des élèves.
Ensuite, selon moi, il faudrait réduire les cours à 45 minutes (dans mon collège, ils sont actuellement de 50 minutes ce qui n’est pas l’idéal à mon avis) ce qui permettrait de dégager du temps pour des heures à effectif réduit qui ne serait pas du soutien mais du défi et qui s’adresserait à l’ensemble des élèves afin de les faire progresser ce qui se fait déjà chez nos collègues finlandais.

 

update du 28/10/2007 : l’article d’affordance à ce sujet.

Vol au CDi

Désormais les voleurs se mettent en scène et ne se cachent même plus, au contraire :
http://fr.youtube.com/watch?v=nE-d0joXNIs
C’est un peu dans la lignée de ce que je ressens parfois, les élèves ne cherchent même plus à se cacher. La vidéo fait débat sur la liste cdi-doc actuellement.
Est-ce la conséquence du triomphe de la société du spectacle sur celle de la culture ? Probablement surtout que la confusion entre les deux est entretenue par les médias et les politiques puisque tout serait devenu culturel.
La crise de la culture ce n’est pas le vol d’un livre, c’est sa mise en scène pour le spectacle, pour la performance et l’éphémère. Le voleur ne cherche pas à profiter de son larcin en tentant de s’en emparer de son contenu intellectuellement. L’objet livre est ici réduit à une triste performance, choisi au hasard, victime du passage du savoir au c’est à voir…

Internet est-il vraiment mort et ennuyeux?

Je réagis à l’article  de Mark Cuban.
Ce dernier est un peu provocateur et considère que l’Internet n’évolue guère en dépit du web 2.0. Il y voit  comme une stabilisation du système qui devient véritablement utile pour les internautes, en quelque sorte un processus de concrétisation si on se réfère à Gilbert Simondon. Selon lui, l’Internet est comme une énorme autoroute où les usagers peuvent aller aussi vite qu’ils peuvent jusqu’à ce que l’on leur demande de ralentir.
Evidemment, je ne partage pas ce point de vue surtout que selon l’auteur, l’Internet ne va pas beaucoup évoluer dans les cinq prochaines années. Or tout nous indique que l’Internet va se transformer encore et quitter le seul espace du web. De plus, la comparaison avec l’autoroute est depuis fort longtemps dépassée.
Ces propos s’inscrivent dans une tendance américaine à la critique de l’Internet dénonçant sans doute avec raison un culte de l’amateur mais souvent avec excès notamment pour gagner l’estime des « anciennes » autorités qu’elles soient étatiques ou médiatiques. En quelque sorte, le traditionnel et rassurant « nihil novi sub sole » ressurgit. Et pourtant ça change, c’est évident.
D’autre part, je n’ai pas le sentiment qu’Internet est vraiment ennuyeux au contraire. Il devient chronophage à l’excès, mêlant la culture du pitre et ses vidéos drôles voire étonnantes, les réseaux sociaux et leurs richesses et leur inutilité, la diversité des informations de la blogosphère et notre incessante incitation au commentaire. En fait, on ne s’ennuie pas vraiment à tel point qu’il déborde sur notre vie réelle au point d’entamer le processus de fusion « réel-virtuel »

La culture du pitre

Je vois de plus en plus se développer notamment avec l’accroissement du succès des plateformes de vidéos en ligne l’avènement de la culture du pitre.
Dans ce passage du savoir au c’est à voir, c’est la culture de l’information qui se voit concurrencée par la culture du pitre pour ne pas dire du pire parfois. Mais nous sommes tous confrontés et attirés parfois par ces courtes vidéos cocasses. On en oublie mais parfois…on en recherche. Récemment j’étais sur un forum dédié à un club de football, et un forumiste posait plusieurs questions sur une vidéo drôle qu’il voulait retrouver. Il ne fallut guère de temps pour qu’un autre forumiste lui indique où la visionner. Reste à savoir s’il avait mobiliser des habiletés documentaires où bien s’il se souvenait du lieu où se trouvait les vidéos… Sur le forum en question, la partie consacrée à cette culture du pitre se nomme « du lourd sur Internet » ce qui démontre tout de même la prise de conscience de la qualité de ces vidéos qui circulent de manière virale.
Tout cela ne serait finalement guère inquiétant si ce n’est qu’il apparait que les citoyens sont moins bien informés qu’avant l’apparition du web. C’est en tout cas ce que démontre une enquête américaine.
Derrière cela, c’est bien le volet citoyen de l’information literacy qui est menacé. Cela démontre aussi que l’infobésité ne facilite pas l’accès à l’information et à la culture. Je pense qu’en France, le phénomène doit être similaire. D’ailleurs l’augmentation du budget du ministère de la culture n’a jamais induit une augmentation parallèle de la culture des citoyens sans doute aussi parce que tout est devenu culturel et que la société du spectacle s’est un peu vite érigée en société de la culture.

Bibliothèques numériques, Web2.0

La fin du site « mauvais genres » crée par Bernard Strainchamps  a laissé un vide qui n’est pas comblé. Il manque une source de commentaires et de réflexions sur les œuvres au sein des bibliothèques et pas seulement en ce qui concerne le polar ou la science-fiction. Cela m’a incité à rapprocher ce manque évident des possibilités offertes par les bibliothèques numériques. J’en appelle aux institutions des bibliothèques ainsi qu’aux élus. Il est temps de réagir. Dès aujourd’hui la réflexion autour des bibliothèques numériques doit s’engager sérieusement. Des actions peuvent déjà être menées à mon avis.

L’article de Carl Lagoze [1 ] nous montre tout l’intérêt de la bibliothèque numérique mettant en avant sa valeur ajoutée :

« (..)les bibliothèques numériques devraient concurrencer et surpasser de façon singulière les bibliothèques traditionnelles. En ce sens, elles devraient être bien plus que des moteurs de recherche. Comme toutes bibliothèques, elles devraient intégrer un haut degré de sélection des ressources qui remplissent les critères relevant de leurs missions. Il faudrait aussi qu’elles fournissent des services, comme la recherche, qui facilitent l'utilisation des ressources par leur communauté-cible. Mais, libérées des contraintes physiques d'espace et de support, les bibliothèques numériques peuvent mieux s'adapter aux communautés qu'elles servent et mieux les refléter. Elles doivent être collaboratives, en permettant aux utilisateurs de contribuer et d'apporter du savoir,  de façon active à travers des annotations, des compte-rendus de lecture etc., ou bien de façon passive à travers leurs profils d’utilisateurs. En outre, elles devraient être contextuelles, illustrant ainsi le réseau extensible des relations et des couches de savoir qui se tissent autour des ressources. De la sorte, le noyau de la bibliothèque numérique devrait être une base d'information évolutive, navigant entre la sélection professionnelle et la "sagesse des peuples". »

Par conséquent je pense qu’il serait grand temps de mettre en place un serveur permettant de mettre à disposition des résumés d’ouvrages et la possibilité pour les lecteurs d’ajouter des commentaires. Les sites comme amazon.com ou allocine.fr nous donnent quelques exemples de fonctionnement mais ce sont des sites à caractère commercial. Mais ils ont parfaitement compris la logique économique de la bibliothèque et tire des bénéfices de ce que Cris Anderson a nommé « The long tail ». La traduction est disponible ici.

Je crois que c’est aux institutions publiques de réagir avant que le privé ne s’en empare pour en faire un but lucratif.

 

La bibliothèque numérique doit avoir du contenu supérieur au travail effectué par les moteurs de recherche comme Google. Google n’a pas résolu le problème avec ces projets de numérisation. Il ne s’agit pas de réunir un maximum de fonds pour un moteur européen (quaero) dont on ne sait quelle sera sa réussite réelle mais dont on sait qu’il aura nécessité des fonds des milliers de fois supérieurs à l’algorithme de Google. Il ne sert à rien de courir après en partant avec des années de retard. La force de Google est de toujours devancer les autres. Il nous faut donc en faire autant avec les bibliothèques numériques. Il nous faut l’imaginer. On peut s’inspirer de la vision de Michel Fingerhut   :

Je la verrai, cette bibliothèque, plus proche de ce qu’Amazon met en place que Google (et peut-être pour ce que fera Microsoft avec les fonds de la British Library qu’ils numériseront en 2006) : un dispositif multiculturel, multilingue réparti (des fonds en réseau12), intégré13, polymorphe, extensible, recomposable et personnalisable, prenant acte de ces évolutions, pour le référencement, la gestion, l’organisation, la circulation et la diffusion de documents de nature différente (texte, image, son…, pour certains numérisés pour d’autres non) et de ressources numériques choisies, témoins inaltérés du passé qui se constitue ; contenant des métadonnées de bonne qualité1; proposant des moyens de recherche multiples (par index, par texte intégral, par langage naturel, par réseaux sémantiques et sociaux…), intuitifs ou avancés ; permettant à chaque utilisateur de s’en faire « son » catalogue, qu’il pourra renseigner sur la pertinence des réponses fournies, et ainsi l’orienter vers ses propres critères plutôt que ceux du dispositif sous-jacent ; lui offrant les moyens de s’approprier les contenus, de les organiser et de les enrichir ; de communiquer à propos de ces contenus avec d’autres usagers, sur place ou à distance. »

Cette vision va parfaitement dans mes premiers textes du  projet du guide des égarés écrit en 1999 ainsi que du projet sefira. Je ne pense pas avoir été pris au sérieux à l’époque. Désormais les temps ont changé et la bibliothèque doit s’enrichir de contenus interactifs et de personnels qualifiés dans ce type de projets.

Plusieurs projets techniques peuvent être envisagés. Je crois qu&
rsquo;un serveur permettant l’accès personnel à des ressources numériques permettant d’y ajouter commentaires et annotations pourrait être mis en place facilement. Un « Gallica » amélioré et augmenté en quelque sorte. Mais cela ne suffit pas. Une base de données sur les ouvrages et autres contenus multimédias pourrait être mis en place à l’instar du système de commentaires de films d’allocine.fr. Chaque fiche comporterait un lien avec un catalogue genre « sudoc » qui permettrait au lecteur de localiser la bibliothèque la plus proche qui possèderait l’ouvrage ou le lien vers l’œuvre si elle est disponible. Il est évident aussi que la durée des droits d’auteur est bien de trop longue et que bientôt les livres seront autant partagés sur le p2p que films, musiques et autres logiciels. Les systèmes de lecture sur interface numérique vont se développer et l’équivalent des Ipod deviendra monnaie courante. Le livre papier demeurera mais se concentrera sur ses qualités principales et premières d’objet précieux et esthétique (livres d’art et d’illustration). Il y aura par conséquent de plus en plus d’ouvrages en accès libre et direct.

Le système permettrait également le développement des « réseaux sociaux » et laisserait place aux débats interactifs. Tout est possible à imaginer, des « digital stuff » ou « bidules interactifs » pourront encore être ajoutés au fil du temps. Il faut simplement envisager des systèmes dynamiques et évolutifs dans le genre de ces nouvelles technologies que l’on appelle en ce moment Web 2.0.

 

Je crois que c’est surtout dans ce genre d’applications qu’il est temps d’investir. Si nous ne réagissons pas assez vite, des entreprises comme Google en profiteront. Alors j’en appelle aux dirigeants des différentes bibliothèques ainsi qu’aux élus pour mettre en place les bibliothèques numériques de l’avenir. Je crois que la communauté des spécialistes de l’information et de la documentation, des lecteurs, des internautes et bien d’autres encore sont prêts à la soutenir.


 

[1] La traduction est de Frédéric Martin.

Il y a débat sur des termes pas évidents à traduire, notamment « digital stuff » :

http://artist.inist.fr/article.php3?id_article=250#forum243

[2] Michel Fingerhut, Outils personnels et outils publics, la fin d’une frontière ?

http://mediatheque.ircam.fr/articles/textes/Fingerhut05d/

 

Bilan des sondages


Le succès du guide des égarés est devenu grandissant depuis que j'ai choisi de passer en site dynamique. Fin 2004 j'avais d'abord opté pour Spip, puis un an après j'ai refondu le site sous Joomla qui est plus esthétique et qui comporte plus de modules intéressants dont notamment les sondages. Vos visites sont de plus en nombreuses et le nombre élevé de réponses aux questions permet d'avoir des résultats intéressants.

Le premier sondage proposé ne  fait que démontrer la domination écrasante de google qui ne faiblit pas. Il est le moteur de recherche favori à plus de 85% ! Exalead parvient à émerger à 7,4 % mais c'est encore bien faible. Les alternatives à google ne sont donc pas encore évidentes si ce n'est les métamoteurs de recherche.

Le second sondage  montre que les flux rss ne sont pas encore utilisés par la majorité des professionnels mais que la tendance est à la hausse. Il est clair que ce mouvement d'abonnement à des ressources est une des principales nouveautés de l'internet de ces dernières années et que ce système est devenu indispensable pour beaucoup d'entre nous. Les agrégateurs de news et les pages  personnalisées ont donc un bel avenir.

Le troisième sondage concernait principalement les enseignants-documentalistes. Il démontre l'écrasante volonté d'enseigner l'information documentation aux élèves. Il reste à savoir comment et sous quelles formes et avec quels contenus. Faut-il aller vers plus d'enseignement et plus de légitimité institutionnelle ou bien continuer à bricoler? Le doute est présent en tout cas comme nous pouvons le constater ici. Les enseignants-documentalistes semblent conscients néanmoins que les NTIC ont fait évoluer la profession.

Les NTIC évoluent certes mais le concept web 2.0 reste inconnu de beaucoup d'entre vous , ce n'est pas faute d'en parler sur ce site pourtant. Il me semble qu'il est impossible d'y échapper si on surfe un peu sur le cyberespace depuis quelques mois notamment sur les sites et blogs qui évoquent toutes ces questions allant des bibliothèques numériques jusqu'à l'évolution de l'information sur Internet. Il est clair que beaucoup d'entre vous doivent se mettre à jour même si certains diraient que le concept web 2.0 est un mot valise. Enfin, ce n'est pas tout, bientôt dans un article du BBF, je vous parlerai de folksonomies…

Autre question posée, et qui si elle a suscité moins de réponses et moins de visites sur ce site que d'autres, a quand même fait parler :

Faut-il traduire information literacy :

   

Faut-il traduire "information literacy"
Oui, mais par quoi ?
82   46.6%
 
Oui par "Maitrise de l'information"
65   36.9%
 
Non
29   16.5%
 

Nombre de votants  :  176

Le terme de maîtrise de l'information a beau rencontré un fort succès, il ne fait pas l'unanimité. Il reste que vous souhaitez majoritairement une traduction. Je m'étais pour ma part prononcer plutôt contre. Finalement, je me demande si "culture de l'information" ne serait pas plus adéquat et plus riche de sens s'il fallait choisir une traduction. Peut-être un futur sondage ?

Je continuerai donc à proposer des sondages sur ce site, mais peut-être avez-vous des idées à soumettre ?