Le classement wikio suscite quelques débats depuis l’arrivée massive de nouveaux blogs notamment féminin et plus particulièrement sur le tricot, le crochet.
C’est pour moi une excellente nouvelle car cela démontre le retour de savoirs et de techniques que l’industrie de consommation avait tenté de faire disparaître au profit de prêt à porter médiocre en qualité ou qui ressemble à des affiches publicitaires.
Bonne nouvelle encore, car le tricot, le crochet me fait penser à la veillée, où on partageait ensemble diverses activités. Désormais, il s’agit plutôt de tricot-thé qui sont tout aussi légitimes que les barcamps par exemple. Je suis d’ailleurs tenté par un mix des deux avec la mise en place de teacamp.
D’autre part, il est intéressant de voir que ces blogs mêlent diverses qualités qui démontrent que ces blogueuses ont une culture parfois supérieure à certains blogueurs masculins.
Elles s’expriment aussi bien voire mieux. Elle décrivent leurs activités, partagent photos et s’échangent fréquemment des patrons parfois complexes sur certains sites notamment anglosaxons, voire asiatiques.
Nous sommes clairement dans ce que Simondon nomme la culture technique. En effet, ces blogueuses n’en restent pas au simple usage, elles créent et ne se contentent pas toujours de refaire à l’identique mais innovent aussi. Une culture pas si éloignée de la culture hacker d’ailleurs.
Pour rappel, j’avais mentionné le travail en matière de crochet d’une scientifique australienne.
La même démarche se rencontre en cuisine et dans d’autres arts qui sont loin d’être mineurs et qui dépassent la kyrielle de blogs « techno » et pseudo branchés qui ne sont que le reflet de simples usages irréfléchis et de pression de la consommation.
Je note aussi que sur de nombreux blogs masculins bien classés et que je consulte souvent-et parfois avec plaisir d’ailleurs quand il y a de l’originalité, je retrouve sans cesse de l’information simplement adaptée de blogs anglophones avec la plupart du temps la simple expression d’opinions. Les analyses sont faibles et rares.
Techniquement, ce sont des blogs mineurs (à la fois au sens technique de Simondon, mais aussi au sens de Kant dans sa définition des Lumières) qui finissent par exceller dans rien mais qui publient sans cesse. Et on ne fait que s’entregloser comme le déplorait Montaigne. Nulle création de savoirs, une dominante de l’outil, du service à utiliser et à tester. On demeure dans le besoin d’affirmation plus que dans le besoin d’information. sans compter qu’au final, on n’échappe pas aux sphères de la publicité qui ne font que se déplacer et qui opèrent de manière différente. Le conformisme demeure de fait et se manifeste par les déclarations d’achat de tel ou tel produit Apple par exemple. De la même manière, très souvent les enjeux de citation et de backlinks participent surtout du conformisme et de stratégies de son besoin d’affirmation, et parfois également de stratégies de référencement à des fins publicitaires.
On se croyait à l’abri des stratégies commerciales qui opèrent sur les médias de masse, et nous nous trompions grandement. La blogosphère est complexe mais il semble que des modèles qui concernaient les entreprises glissent vers l’individu notamment avec les plateformes de réseaux sociaux. Et ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle quand de ce fait l’individu devient une marque. Nous nous transformons en pub et nous devenons de vulgaires camelots. Le personal branding en devient dès lors dangereux.
Cela ne peut que fragiliser l’individu. On imagine aisément les stratégies pour être en haut et les rumeurs et autres moyens de casser les réputations. L’autre risque c’est également celui de vouloir plaire et de séduire un auditoire large et consensuel…c’est le modèle TF1! Je n’ai aucune envie de cette blogosphère là pour ma part.
Il est donc nécessaire de reformer l’institution (notamment éducative mais pas seulement) non à des fins de surveillance (ce qui est sa tendance actuelle, ce qui témoigne à la fois de son efficacité limitée) mais de veille. Cela implique aussi parfois des hiérarchies non basées sur la popularité. Sur wikio, le lien fait par un éminent chercheur à moins de valeur que celui d’un blogueur professionnel. C’est Mallarmé qu’on ignore au profit de Johnny.
C’est le triomphe de la doxa. Le classement wikio est donc pertinent au sens sociologique pour connaitre ce qui est populaire et non pour décider de ce qui a de la valeur. Il reste qu’il manque d’autres liens comme ceux des flux et les liens twitter. D’ailleurs, je pressens une arrivée de wikio sur la mesure des liens twitter d’ici peu.
Cela signifie qu’il est insuffisant pour opérer une évaluation de l’information tout comme le Page Rank de Google ne constitue pas une garantie de fiabilité.
Puissent les parques blogueuses tisser de nouveaux liens et couper ceux qui ont déjà suffisamment déformé les esprits et ne pas se prendre dans les rets du pub system qui les menacent déjà.
Auteur/autrice : admin
L’information en déformation
Plusieurs discours et vidéos tentent actuellement de définir l’information.
Selon nous, plusieurs erreurs sont commises et ainsi véhiculées.
L’information peut être ainsi définie par son contraire…qui n’est pas en premier lieu, la désinformation mais la déformation. L’information suppose une prise de forme. C’est la théorie d’Aristote et du schème hylémorphique où le potier donne forme à la glaise. C’est aussi la vision de Simondon qui fait de l’individu (technique et humain) celui qui conserve et transforme l’information.
Cela signifie pour les individus humains, que la formation constitue une part importante de l’information et que par conséquent la vision, orientée société de l’information, qui fait de l’information une matière première, quasi préexistante et objectivée est erronée.
L’information est de plus en plus considérée comme informe (quel paradoxe!) et devant circuler sans cesse. Le fait que tout soit souvent considéré comme information s’explique par la difficulté à comprendre et distinguer les notions de document, de source et d’auteur. Même si ces notions sont parfois complexes, elles sont parfois plus aisées à circonscrire que la notion d’information éminemment polysémique.
Voilà pourquoi, je suis fortement en désaccord avec les deux vidéos ci-dessous :
Dans cette vidéo, il y a néanmoins la mise en avant de prise de forme de l’information mais la trop grande séparation entre le contenu et le contenant reste trop simpliste. (Merci à la petite passerelle qui a déniché cette vidéo)
Dans la vidéo suivante, correspondant à un processus de veille, l’information est en fait tamisée. Mais on a la désagréable impression, que l’information existe en soi. D’autre part, en ce qui concerne l’évaluation de l’information, je ne suis pas en accord avec l’intervenant qui insiste sur le caractère subjectif de l’évaluation. Il y a une confusion avec l’évaluation de la pertinence par rapport à un besoin d’information, et l’évaluation de la ressource ou du document qui ne peut être totalement subjective. On est ici au coeur du problème, si au lieu d’information, on parle de document, on peut alors faire intervenir les règles de l’évaluation avec l’identification de l’auteur, sa légitimité, la date du document, l’expression, la date, etc.
Ces visions qui n’impliquent pas une mise à distance participent fortement à la déformation des individus. Il n’y a pas d’arrêt sur image ou sur document pour procéder à son analyse et son évaluation. C’est la skholé qui s’oppose au zapping permanent.
Besoin d’affirmation versus besoin d’information (et de formation)
Les jeunes générations ne conçoivent pas les objets techniques dans une perspective pédagogique ou d’acquisition d’informations et de connaissances. Ce n’est en aucun cas, l’objectif premier de l’usage des blogs, des réseaux sociaux, des messageries instantanées ou du portable chez beaucoup d’usagers. Il s’agit d’une nécessité de s’intégrer et de montrer à la fois sa présence et son apport individuel au sein d’un collectif. Pour autant, il ne s’agit pas d’intelligence collective ou collaborative, mais davantage de sociabilité juvénile pour reprendre l’expression de Cédric Fluckiger (1). Les adolescents notamment cherchent à se distinguer également de la culture parentale ainsi que de la culture scolaire, démarche essentielle à la construction du jeune adulte. Pour autant, nous ne pouvons adhérer à une vision qui fait du jeune, un individu auto-formé par l’entremise des objets techniques et encore moins comme des experts du web 2.0 comme le qualifie de manière absurde un récent rapport (2) sur les européens entre 15 et 25 ans. Il ne faut donc pas confondre les différents besoins des jeunes générations. Les études sociologiques relèvent donc principalement le besoin d’affirmation qui repose notamment sur l’exhibition de son capital relationnel, et de son affiliation au groupe, partie intégrante de la définition de soi adolescente.
Il faut donc ne pas oublier les autres besoins et notamment les besoins d’information qui sont tout autant des besoins de formation.
Le besoin d’information n’est pas toujours perçu par les jeunes générations. Finalement ce n’est pas tant le besoin d’information qui devient préoccupant mais son dénuement. La conscience d’un besoin d’information n’est pas automatique. Nous observons à l’inverse plutôt un dénuement.
Faut-il pour autant parler de misère informationnelle au risque de retomber dans les discours quasi eschatologiques de la société de l’information ou bien dans certains textes revendicatifs de l’information literacy y voyant le kit de la survie dans un environnement informationnel souvent hostile ?
Qu’importe qu’elles soient négligentes (3) ou homo zappiens (4), ou digital natives, les jeunes générations ont un besoin de formation préalable au besoin d’information. Il n’est pas étonnant que des universitaires hollandais(4) constatent que la surinformation ne dérange pas les jeunes générations. Leur relation à la technique est fort différente, l’information est négligée car l’objectif est d’abord celui du besoin d’affirmation. Nous pensons qu’au contraire cette surcharge d’information n’est pas perçue du fait d’un manque de connaissance et de formation qui aboutit à un dénuement informationnel. Le fait de considérer l’institution scolaire comme désuète face à des adolescents branchés se trouve fortement accentué avec les enjeux institutionnels autour du phénomène web 2.0.
Nous songeons notamment aux mécanismes de popularité qui prennent le pas sur l’autorité. Nous constatons d’ailleurs que le besoin d’affirmation est le moteur de la popularité et que ce phénomène devient de plus en plus désagréable et observable sur la blogosphère, les réseaux sociaux, mais aussi twitter et…les incessantes manifestations diverses et variées sur le web 2.0 et ses dérivés divers selon les domaines :la mode des discussions sur l’identité numérique, les forums d’enseignants innovants où il faut sans cesse s’affirmer…C’est épuisant, lassant et cela ne fait que témoigner de cette prédominance du prophète sur le prêtre.
Quand va-ton enfin sortir de l’âge de la vitesse !
Il est au contraire grand temps de revaloriser la skholé, cette nécessaire prise de distance, cet arrêt pour se concentrer et réflèchir. Une formation à l’attention qui constitue une démarche d’éducation tout autant parentale qu’institutionnelle et qui repose sur la veille et la prise de soin et non l’agon (5)incessant qui nous guette au sein des communautés du web, c’est à dire cet échange-combat où il faut toujours s’affirmer par rapport à l’autre.
Comme disait Baschung, il faut savoir dire « STOP »
1. Cédric Fluckiger. L’évolution des formes de sociabilité juvénile reflétée dans la construction d’un réseau de blogs de collégiens. Doctoriales du GDR TIC & Société, Marne-la-Vallée.15-16 janvier 2007 < http://gdrtics.u-paris10.fr/pdf/doctorants/2007/papiers/Fluckiger_C.pdf
2. Wainer Lusoli, Caroline Miltgen. (2009) Young peopl and emerging digital services. An exploratory survey on motivations, perceptions and acceptantce of risk.JRC. European Commision < http://ftp.jrc.es/EURdoc/JRC50089.pdf>
3. Sur le concept de négligences, voir notre article :
Le document face aux négligences, les collégiens et leurs usages du document » InterCDI n° 2002, juillet 2006, p87-90
4. Wim Veen et Ben Vrakking, Homo Zappiens : growing up in a digital age (London: Network Continuum Education, 2006).
5. Olivier Galibert. (2002) Quelques réflexions sur la nature agonistique du lien communautaire. In Actes du colloque. Ecritures en ligne : pratiques et communautés. Sous la dir de Brigitte Chapelain. p.378-395 <http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/docs/00/12/67/19/PDF/Actes_2_collo_ecritures_def2.pdf>
« Par moments, l’Homme a besoin de prendre le temps et de s’arrêter pour réfléchir… et cela, seul l’Homme est capable de le faire... » (Masamune Shirow faisant parler Daisuke Aramaki dans le manga Ghost In the shell)
jesuisinculte.com
Je n’ai pas vraiment réagi sur le projet Hadopi, si ce n’est en manifestant symboliquement mon opposition sur le blog.
Mais scientifiquement, je ne peux laisser passer toutes les absurdités : une député très active dans la défense du projet Hadopi s’insurge contre le terrorisme cybernétique (sic) et fait le plaidoyer du site de propagande ‘jaimelesartistes.fr » qui ne fonctionne plus suite à des tentatives d’intrusion.
Visiblement, elle mélange un peu tout et ne sait pas du tout ce qu’est la cybernétique.
Finalement, ce procédé est révélateur d’une incompétence totale qui est la preuve du mélange des genres entre culture et spectacle.
En rapprochant, la cybernétique avec le terrorisme, elle opère un rejet quasi total de la science de manière inconsciente.
Il semble qu’il faille tristement observer que le ministère de la culture devient de plus en plus le ministère de la société du spectacle dont le seul but est la génération de revenus pour les sociétés de production. Ces dernières privilégiant la vente et non l’accès au savoir et à la culture.
L’accès à la culture ne se fait plus, court-circuité par les industries télévisuelles et de la publicité qui ne permettent pas la réflexion et la construction. L’l’individuation, comme dirait Stiegler, ne peut s’opérer.
Dès lors, nous sommes dans le domaine de l’in-culte, à la fois parce que l’accès, autant au sens pratique, qu’intellectuel est impossible ou bafoué. Mais également, car il s’agit de substituer à la culture, un culte, celui du spectacle, du grand show et que tout est culturel à partir du moment où cela génère des revenus.
Alors on peut affirmer qu’on aime les artistes en jouant sur le terrain des affects et de l’émotion, mais le rôle de la politique est bien de sortir des passions pour aller sur celui de la réflexion et de la raison.
La tendance, il est vrai, est plutôt de privilégier les jeux du cirque et l’exposition de sa vie privée, plutôt que faire progresser la res-publica.
Y-a-t-il vraiment émergence d’une science 2.0 ?
Je travaille actuellement à l’écriture d’un article sur une hypothétique science 2.0, avec comme interrogation principale : quelles sont les évolutions du mode de publication scientifique et les nouveaux usages liés au web 2.0 ?
L’étude s’avère très difficile à effectuer. L’examen du classement science de wikio, l’étude de la présence des articles sur les plateformes types delicious ou citeulike révèlent un côté scientifique en fait très incertain.
Le premier problème, c’est que nous n’avons pas inventé les nouvelles nétométries, qui nous permettraient d’évaluer de nouveaux effets de type viral sur les réseaux type web 2.0. De même, les moteurs pour examiner les réseaux sociaux et les plateformes de partage de signets ou d’articles sont inexistants ou mauvais.
De plus, l’usage s’avère assez faible. Les articles les plus référencés émanent des archives ouvertes mais cela n’atteint pas des sommets de partage. De plus, les articles les plus partagés en provenance d’archivesic sur delicious concernent les questions autour du web 2.0 et des folksonomies. Ce qui produit un effet gênant : je suis souvent un des principaux auteurs référencés sur ces réseaux. En clair, trois ou quatre auteurs émergent fréquemment et notamment mon co-auteur.
On tourne en rond et quelle conclusion en tirer si ce n’est que ceux qui parlent le plus de l’évolution du web sont aussi ceux qui parlent le plus de ces outils, qui incitent le plus à leur usage, et qui de fait sont les plus souvent mentionnés par ceux qu’ils ont convaincus. Ce travail de communication s’effectuant sur les sphères de la popularité et notamment la blogosphère.
Je ne suis donc pas du tout convaincu que la science 2.0 existe vraiment. Nous sommes probablement dans d’autres types d’effets, notamment toujours dans le glissement de l’autorité à la popularité. Avec également des élargissements des sphères de la légitimité scientifique vers des sphères annexes par contiguïté notamment sur les blogs. Les blogs scientifiques devenant de plus en plus des blogs politiques ces derniers mois sans que pour autant la figure du savant ne refasse surface.
Il s’agit aussi de nouvelles formes de vulgarisation scientifique dont les effets positifs me semblent intéressants tant ils tendent à rapprocher sphère professionnelle et sphère scientifique. Dès lors s’agit-il de science ou de vulgarisation? Les deux problèmes devant être distingués, ce qui s’avère en fait difficile puisque de plus en plus les mêmes canaux peuvent être utilisés. De la convergence des médias, on glisse dans le mélange.
J’aboutis à une aporie dont je ne parviens pas à me sortir. Les usages sont faibles, les atouts sont importants mais les risques aussi. Faut-il former à l’e-science?
En tout cas, il va falloir tenter de mettre en place de nouveaux outils de mesure qui permettent de mettre en avant la science en action ainsi que la science en liaison. J’en appelle donc aux spécialistes des diverses métries et notamment Jean Véronis.
J’en appelle donc à vos commentaires, ici ou par mail sur vos usages scientifiques en ce qui concerne les outils du web 2.0. On notera que mon billet de blog constitue également un sujet d’études qui concerne pleinement le sujet.
Cactus acide a un an
Le projet cactus acide vient de passer sa première année avec quelques réussites et quelques difficultés également.
Je fais le bilan sur le projet et j’annonce une nouvelle fois que je recrute. Et j’annonce également qu’il faut de profonds changements et qu’il faut probablement changer de patron.
C’est donc parti pour la cactus acide academy où on ne recale personne (ou presque) ! Donc viendez, y a rien a gagner si ce n’est du temps à perdre pour écrire.
Autre précision en ce qui concerne le guide des égarés, le blog n’est pas en grève, mais le rythme est ralenti pour cause de thèse notamment.
le jour du soleil noir
Twitter est une grande cour de récré
Twitter, au final , il faut mieux y être parce qu’on y apprend pleins de trucs, parfois fort utiles, lorsqu’il s’agit d’une information qui vous intéresse ou d’un article ou billet de blog que vous n’avez pas encore lu.
Parfois, aussi il s’agit de plaisanteries, d’exutoires ou autres délires de personnes qui ne sont pourtant plus des écoliers mais qui pourtant en ont encore conservé des traces. On est comme des gamins à commenter la panne de gmail un peu à la manière où on se disait suite au film du mardi soir: « et tu as vu le moment où Machin il fait ça? »
Voilà pourquoi twitter connait un succès. Il est basé sur des conversations, courtes en apparence mais qui dépassent les 140 caractères en tissant d’autres fils invisibles.
Twitter, c’est la cour de recré des « knowledge workers » qui sont victimes de la loi du cool comme le dirait Alan Liu. Avec twitter, ils sortent un peu de leur cadre, tout en ne le quittant pas complètement, c’est une autre manière de voir et de s’exprimer dans un même milieu. C’est la cour de récré de l’Ecole, à la fois dans l’Ecole mais aussi un peu en dehors, un entredeux salvateur qui rend parfois la vie moins pénible. Sur twitter, on est peu un comme Titeuf même si on ne dit pas tcho mais d’autres expressions assez similaires se rencontrent. Alors on ne sait pas si on bosse encore ou si on se détend, c’est aussi ça les règles du personal knowledge management.
Évidemment la récré est un peu mondiale, mais au final on y retrouve ses camarades et on peut décider qui peut entendre nos conversations ou presque.
Il faudrait sans doute aussi étudier qui sont vraiment les utilisateurs de twitter, mais j’ai l’impression qu’il correspondent pleinement à ces classes moyennes qui voient l’ascenseur social en panne et qui voient dans ces lieux d’autres moyens de constituer un autre univers, loin de ceux qui nous gouvernent ou qui prétendent pouvoir le faire et à qui on reconnaît de moins en moins d’autorités sur nos vies. Sur twitter, on dit tout le mal qu’on n’en pense, histoire de refaire le monde. On n’est plus proche de l’aiguillon Stéphane Guillon, que l’apathique Aphatie. Une revanche des classes moyennes ? (sur ces sujets lire les billets d’Emmanuel Parody et celui de Narvic)
Il y a sans doute une volonté de partager autre chose que la médiocrité de TF1 et autres idées reçues.
Sur twitter, on a l’impression de jouer encore aux billes mais on espère qu’à force de les faire s’entrechoquer, il va bien se produire quelque chose de bien, de magique et de sortir de cette crise dans laquelle ces prétendus adultes au pouvoir nous ont plongé. Car ce n’est pas qu’un crise économique, ce serait trop simple : c’est une crise générationnelle et inter-générationnelle où l’héritage ressemble de plus en plus à des dettes impossibles à solder et encore moins au tribunal de l’histoire.
Cours en ligne : blogues versus Plateformes ? Quand l’auteur n’est pas l’éditeur
Je travaille actuellement sur un article sur les cours en ligne et les enjeux d’autorité et d’éditorialité qui en découlent.
Je suis persuadé que bien souvent les dispositifs leurrent les enseignants en ce qui concerne les aspects éditoriaux.
En effet, les marges de liberté ne sont pas totales du fait de formes préétablies à l’avance que ce soit sur moodle, claroline, spirale et même sur les blogs. Je ne développerai pas ici ces aspects d’héritages, de formes héritées et transformées qui peuvent d’ailleurs également déformer.
Quand on est un peu doué, on parvient à bricoler via une culture technique et on demeure à peu près maitre de la situation, c’est à dire, dans un état de majorité face à la technique comme le décrit bien Gilbert Simondon. Mais pour cela, il vaut mieux être le patron de la situation en étant à la fois l’hébergeur, et celui qui installe et maintient la solution technique..sans quoi, vous pouvez être auteur de votre cours, vous n’en serez pas l’éditeur. Je ne parle pas nécessairement en terme juridique mais en terme pratique voire pédagogique.
Vous n’êtes pas à l’abri d’une panne technique, si ça plante et que c’est vous qui gérer :
-soit vous avez fait des sauvegardes car vous êtes prévoyant.
– soit vous n’en avez pas faites et c’est de votre seule responsabilité mais vous saviez à quoi vous vous exposiez.
Le problème c’est que la majorité des enseignants se font héberger, soit sur des blogs, soit sur des plateformes.
En clair, la chaine éditoriale demeure et se transforme et la possibilité de diffuser en ligne n’y change rien. Vous êtes sous la dominante en fait d’une chaine de responsabilités techniques parfois éloignées du pédagogique sans compter que se créent d’autres intermédiaires dans cette chaine, certains pédagogiques comme les tuteurs, d’autres techniques même s’ils se font appeler parfois ingénieurs pédagogiques ( et même si ces derniers n’ont jamais donné de cours bien souvent!)
En clair, vous n’êtes pas l’éditeur et cela devient très agaçant quand les plateformes deviennent des usines à gaz et vous n’avez pas l’impression de pouvoir effectuer une construction pertinente et une scénarisation optimale.
Mais le pire n’est pas là, c’est qu’il faut songer à sauvegarder votre cours et à en faire des sauvegardes si vous souhaitez le réimplanter ailleurs. Cela ne vous empêchera pas d’avoir certaines pertes et notamment tout le processus éditorial de scénarisation et de mise en page le plus souvent, notamment si vous changez de plateformes!
Voilà pourquoi, parfois, je préfère réaliser ces derniers temps des cours en ligne simplement avec wordpress, hébergé par mes soins ou par wordpress.com sachant qu’une sauvegarde en xml me suffit. Le blogue semble mieux répondre à mes intérêts éditoriaux.
Sinon, vous n’avez aucune garantie…et notamment le fait de voir votre cours disparaître purement et simplement comme ce fut mon cas sur la plateforme cursus de Rennes 2. Le cours qui est un prolongement d’un cours en présentiel datait effectivement d’il y a deux ans. J’avais effectué une sauvegarde mais ce qui m’intéressait justement, c’était la mise en page effectuée et tout le travail éditorial pour donner un sens au contenu.
A la poubelle tout cela, sans un mot. Autant dire qu’on n’est mieux servi que par soi-même et que les enseignants ont intérêt à veiller à ne pas se faire déposséder dans ces domaines…
Je m’en remets donc à vos avis et vos préférences entre blogues et plateformes. Je suis également intéressé par tous types de blogs servant de supports à des cours, du primaire à l’université.
Le Ka documentarisé sur archivesic
Mon texte sur le Ka documentarisé est désormais accessible sur archivesic.
résumé :
Le Ka documentarisé est le double numérique constitué de nos activités volontaires ou non sur les divers réseaux et qui se voient de plus en plus indexées. L’individu devenu document est utilisé ainsi à divers usages notamment liés à la surveillance ou à l’exploitation commerciale et publicitaire. Le double numérique se joue entre une identité passive difficile à contrôler et une identité active qu’il convient de construire. L’enjeu de la culture de l’information est de former à la bonne gestion de ce double qui véhicule la réputation de l’individu. Par conséquent, les objectifs et les ambitions de cette dernière se rapprochent de la voie amorcée par la translittératie. Il s’agit donc de former non seulement à la recherche d’information mais également à la conscience de ses activités numériques, à l’identification du besoin de communication et au bon usage communicationnel.
L’ensemble des articles de la conférence est également disponible dans l’ouvrage Traitements et pratiques documentaires : vers un changement de paradigmes. Actes de la deuxième conférence. Document numérique et société, 2008 aux éditions de l’Adbs.

Pour rappel, le document de présentation est disponible ici
