L’autonomie fonctionne souvent comme un mirage en matière éducative. Elle n’a de fait qu’un sens sans cesse relatif. L’individu est autonome dans certaines situations et certaines circonstances avec le paradoxe que cette autonomie doit néanmoins être constatée a posteriori. Sa présence dans le socle commun est issu de constats datés voire dépassés.
L’autonomie, c’est un peu le référentiel de compétences en un seul mot magique, bref le package complet. Je serai pour lui substituer le concept de majorité, c’est-à-dire l’accès à une majorité intellectuelle, culturelle et technique. Nous ne sommes jamais totalement autonomes, c’est même en soi impossible.
L’autonomie c’est souvent la vision d’une capacité à pouvoir agir seul sans l’aide des autres. Or, il semble qu’agir avec les autres, en fonction des autres voire pour les autres est tout aussi important. Voilà pourquoi en matière éducative, je préfère entendre parler de parcours individualisé, de systèmes permettant à chacun de progresser à des rythmes différents. De plus, il s’agit de réfléchir aux autres moyens d’apprendre que la médiation directe de l’enseignant. Ce qui ne signifie pas que l’enseignant n’est pas présent de manière indirecte, notamment lorsqu’il s’appuie sur des systèmes numériques, type cours en ligne, avec progression guidée et exercices enregistrés ce qui lui permet de vérifier la réussite ou non. C’était le but de Lilit & Circé. (aujourd’hui ce projet est mort faute de repreneurs)
Ce qui importe c’est donc les méthodes, ces chemins qui permettent à l’élève et à l’individu d’apprendre, de se construire, de se forger. C’est un apprentissage sans fin, une tension qui est celle de l’individualisation comme participant à un nous, c’est-à-dire une littératie de participation.
Plutôt que d’autonomie, il s’agit d’avantage d’attention, à la fois comme capacité à pouvoir se concentrer durablement mais aussi comme moyen de pouvoir échapper à ceux qui cherchent à la capter. C’est également l’attention que l’on se porte à soi, en tant que prise de soin autant de son corps que de son esprit. Mais c’est surtout l’attention que nous portons sur les autres.
Bonjour Olivier,
Juste une observation, cherchant dans le corpus pédagogique les liens conceptuels ( en tout cas leur définition), entre autonomie, parcours individualisés et individualisation, le Traité des sciences et des techniques de la formation, sous la direction de Carré et Caspar 1999 ne contient pas d’articles, ni d’entrées sur ces notions.
Par contre le thème de l’autonomie et celui de « l’individuation » est abondamment mentionné dans le Vocabulaire de psychosociologie sous la direction de Barus-Michel, Enriquez et Lévy, 2003.
Aussi peut-on s’interroger sur l’emploi de ces concepts et notions si fréquemment dans les conversations sur les pratiques éducatives parmi les professionnels de l’éducation ?
S’agit-il d’un emprunt au champ du Développement Personnel ?
Tes remarques sont effectivement pertinentes. Elles montrent que ce vocabulaire n’est pas un allant-de-soi, ce qui est assez logique pour individuation.
Le développement personnel a clairement eu de l’influence et pas que de la mauvaise d’ailleurs. Cependant, on demeure souvent sur des visions assez simplistes.
Outre les concepts, il s’agit de réflèchir aux méthodes et aux moyens pour faire progresser l’élève.