Article paru en 2000 suite à des mésaventures techniques imputables au CNFPT…
Exister. Voilà le mot clef. Exister, résister. La machine nous happe lentement mais sûrement. Elle peut nous faire disparaître, nous éliminer. Un virus, une malveillance et vous n’existez plus. L’horreur s’enclenche. Il y a quelques temps, une centaine de lauréats du concours de bibliothécaire territorial, dont je faisais partie, ont disparu de la liste d’aptitude à la suite d’une » erreur ? « informatique. Bref, j’avais reçu une lettre qui m’informait que je n’avais soi-disant pas renouvelée mon inscription, et j’avais donc constaté » ma disparition » de la liste sur internet. Heureusement, le problème fut d’être réglé. Alors, résistons si nous ne voulons pas être rayés de la carte. Nous avons encore les clefs en main. Notre supériorité tient à une faculté : la réflexion. Or, notre époque néglige la réflexion car tout semble aller trop vite. Si nous ne réfléchissons pas, il est à craindre que la machine ne finisse par triompher de nous. Et nous en serions les seuls responsables. L’avenir appartient à ceux qui le font et non à ceux qui le prédisent. Il ne s’agit donc pas d’être défaitiste, mais de prévoir pour mieux agir. Seulement, réfléchissons, et ne laissons pas l’intelligence disparaître.
Les mystères du labyrinthe
J’affectionne beaucoup le labyrinthe. Voilà sans doute une des raisons de l’origine de cet article.
Si d’emblée, j’ai comparé le cyberespace à un labyrinthe, c’est que j’ai mis en avant l’aspect inquiétant de celui-ci par rapport à l’Homme. L’Homme en est certes le créateur, mais sa création le surpasse par son immensité. Le cyberespace, terme forgé par William Gibson dans ’Neuromancien’, est un univers en expansion. Il est par conséquent impossible d’y établir une géographie précise. Paul Virilio parlait ainsi, non pas de la fin de l’histoire chère à Francis Fukuyama, mais de la fin de la géographie. En effet, la déterritorialisation qu’internet implique permet la réduction des distances et l’établissement de relations privilégiées avec des individus dont on aurait ignoré l’existence auparavant. Virilio craint que l’on finisse par préférer à son entourage proche et ’palpable’ ses amis internautes. Encore une fois, c’est à nous d’y faire attention. Mais je crois que le plus grand danger est celui de se perdre dans un ’zapping’ interminable où l’internaute ne lirait plus l’information, où ne serait plus apte à la comprendre. Notre ’civilisation’ serait tentée par une diffusion grandissante d’images au détriment du texte. Bref, les milliers de textes de savoir accessibles matériellement au plus grand nombre ne seraient plus accessibles intellectuellement qu’à un petit nombre d’initiés. Des sites ’intellectuels’ seraient abandonnées, tels des cimetières du savoir. C’est une crainte, si l’effort de lecture devait se trouver de plus en plus concurrencée par les jeux et autres bêtises cathodiques. A moins qu’on ne parvienne à mettre en place une langue mondiale intelligente faite de signes, d’idéogrammes que chacun pourrait comprendre. Mais il n’en reste pas moins que c’est l’éducation qui peut seule donner les clefs de la connaissance. Le cyberespace sera-t-il également un lieu éducatif ? Sans l’éducation, on repartirait vers des époques anciennes où les iconodules prédominaient (mais n’est-ce pas toujours le cas à présent ?), et avec eux les superstitions et autres atrocités qui les accompagnent. Le cyberespace est dangereux car il est riche en possibilités. Les techniques actuelles sont immenses : à nous de choisir entre une dictature à la Big Brother et une réelle démocratie à l’échelon mondial.
Le labyrinthe est une figure que j’affectionne particulièrement. On connaît bien sûr la légende du minotaure, mais le labyrinthe se retrouve un peu partout, dans les mandalas tibétains, mais (et donc) aussi, et surtout dans nos vies. Le livre de Jacques Attali « Chemins de sagesse » est riche en ce qui concerne cette figure. Ce qui nous intéresse plus particulièrement, c’est le dédale du savoir, cette bibliothèque de Babel que décrivait Borgès. Certains considèrent que le dédale possède une sortie, et que le labyrinthe n’en a pas. Qu’en est-il de la connaissance ? Il s’agit selon moi d’un ’ dédale labyrinthique ’, c’est à dire qu’il existe des portes de sortie qui débouchent sur d’autres univers, d’autres savoirs, d’autres dédales jusqu’à l’infini. Une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus en sortir. Certains sont de piètres voyageurs, d’autres découvrent des merveilles au gré de leurs pérégrinations. Chacun y entre par différents endroits. Bref, le labyrinthe, c’est la vie ! Seulement voilà ! Il y a des écueils. On se perd facilement. Il faut donc prendre gare aux ’ minotaures ’ qui pourraient nous dévorer ’intellectuellement et qui ferment notre esprit. Devant l’immensité de la connaissance, certains préfèrent se laisser enchaînés. Je le répète : ’ les livres délivrent, le livre lie’ Alors, comment faire pour ne pas se perdre, et surtout ne pas perdre son temps ? Le temps nous est compté. On ne s’attardera pas trop, du moins dans l’immédiat, sur les conceptions du temps, qu’elles soient cycliques, linéaires, assimilant le temps à un point·ou à un labyrinthe ! Pour ne pas perdre son temps, il faut prendre son temps ! C’est à dire qu’il faut être curieux, tout en étant calme et serein. Il y a des temps incompressibles pour apprendre : lire, écrire, compter, cela ne s’acquiert pas par enchantement. Il faut essayer de comprendre pour apprendre. Voilà ! Et à quoi, cela sert-il ? A vivre, ou à mourir, ou bien les deux. A rien, à tout. Peut-être tout simplement pour goûter un peu au bonheur. C’est toute la magie du labyrinthe.
Explications sur le titre du site
L’expression est empruntée au livre du même nom du penseur juif Maïmonide qui a beaucoup influencé les pensées occidentales et orientales au XIIe et XIIIe. Ici, le sens est différent, puis que la sémantique religieuse est écartée. Quoique d’aucuns me rétorqueront que le livre à quelque chose de religieux, et que donc mon projet aussi. Je dirai simplement à mon avis que :’Les livres délivrent, le livre lie ’. C’est à dire que la Bible, le Coran, ou un autre livre qui serait quasi exclusif tient plus du religieux, et la religion est ce qui lie étymologiquement. Qui dit lier, dit aussi enchaîner. Autre point, qu’il faut de suite écarter, et auquel je n’avais pas songé immédiatement , c’est celle du guide, en tant que conducteur d’une nation. Il n’y a donc aucune référence à Hitler, Staline ou Mao. En fait, le ’ guide ’ est plutôt une araignée qui produit du fil et en donne aL’expression est empruntée au livre du même nom du penseur juif Maïmonide qui a beaucoup influencé les pensées occidentales et orientales au XIIe et XIIIe. Ici, le sens est différent, puis que la sémantique religieuse est écartée. Quoique d’aucuns me rétorqueront que le livre à quelque chose de religieux, et que donc mon projet aussi. Je dirai simplement à mon avis que :’Les livres délivrent, le livre lie ’. C’est à dire que la Bible, le Coran, ou un autre livre qui serait quasi exclusif tient plus du religieux, et la religion est ce qui lie étymologiquement. Qui dit lier, dit aussi enchaîner. Autre point, qu’il faut de suite écarter, et auquel je n’avais pas songé immédiatement , c’est celle du guide, en tant que conducteur d’une nation. Il n’y a donc aucune référence à Hitler, Staline ou Mao. En fait, le ’ guide ’ est plutôt une araignée qui produit du fil et en donne au lecteur comme Ariane à Thésée. Le guide ne doit donc pas s’attendre à être remercié ! Ce fil, c’est du savoir, c’est à dire de la technique et de la connaissance. Le ’ guide ’ est donc un peu un enseignant qui à la chance d’avoir un public plus ouvert que celui de l’école. Evidemment, qui dit guider, enseigner, dit éthique ! Il ne s’agit pas d’inculquer ! Toutefois, il est clair que le bibliothécaire-guide aura de l’influence. Il lui faudra donc veiller à ce que le lecteur cherche lui-même et pense par lui-même. Tel devrait être en tout cas l’objectif. u lecteur comme Ariane à Thésée. Le guide ne doit donc pas s’attendre à être remercié ! Ce fil, c’est du savoir, c’est à dire de la technique et de la connaissance. Le ’ guide ’ est donc un peu un enseignant qui à la chance d’avoir un public plus ouvert que celui de l’école. Evidemment, qui dit guider, enseigner, dit éthique ! Il ne s’agit pas d’inculquer ! Toutefois, il est clair que le bibliothécaire-guide aura de l’influence. Il lui faudra donc veiller à ce que le lecteur cherche lui-même et pense par lui-même. Tel devrait être en tout cas l’objectif.
Le projet initial du guide des égarés
Le projet évolue, il était destiné originellement destiné aux bibliothèques du temps où je me destinais à être bibliothécaire. Après quelques hasards et aventures je suis devenu enseignant-documentaliste depuis 2001. Le projet s’agrandit donc, et j’espère qu’il connaîtra des résultats concrets. Je reproduis ici le texte premier paru aux alentours de la fin 1999…Il n’avait connu que très peu de modifications depuis.
Ce n’est pas par volonté messianique, ni par prétention de détenir la vérité, que j’en viens à défendre l’idée de « guides des égarés », mais plutôt par nécessité. En effet, les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont souvent présentées comme la panacée. Or, il convient de constater que les utilisateurs n’ont pas forcément les connaissances techniques voire intellectuelles pour en tirer la quintessence. Il ne s’agit pas de sombrer dans une technophobie primaire, mais plutôt d’examiner les possibilités qu’il y aurait afin que les NTIC soient utiles au plus grand nombre. Dans le domaine des bibliothèques et de la documentation, je crois que bibliothécaires et documentalistes se doivent d’être des « guides des égarés », en maîtrisant les nouvelles technologies, mais aussi en possédant une culture générale suffisante pour pallier les défauts possible de la machine. Il doit être capable d’aider les lecteurs à trouver l’information désirée, mais également leur enseigner les méthodes de recherche pour un travail ultérieur. Le rôle du bibliothécaire et du documentaliste, rebaptisé « guides des égarés »devient ainsi primordial dans une société où la machine tend à prendre le dessus sur l’Homme. C’est d’ailleurs bien de cela dont il s’agit, le bibliothécaire se doit de mettre au service du lecteur son savoir au sens large, c’est à dire sa technique et sa culture. Les rôles ne doivent pas être renversés, la technologie doit être au service de l’Homme et non l’inverse. La bibliothèque ne doit pas être seulement un lieu d’information, mais aussi un endroit qui donne le goût de lire, l’envie d’accéder au savoir ce qu’est déjà normalement le CDI. Le projet s’adresse à tous et pas seulement aux élèves. C’est pourquoi, le « guides des égarés » doit être avant tout une personne cultivée, ouverte à de nombreux domaines , et également à l’écoute de tous les profils de lecteurs et de chercheurs d’informations.. Ce rôle nécessite beaucoup de connaissances et de qualités relationnelles et pédagogiques notamment. Il n’est donc pas facile d’être un « guides des égarés ».