Prise de conscience des dangers

  • La conscience des dangers semble s'accroître chez les plus jeunes selon une étude anglaise. Seulement, je pense que cette conscience est encore imprécise et qu'elle n'est pas nécessairement prise au sérieux du fait que les adolescents vivent au jour le jour et que leurs projections dans l'avenir sont encore faibles qu'ils ne songent pas aux traces qu'ils laissent.
    D'autre part, les dangers ciblés sont encore trop axéés sur une vision à la action innocence et pas assez placée sous l'angle de l'éducation critique.
    La culture de l'information devient ici primordiale en étant aussi importante que la computer literacy et ses développements B2I et C2I et les discours technophobes qui s'avèrent tout aussi inefficaces que les discours technophiles enchanteurs qui surfent sur l'idée facile de révolution qui n'explique rien mais qui facilite les discours commerciaux.
  •    source :

    TIC et éducation au Canada : l’Infobourg

    Dico de l’infodoc : des notions pour une didactique de l’information

      • Bravo et merci pour ce travail fort utile pour les professionnels et les aspirants à la profession. Pascal Duplessis et Ivana Ballarini-Santonocito apportent plusieurs pierres à l’édifice didactique de l’information-documentation. L’information est également commentée par Alexandre Serres sur urfistinfo.

      • Le chantier n’est qu’au début mais il y a de plus en plus de personnels qualifiés sur la barque infodocumentaire qui vogue sur les flots de l’infopollution et qui évite tant bien que mal les coups de canon venant parfois d’autres navires…

    • SavoirsCDI. Dictionnaire des concepts info-documentaires, sommaire

    On the road again : prévention informationnelle

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    Les accidents semblent moins grâves mais les autoroutes de l'information sont parfois dangereuses. La société de l'information est désormais bien en place mais il n'y pas de panneaux qui incitent à la prudence, au ralentissement, au danger, etc.
    Les usagers sont persuadés de tout maîtriser en ce domaine, notamment les plus jeunes.
    J'entendais d'ailleurs dernièrement des étudiants converser à propos d'une séance de formation de recherche d'information et d'utilisation de la bibliothèque dire : "A quoi ça sert? Tu vas sur Google et puis c'est bon" (sic)
    Le problème de l'information literacy et de la formation à la recherche d'information et de son évaluation c'est que tous les usagers sont persuadés de ne pas en avoir besoin. D'ailleurs il n' y a même pas de permis. Vous me direz il y a bien les b2i et les c2i, mais l'accent est plutôt mis sur l'aspect informatique qu' informationnel.
    Il est par conséquent difficile de convaincre des étudiants et j'en ai eu la désagréable sensation récemment face à un amphi peu motivé par mon discours.
    Faut-il par conséquent faire de la prévention informationnelle et adopté une campagne choc du genre :
    "Kévin a copié entièrement son devoir sur un site où les informations étaient fausses : bilan 0/20!"
    "Kévina a mis en ligne ses dernières photos de vacances assez dénudées et son agresseur a pu retrouver son lieu d'habitation. Aujourd'hui, elle ne blogue plus, le wi-fi ne fonctionne pas dans le cimetière."
    "Gustave apparait complètement ivre sur un site où son nom figure sur la photo. Un employeur potentiel a écarté sa candidature après une simple recherche sur son nom sur Google."
    "Thierry a créé son site car il est doué en applications web. Les textes, les images, les photos et vidéos utilisés n'étaient pas libre de droits. Il est poursuivi pour violation de propriété privée."
    "Daniella a une réputation pas facile à assumer depuis que circule une vidéo d'elle sur youtube."
    "Bertrand a acheté des produits dopants sur un site américain. Il n'a pas lu les notices explicatives par ailleurs écrites en anglais. L'arrêt cardiaque a été fatal."
    "Ursula a prétendu qu'elle n'avait rien trouvé sur Internet pour son exposé. Outre le fait qu'elle ne connaissait guère l'utilisation du dictionnaire, son illetrisme ne lui a guère facilité sa recherche."

    On peut trouver plein d'histoires dans ce genre véridiques, certaines étant parfois grâves.
    Si cela peut sembler un peu extrême, je pense que pour ma prochaine intervention, je n'hésiterai pas à en faire usage car il faut frapper les esprits, n'est-ce pas?

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    Documentalistes, information-literacy et enseignement

    Et si on faisait fausse route ? En luttant pour une reconnaissance, nos cherchons à calquer nos modes de travail sur les autres en espérant devenir une discipline comme les autres. S’il est vrai que c’est comme cela que ça fonctionne de manière institutionnelle, ce n’est pas vraiment le cas au niveau pédagogique et au niveau intellectuel. J’étais moi aussi favorable à une agrégation en documentation comme le proposait Le Coadic. C’est peut-être une des solutions. Mais elle présente le risque de la division et ce qui est finalement pire d’ « embourgeoisement » de la discipline. Finalement j’ai réexaminé la question autrement. L’agrégation a-t-elle encore un sens ou sa place aujourd’hui dans le système éducatif. La réponse est non. Il ne faut pas d’agrégation en documentation car il ne faut probablement pas d’agrégation du tout.

    Concernant l’information-documentation, le niveau purement théorico-disciplinaire doit demeurer surtout au niveau universitaire même si quelques notions peuvent être évoquées avant. Quant au lycée, il faut envisager des cours d’information-communication en seconde, devenant optionnel en suite avec des cours de communication et de journalisme. Je pense que nous devons être également présent dans la réforme nécessaire de la section littéraire où nous pourrions participer à des projets de productions de contenus et donner des cours sur des thèmes comme par exemple l’histoire de l’Internet jusqu’à comment être lu sur Internet. Le développement des blogs, des podcasts et autres moyens de communication rend nécessaire ces cours. Il est clair qu’il nous sera reproché peut-être ici une américanisation du système puisque les enseignements de communication sont plutôt anglo-saxons.

    Pour ce qui est du collège, il faut tout repenser à la « manière finlandaise ». Je renvoie pour cela à « mon projet » de reforme de l’Education Nationale. Le collège se doit d’être plus trans-disciplinaire notamment en sixième-cinquième.

    Des changements technologiques en marche et à venir.

    Les premiers mythes évoqués au début de l’Internet sont en train de devenir concrets.

    L’enseignement des méthodes de recherche d’informations, de classements, de compréhension de l’information, de productions d’écrits ou de documents multimédias devient une nécessité à l’heure où l’on parle de Web2.0. Chacun doit devenir son propre documentaliste, l’information se personnalise mais chacun aussi peut produire des documents. Dès lors le rôle du documentaliste ne sera pas seulement de mettre à disposition livres, revues et accès à Internet. Son rôle doit être de former à la maitrise de l’information et de la communication. L’information literacy va devenir incontournable et il est clair que peu d’enseignants y sont préparés y compris parmi les documentalistes. Il ne suffit plus de savoir gérer une base de données et de connaître les classifications Dewey et CDU. A l’avenir les classifications seront personnelles et les outils que sont les agrégateurs de flux Rss, les logiciels de signets et favoris, les blogs, les CMS, les métadonnées, les techniques de podcasting, le mind-mapping, les logiciels de cartographie de l’information sont autant de notion qu’un documentaliste ne devrait pas ignorer. Et pourtant combien de nous peuvent se targuer de maîtriser toutes ces notions et technologies ?

    La maîtrise des outils et techniques.

    Or, c’est bien l’avenir du document numérique qui doit nous préoccuper aussi. Je ne vois pas comment nous pouvons prétendre transmettre des savoirs et des connaissances sans mettre les mains dans le cambouis. Comment peut-on prétendre connaître quelque chose aux nouvelles technologies de l’information et de la communication si on n’a jamais utilisé un blog, si on ignore les CMS et les agrégateurs de flux ? Il ne peut y avoir d’enseignement sans maitrise technique réelle des outils. Déjà beaucoup d’élèves ont des pratiques plus avancés que bien des enseignants.

    Une base théorique solide.

    De même il ne peut y avoir d’enseignement sans connaissance théorique en matière d’information-communication voir en sciences de l’éducation. Combien d’entre nous possèdent ou s’interrogent sur ces sujets ?

    Quel avenir pour le lieu physique CDI ?

    Il ne faut pas se voiler la face. Une discipline réelle se construit actuellement même si c’est une « transdiscipline ». Elle concerne toute la chaine du document de sa création à sa mise à disposition. Ce n’est donc pas du virtuel. Il nous faut donner à l’élève les capacités techniques et intellectuelles de la maîtrise de ces outils. Le B2i est un déjà un moyen intéressant mais il est insuffisant. Peut-être que des cours de formation doivent être également donnés à un niveau méta au niveau des enseignants. Cette transdiscipline va être confrontée à un sérieux problème : le manque de formateurs compétents si cela ne change pas au plus vite. Je pense pour ma part qu’il s’agit d’une voie à prendre pour les documentalistes motivés. Le lieu CDI va continuer à évoluer et se transformer mais la généralisation des portables avec accès à l’Internet, les ENT ainsi que les manuels numériques vont changer la donne. Le documentaliste sera sans cesse court-circuité et le lieu CDI de plus en plus déserté. La même menace existe aussi pour les bibliothèques. Les bibliothèques de romans resteront encore un peu attractives pour quelque temps. Mai
    s d’ici peu un outil performant remplacera le livre papier et nous liront sur des écrans agréables. D’ailleurs la numérisation est moins onéreuse que la construction de très grandes bibliothèques. Cette disparition programmée des lieux physiques de savoir est parfois perçue par des personnes au sein de l’Education Nationale. Des projets documentaires d’établissements sont alors conçus. Mais c’est surtout une vision administrative du problème qui éloigne le documentaliste de sa tâche pédagogique et qui aboutit à une tension insupportable entre rôle pédagogique et rôle administratif symbolisée d’un côté par l’existence du Capes et de l’autre par notre appartenance à la vie scolaire via nos inspecteurs.

    Personnellement je m’interroge sur la crédibilité de ces derniers. Comment peuvent-ils nous juger ? C’est un peu comme si on demandait à des juristes d’inspecter une centrale nucléaire. Et pourtant c’est ce que l’on fait.

    Mais ici ce qui risque d’exploser c’est l’incompétence de nous tous face à des technologies passionnantes mais qui commencent à nous dépasser. L’humain doit maitriser la machine sans quoi les manipulations seront plus aisées pour les initiés.

    Mission impossible ?

    Le problème c’est que toutes ces propositions nécessitent une réforme totale du système. Seulement est-elle possible ? Il est clair que les réformes sont difficiles à mettre en œuvre du fait des positions contradictoire sur le système, mais du fait aussi que les positions institutionnelles que sont les disciplines ou les corps de professeurs sont tenaces. Or elles n’ont plus lieu d’être et ne sont les symboles que de corporatisme et d’inégalités flagrantes.

    Il est vrai malgré tout que si on devait se contenter d’une reconnaissance uniquement disciplinaire, nos moyens de transmettre aux élèves seraient quand même accrus. Je crois qu’il faut quand même plaider pour une refonte totale. Et si nous devions ne pas réussir pleinement, les retombées sur la « discipline » seraient quand même présentes. Il est évident que l’obtention de l’agrégation dans certaines disciplines ces dernières années n’était avant tout qu’une volonté « disciplinocorporatiste » quand elle n’a pas été un moyen d’attirer du personnel compétent notamment dans les disciplines technologiques aujourd’hui en difficulté d’ailleurs. Mais il est clair qu’il faut continuer à militer et à proposer. Si nous ne parvenons pas à tout changer, notre impact voire notre capacité à gêner nous permettra au pire d’obtenir des avantages institutionnels et des moyens supplémentaires pour former les élèves de manière plus efficace car il est évident que nous ne pouvons plus continuer à « bricoler » sans cesse.

     

    La nécessité de former à la documentation

    Les adeptes du bookcrossing mettent un peu de nostalgie dans nos anciennes méthodes de recherche. Autrefois nous cherchions au sein de la bibliothèque parmi les rayons le livre qui allait nous faire vibrer. Parfois un nom d’emprunteur sur une carte pouvait nous convaincre de notre bon choix. Il est encore possible heureusement d’errer et de chercher par hasard un livre intéressant. Nos recherches sur Internet peuvent parfois s’avérer également fructueuses par le jeu d’un pur hasard. (concept de serendipité d’Olivier Ertzscheid)

    Cependant le déplacement physique pour accéder au document se fait rare, d’où l’intérêt du bookcrossing qui peut nous entraîner d’aventures en énigmes et dont le but final est un livre. En quelque sorte c’est un moyen de retrouver la valeur des choses. Mais il faut dire que ce petit jeu n’exclut par le monde d’Internet puisque les indices pour retrouver le livre figurent souvent sur un site. Une nouvelle hybridation fort intéressante qu’il faudrait peut-être étudier pour inciter les élèves à la lecture. Quoique ce ne soit pas gagné car l’élève risquerait d’adopter un comportement similaire à celui d’Internet. Il croira sa tâche finie une fois le livre en main. Erreur de novice qui n’a pas encore acquis la sagesse. Cela reviendrait à trouver un coffre contenant des richesses et à ne jamais l’ouvrir. Et pourtant nombreux sont ceux qui après une errance sur les océans du cyberespace sont fiers lorsqu’ils pensent avoir atteint leur but. Le non-initié imprime et puis pense avoir achevé sa quête grâce à l’intercession du dieu « Google ». Mais le saint Graal est ailleurs : dans la lecture et l’analyse processus nécessaire dans l’acquisition de la connaissance. En effet l’accès à l’information autrefois physiquement situé devient désormais plus aisément accessible depuis n’importe quel ordinateur connecté au réseau Internet. Mais si autrefois le filtrage était effectué au sein de la bibliothèque et du centre de documentation, ce n’est plus le cas quand l’usager est en complète situation d’autonomie. Bref comme le dit Martin Lessard : la barrière s’est déplacée de l’accès du document à son traitement.

    Un tâche difficile qui nécessite une culture et une formation adaptée. Il est évident que c’est au sein de cette sphère formative que les spécialistes des documents vont devoir s’investir pleinement pour faire acquérir aux élèves, étudiants et usagers les moyens de s’y retrouver. La difficulté est grande car la tentation de passer outre les conseils du professeur, du documentaliste ou bien encore du bibliothécaire est forte. Une mission rendue d’autant plus difficile que les qualités de lecture sont clairement en baisse chez nos élèves du fait des nombreuses concurrences cathodiques et ludiques. A cela s’ajoute le besoin de rapidité qui devient permanent alors que le temps d’apprentissage s’avère impossible à éluder. Un travail qui doit s’accompagner également de l’exercice critique et du développement des qualités citoyennes.

    En clair nous ne pouvons plus continuer à bricoler. Il faut que les autorités nous donnent les moyens et incluent dans les référentiels de compétences et autres programmes la formation documentaire. Il faut des professeurs de documentation ! Il faut des heures dans l’emploi du temps ! Evidemment cela signifie apparemment encore rajouter. Mais il s’agit surtout de créer des fondations sans quoi le reste des programmes restera sans incidence pour nos élèves.

    Certains diront que la documentation n’est pas une discipline. Peut-être. Mais doit-on garder alors nos savoirs sous ce seul prétexte ? Car il est évident que nous avons des choses à faire apprendre et que d’ailleurs nous tentons de le faire. Mais ce n’est pas toujours évident car nous le faisons sans cesse dans l’urgence. Hors la formation documentaire demande du temps et de la réflexion.

    Il faut dès lors nous donner réellement les moyens d’accomplir au mieux notre mission.