Facebook : Rennes-le-Château devient Versailles ?

Cela fait désormais plus de 6 mois que j’utilise facebook et désormais il semble qu’un rythme de croisière se met en place. Le réseau social semble continuer à séduire, j’en tiens pour preuve l’arrivée massive depuis quelques mois d’anciens camarades de classe. Mais finalement ce qui est le plus marquant, c’est comme le dit un ami récemment arrivé, Facebook c’est un peu l’antiskyblog, à savoir que le réseau séduit principalement des personnes diplômées ce qui parait logique puisque le réseau était initialement axé sur les profils universitaires. J’ai désormais atteint le chiffre de 79 « amis » qu’il faudrait plutôt qualifier de relations. Sur cet ensemble, il faut bien avouer que rares sont ceux qui ont des diplômes inférieurs à la licence ce qui confirme également que la dimension professionnelle ne saurait être vaine. Pour aller plus loin, ne pas figurer sur un réseau social pourrait s’avérer autant préjudiciable que d’y mettre des renseignements trop personnels. Une nouvelle fois, notre double numérique, notre identité indexée, notre Kà documentarisé nous renvoie à l’aporie shakespearienne. Or Facebook ce n’est pas que Rennes-le-Château...c’est désormais Versailles avec ses clans, et sans doute bientôt ses cabales ce qui mériteraient de faire renaitre le Louis de Rouvroy , Duc de Saint-Simon et auteur des célèbres mémoires . Je ne sais pas s’il faut considérer Eric Delcroix comme le nouveau Saint Simon qui va nous aider à utiliser efficacement le réseau avec son ouvrage sur la question mais je ne peux que constater que c’est par ce biais que j’ai été contacté ce matin par un journaliste. Faut-il dès lors voir ce réseau comme l’annuaire indispensable, le nouveau who’s who affichant tous nos divers pédigrées? Finalement c’est ce Saint-Simon là qui est le père de la philosophie des réseaux bien avant son cousin. D’ailleurs il parle de sa première liaison avec le Duc de Chartres pour exprimer son entrée au sein du réseau royal car finalement ce n’est pas des amis que nous avons sur Facebook mais des liaisons de différents types. D’ailleurs je lance un défi aux historiens passionnés par les réseaux sociaux pour nous constituer un Facebook historique de l’époque de Louis XIV. Une telle étude permettrait peut-être de comprendre un peu mieux la complexe période de la Fronde. Je vais d’ailleurs tenter une initiative de ce genre bien moins ambitieuse avec mes élèves concernant la littérature…affaire à suivre donc.
Si Facebook s’avère le nouveau Versailles, qui en est le nouveau Roi ? Et bien ce n’est pas son créateur, Zuckerberg mais le réseau lui-même, le Réseau d’Organisations et d’Informations. Par contre, je ne suis pas certain qu’il soit démocrate contrairement à ce que j’écrivais en 2002. Il présente néanmoins un avantage, celui d’être un lieu virtuel et permet aux « provinciaux » de figurer en bonne place. Ainsi Facebook ne correspond pas à une vision centralisée classique, mais permet de constituer non pas un big brother, mais un little sister où chacun observe et peu observer, critiquer voire dénoncer…non pas un panopticon mais un  nonopticon. L’Arcadie a donc créer son Versailles : le dieu Hermès (trismégiste ?) va donc pouvoir s’amuser encore un peu.

5 réflexions au sujet de « Facebook : Rennes-le-Château devient Versailles ? »

  1. Petit commentaire du nouveau Saint-Simon 😉
    Deux-trois petites remarques.
    Je me suis également posé la question sur les contacts que nous possedions sur Facebook, puisque dans beaucoup de site, il est « vendu » pour retrouver ses amis d’enfances, ses collèges d’études…
    Vu mon grand âge ;-), je peux assurer que je ne connais et ne retrouve personne qui aurait pu partager des études avec moi 🙁 C’est aussi une question de génération. Cela déforme peut-être la perception que nous avons dans nos contacts. Si je regarde rapidement le niveau d’étude de mes contacts, c’est vrai qu’il est relativement élevé ! Mais, j’ai l’impression que cela est également lié à mon status et à mon activité. Si je prends en référence des étudiants qui sont inscrits dans Facebook, le niveau est beaucoup moins élévé… ce qui me semble en partie logique.
    J’approuve les « liaisons de différents types » que je regroupe sous le vocable d » »amis virtuels », qui regroupe différentes spères de connaissances, y compris au niveau professionnel !
    Enfin, Facebook n’est pas démocratique malgré les apparences… reste à savoir exactement à qui profite le « crime » 😉 Je ne suis pas persuadé que ce soit le réseau lui-même.
    Que tu parles du côté provincial me fait plaisir. Internet par ses groupes de discussions, puis par ses blogs et maintenant par Facebook a relativisé la prédominance du centralisme qui existait. J’irai même plus loin, car ce n’est pas seulement la province, mais la mondialisation… J’ai de nombreuses références en Belgique, en Suisse, au Canada… qui pour moi sont bien au dessus du microcosme parisien.

  2. Intéressante réflexion !
    « Facebook ne correspond pas à une vision centralisée classique » : c’est tout l’inverse ! un endroit où les contenus « chauds » se baladent d’un endroit à l’autre en toute fluidité, et où chacun est un micropole de diffusion (et de réception). N’existe-t-il pas plus plate organisation?

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