LPPR La loi qui ne permet plus de rêver

Le texte du podcast :

Attardons nous aujourd’hui sur la loi qui ne permet plus de rêver … en tout cas à un avenir meilleur… notamment pour la recherche et l’enseignement supérieur.
Car depuis peu le ministère de l’ensevelissement supérieur étale sa superbe avec sa représentante en tête de gondole.
Son sens du dialogue et sa capacité à innover sont salués par son éminent confrère de l’éviction nationale dont le talent dans ces domaines est reconnu depuis fort longtemps.
Le projet de Loi qu’elle a conduit est désormais sur la bonne voie. Il a même été amendé et agrémenté. La LPPR :
La loi du Pire Possible Recommandable est une œuvre menée de mains de maître avec toutes les stratégies habituelles de la négociation à sens unique, de concessions en trompe l’œil, et de consensus négociés à coût de promotion.
La loi Pleine de Promesses Retirables s’accompagne d’un volet financier prometteur mais dont on a pris soin de porter aux calendes grecques.
Une Loi Peu Proche des Réalités qui repose sur des effets de surface : un vernis pratique qui permettra de célébrer quelques performances pour dissimuler un vécu des personnels bien différent. Notre représentante est donc devenue la ministre de l’inversion du quotidien avec sa Loi Pour Peu de Revalorisation.
On ne sait finalement s’il s’agit d’une simple éclipse, ou plutôt d’un effet d’aveuglement qui entoure la Loi du Peu de Perspectives Réalistes.

La libido sciendi ne va clairement pas suffire pour lutter contre cette Loi de Plus de Postes Réels…
Et pourtant, il se disait que la ministre aurait été enseignante et chercheuse.
Help Please Her… Sa porte est ouverte clame-t-elle. On préférerait qu’elle la prenne plutôt et sa loi avec.
Les enseignants et chercheurs ne veulent pas de Loi Pour Plus Rien dire et encore moins pour ne plus rien pouvoir faire… Le minimum serait déjà d’une Loi Pour Plus du Respect à défaut d’une loi pour plus de ronds.
Donnez-nous, Donnons-nous les temps et les moyens pour créer les Liepour le Plaisir Partagé pour la Recherche, de véritables milieux de savoirs qui soient à mille lieux des faire-valoir et des effets de miroir.

La méthode Guy Roux, ou devenir l’AJA de la recherche

« Faut pas gâcher »… tel semble désormais être le slogan inéluctable du chercheur français et notamment du petit chercheur en sciences humaines et sociales.
Le slogan déjà appliqué par beaucoup d’entre nous depuis des années est en train de devenir un programme, voire une idéologie.
En tout cas pour moi.
Je développe ici quelques aspects de la recherche « pour pas que ça coûte »

  1. Le contexte. La Logique de la Pire Patate Pour la Recherche
    Face aux incertitudes perpétuelles d’un ministère de la Recherche qui n’existe pas vraiment, coincé entre un Ministère de l’Éducation Nationale omnipotent qui peine à recruter désormais des enseignants et qui finalement considère la recherche comme un sous-domaine, et Bercy qui y voit un lieu d’arbitrage stratégique entre ajustements budgétaires et politique fiscale, le chercheur ne sait plus trop finalement quels sont ses marges de manœuvre notamment financières.
    Et ce d’autant que les universités sont théoriquement autonomes sans pouvoir l’être dans les faits. Les marges budgétaires sont faibles voire nulles et l’idée d’augmenter les frais d’inscription apparaît un risque idéologique trop important pour tenter l’expérience.
    Il reste alors aux chercheurs pas grand chose à espérer, si ce n’est décrocher quelques appels à projet pour tenter de monter quelque chose de plus ambitieux.
    La difficulté désormais est double, celle de recrutements raréfiés, ce qui a pour conséquence à la fois de freiner les carrières (ce qui occasionne de belles réductions budgétaires avec des maîtres de conférences guère mieux payés que leurs homologues du secondaire et moins bien rémunérés en tout cas que des agrégés au même âge bien souvent), mais aussi de placer une angoisse dans la procédure de recrutement de futurs collègues. L’erreur n’est plus possible dans les faits car il faut s’assurer que le collègue sera performant. Mais l’angoisse renforce les effets corporatistes et locaux. Plus le nombre de postes ouverts sera à la baisse, plus le risque d’un recrutement endémique et local va étrangement augmenter.
    Actuellement, plus ça avance, plus on a l’impression d’avoir les deux revers de la médaille du faible salaire et du nombre de postes en baisse. On pourrait éventuellement tolérer un salaire faible si la charge de travail était bien répartie et que les conditions s’avéraient propices pour recruter en nombre suffisant. Mais désormais, il faut accepter le salaire démotivant, et les charges qui ne cessent de s’accroître car le nombre de personnes recrutées diminue ce qui oblige alors en faire plus. Travailler plus pour gagner moins, et espérer être payé en reconnaissance, ou en je ne sais pas trop quoi. Il reste bien sûr l’espoir d’obtenir des charges spécifiques, des vice-présidences, la PEDR (bien utile il est vrai, mais qui nous transforme en VRP publiant ses performances de vente), mais on fait mieux mentalement.
    Contrairement à ce qu’on entend parfois, je ne crois pas pour autant que c’était mieux avant. Pour les conditions financières et la reconnaissance, c’est évident, pour la qualité de la recherche… c’est une autre histoire. Et je ne parle pas des comportements et des dérives liés aux abus de position d’autorité.

Mais là n’est désormais plus le sujet car il faut essayer de s’en sortir comme on peut.

  1. La méthode Guy Roux

Au sein d’une université modeste, le petit chercheur n’est pas totalement hors jeu mais il ne peut prétendre à des budgets conséquents, faciles à obtenir, ou à une force de frappe et de légitimité associée qui lui permet de rapidement déployer des financements.
En clair, il faut bien comprendre qu’il ne faut pas songer travailler avec des moyens dignes du Paris Sorbonne Galactique, ou de tout autre université-club prestigieux qui aurait recu une bénédiction Idex et Orbi.
Non, le modèle c’est l’AJ Auxerre désormais qu’il faut suivre désormais.
Pas de quoi tenir le haut du pavé et des célébrations, mais qu’importe. C’est la possibilité de faire des coups, de réaliser des progrès évidents et de partager ses réussites.
La recette est celle de la détection des talents et de la capacité à faire travailler ensemble des collègues différents.
Évidemment, tout repose sur la formation et la détection. Les AJA de la recherche ne peuvent fonctionner autrement, ce qui oblige du coup le chercheur à être aussi enseignant. Mais c’est là également que se joue l’avantage d’être « un petit club », c’est que c’est au sein de cette double identité qu’il est possible de repérer les bons éléments qui viendront prendre part aux projets de recherche. C’est aussi la possibilité parfois d’expérimenter à la marge avec ses propres outils et des timings où on peut prendre le risque de faire perdre un peu de temps plutôt que de suivre des protocoles ou des développements web déjà standardisés.
Cela suppose aussi un coaching relativement serré… Je ne dis pas qu’il faille fliquer les stagiaires, les doctorants ou mastérants au point de savoir s’ils sortent trop souvent le soir… Mais il s’agit bien de veiller sur eux, cela implique donc qu’il ne s’agit pas de faire des usines à doctorants, ou d’avoir pleins de doctorants sous son aile en envoyant dans le mur les trois quarts.
Mais il faut les soutenir, les conseiller et on ne peut le faire que si et seulement si on a fait des erreurs avant. Le plus mauvais professeur est celui qui a tout réussi.
Parmi les ingrédients qui peuvent permettre aux AJA de la recherche de résister est finalement l’idée de pouvoir perdre du temps… à chercher, tester, expérimenter. Actuellement, c’est ce luxe qu’on a pu accorder à notre stagiaire sur le projet HyperOtlet. Pour innover, pas de miracle…

Pour affronter le gel des postes, le Guy Roux de la recherche se doit toujours d’être prudent et quelque peu équipé...

Évidemment, parfois, pour notre Guy Roux, chercheur, c’est un sacerdoce… La crise cardiaque sur le terrain de jeu reste hélas probable.

Je reviendrai sans doute aussi que parfois une bonne idée, elle nécessite un peu d’argent (la recherche, ça coûte, ma pauv dame), d’un peu de temps et de quelques énergies mises ensemble à bon escient. Le projet bottom-up peut alors être plus efficace que le gros top-down trop calibré. A ce stade, mieux vaut finalement gérer une petite équipe qu’un gros regroupement d’égos sous peine d’aboutir à une situation digne de Knysna.
Clairement, il faut penser petit pour voir grand dans la mesure où il est préférable de développer d’abord une petite brique plutôt que de prétendre vouloir tout révolutionner d’un coup. Et c’est parfois la petite brique qui peut avoir un énorme impact, alors pourquoi se priver.

Sinon, faut être lucide, devenir l’AJA, c’est accepter le départ des meilleurs éléments qui auront été formés au bout d’un certain temps. Et on ne peut que le souhaiter vu les perspectives peu réjouissantes bien souvent en local.
Il faut être aussi lucide qu’au moment de passer les tours successifs de la ligue des champions de la recherche ou toute autre compétition, il y aura toujours un arbitre pour vous dire que votre procédé, votre projet, votre logiciel n’est pas conforme ou suffisamment orthodoxe… même si vous pensiez justement avoir changé de perspective à un problème. Remember le retourné de Lilian Laslande…

Au final, il faut aussi accepter d’être un peu chiant du coup, en allant mettre la pression quand il y a des inégalités évidentes, et de rappeler que les arbitres doivent aussi nous respecter autant que les gros…
Bon, allez, c’est vrai, ça va nous coûter un peu de « chablis » mais l’enjeu est de parvenir à se faire plaisir sans trop se prendre au sérieux. On n’a pas envie de faire « un Raoult » d’enfer!

Ps : Ce texte n’est pas non plus un plaidoyer pour aller faire des publicités pour arrondir nos fins de mois…

Recrutement d’un doctorant pour projet ANR HyperOTLET

Thèse en sciences de l’information et de la communication pour le projet ANR HYPEROTLET
Thèse financée pour trois ans au sein du laboratoire MICA, équipe E3D, Université Bordeaux Montaigne.
La thèse s’inscrit dans le programme de recherche ANR HyperOTlet qui vise à travailler sur l’œuvre de Paul Otlet et à proposer une version augmentée du Traité de documentation, ouvrage cardinal qu’il publie en 1934. Le projet HyperOtlet associe plusieurs équipes et laboratoires pluridisciplinaires et articule des recherches historiques et documentaires à un dispositif numérique collaboratif en élaborant un écosystème numérique autour de quatre axes :

  • la (re)contextualisation (Centre Maurice Halbwachs, CMH) de la culture numérique ;
  • une réflexion sur les problématiques actuelles de la documentation dans les humanités numériques (Laboratoire MICA (Médiations, Informations, Communication, Arts), de la « documentarité » et de la « documentalité » ;
  • l’élaboration de nouveaux instruments de lecture, de consultation, de circulation dans les œuvres (Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l’Information et des Bibliothèques, Enssib), Maison des sciences de l’homme Paris Nord, Msh-PN).
  • l’animation d’une communauté épistémique qui pourra porter une tradition documentaire européenne (MICA, Enssib, Mundaneum);

 
Le travail du doctorant consiste dans la réalisation d’un travail de recherche à la fois au niveau de l’épistémologie des sciences de l’information et de la communication ainsi que sur l’évolution de la tradition documentaire impulsée par Otlet au travers des dispositifs documentaires actuels avec un focus sur l’innovation documentaire apportée par l’écosystème HyperOtlet et HyperOtlet1.0.
 
Compétences souhaitées
Bonne connaissance de l’information-documentation, de son histoire et de ses concepts
Intérêt pour l’histoire et l’évolution des systèmes d’information et d’organisation des connaissances
Intérêt pour les travaux sur archives
Connaissances en architecture de l’information
Connaissance du mouvement des humanités digitales
Capacité à traiter des corpus importants
Intérêt pour les logiciels de cartographie du web et des outils de traitement automatique
 
Diplômes : Master en sciences de l’information et communication, Sciences de l’information et des bibliothèques, Humanités numériques ou équivalent.
 
Début : 1er octobre 2017.
Engagement : 3 ans
Dépôt des candidatures : 10 septembre 2017.
 
Conditions :
Le poste requiert une présence très régulière sur Bordeaux avec inscription à la formation doctorale de l’Université Bordeaux Montaigne.
Des déplacements sont à prévoir (Paris, Lyon, Mons)
 
Renseignements et contact :Olivier Le Deuff. oledeuff@gmail.com +33 6 87 65 31 27Bertrand Müller bertrand.muller@ens.fr  + 33 6 51 49 23 56

La folle existence d’un maître de conférences

15 : 03… un message arrive par le chat de ma messagerie instantanée sur gmail. Un de mes anciens étudiants a besoin de se réorienter en cours d’année et a besoin de conseils. Je prends le temps de le conseiller d’autant que c’est un étudiant méritant et qui a du potentiel. Je poursuis ainsi mon credo qu’un de mes anciens étudiants ou élèves le reste toujours même s’il a quitté les lieux de formation. J’assure le suivi en cas de besoin. Je viens d’interrompre un de mes projets d’écriture. C’est habituel. Je reprendrai mon travail d’écriture plus tard, car d’autres messages arrivent et il faut gérer l’urgent : régler des problèmes d’emploi du temps, de logistique pour tel ou tel évènement. Je suis sans cesse interrompu aussi par le téléphone pour des questions qui concernent la formation que je dirige à l’IUT. Voilà pourquoi, il faut que j’y sois finalement assez souvent.
La logique de l’interruption permanente est bien réelle. Celle d’un métier multiple, dans la lignée des actuels travailleurs du savoir, exigeant, mais tellement stimulant qu’on n’a pas vraiment envie de s’arrêter. Je vais tenter de décrire en quelques lignes mon vécu quotidien au niveau professionnel qu’il faut conjuguer avec une vie de famille.
Quelle est donc cette étrange profession  que celle de maître de conférences ?mcfpourlesnuls
Un shiva perpétuel
Il faut se montrer prêt à faire des tâches fort différentes et entrecoupées. Parfois, on aimerait davantage pouvoir se plonger sur le sujet sur lequel on travaille, mais il faut parer au plus pressé. Les cours à préparer, les TP à corriger font partie du lot quotidien essentiel qu’on ne  peut pas remettre à plus tard. Alors, s’ajoutent les documents administratifs à remettre : prévisionnels des heures à effectuer par les titulaires et non titulaires, nouvelles maquettes à préparer ou finaliser, demande de poste à renouveler, nouvelle injonction ministérielle à laquelle il faut répondre. Et puis il faut parvenir aussi à se projeter dans les appels à projets et à se laisser un peu de temps pour les rédiger et les finaliser sachant qu’on sera toujours à la bourre dans le meilleur des cas, ou trop juste et donc hors-jeu parfois faute d’anticipation et de temps suffisant à y consacrer. Et même lorsqu’on pense avoir obtenu le financement escompté, sans avoir dû passer plusieurs étapes de validation, il faut encore régler les derniers couacs de dernière minute qui peuvent mettre en péril le travail investi précédemment et les futurs recrutements en cours. Alors à nouveau, mails et coups de téléphone puis rendez-vous se succèdent. Il faut rester serein et zen, en relativisant à chaque instant, même s’il est parfois impossible d’éviter une mini crise d’angoisse le week-end en se disant qu’on n’y arrivera pas car il y a 18 heures de cours à préparer la semaine prochaine, qu’il faut rendre le dossier avant le deadline, régler les derniers imprévus et relire à la dernière minute pour les deux bouquins qui par le pur hasard du calendrier vont paraître quasi au même moment. La même ritournelle semble alors se mettre en place : il faut tenir le coup, ce sera mieux après et c’est pas le moment de tomber malade, sinon c’est la catastrophe. Seulement, il n’est pas certain que plus tard ce soit mieux, car déjà la to-do list se remplit pour de nouveaux objectifs. Un vrai tonneau des danaïdes, comme une drogue appelée travail qui devient si ce n’est un besoin, produit un sentiment de culpabilité (le sarkozysme est passé par là) si par hasard on se complait à ne pas travailler un jour dans le week-end… Ce qu’on évite quand même de faire, car cela va générer un retard potentiel, tout aussi anxiogène.
La liste des choses est tellement diverse, mais aussi parfois très stimulante au niveau de la diversité des compétences acquises que malgré ses défauts, j’ai du mal à envisager d’arrêter ce rythme. Car il s’agit bien d’un rythme, notamment dans l’écriture et le travail régulier d’accumulation des données diverses afin de demeurer toujours dans le coup. Une vraie logique de sportif de haut niveau… vous ne pouvez pas vous arrêter sous peine de mettre des mois à ne plus trouver le rythme. Une discipline de soi auquel je ne cherche pas vraiment à me soustraire, car ralentir signifierait perdre la capacité à travailler rapidement… et donc à devoir ralentir les activités que je préfère, notamment l’écriture.
Cette logique multitâche et multicompétences, je l’avais déjà dans ma profession précédente de professeur-documentaliste. C’est l’adjonction de la logique de recherche qui a complexifié le tout et accru le temps de travail. Cette habitude de pouvoir être interrompu par diverses sollicitations et de pouvoir enchaîner des taches différentes en les reprenant malgré les différentes interruptions, je l’ai développée durant ces années au CDI. J’ai continué à décliner simplement cette logique à une échelle plus grande.
Du coup, dans la semaine, j’exerce de fait plusieurs professions en une seule :

  • Celle de direction d’une formation qui comporte environ 80 étudiants et qui fait intervenir jusqu’à une trentaine d’enseignants différents. Un travail pour lequel heureusement, je peux m’appuyer sur une secrétaire que je partage avec une formation voisine. C’est en fait en quelque sorte un travail de principal adjoint dans la mesure où je suis chargé de faire les emplois du temps également.
  • Celle d’enseignant que je détaille après. Le temps minimum est de 192 heures TD pour un maître de conférences. J’explose cette année mon service en faisant bien plus que les 192 h. Du travail en plus certes, mais un peu de rémunération supplémentaire à la clef.
  • Celle de chercheur qui doit théoriquement constituer la moitié de mon temps de travail. Cela signifie faire de la recherche, mais aussi démontrer la réalité de cette production au travers d’articles ou d’ouvrages. Plus l’article est publié dans des revues reconnues, mieux cette production est reconnue. Même si cette règle peut paraître parfois discutable, elle me semble au moins assez claire désormais. Cela n’empêche pas de publier dans des revues ou ouvrages moins reconnus pour faire plaisir aux copains ou parce qu’on en a envie. Il faut aussi monter des projets de recherche pour avoir de quoi se déplacer le cas échéant, mais aussi organiser d’éventuelles journées d’études et surtout pouvoir travailler en équipe en engageant des ingénieurs d’études ou des stagiaires de niveau master recherche qui pourront se former également. Évidemment, il ne suffit pas d’écrire, il faut aussi lire et entendre les autres. L’information-communication étant un vaste champ… sans compter que depuis que je m’intéresse aux humanités digitales, le potentiel de lecture est infini et donc en fait impossible…
  • Celle d’acteur en liaison avec le monde du travail, la société et la réalité économique. Cela requiert donc de se mettre au courant des dernières avancées et de valoriser ses travaux de recherche dans d’autres milieux. C’est une mission essentielle qui ne peut être totalement détachée des missions précédentes. Au niveau de l’information-communication, les évolutions sont fréquentes et si on veut tenter de rester dans le coup, un travail de veille et de présence numérique est incontournable. Un vrai boulot de médiation pour faire circuler notre propre production et réalisation en matière de recherche et pour pouvoir intégrer dans nos méthodes de recherche, mais aussi dans nos enseignements les nouveaux éléments indispensables. Le blog se situe à ce niveau tout comme le compte twitter d’ailleurs. Je ne suis plus élu au CA de l’ADBS, car je ne pouvais plus être suffisamment disponible pour remplir cette mission. Quant à l’écriture de nouvelles de type SF, je ne sais trop où situer cette activité.
  • Celle de conseiller auprès des étudiants. Fonction indispensable qui requiert un minimum de psychologie pour prévenir les décrochages de certains étudiants. Un vrai travail de coaching qui signifie autant une disponibilité de temps que d’esprit. Temps en présentiel, mais au temps en ligne notamment pour répondre aux mails à tout moment.

Je ne détaille pas toutes les autres missions afférentes ou concomitantes à celles évoquées plus haut (suivis de mémoire, recherche et encadrement de projets tuteurés, réunions diverses, sollicitations des médias, conférences, décision d’achats de matériels pédagogiques, évaluation d’articles, etc.), mais qui montrent qu’on est bien loin du mythe du maître de conférences, glandouilleur qui ne donne que quatre heures de cours par semaine.
Ok, mais combien ça gagne ton métier bizarre ? Et bien, j’ai la chance d’être à l’échelon 3 de ce charmant métier. Il est vrai que j’ai été mal reclassé malgré 10 an auparavant comme fonctionnaire de catégorie A en tant que certifié. J’aurais fait n’importe quoi d’autre auparavant, j’aurais été mieux reclassé d’ailleurs. Bref, je gagne un peu plus de 2000 euros par mois désormais. Mais il n’y a pas si longtemps, je gagnais bien moins à l’échelon 2. Mais pour gagner plus, il faut travailler plus (merci les heures supplémentaires) et espérer poursuivre sa carrière en devenant professeur. Mais pour cela il faut passer une Habilitation à diriger des recherches, c’est-à-dire produire un nouveau document (environ 250 pages, mais on peut faire plus) et le soutenir devant un jury et repasser une nouvelle étape de qualification. Ce que je me suis décidé à faire. Oui, la profession a un côté sadomasochiste évident, ce qui finalement va de pair avec mon côté fan du stade rennais. On place toujours beaucoup d’espoir et d’efforts et on est souvent déçu. Mais c’est aussi la leçon, il faut beaucoup tenter, réessayer, progresser pour enfin réussir.
Mais revenons sur l’aspect pédagogique.
Un instituteur du numérique
J’ai la chance d’avoir eu le déclic pour l’info-com en 1997 notamment du fait que c’était une discipline carrefour et que ça me correspondait bien. Je suis plutôt initialement orienté sciences de l’information et de la documentation. Des territoires passionnants et en mouvement dans lesquels il est préférable de se renouveler régulièrement. La somme de compétences est aussi diverse, si bien que de plus en plus j’ai l’impression de devenir un instituteur du numérique dans ma formation, Information numérique pour les organisations. Pourquoi ce côté instituteur ? Et bien à la fois pour le côté noble de l’expression qui vise à instituteur et donc à placer les étudiants à un niveau de majorité digitale en quelque sorte et aussi pour le côté multidisciplinaire qu’il dissimule. Je peux ainsi dans une même journée faire de l’histoire du web et des techniques de l’organisation de la connaissance, du xml, de l’archivage numérique et bien d’autres choses encore selon l’actualité ou les questions des étudiants. Bon, ça mériterait bien un autre billet en fait, tellement j’ai encore de choses à raconter.
Au final, pleins de raisons de continuer ce métier shiva ou arlequin, même si parfois on ne sait plus vraiment qui on est…
 

Shiva. source : http://en.wikipedia.org/wiki/Shiva Le maître de conférences doit aussi savoir se mouvoir avec élégance sur un seul pied s’il le faut !

Pour illustrer ce côté shiva, cette infographie…
http://www.phdcomics.com/comics/archive.php?comicid=1060