La littératie en transe : la volonté hégémonique de la transliteracy

Je suis depuis plusieurs mois le projet de la transliteracy (PART : Production and research in transliteracy) qui se définit comme ’ l’habileté à lire, écrire et interagir par le biais d’une variété de plateformes, d’outils et de moyens de communication, de l’iconographie à l’oralité en passant par l’écriture manuscrite, l’édition, la télé, la radio et le cinéma, jusqu’aux réseaux sociaux » (« Transliteracy is the ability to read, write and interact across a range of platforms, tools and media from signing and orality through handwriting, print, TV, radio and film, to digital social networks.”) La traduction en français a été trouvée sur le blog de Guitef.

Je lis donc régulièrement le blog mis en place avec notamment les références à Howard Rheingold qui fait partie du projet. J’ ai dont lu avec intérêt l’article intitulé « transliteracy : crossing divides » qui a révélé ce que je craignais depuis longtemps à savoir que la transliteracy présente des volontés hégémoniques évidentes et souhaite simplement englober les autres littératies. Bref on y retrouve exactement les mêmes velléités que chez beaucoup de tenants de l’information literacy, de la media literacy ou bien encore de la digital literacy :

« transliteracy does not replace, but rather contains, “media literacy” and also “digital literacy. »

Finalement on reste toujours dans une querelle au final assez stérile dans la mesure où c’est plutôt le projet intérieur et notamment culturel et didactique qu’il convient de construire. Les auteurs de l’article sont assez conscient des limites de leur entreprise mais comment peut-on écrire un tel article sans aucune fois ne faire de référence à l’information literacy et notamment aux travaux de Sheila Webber lorsque l’on sait que certains participants au projet sont britanniques !

Les auteurs nous invitent à répondre à leur article via la littératie de notre choix c’est ce que je fais. Il me faudra sans doute le réitérer dans la langue de Shakespeare ce que je ferais sans doute sur leur wiki.
Le projet recèle certes des aspects intéressants notamment la volonté d’étudier les nouveaux usages en matière de littératie et en cela le terme de translitérattie n’est pas mauvais. Je déplore cependant les dispersions permanente liées à ces diverses conceptions. Mais c’est aussi l’enjeu de ma thèse.
La translittératie s’ajoute donc à la kyrielle de littératies dont tant d’objectifs sont communs. Je joints ici la présentation que j’ai utilisée lors du colloque ISKO 2007 intitulée « Quelles littératies pour quelles conceptions de l’information? » où je n’avais pas eu le temps d’ajouter la transliteracy à mon tableau.
Présentation Quelles littératies pour quelles conceptions de l’information ?
Ci-dessous le tableau présentant les diverses littératies auquel je vais devoir rajouter le projet de la translitérattie.

Literacy Termes proches Traduction possible
Information literacy Informacy InfoliteracyInformation fluency Maîtrise de l’information Culture informationnelle Education à l’information
Computer literacy IT/information technology/electronic/electronic information literacy Maîtrise des technologies informatiques. Culture informatique
Critical literacy Critical thinking Education critique Esprit critique
Library literacy Library/bibliographic instruction Formation à la recherche en bibliothèque
Media literacy   Education aux médias
Network literacy Internet literacy, hyper-literacy Maîtrise des réseaux Culture des réseaux
Digital literacy Digital information literacy/e-literacy Culture numérique Cyberculture
Visual literacy 䦋㌌㏒㧀좈໱琰茞ᓀ㵂Ü Culture visuelle Education à l’image

Media literacy sur Transnets

Réaction au billet de transnets de Francis Pisani sur la media literacy.
Mes propos constituent également une réaction aux commentaires.
Je ne suis pas sûr que les enseignants du supérieur soient tous plus au point que ceux du secondaire, à mon avis vu que je connais les deux systèmes c’est du pareil au même. Il y a un manque de formation poussée des enseignants et notamment dans les  usages pédagogiques. Pour former à ces usages, il faudra des enseignants hybrides qui connaissent parfaitement les technologies et qui les appliquent dans leurs cours, sinon le discours des techniciens et autres consultants ne passera jamais auprès des enseignants car trop déconnecté, prescriptif.
Ensuite la notion de media literacy correspond en français à l’éducation aux médias qui demeure encore difficile à mettre en oeuvre malgré les efforts du clémi et les salles équipées de vidéoprojecteur. Le débat porte également sur qui englobe quoi : Est-ce la media literacy qui comprend l’information literacy ou l’inverse ? Les chercheurs et les professionnels semblent s’opposer sur la question. Sans oublier les autres littératies dont la critical literacy.
Sinon pour ce qui est de cette culture de la participation, c’est bien l’objectif de la culture de l’information et de la communication pour laquelle je plaide :
http://urfistinfo.blogs.com/urfist_info/2007/08/et-in-arcadia-e.html