Retour sur la littératie- première partie. (extrait de la thèse)

Alors qu’Howard Rheingold évoque une twitter literacy, participant ainsi aux nombreuses littératies issues du numériques, il m’a semblé opportun de faire un rappel sur la notion de littératie avec un morceau extrait de ma thèse. Comme elle fait plus de 400 pages, je distillerai de temps en temps, certains passages pour éclairer quelques évènements particuliers. Le concept mérite qu’on s’y arrête plus longuement d’autant que l’association américaine de bibliothécaires, l’ACRL vient d’ouvrir un wiki qui associe littératie et science avec l’idée d’une science information literacy.
Une démarche qui démontre la volonté de rationalisation des savoirs qui s’opère dans le domaine de la formation à l’information.

 

Selon Régine Pierre, le terme apparaît pour la première fois en français en 1985 et son usage en tant que concept dans une revue scientifique n’est avéré qu’en 1991.

C’est un terme fortement utilisé notamment par les canadiens qui poursuivent beaucoup d’études dans le domaine et qui l’utilisent tel quel comme la traduction du terme literacy. La définition qu’ils en donnent nous éclaire sur l’élargissement de sens du concept :

Dans les grandes lignes, nous pouvons décrire la littératie comme un déterminant clé des chances d’une personne, que ce soit du point de vue de la carrière ou de la qualité de vie. Plus qu’une simple mesure des compétences en lecture, la littératie sert à évaluer la façon dont les adultes utilisent l’information écrite pour fonctionner en société. De fortes compétences en littératie sont étroitement liées à la probabilité d’obtenir un bon emploi, à des gains décents, et à l’accès aux possibilités de formation. (…)Traditionnellement, la littératie a fait référence à la capacité de lire, de comprendre, et d’utiliser l’information. Cependant, la signification du terme s’est élargie pour englober une gamme de connaissances, de compétences et d’habiletés qui ont trait à la lecture, aux mathématiques, aux sciences, et plus encore. Cet élargissement du sens reflète les changements profonds et généralisés qui se sont produits dans les domaines de la technologie et de l’organisation du travail au cours des 25 dernières années.

Un élargissement confirmé par la définition qu’en donne l’UNESCO en prônant une functional literacy :

A person is functionally literate who can engage in all those activities in which literacy is required for effective functioning in his group and community and also for enabling him to continue to use reading, writing and calculation for his own and the community’s development. 

Selon Eric Delamotte, la « literacy » « recèle le pari implicite, celui de réconcilier pratiques sociales et disciplines scolaires. » Eric Delamotte montre également l’étendue du concept :

Le concept a, d’abord, une assise anthropologique, car l’idée qui lui est sous-jacente est qu’il existe un lien entre l’apparition de l’écrit dans les sociétés et de nouveaux modes de pensée ou de raisonnement. Ensuite, la Literacy représente non seulement la prise en compte d’une évolution culturelle, mais elle introduit aussi une prise de position dans les débats sur l’éducation. Enfin, la Literacy est pragmatique et volontariste. Le mot important, ici, c’est évidemment « volontariste » qui indique que des objectifs précis sont définis et que des moyens et démarches sont consciemment mis en place pour les atteindre..

L’usage du terme de littératie implique un lien avec l’écriture et les rapports que la culture entretient avec la raison graphique. Mais il ne faudrait pas voir dans la littératie une vision simplement basée sur l’alphabétisme mais bel et bien sur le concept de texte tel qu’il est défini par Yves Jeanneret. L’article de Régine Pierre démontre bien les réelles ambitions du concept de littératie et de sa lente reconnaissance en français. Elle montre, en s’appuyant sur des travaux de chercheurs anglo-saxons, qu’il convient bien de la distinguer de l’alphabétisation car selon elle la littératie est une démarche qui débute bien avant l’apprentissage scolaire. Elle considère d’ailleurs que la functional literacy, évoquée d’ailleurs par l’UNESCO, n’est pas une valeur universelle mais diverge selon les lieux et les époques :

Le concept de littératie fonctionnelle englobe des réalités différentes selon les époques, les sociétés et les groupes sociaux (…). Ainsi savoir lire n’a plus la même signification pour les enfants d’aujourd’hui qui sont nés après la Révolution informatique que pour les enfants du début du XXe siècle pour qui la scolarisation primaire n’était même pas encore obligatoire.

Elle situe d’ailleurs la confusion entre alphabétisation et littératie a un autre niveau que celui du simple problème terminologique. 

Nous sommes ici dans la nécessité de faire face à la confusion développée notamment dans les discours. Il s’agit d’opérer une distinction entre ces différents concepts pour mieux distinguer celui de littératie :


Le fait de maîtriser l’écrit pour pouvoir penser, communiquer, acquérir de nouvelles connaissances, résoudre des problèmes, réfléchir sur notre existence, partager notre culture ou se distraire est ce qui définit le type et le niveau de littératie atteint par des individus que l’on dira lettrés – litterati – au sens où l’entendait Cicéron qui posait la littératie – scientia litteratura – à la fois comme le fondement de la sagesse et de l’éloquence (…). Au plan individuel, le concept de littératie réfère à l’état des individus qui ont assimilé l’écrit dans leurs structures cognitives au point qu’il infiltre leurs processus de pensée et de communication et que l’ayant ainsi assimilé, ils ne puissent plus se définir sans lui (…). Un parallèle peut être établi, au niveau individuel, entre le concept d’intelligence qui est une mesure du degré d’assimilation par un individu des connaissances sur le monde et le concept de littératie qui est une mesure du degré d’assimilation des connaissances sur l’écrit. 

 

L’enjeu posé par la littératie est donc bien différent de celui de l’alphabétisation, plus ambitieux, au final plus proche de la définition de l’homme cultivé d’Hannah Arendt. Le concept renvoie également à ce qu’on pourrait qualifier de représentation du monde (Weltanschauung) et se trouve donc fortement lié avec le concept de culture à tel point que l’on pourrait intervertir les deux termes et dire que la littératie donne forme à l’esprit pour paraphraser Bruner. Une dimension culturelle qui nous ramène fortement avec l’adjonction du mot information à l’étymologie de cette dernière, c’est-à-dire au moule, lieu de formation et de déformations. Une transformation qui s’opère autant sur les esprits que sur les corps selon Tracy Whalen :

Tout d’abord, la littératie met les corps en jeu. La littératie, en ce sens, se rapproche beaucoup de la notion d’habitus d’Aristote, idée développée par le sociologue français Pierre Bourdieu (1991), les dispositions durablement inculquées que nous développons au cours de nos vies, qui signalent notre aisance et nos aptitudes dans le monde. 

La littératie ainsi définie, il convient de s’interroger sur la résistance du concept face aux mutations du numérique.

(la suite prochainement)

Statistique Canada. La littératie compte. In Statcan. Disp. sur : <http://www.statcan.ca/francais/freepub/81-004-XIF/200404/lit_f.htm>

2 UNESCO. Revised recommendations concerning the international standardization of educational statistics, UNESCO’s standard-setting instruments, V3 B4, UNESCO, 1986

3 Eric DELAMOTTE. « Information and knowledge literacy. ». Esquisse. Eduquer à /par l’information,
janvier 2007, no 50- 51, p.41-53

4
« Nous pouvons considérer comme des textes une affiche et le jeu qu’elle établit entre images et mots écrits, l’organisation de l’écran d’accueil de notre ordinateur (…), le découpage reconnaissable d’un journal télévisé. Parle de texte, c’est simplement indiquer qu’une forme générale doit organiser un espace d’expression pour qu’il soit lisible, que les messages ne nous parviennent que sous une forme matérielle, concrète, organisée. A cet égard, on peut dire que le texte est toujours un objet technique, mais d’une nature particulière : un objet techno-sémiotique » in Yves JEANNERET. Y a-t-il (vraiment) des technologies de l’information ? PU du Septentrion, 2007, p.106 

5Régine PIERRE. « Entre alphabétisation et littératie : les enjeux didactiques » Revue Française de Linguistique Appliquée. 2003/1, Volume VIII, p. 121-137. p.124

6« Cette confusion entre alphabétisation et littératie déborde une simple querelle terminologique. Elle est le reflet d’une étonnante ignorance des origines de l’écriture et des mécanismes par lesquels l’Homme a développé et transmis la connaissance de cet outil qui façonne aujourd’hui nos existences. Dans tout ce débat terminologique, on confond l’écrit, l’écriture, la lecture et la littératie. » Ibid.., p.124

7
Ibid., p. 124

8 Jérôme BRUNER … car la culture donne forme à l’esprit: De la révolution cognitive à la psychologie culturelle. Retz, 1991


9Tracy WHALEN. « High Stakes, Mistakes, and Staking Claims : Taking a Look at Literacy / Grosses mises, méprises, mainmises : Regard sur la littératie. » Ethnologies, vol. 26, n° 1, 2004, p. 5-34. p.23

 


 

L’information en déformation

Plusieurs discours et vidéos tentent actuellement de définir l’information.
Selon nous, plusieurs erreurs sont commises et ainsi véhiculées.
L’information peut être ainsi définie par son contraire…qui n’est pas en premier lieu, la désinformation mais la déformation. L’information suppose une prise de forme. C’est la théorie d’Aristote et du schème hylémorphique où le potier donne forme à la glaise. C’est aussi la vision de Simondon qui fait de l’individu (technique et humain) celui qui conserve et transforme l’information.
Cela signifie pour les individus humains, que la formation constitue une part importante de l’information et que par conséquent la vision, orientée société de l’information, qui fait de l’information une matière première, quasi préexistante et objectivée est erronée.
L’information est de plus en plus considérée comme informe (quel paradoxe!) et devant circuler sans cesse. Le fait que tout soit souvent considéré comme information s’explique par la difficulté à comprendre et distinguer les notions de document, de source et d’auteur. Même si ces notions sont parfois complexes, elles sont parfois plus aisées à circonscrire que la notion d’information éminemment polysémique.
Voilà pourquoi, je suis fortement en désaccord avec les deux vidéos ci-dessous :

Dans cette vidéo, il y a néanmoins la mise en avant de prise de forme de l’information mais la trop grande séparation entre le contenu et le contenant reste trop simpliste. (Merci à la petite passerelle qui a déniché cette vidéo)
Dans la vidéo suivante, correspondant à un processus de veille, l’information est en fait tamisée. Mais on a la désagréable impression, que l’information existe en soi. D’autre part, en ce qui concerne l’évaluation de l’information, je ne suis pas en accord avec l’intervenant qui insiste sur le caractère subjectif de l’évaluation. Il y a une confusion avec l’évaluation de la pertinence par rapport à un besoin d’information, et l’évaluation de la ressource ou du document qui ne peut être totalement subjective. On est ici au coeur du problème, si au lieu d’information, on parle de document, on peut alors faire intervenir les règles de l’évaluation avec l’identification de l’auteur, sa légitimité, la date du document, l’expression, la date, etc.

Ces visions qui n’impliquent pas une mise à distance participent fortement à la déformation des individus. Il n’y a pas d’arrêt sur image ou sur document pour procéder à son analyse et son évaluation. C’est la skholé qui s’oppose au zapping permanent.

Le Ka documentarisé sur archivesic

Mon texte sur le Ka documentarisé est désormais accessible sur archivesic.
résumé :
Le Ka documentarisé est le double numérique constitué de nos activités volontaires ou non sur les divers réseaux et qui se voient de plus en plus indexées. L’individu devenu document est utilisé ainsi à divers usages notamment liés à la surveillance ou à l’exploitation commerciale et publicitaire. Le double numérique se joue entre une identité passive difficile à contrôler et une identité active qu’il convient de construire. L’enjeu de la culture de l’information est de former à la bonne gestion de ce double qui véhicule la réputation de l’individu. Par conséquent, les objectifs et les ambitions de cette dernière se rapprochent de la voie amorcée par la translittératie. Il s’agit donc de former non seulement à la recherche d’information mais également à la conscience de ses activités numériques, à l’identification du besoin de communication et au bon usage communicationnel.
L’ensemble des articles de la conférence est également disponible dans l’ouvrage Traitements et pratiques documentaires : vers un changement de paradigmes. Actes de la deuxième conférence. Document numérique et société, 2008 aux éditions de l’Adbs.

Pour rappel, le document de présentation est disponible ici

Thomas Hapke et l’évolution des compétences informationnelles

Thomas Hapke est un bibliothécaire allemand spécialisé dans la formation à l’information. Il exerce ses fonctions à l’Université de Harburg et tient régulièrement un blog sur les compétences informationnelles. Il fait le point sur les divers travaux publiés sur le sujet y compris francophones de temps en temps même s’il n’est pas tout à fait familier de notre langue. Nous avons l’occasion de débattre régulièrement avec lui et le concept de culture de l’information est pour l’instant inconnu en Allemagne mais semble constituer une piste d’intérêt chez lui.
Une attention qu’il répète régulièrement depuis quelque temps :
(…)je me demande si la « promotion de la culture de l’information » en tant que notion d’action, ne s’avère pas plus efficace que le label « promotion des compétences informationnelles» comme thème issu des bibliothèques.
Probablement parce que cela fait écho à sa volonté de redéfinir l’information literacy à l’heure du web 2.0. Son article sur l’évolution des compétences informationnelles en rapport avec le web 2.0 a plus particulièrement retenu notre attention . Nous avons effectué la traduction de son évolution des compétences au sein de l’environnement informationnel actuel.
Tableau de l’évolution des compétences selon Thomas Hapke
tableauhapke
taille réelle
tableau traduit de l’article : Hapke, Thomas Informationskompetenz 2.0 und das Verschwinden des « Nutzers » [Information literacy 2.0 and the disappearance of the user]. Bibliothek : Forschung und Praxis, 2007, vol. 31, n. 2, pp. 137-149

Une compétition de digital literacy

Je viens seulement de m’apercevoir aujourd’hui qu’à la fin du mois de septembre s’est déroulée la deuxième compétition de digital literacy entre des étudiants de plusieurs universités.
Le concours est organisé par les bibliothèques des universités de l’Indiana avec un prix de 100 euros pour le gagnant qui doit répondre à 50 questions en 30 minutes avec un accès Internet. Le tout semblant se dérouler sous forme de QCM.
Ici sont mesurées des habiletés informationnelles, cognitives et des capacités documentaires.
Est-ce un exemple à suivre pour motiver les plus récalcitrants ?
Je verrai bien un concours entre différentes formations et universités ce qui permettrait également d’effectuer des tests et des mesures qui pourrait bien révèler quelques surprises.

Retour du colloque Erté sur la culture informationnelle.

J’ai retenu du colloque lillois sur la culture informationnelle quelques points qui nous permettent de travailler sur des points de stabilité. J’ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs personnes notamment Sheila Webber que j’avais rencontrée dans le virtuel mais pas encore dans le réel.
En premier lieu, nous sommes d’accord sur le fait de former à la distance critique. Il reste quelques points de désaccord à ce niveau. Je suis en ce sens proche d’Alexandre Serres dans ses critiques émises à la suite de la conférence de Dominique Wolton que cette distance critique ne s’avère que possible dans la prise en compte de la technique dans l’examen scientifique et la nécessité de son enseignement au niveau de la formation des élèves et des étudiants. Il ne s’agit pas de former de manière procédurale mais bel et bien de montrer quels sont les processus et les points de vue sur lesquels reposent notamment les outils actuels du web 2.0 ainsi que les moteurs de recherche type Google.
Le deuxième point qui semble faire consensus, c’est que nous sommes inscrits désormais dans une démarche de translittératie c’est à dire que nous ne pouvons penser et envisager les formations sous l’angle d’une stricte division de la formation aux médias, de la formation à l’information-documentation et de la formation à l’informatique. En effet, l’élève pris dans le maelström technico-informationnel ne peut comprendre ces distinctions tant il parvient via un seul outil à accéder à la fois à de l’information type news, à des vidéos et des extraits d’émission, le tout via des procédés techniques et informatiques qui bien souvent le dépassent et dont il ignore si ce n’est l’existence, tout au moins la complexité.
Une fois établi, ce consensus, vient les difficultés. En effet, si nous souhaitons rassembler, il demeure important de garder des distinctions entre ces disciplines. Ensuite, vient la question du dépassement des discours. Les travaux de l’Unesco, de l’IFLA et les actions internationales et européennes constituent d’évidentes avancées. Seulement, il nous semble qu’une translittératie reposant sur une culture de l’information et de la communication ne peut s’appuyer que sur des incitations, des modèles normatifs ou pire des kits ou autres dispositifs simplement « adaptionistes ».
Il ne s’agit donc pas de répondre aux théories de la société de l’information par des théories de la culture de l’information reposant sur des modalités assez similaires qui auraient d’ailleurs plutôt tendance à ressembler à une « digital literacy » mettant davantage l’accent sur la formation immédiate aux outils. Il faut également rappeler qu’historiquement le terme d’information literacy constitue un pendant de la société de l’information en considérant que l’information devient la matière première des sociétés post-industrielles.
Le problème c’est qu’au final, le discours de former tous les citoyens à ce qu’ils parviennent à utiliser au mieux leur environnement informationnel est évident. Pourtant derrière les concepts de culture de l’information demeurent des visions parfois diamétralement opposées.
C’est en ce sens que les travaux en didactique de l’information constituent des éléments intéressants du fait qu’ils nous permettent de distinguer à la fois les notions stables qui méritent d’être transmises.
C’est donc comprendre que derrière la littératie se trouve des élements stables, fortement liés à la constitution de l’humanité avec la technique, et qu’il nous faut donc penser le « trans ».
C’est donc aussi la difficulté de nos projets, face aux discours simplistes de la société de l’information, il nous faut répondre de manière patiente et complexe tout en parvenant à élaborer des formations adéquates et adaptées.
J’ai moi-même quelque peu amorcé concrètement cette visée avec la mise à disposition de séances que j’ai effectuées avec mes sixièmes sur Lilit & Circé. Ces fiches comme celles publiées par d’autres collègues ne sont pas à suivre à la lettre mais cherchent au travers de situations-problèmes à faire acquérir des notions notamment info-documentaires.
Les enseignants et les formateurs ont besoin de sources et de fiches qu’ils peuvent se réapproprier plutôt que de kits.
Il demeure toujours le problème politique de la réelle mise en place de ces formations qui n’ont lieu sur le terrain qu’au prix de bricolage…voire de négociations ce qui ne peuvent être sastisfaisants.
Je reste pour ma part pour une redistribution des cartes et un new-deal disciplinaire qui permettraient la mise en place de ces enseignements en souhaitant qu’ils reposent sur des stratégies pédagogiques et didactiques qui ne soient pas purement magistrales. La culture de l’information n’a de sens d’ailleurs que dans un fin dosage de pratique et de théorique s’autoalimentant.
Mon intervention s’intitulait bouillon de cultures : la culture de l’information est-elle un concept international ?
Je n’ai plus qu’à souhaiter que ça continue à bouillonner et que cela émerge non pas sur une soupe en kit mais sur des processus d’appropriations et des milieux associés.
Pour cela, il nous faut sans doute ne pas demeurer trop sur notre « Lille » mais continuer à aller de l’avant sans quoi nous finirons par faire de la chanson de JM Caradec notre hymne.

Séminaire GrCDI du 12 septembre

Le GrCdi (groupe de recherche sur la culture et la didactique de l’information) dont je suis membre a tenu récemment un séminaire de haute tenue sur la culture de l’information.

Olivier Ertzscheid qui a l’art de couper les cheveux en quatre (la tétrapilectomie) a avancé l’idée de technologies de la capillarité qui prendrait le dessus quelque peu sur les technologies de l’intelligence et de la collaboration. Cette théorie s’appuie sur notamment l’indexation de plus en plus fréquente de nos activités personnelles. Vous pouvez retrouver sa présentation sur son site. De là, à affirmer qu’il s’agit du versant des technologies de contrôle, il n’y a qu’un pas ce que dénonce d’ailleurs Armand Mattelart dans son ouvrage sur la globalisation de la surveillance. Voilà qui fait écho également à l’article de Christian Fauré sur la nécessaire prise de soin des données au sein de l’entreprise.

Marie Dominique Le Guillou a brillamment exposé le projet de banques images auquel elle a participé. J’espère d’ailleurs qu’elle nous fera part de cette expérience pour les lecteurs de cactus acide.

Alexandre Serres a tenté de résumer l’abondante pensée de Bernard Stiegler que nous avions déjà essayé de schématiser. Des réflexions intéressantes permettent de faire avancer ceux qui se préoccupent de la culture de l’information. J’ai d’ailleurs plusieurs fois avancé ici l’idée d’une veille basée sur le fait de prendre soin par rapport à la veille-surveillance facilitée notamment par les technologies de la capillarité avancées plus haut.

L’après midi a vu un débat autour de la didactique de l’information qui a permis de lever certaines ambigüités avec les intervention de Muriel Frisch et de Pascal Duplessis notamment autour des approches bottom-up et top down et des représentations. En ce qui me concerne, je conçois la didactique de l’information comme une écologie de l’esprit constituant le volet pédagogique de la culture de l’information. Par conséquent, la démarche didactique s’appuie sur un cercle vertueux au sein duquel s’effectue le triangle didactique sans qu’aucunement ne s’effectue un gavage notionnel peu fécond.

Si ces questions vous intéressent, n’hésitez pas à vous reporter au site et notamment à l’abondante bibliographie collective des membres de l’équipe ainsi que sur les interventions réalisées récemment.

Les débats ayant tourné également autour de la redocumentarisation et des évolutions technologiques, j’en profite pour vous rappeler la lecture de mon article sur la permance du texte.

Le site du grcdi devrait recenser prochainement l’ensemble des résumés des interventions. En attendant, vous pouvez regarder les documents du séminaire précédent.

La culture de l’information en colloque : bienvenue chez les ch’tis 2

Si vous voulez en savoir plus sur la culture de l’information, l’évènement incontournable se déroule à lille du 16 au 18 ocotbre 2008.
Par contre, il faudra vous inscrire rapidement avant le 15 septembre sans quoi il faudra acheter vos places au marché noir.
J’aurais le plaisir d’y causer d’autant que les frites sont à volonté.
Pour le reste des détails, je reprends l’information telle qu’elle est parue sur urfist-info:

Deux informations importantes concernant le colloque international de l’ERTé  « L‘éducation à la culture informationnelle », organisé à Lille les 16, 17 et 18 octobre :

le programme définitif du colloque, avec les ateliers, est désormais en ligne sur le site http://ertecolloque.wordpress.com/

si vous n’êtes pas encore inscrit et si vous voulez être sûr d’avoir un hébergement, il faut impérativement vous inscrire avant le 15 septembre, en remplissant le formulaire d’inscription sur le site :
http://geriico.recherche.univ-lille3.fr/colloque/saisie_inscription.php.

En effet, en raison d’un autre congrès important qui aura lieu à Lille aux mêmes dates, l’équipe d’organisation du colloque a réservé de nombreuses chambres d’hôtel, qu’il faudra confirmer le 15 septembre (pour plus de détails, voir sur le site http://geriico.recherche.univ-lille3.fr/colloque/hebergement.php) ; après le 15 septembre, les retardataires devront trouver eux-mêmes un hébergement, en se reportant à une liste d’hôtels indiqués sur le site.

Voilà, vous savez tout. Je rappelle qu’il est possible de ne venir que le samedi qui est davantage consacré  à la didactique de l’information ce qui peut intéresser notamment les professeurs-documentalites et ceux qui se destinent au métier.