Mes publications en ligne

Ménage d’automne, je commence à mettre de l’ordre dans mes publications diverses. Tout devrait être bientôt bien rangé dans mon espace recherche.
En attendant, je livre ici une série de publications avec leurs liens directement accessible la plupart du temps. Vous êtes nombreux à me demander parfois : « mais où sont tes articles ». J’avais l’habitude de répondre : tout est sur hal ou sur archivesic, mais j’ai l’impression que cela s’avère pas toujours pertinent. Du coup, je livre ici en vrac  les publications les plus importantes. J’ai du en oublier quelques unes et bien évidemment les publications de 2013 où celles à venir n’y figure pas encore. 2014 devrait être d’ailleurs assez chargée au niveau publications…
Quand il n’y a aucun lien, et bien c’est simple, il faut me demander le texte à oledeuff@gmail.com
Thèse
– La culture de l’information en reformation. (sous la dir. d’Yves Chevalier). Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication. Université Rennes 2, Septembre 2009
Revues
Revues scientifiques à comité de lecture
–        (­2012) Humanisme numérique et littératiesSemen n° 34, p.117-134
–        (2012) Introduction. Le document numérique dans sa dimension éducative : entre logiques documentaires et enjeux didactiquesDocument numérique. « Logiques documentaires et enjeux éducatifs », vol. 15, N°3, 2012, P.7-17 (Numéro que j’ai coordonné)
–        (2012) Littératies informationnelles, médiatiques et numériques : de la concurrence à la convergence ? Etude de communication n°38, p.131-147
–        (2012) Le réseau personnel de gestion des connaissances et la redéfinition du travailTerminal n°110, p.39-54
–        (2012) « Journalisme, culture technique et reformation didactique ». Cahiers du journalisme, n°24, été 2012, disponible sur : http://www.cahiersdujournalisme.net/cdj/pdf/24/12_LE_DEUFF.pdf
–    Avec Yves Chevalier. (2011)  « Les systèmes d’information sont-ils des outils techniques ? » RIHM 11, 2  63-79
–    (2011) « Education et réseaux sociaux. Des environnements pour la formation ou qui nécessitent une formation ? », Hermès n°59, p. 67-73
–    (2011) « Contrôle des métadonnées et contrôle de soi», Etude de communication n°36, p.23-38
–    (2010) « Réseaux de loisirs créatifs et  nouveaux mode d’apprentissage», Distances et savoirs. Vol.8, n°4, p.601-621
–    (2010) « Quelles mnémotechniques pour l’Internet ? » In Nicole Pignier et Michel Lavigne (Dir.), Mémoires et Internet, revue MEI, n° 32. Déc, p.41-51
–    (2010) « La culture de l’information et l’héritage documentaire »,  Documentaliste-Sciences de l’information. 3/2010, p.4-11
–    (2010) « La bibliothèque 2.0 », Les Cahiers du Numérique. Numéro spécial. « Du web 2.0 au concept 2.0 »,  p.97-118
–    (2010) « La skholé face aux négligences : former les jeunes générations à l’attention », Communication & Langages n°163, mars 2010, p.47-61
–    (2009) « Penser la conception citoyenne de la culture de l’information»,  Les Cahiers du Numérique. « La culture informationnelle ». Paris Hermes-Lavoisier, vol.5, n°3, p. 39-49
–    (2009) Avec Gabriel Gallezot  « Chercheurs 2.0 ?»,  Les Cahiers du Numérique.  « Enjeux actuels de la communication scientifique ». Paris Hermes-Lavoisier, vol.5, n° 2, p. 15-31
Articles dans un ouvrage
–    (2013) «Nouveaux outils et science : l’archéologie pour faire sens » in L’histoire contemporaine à l’ère digitale.sous la dir. de Frédéric Clavert et Serge Noiret Peter LangP. 213-222
–    (2011) « The Library 2.0: origins of the concept, evolutions, perceptions and realities”. In Proceedings of the IFLA Stockholm Pre-conference. Marketing libraries in a web 2.0 world. De Gruyter Saur, p.3-12
– –    (2010)  « Bouillon de cultures : la culture de l’information est-elle un concept international ? » in Colloque l’Education à la culture informationnelle (sous la dir. de Chapron Françoise et Delamotte, Eric). Presses de l’Enssib. Collections Papier, p.49-57
–    (2009) « Du bon usage de Google. » in L’entonnoir, Google sous la loupe des sciences de l’information. sous la dir. de Simmonnot, Brigitte et Gallezot, Gabriel, CF éditions, p.83-88
–    (2009)  (avec Serres, Alexandre) « Outils de recherche : la question de la formation » in L’entonnoir, Google sous la loupe des sciences de l’information. sous la dir. de Simmonnot, Brigitte et Gallezot, CF éditions, 2009, p.93-111
–    (2009) « De l’autorité à la popularité : de nouvelles formes de recommandation ? » Le Web 2.0 en bibliothèques. Cercle de la Librairie, p.137-144
–    (2008-209-2010) « Les besoins d’information » Repere – Ressources électroniques pour les étudiants, la recherche et l’enseignement. Enssib, édition mise à jour de 2010, p. 7-10
–    Disponible sur < http://repere.enssib.fr/Repere2010.pdf >
Autres revues
(2013). Un blog scientifique. MédiumN° 36(3), 82–97. doi:10.3917/mediu.036.0082
Revues professionnelles
2013 :
Cultures et humanités numériques : quelles métamorphoses, Dazibao n°36, mars 2013, p.31-33
2012:
(2012) Curation et logique documentaire, pour des maîtres d’armes numériques, Médiadoc n°9
(2012) « Méthodologie générale d’un projet de veille ».  Outils et efficacité d’un système de veille, Guide pratique archimag, n°47, P.32-34
« Qu’est-ce que la translittératie ? » Intercdi n°237, p. 62-64
« Curation, folksonomies et pratiques documentaires: quelle prise de soin face à l’incurie? »
Documentaliste-Sciences de l’information, 49 (1), 51-52
2011.
–    « La translittératie en débat. » Argus. Vol.9, n°3, p.
–    « Le document enseignant ou la didactique engrammée. » Mediadoc, n°6, p.12-14
2010
– “Library 2.0 and the culture of information : new paradigms ?” Cadernos BAD 1, 2009/2010 (2011) 20-28
–    « Les technologies permettent-elles l’intelligence collective ?», Argus. Vol. 39 n° 2, p.31-33
–     « la bibliothèque 2.0 entre réalités et illusions », Argus. Vol.39 n°1. p.16-19
–    « La formation à l’identité numérique ». Documentaliste-Sciences de l’Information. 47/01,  p.42-44
–    «  Quel impact pédagogique pour les manuels numériques ? » Archimag 238, 10/2010, p. 28-29
–    « Les sept piliers de la culture de l’information. » Intercdi n°227. Septembre 2010, 9-13.
–    Analyse critique de l’ouvrage « Technologies de l’information et intelligence collective » sous la dir. de Juanals Brigitte et Noyer, Jean Max. BBF, 2010, n° 6, p. 94-95
–    Analyse critique de l’ouvrage « La richesse des réseaux : marchés et libertés à l’heure du partage social » de Benkler, Yochai, BBF, 2010, n° 5, p. 110-111 <http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2010-05-0110-006>
2009 :
–    « La culture de l’information en sept leçons », Argus. Vol.38 n°2
–    « Les signets sociaux ou le tiers de confiance », Argus. Vol.37, n°3. Hiver 2009, p14-15
–    « Travailleurs du savoir » critique de l’ouvrage de Christophe Deschamps. Le nouveau management de l’information. Argus, vol.38 n°3, p.39
–    « Former à la culture de l’information », in Le Mensuel de l’université, 25 novembre 2009. <http://www.lemensuel.net/2009/11/25/former-a-la-culture-de-l%E2%80%99information/>
–    « Le réveil de la veille : prendre soin plutôt que surveiller » InterCDI n°220. Juillet/août 2009, p.66-68
–    « La convergence médiatique » Médiadoc n°2, avril 2009, p.40-41
–    «La conception cybernétique de l’information. » Argus. Vol. 38, n°1, 2009 (Résumé critique de l’ouvrage de Mathieu Triclot. Le moment cybernétique : la constitution de la notion d’information. Champs Vallon, 2008
–    « Historiae : la culture de l’information en action » Les cahiers pédagogiques n°470 « dossier : les élèves et la documentation » < http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article4227>
2008 :
–    « La culture plutôt que le culte ».   Argus, vol.37, n°2, automne 2008, pp.38-39 (Critique de l’ouvrage d’Andrew Keene. (2008) Le culte de l’amateur. Comment Internet détruit notre culture. Paris : Scali.)
–    « Les littératies et l’imago », InterCDI, numéro spécial, juillet-août 2008, n° 214, p.110-111
–    « La caverne d’Ali Baba version web 2.0. ». Guide pratique n°33 d’Archimag. La bibliothèque à l’heure du web 2.0., juillet 2008, p38-39
2007 :
–    « La porte est en dedans » InterCDI n° 2005, janvier 2007, p.6-7
2006 :
–    « Le document face aux négligences, les collégiens et leurs usages du document » InterCDI n° 2002, juillet 2006, p.87-90
–    Article pour la rubrique mot-clé de l’oeil de l’adbs : « Information literacy » in Œil de l’Adbs. Adbs. Mars 2006   <http://www.adbs.fr/site/publications/oeil_adbs/06/oeil_adbs_no6.html#metiers_interview>
–    «Folksonomies : Les usagers indexent le web », BBF, n° 4, p. 66-70
Document collectif
–    Avec Serres, A. et al. (2010) Culture informationnelle et didactique de l’information. Synthèse des travaux du GRCDI, 2007-2010.  < http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00520098/>
Revues en ligne
–    (2008) « De la méfiance à la défiance : analyse informationnelle du mythe du complot. », Revue internationale en intelligence informationnelle. « Les sources »
–    (2008) « Permanence du texte et esprit documentaire. », Horizon Sémiologie. Aout 2008

Thatcamp Saint-Malo

L’information circule depuis quelques semaines mais il est temps en cette période estivale de continuer à diffuser l’information.

En effet, le prochain Thatcamp en France aura lieu en Bretagne ! Au menu du sérieux (de nombreux ateliers), du très sérieux (des séances de formation) et du fun (des olympiades que j’organise) autour des humanités numériques ou digitales, les fameuses digital humanities. On ne vous promet pas que vous allez manger des crêpes et galettes tous les jours, mais on ne vous empêchera pas. Vous serez dans le cité corsaire, dès lors un esprit un peu flibustier y règnera fortement.

Le site dédié est là.

J’apprécie beaucoup le logo qui me fait penser aussi à une chrysalide, si vous y rentrer, vous serez transformé, comme moi je l’ai été. Une chrysalide, ça me ramène aussi au dernier ouvrage de Murakami. J’y reviendrai à nouveau.

Mais comme vous êtes fatigué de cliquer à cause des pollutions type scoop.it, voici l’essentiel de l’information et surtout n’oubliez pas de vous inscrire :

Le prochain THATCamp francophone se déroulera les 18 et 19 octobre à Saint-Malo au Château de la Briantais. La capacité d’accueil est de 80 personnes. Des Olympiades DH, des ateliers formation (Gephi, Processing, Arduino, Rapsberry), et un workshop (« objets intelligents et déconnexion ») seront également organisés les 17 et 20 octobre.

Qu’est-ce qu’un THATCamp ?

« Un ThatCamp – The Humanities and Technology Camp – est une rencontre qui permet aux acteurs de la recherche en sciences humaines et sociales utilisant des technologies numériques de partager informations, idées, solutions et savoir-faire autour de leurs pratiques. Les ThatCamps sont organisés par les participants eux-mêmes. Le programme n’est pas établi à l’avance mais construit directement sur place. Un ThatCamp n’est pas constitué de conférences ex- cathedra mais prend la forme d’ateliers, où tous les participants sont invités à partager leurs connaissances. »Pierre Mounier, 12 juin 2012.

 Thématiques THATCamp Saint-Malo 2013

Toutefois THATCamp Saint-Malo 2013 souhaite aborder les relations entre Humanités numériques et Bibliothèques : compétences en jeu, évolutions des profils et dialogue des bibliothèques avec la recherche, pratiques informationnelles des chercheurs…

THATCamp Saint-Malo 2013 a également pour ambition de rassembler pour la première fois la communauté des arts et du design concernée par les humanités numériques (conception de programme, design d’interface, design d’information, cartographie).

Enfin THATCamp Saint-Malo 2013 sera l’occasion pour la communauté francophone des humanités numériques et/ou digitales de songer à se constituer en association.

Inscription

Une liste d’inscription est ouverte jusqu’au 15 septembre à l’adresse suivante : http://barcamp.org/w/page/67372397/Inscriptions%20ThatCamp%20Saint-Malo#view=page

Proposition et suggestion d’atelier

Vous pouvez proposer ou faire des suggestions d’atelier à l’adresse suivante : http://barcamp.org/w/page/67372429/Propositions%20d’atelier

 

Equipe organisatrice

– Nicolas Thély, professeur en esthétique et humanités numériques à l’université Rennes 2.

– Alexandre Serres, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication et co-responsable de l’Urfist de Rennes.

– Erwan Mahé, responsable du laboratoire Design et Pratiques Numériques de l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne.

– Guillaume Pinard, artiste et professeur à l’École Européenne Supérieure d’Art de Bretagne.

– Olivier Le Deuff, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à Bordeaux 3.

 
 

 

Appel à articles : les cahiers du numérique. Quels agencements pour les Humanités Numériques ?

Je transmets un appel qui montre la montée en puissance de l’intérêt pour les humanités numériques. A vos propositions.

Le numéro est sous
la direction de Eddie SOULIER

 
Date limite de soumission : 30/06/2013

THÉMATIQUE : Sciences et technologies de l’information et de la communication

OBJECTIF

La quête d’un entre-deux entre l’acteur et le système a été la marque de fabrique des Sciences Humaines et Sociales (SHS) au tournant des années 80, stylisée comme une dualité par Antony Giddens. Les catégories de dispositifs (Foucault), d’agencements collectifs d’énonciation (Deleuze et Guattari), de pratique (Schatzki), d’acteur-réseau (Callon et Latour) ou d’institutions du sens (Descombes) ont été des candidates, parmi d’autres, au dépassement de cette dualité. Elles s’inscrivent en tension vis-à-vis de l’ordre de l’interaction décrit par Ervin Goffman, tension qu’on peut étendre à « l’ordre de la situation » (en référence à la phénoménologie sociale, l’ethnométhodologie ou la cognition située) comme à celui de l’activité, mis en avant par les théoriciens contemporains de l’activité (Engeström, 1987 ou Clot, 1999). Les premières catégories présentent un air de famille holistique que ne possèdent pas les secondes (qui ne formeraient qu’un « holisme affaibli » selon Berthelot, 2001), celui d’un holisme renouvelé cependant, où les propriétés des phénomènes émergent de l’interaction entre les parties et non d’un tout organique, comme le rappelle vigoureusement Manuel DeLanda (Agencements versus totalités, 2009).

Les caractéristiques des nouvelles approches holistiques – que nous regroupons pour ce numéro spécial des Cahiers du Numérique sous l’étendard de la théorie des agencements – sont maintenant connues : abandon de la distinction micro/macro, place prépondérante des objets, accent mis sur la relation entre entités hétérogènes (relationnisme) et en particuliers sur la force des liens faibles, encastrement des entités, genèse matérialiste des rationalités et idéalités, importance de la performativité qui oriente le regard sur les dynamiques, la topologie et les connexions plutôt que sur les substances. Cette réflexion à nouveaux frais sur la nature de la réalité sociale est consécutivement l’occasion d’un regain d’intérêt pour l’ontologie sociale (Searle, 1995 ou, en France, Livet et Ogien, 2001 et Livet et Nef, 2009), et donc sur ces « entités », que semblent respecifier les DH par accumulation de données et nouvelles techniques d’exploration.

Quel renfort semble venir apporter le formidable développement des technologies numériques actuelles à la question des agencements ? La convergence entre l’accroissement des usages sociaux des technologies numériques et l’intégration de la culture numérique dans les pratiques de recherche d’aujourd’hui ne suffit pas pour autant à faire discipline ni même interdiscipline. Aussi ce numéro spécial cherche-t-il à croiser spécifiquement ces pensées de l’agencement – qui ont placé les relations sociotechniques à la base des SHS et de ses objets – au thème des humanités numériques, autour de trois grands questionnements, avec pour objectif explicite de mieux élucider l’apport réflexif et critique de cette dernière démarche à la question des agencements sociaux, leurs modes d’existence et leur compréhension :

 
Comment comprendre l’interrelation entre le Web grand public comme étant lui-même un agencement ou un dispositif de support et d’inscription de nos conduites sous forme de données et les phénomènes, objets et catégories qui sont au centre des intérêts actuels de connaissance des SHS, des arts et des Lettres ? (plan ontologique).

La tendance à une certaine réduction des comportements aux usages et à leurs traces numériques sous forme de « données », notamment dans le contexte de l’accumulation des données massives et ouvertes, n’est-elle pas elle-même un effet d’agencements sociotechniques porteurs de certaines relations de pouvoir dont il s’agirait de mener à bien une reconceptualisation plus critique ? Les humanités numériques sont-elles suffisamment bien armées pour cela ? De quelles régulations épistémiques se réclament-elles ? La recherche contemporaine s’oriente-t-elle vers un irénisme ultra-empirique ou est-ce plutôt le projet d’une (hyper)démocratisation de la science qui se joue ? (plan épistémique et politique).

Enfin comment entendre, dans les termes des sciences et des techniques en tant qu’agencements ou méta-réseaux, l’évolution actuelle des pratiques scientifiques et des méthodes de conduite de la recherche et de diffusion de ses résultats induit par les outils numériques et le traitement des données dans le champ des SHS ? (plan axiologique et [de la double] herméneutique).

 
Nous sollicitons des contributions couvrant toutes les problématiques autour des agencements sociotechniques et des humanités numériques (liste suivante non exhaustive) :

Genèse et histoire des humanités numériques

Intégration de la culture numérique dans les pratiques de recherche

Usages des outils numériques pour la collecte, la patrimonialisation, l’exploitation et la visualisation des données

Contribution des humanités numériques à l’innovation intellectuelle et la créativité

Contours de la science participative

Fondements théoriques, appareillage critique et méthodologies des humanités numériques

Rôle des usages numériques dans la fabrique des événements sociaux (émeutes, révolutions, rumeurs, etc.)

Apports concrets des outils développés par et pour les digital humanities

Vérités, justifications et controverses autour de la réalité

Perspectives de la socio-informatique sur la simulation sociale

Influence de la communication numérique des résultats scientifiques sur le débat public

 
COMITÉ DE RÉDACTION DU NUMÉRO

• Valérie Carayol, Université de Bordeaux 3

• Hugues Choplin, Université de Technologie de Compiègne

• Alexandre Gefen, CNRS-Université Paris 4 Sorbonne

• Sylvie Grosjean, Université d’Ottawa

• Olivier Le Deuff, Université de Bordeaux 3

• Christophe Lejeune, Université de Liège

• Myriam Lewkowicz, Université de Technologie de Troyes

• Alexandre Monnin, INRIA – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

• Gloria Origgi, CNRS-Institut Jean Nicod

• Sophie Pène, Université Paris Descartes

 
CALENDRIER

Date limite remise contributions 30/06/2013

Réponse aux auteurs : 15/09/2013

Remise version finale : 30/11/2013

Remise à l’éditeur : 31/12/2013

Parution du numéro : janvier 2014

RECOMMANDATIONS AUX AUTEURS

Les soumissions sont à envoyer à Eddie Soulier (coordonnées ci-dessous) et doivent respecter la feuille de style word de la revue disponible sur le serveur http://lcn.revuesonline.com (ou sur demande à : lcn@lavoisier.fr)

Les articles sont compris entre 20 et 25 pages. Ils sont acceptés en français (ou en anglais pour les auteurs non francophones).

Les soumissions peuvent être envoyées sous forme de fichiers PDF

Les versions finales sont acceptées au format Word uniquement

 
CONTACT

Eddie Soulier. Université de technologie de Troyes

12 Rue Marie Curie CS 42060 – 10004 TROYES CEDEX

Tel 06 84 23 55 84

eddie.soulier@utt.fr

Le souci de soi selon Michel Foucault

En pleine écriture d’un projet autour de l’existence numérique, je suis parfois tenté d’arrêter d’écrire pour ne conseiller que la lecture de Foucault et notamment de l‘herméneutique du sujet qui montre parfaitement l’importance du souci de soi.
Le souci de soi est probablement antérieur et plus important que le fameux connais-toi, toi-même dont on parfois fait le fondement socratique. Or Foucault démontre que le connais- toi, toi-même est en fait subordonné au souci de soi. Dans son exigence de recherche de la vérité, Socrate fait d’ailleurs cette critique aux citoyens athéniens :
« Quoi! cher ami, tu es Athénien, citoyen d’une ville qui est plus grande, plus renommée qu’aucune autre pour sa science et sa puissance, et tu ne rougis pas de donner tes soins (epimeleisthai) à ta fortune pour l’accroître le plus possible, ainsi qu’à ta réputation et à tes honneurs; mais quant à ta raison, quant à la vérité et quant à ton âme, qu’il s’agirait d’améliorer sans cesse, tu ne t’en soucies pas, tu n’y songes même pas. »[1]
Cet éloignement du souci de soi renvoie nettement à un éloignement de la vérité, vérité sur soi autant que vérité en général. Foucault distingue trois dimensions essentielles dans le souci de soi (Citation issue de l’herméneutique du sujet) :
« – premièrement, le thème d’une attitude générale, d’une certaine manière d’envisager les choses, de se tenir dans le monde, de mener des actions, d’avoir des relations avec autrui. L’epimeleia heautou, c’est une attitude: à l’égard de soi, à l’égard des autres, à l’égard du monde;
– deuxièmement, l’epimeleia heautou est aussi une certaine forme d’attention, de regard. Se soucier de soi-même implique que l’on convertisse son regard, et qu’on le reporte de l’extérieur, sur… j’allais dire « l’intérieur ». Laissons ce mot (dont Vous pensez bien qu’il pose tout un tas de problèmes) de côté, et disons simplement qu’il faut qu’on convertisse son regard, de l’extérieur, des autres, du monde, etc., Vers : « soi-même ». Le souci de soi implique une certaine manière de veiller à ce qu’on pense et à ce qui se passe dans la pensée. Parenté du mot epimeleia avec meletê, qui Veut dire à la fois exercice et méditation. (…).
– troisièmement, la notion d’epimeleia ne désigne pas simplement cette attitude générale ou cette forme d’attention retournée vers soi. L’epimeleia désigne aussi toujours un certain nombre d’actions, actions que l’on exerce de soi sur soi, actions par lesquelles on se prend en charge, par lesquelles on se modifie, par lesquelles on se purifie et par lesquelles on se transforme et on se transfigure. Et, de là, toute une série de pratiques qui sont, pour la plupart, autant d’exercices qui auront (dans l’histoire de la culture, de la philosophie, de la morale, de la spiritualité occidentales) une très longue destinée. Par exemple, ce sont les techniques de méditation  ; ce sont les techniques de mémorisation du passe; ce sont les techniques d’examen de conscience; ce sont les techniques de Vérification des représentations à mesure qu’elles se présentent à l’esprit , etc »

Le souci de soi chez Foucault
Le souci de soi chez Foucault

J’y reviendrai plus longuement sur le blog et dans un ouvrage à paraître dans un futur pas trop éloigné, espérons-le.  Sur cette question, la lecture de l’excellent ouvrage de Bernard Stiegler sur la pharmacologie est à conseiller également.


[1] Platon. Apologie de Socrate. Disponible sur : < http://philoctetes.free.fr/apologiedesocrate.htm>

L’homme stochastique et la capacité à analyser et interpréter les données

Je suis en train de lire actuellement l’homme stochastique de Robert Silverberg. Vous le trouverez d’occasion ou dans toute bonne bibliothèque.
Je suis tombé sur un passage qui m’a fortement interpellé, tant il décrit une relation aux objets et aux données proche de celles que l’on connait actuellement :
« Ce que j’accomplissais était sophistiqué et purement technique, mais constituait également une espèce de sorcellerie. Je plongeais dans les procédés harmoniques, les biais positifs, les valeurs modales, les paramètres de dispersion. Mon bureau était un labyrinthe d’écrans et de diagrammes. J’avais une batterie d’ordinatrices fonctionnant jour et nuit sans arrêt, et ce que l’on aurait pu prendre pour un bracelet-montre fixé à mon poignet droit (au lieu du gauche) était en réalité un récepteur de données qui chômait rarement. Mais les mathématiques supérieures, tout comme la puissante technologie de Hollywood, n’étaient que de simples aspects des phases préliminaires – le stade d’information. Quand il me fallait passer aux conjectures proprement dites, IBM ne pouvait plus rien pour moi. Je devais opérer sans rien d’autre que mon cerveau livré à ses seuls moyens. J’étais là, debout sur la falaise dans un isolement terrible, et même si le sonar m’indiquait la configuration des fonds marins, même si les appareils les plus perfectionnés enregistraient la violence des courants dominants, la température de l’eau et l’indice de turbidité, je restais tout seul au moment crucial de la réalisation. Je scrutais l’océan de mes yeux mi-clos, pliant les genoux, balançant les bras, aspirant le plus d’air possible, attendant la minute où j’allais voir, la minute où je voyais véritablement. Et quand je sentais cette vertigineuse, cette splendide confiance implantée derrière mes cils, alors je plongeais enfin. Je piquais tête la première dans les flots houleux, à la recherche du doublon d’or. Je me lançais nu, sans défense et sans la moindre erreur de trajectoire pour atteindre mon objectif. »
La stochastique est un mot peu employé et qui correspond à la capacité à établir des prédictions.  Robert Silverberg nous explique d’ailleurs longuement le concept :
« Stochastique. Selon le Grand Dictionnaire d’Oxford, le mot fut créé en 1662, et il est maintenant rarement utilisé, ou périmé. N’en croyez rien. C’est le Grand Dictionnaire d’Oxford qui est périmé, et non la stochastique, car ce terme perd chaque jour de son archaïsme. Son sens primitif est « objectif », ou « but à atteindre », d’où les Grecs ont fait dériver un verbe signifiant « viser une cible » et, par extension métaphorique « réfléchir, penser ». Il passa dans la langue anglaise, d’abord comme une manière fantaisiste de condenser « moyens propres à conjecturer », ainsi que le prouve la réflexion de White-foot au sujet de sir Thomas Browne en 1712 : « Bien qu’il n’eût point de don de prophétie… il excellait pourtant dans une connaissance qui y touche de fort près, je veux dire la stochastique, grâce à quoi il se trompait rarement au sujet d’événements futurs. »
 
Il me semble qu’il est également important pour les SHS de ne pas se contenter d’être des sciences du passé ou du jeune présent, mais il leur faut porter davantage leurs analyses de façon stochastiques...
 
 

Humanités numériques : un concept en définition

Les humanités numériques sont une des tendances fortes du moment. Il reste qu’elles constituent encore un territoire parfois obscur qui ressemble nettement à une forme d’auberge espagnole puisque chacun semble pouvoir y projeter ses propres désirs  voire ses propres fantasmes scientifiques. Je ne pense pas y faire exception moi-même.
Parfois, je me demande si ce terme ne correspond pas à un prolongement de l’effet web 2.0 mais dans la recherche. Cette dernière reprenant toutefois le contrôle en étant à nouveau le public prioritaire dans la recherche et le traitement de l’information.  L’intégration des fonctionnalités sociales du web 2.0 s’avérant intéressantes mais insuffisantes, les humanités numériques refondent les intérêts pour de nouvelles formes de données peu exploitées ou sous-exploitées jusque-là.
Cependant, si le concept est à la mode, les réflexions sur ces réels enjeux et implications sont encore en balbutiement tant c’est clairement la vision de l’outil qui domine au détriment des autres aspects. Ce que démontrait déjà à juste titre René Audet qui plaidait pour une meilleure prise en compte de la culture dans les débats et projets :
« Autant dans l’étude des productions culturelles que dans les propos sur la diffusion du savoir, la technologie tend à obnubiler les commentateurs. Les possibilités techniques, les technologies retenues accaparent le discours. Du côté des productions littéraires, ce sont les notions d’interactivité, de ludicité, d’hyperlien et de réseau qui prédominent, comme si l’écriture, au premier niveau, ne pouvait pas être profondément bouleversée par le contexte numérique. La diffusion du savoir, pour sa part, navigue entre les protocoles (OPDS, OAI, Onyx) et les formats (epub3, mobi, PDF/A) ; les questions de fond et d’écriture rencontrent une fin de non-recevoir.
Ce sont évidemment des éléments nécessaires au moment du développement de nouveaux usages. Mais ils absorbent la totalité des espaces de discussion et des occasions (scientifiques, financières, expérimentales). »
En effet, le besoin premier semble tourner autour de la production d’outils, voire de formats utiles aux chercheurs sans d’ailleurs que ne soient réellement interrogés les usages potentiels. On reste dans une logique de la mise à disposition de l’outil en escomptant sur des usages et pratiques en émergence.
Soit, mais c’est pourtant, ce qui tourne autour des savoirs, c’est-à-dire la conscience, (cum-scio) qu’il faut pleinement interroger surtout lorsqu’on évoque les humanités et l’humanisme. Une nouvelle fois, la question technique est posée. Science sans conscience… Mais cette conscience désormais repose surtout sur la conscience de la conscience, c’est-à-dire de cet arsenal d’outils et de méthodes qui permet la production scientifique et sa diffusion.
Les humanités numériques ne peuvent et ne doivent s’affranchir de cette réflexion sur cette évolution environnementale qui fait que le chercheur se constitue progressivement son Memex personnel, sa tool-box qui lui offre les moyens de traiter l’information et les données et de pouvoir s’inscrire dans une démarche de production à son tour.
Et il faut bien considérer que nous sommes face à des disparités colossales qui font que la césure entre sciences humaines et sociales et les sciences dures n’ont plus grand sens. Avec Gabriel Gallezot, nous avions posé la question de l’émergence de chercheurs 2.0. Je crois en effet désormais que la césure se constitue entre ceux qui disposent des moyens et méthodes pour utiliser cet arsenal d’outils et ceux qui s’en sont écartés, jugeant la technique néfaste ou non noble et faisant le choix de la délégation.
Je ne reviendrai pas sur le fait que de se placer en délégation face à la technique constitue une position minoritaire face à la technique comme le décrivait Simondon. Il me semble qu’il n’est guère soutenable qu’un chercheur soit dans une telle position actuellement.
C’est ici qu’il me semble que les aspects définitoires des humanités numériques prennent tout leur intérêt. En effet, la définition porte non pas sur ce champ précis mais bien sur les définitions mêmes de ce que constitue la recherche actuellement et donc de l’identité même du chercheur.
Pour rappel, le manifeste du That camp proposait les définitions suivantes :
1. Le tournant numérique pris par la société modifie et interroge les conditions de production et de diffusion des savoirs.
2. Pour nous, les digital humanities concernent l’ensemble des Sciences humaines et sociales, des Arts et des Lettres. Les digital humanities ne font pas table rase du passé. Elles s’appuient, au contraire, sur l’ensemble des paradigmes, savoir-faire et connaissances propres à ces disciplines, tout en mobilisant les outils et les perspectives singulières du champ du numérique.
3. Les digital humanities désignent une transdiscipline, porteuse des méthodes, des dispositifs et des perspectives heuristiques liés au numérique dans le domaine des Sciences humaines et sociales.
L’idée d’une transdiscipline pose nettement une question que je connais bien au niveau des littératies. Celle d’une translittératie, c’est-à-dire des compétences (en tant que savoirs+ savoir- faire) qu’il faut mobiliser au sein des divers environnements de travail notamment de plus en plus numérique.
Il reste à comprendre de quelle transdiscipline il s’agit. S’agit-il d’une discipline de type propédeutique pour les chercheurs ? Dans ce cas, elle pose la question des territoires communs et celles des concepts, méthodes et familles d’outils qui mériteraient une formation.

On le sait, bien souvent, il est reproché aux chercheurs et plus particulièrement aux sciences humaines d’être peu utiles voire peu efficaces en dehors de leurs champs disciplinaires. Il est vrai que les apparatchiks de certaines disciplines, y compris en SIC, n’ont pas aidé à travailler sur le trans. Ce reproche se retrouve porté à nouveau à l’égard des humanités numériques ce que rappelle bien Hubert Guillaud (voir encore ici).

Les humanités numériques pourraient alors constituer un élément d’ingénierie qui pourrait s’inscrire dans les cursus doctoraux. Un travail pourrait s’opérer notamment dans ce cadre avec les URFIST.  Mais l’objectif pour le chercheur, ce serait bien l’inscription dans une communauté de pratiques (comme le rappelle à juste titre Nicolas Thély) qui permette au chercheur de développer lui-même son propre environnement personnel de travail.
Mais tout cela n’est pas sans conséquences sur le métier de chercheur et l’environnement universitaire qu’il nécessite.
La question de l’utilité n’est pas seulement celle de l’accès à de nouvelles données rendues plus ou moins compréhensibles par le biais de bases de données ou de visualisations.
C’est là que la conscience et de la conscience, telle que nous l’avons définie précédemment prend son importance. C’est l’occasion non pas de se placer sur le terrain d’un pragmatisme peu clair (d’où l’étrange tendance à produire des formes de libéral-stalinisme dans le monde universitaire) mais bien de replacer les sciences et en l’occurrence les sciences humaines et sociales dans la société en démontrant non pas seulement sa capacité à observer et penser le monde tel qu’il se fait, mais à l’améliorer et le faire changer.
Oui aux humanités numériques si elles sont forces de changement. Non, si elles ne constituent que des moyens de dissimuler un renoncement qui sous le voile scientifique permet de se réfugier derrière une neutralité de façade.  Aucune neutralité n’est possible dans un environnement et une société qui ne l’est pas.
Certains diront que ce n’est pas le rôle du chercheur mais celui de l’intellectuel. Pour ma part, j’ai du mal à m’imaginer chercheur sans ce volet intellectuel.
Sapere Aude !
 
 
 
 
 

Enquête de Peerevaluation.org sur de nouvelles formes d’évaluations des articles scientifiques

Je signale juste une enquête en ligne (en anglais) qui ne vous prendra pas plus de 5 minutes sur l’évaluation par les pairs et les formes innovantes qui pourraient être envisagées à l’avenir pour améliorer le processus. Il suffit de vous positionner sur plusieurs aspects en fonction de votre expérience et de la manière dont vous imaginez une évaluation scientifique sur des dispositifs en ligne.
L’enquête est menée par Peerevaluation.org , plateforme dont l’équipe travaille sur des nouvelles métries (openmetrics and altermetrics) et qui propose un réseau social dédié à ces questions. Il est probable que le projet évolue aussi en fonction des réponses.
J’en reparlerai certainement à nouveau.

 

Le blog du chercheur ou l’effet trampoline

La réflexion  de François Bon, lue ce matin, a un peu aidé la mienne sur le sujet de l’écriture du blog, notamment pour un enseignant-chercheur.
Le blog d’un chercheur est-il une  production professionnelle ou amateur ? Il est évidemment impossible de trancher. De même que prétendre que tous les écrits d’un blogueur qui serait chercheur appartiennent nécessairement à la science. On se trouve clairement dans un entredeux, un de ces espaces qui paraissent parfois dérisoires aux gens sérieux, mais qui sont pourtant essentiel à la communication scientifique et à la communication tout court. C’est souvent là que se joue et s’opère les transitions du fait de la construction d’un effet blogueur, au même titre que l’effet maître en pédagogie. Le blog construit une relation plus intime, liée à une confiance qui se construit peu à peu. Le blog devient le trampoline du chercheur qui peut aisément prendre de la hauteur à partir de ses recherches et de son quotidien. Ces prises de distance et de hauteur lui réclament aussi quelques efforts dans la manière de faire, mais sa régularité en fait une forme d’ascèse nécessaire, un exercice de soi qui recherche l’élargissement de sa pensée, de sa mise en contact avec l’autre. Un autre qui ne se limite pas à ses pairs mais qui s’étend à l’agora. Cette montée n’est pas sans risque, car elle peut être sujette à critiques, désaccords mais elle peut être aussi liée à l’hybris. Le blogueur quittant alors le trampoline, ne voulant plus descendre et préférant s’envoler vers les sphères médiatiques dans lesquelles il finit par se complaire. Il ne revient plus alors sur son terrain, le blog devenant alors autopromotion de soi. Le blogueur dès lors ne parle plus que de lui-même et finit par ne plus rien dire d’intéressant. Tout cela pour dire qu’il n’y a sans doute rien de pire que d’imaginer un blogueur scientifique qui deviendrait blogueur professionnel. L’essence de sa profession est ailleurs. Toutefois, blogueur est un véritable travail : en tant que travail sur soi mais aussi en tant que mise à disposition des autres. Si bien que si on peut considérer que blogueur-chercheur n’est pas une profession, bloguer fait bien partie du travail du chercheur et peut-être encore davantage de l’enseignant-chercheur du fait du caractère pédagogique apparent.
Dès lors, toute montée du blogueur n’en sera que meilleure s’il sait parfaitement retomber sur son terrain pour à nouveau se projeter.IMG_4245
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Shell and data : le risque de l’obsession du « tout est donnée »

L’article de Danah Boyd traduit sur internetactu a éclairé quelques une de mes préoccupations du moment. Je dois notamment écrire un article introspectif sur mon blog et je m’interroge sur comment étudier les blogs scientifiques dans la durée du fait de leur évolution et des systèmes d’archivage qui ont tendance à privilégier que des données brutes et peu éditorialisées. Supercomputing
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Boyd note que l’obsession de cumuler des données présente en effet un important problème : celui de les considérer comme étant toutes d’un poids équivalent. Effectivement, les grandes données offrent des perspectives parfois colossales avec le risque de déformations tout aussi conséquentes.
Mais placer les données au centre de l’étude scientifique et même toute stratégie d’organisation de l’information (avec le web de données par exemple) pose un problème épistémologique de taille : l’oubli de la question de la coquille, c’est-à-dire du support mais aussi des techniques utilisées.
Boyd montre qu’il y a un effet à risque à privilégier des approches informatiques au point de tomber dans le travers de Chris Anderson qui considère que les chiffres sont le reflet de la réalité, qu’ils parlent d’eux-mêmes, qu’ils sont automatiquement compréhensibles, et que par conséquent plusieurs sciences- sous entendues sociales et humaines- sont vouées à disparaître.
Clairement, c’est à nouveau l’idéologie du calcul, du ratio, de la société de l’information qui est en train de nous bouffer face au bon usage de la raison. Une nouvelle fois, ce n’est pas l’homme qui crée le cyborg, mais bien l’inverse. Une idéologie du tout calculable tente de nous « cyborguiser » dans la moindre de nos actions et activités. Ce serait quand même fortement inquiétant si cette idéologie devait définitivement emporter les débats en matière scientifique.  Même les humanités numériques (digital humanities) ne semblent pas à l’abri de cette tentation. La position de Milad Doueihi , qui préfère le terme d’humanisme numérique, permet de sortir de l’idée que tout n’est que data.  Humanisme car c’est la robotique qui prend le dessus de manière inattendue. On est pas si loin de l’idée de Hans Moravec de l’uploading, que notre cerveau pour être téléchargé. Un risque que j’ai décrit dans Print Brain technology.
Jean Michel Salaün a donc bien raison de répéter depuis quelques temps que les archivistes ont beaucoup à nous apporter et je crois que cela ne concerne pas que les sciences de l’information. Le support est clairement un élément à ne pas négliger. Etrangement, il semble qu’on oublie totalement la coquille (the shell) qui entoure les data.  Si on devait examiner ce blog et seulement son contenu depuis ces 12 dernières années, on ne pourrait pas clairement percevoir son évolution.  Le site n’a eu de cesse d’avoir des évolutions éditoriales, des mises en forme différentes, des langages et des codes également divers. Pour un archiviste, la reliure, le papier utilisé sont déjà pleinement des documents et des éléments riche en informations notamment en matière d’évaluation. La vision du «  tout data » conduit à négliger l’éditorialité.
Peut-on imaginer traiter des archives des siècles précédents avec seulement les retranscriptions sous un traitement de texte ? Insipide n’est-ce pas ? On se retrouve dans une division assez proche de la dichotomie corps et esprit.  On a à nouveau l’impression que la matérialité est négligeable, en tout cas pas noble, pas digne d’intérêt. Pourtant, Yves Jeanneret nous avait déjà alertés sur ce risque  dans son fameux « Y-a-t-il vraiment des nouvelles technologies de l’information ».  Le document a toujours partie liée avec des supports et des formes éditoriales, des architextes et il lui faut un interprète comme révélateur d’une relation sociale. Négliger, la coquille, c’est sans doute aussi négliger l’esprit.
Du data à la cata, il n’y a qu’un pas.
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