Parution d’un numéro sur la mémoire et l’Internet

Je diffuse cette annonce pour ce numéro auquel j’ai contribué.
Nous avons le plaisir de vous faire parvenir un extrait du nouveau numéro de la revue MEI 32 (dec. 2010. Paris L’Harmattan
Prix éditeur : 19 euros )

Mémoires &Internet
Sous la direction de Nicole Pignier & de Michel Lavigne
Le travail de mémoire est-il remis en cause sur l’Internet ?
Cet ouvrage invite à se défaire de l’apparente évidence des discours sur l’Internet pour (ré) interroger les effets des usages de ce méta-médium sur la mémoire humaine. Des chercheurs canadien, belge, italien, français nous font partager leurs réflexions tant sur la production de mémoire individuelle, collective via les supports médiatiques propres à l’Internet que sur le travail de mémorisation possible via ces derniers. Les auteurs, issus de disciplines différentes, bouleversent les a priori sur la question avec des angles d’approche complémentaires.
Ce numéro de MEI s’adresse à tous les spécialistes de la communication mais aussi à tous ceux, particuliers, professionnels, étudiants, qui s ’intéressent aux rapports d’influence que les médias entretiennent avec la mémoire humaine.
We are pleased to send you an exerpt of the new issue of the journal MEI 32
Memories  & Internet
Nicole Pignier & Michel Lavigne
Editors
Is the work of memory questioned on the Internet ?
In this work, the reader is encouraged to set aside the visible evidence of speeches that are on the Internet and to question the effects of the use of this meta-medium on the human memory. Canadian, Belgian, Italian and French researchers share with us their thoughts both on the production of individual or collective memory via the media supports specific to the Internet, and on the possible work of memorization via these. The authors question preconceived ideas on the subject and suggest other approaches from a variety of complementary angles stemming from Sciences of Information-Communication, Semiotics, Sociology and Visual Arts. This issue of MEI will interest communication specialists and anyone else – be they students, professionals or private individuals – concerned with how the media relate to and influence human memory.
Nicole Pignier & Michel Lavigne
Voici le Extrait essai MEI n°32qui présente le numéro avec quelques signatures de marque notamment Yves Jeanneret et celle de compères comme Alexandre Coutant.
Mon article s’intitule Quelles mnémotechniques pour l’Internet ?

Le but de cet article est de montrer que les mnémotechniques de l’Internet constituent des hypomnemata, en tant que mémoire extériorisée selon la définition de Bernard Stiegler. Nous étudions plus particulièrement les signets sociaux avec l’exemple de la plateforme Diigo que nous avons analysée avec une enquête en ligne auprès d’usagers. Nous montrons que ces dispositifs présentent des intérêts autant individuels que collectifs en tant qu’écritures de soi. Ils nécessitent souvent une culture technique et une formation préalable malgré leur simplicité apparente du fait notamment des risques de captation de mémoire.

Cet article est d’ailleurs complémentaire avec un autre qui sera lui axé sur les métadonnées à paraître chez Etudes de communication.
C’est la nouvelle stratégie de publication en feuilletons dans différentes revues, scientométrie oblige.

L’archiviste : le gardien doit sortir de ses buts

Le titre de ce billet joue évidemment sur la métaphore footballistique, ce qui ne manquera pas de faire sourire François Bon qui n’apprécie guère ce jeu de transmission de balle. Mais je trouvais que ça recoupait pleinement mes réflexions et mes intérêts actuels. Je précise d’emblée que Pascal Olmeta ne constitue pas l’exemple de l’archiviste que je souhaite définir aussi.

L’archive a toujours présenté un caractère politique évident en tant qu’instrument de justification historique depuis la preuve d’une lignée noble ou de traces de transactions commerciales et de justificatifs de propriétés jusqu’au développement d’un arsenal de la mémoire servant notamment à justifier la construction d’une identité nationale.

Le projet d’une Maison de l’histoire de France fait peser une menace sur les archives de France à la fois en tant qu’institution qui justement avait fait progressivement fait l’effort d’un passage d’un arsenal de la mémoire à celui de laboratoire de la mémoire. L’inquiétude vient également du fait que la visée politique consiste surtout en une tentative de figer des vérités nationales pour tenter de refonder une identité nationale en perte de vitesse. Clairement, il s’agit d’une erreur politique tant l’idée de nation est déjà celle d’un processus historique qui n’est parvenue à une forme de concrétisation qu’au prix de stratégies qui furent bien souvent celles de la propagande. Ce choix opéré aujourd’hui est probablement lié à un conseiller du prince, dont les références intellectuelles et culturelles semblent ne pas avoir franchi les années 50.

Mais revenons sur l’erreur historique qui est aussi une tragique erreur archivistique. L’archive n’est pas qu’un instrument du passé et ne constitue pas qu’un seul lieu de mémoire.

Jacques Derrida avait parfaitement résumé cet état de fait par une phrase que la plupart des archivistes connaissent bien :

« La question de l’archive n’est pas une question du passé. Ce n’est pas la question d’un concept dont nous disposerions ou ne disposerions pas déjà au sujet du passé, un concept archivable d’archive. C’est une question d’avenir, la question de l’avenir même, la question d’une réponse, d’une promesse et d’une responsabilité pour demain. L’archive, si nous voulons savoir ce que cela aura voulu dire, nous ne le saurons que dans le temps à venir. Peut-être. Non pas demain mais dans les temps à venir, tout à l’heure ou peut-être jamais. » » (Jacques Derrida, Mal d’Archive. Une impression freudienne. Galilée. Paris, 1995, p. 60). 

Par conséquent, l’archive nécessite une culture, une culture de la participation. Nous y retrouvons pleinement les éléments de la culture de l’information en tant que culture citoyenne et technique. Ceux qui me connaissent savent que je vais encore revenir sur la question des hypomnemata. Car les archives sont en quelque sorte des rétentions tertiaires, une mémoire externalisée dont les fins ne sont pas toujours utilisées à des fins culturelles et démocratiques. Or, Derrida le précisait également, cette participation à l’archive du citoyen est la base de la démocratie.

« La démocratie effective se mesure toujours à ce critère essentiel : la participation et l’accès à l’archive, à sa constitution et à son interprétation. »

C’est le processus de l’archivation (définie notamment par Derrida puis Stiegler) en tant à la fois que conservation et sauvegarde, mais aussi description sans oublier sa dimension communicationnelle qui fait de l’archivation autant une conservation qu’une conversation.

Cela implique pour l’archiviste qu’il rentre dans une période post-custodienne où il lui faut sortir de ses buts originels qui concernent la sauvegarde et les règles du respect de la provenance et des fonds pour aller faire débuter son action bien plus tôt. Cette question est évidemment celle de la liaison avec le record management car il s’agit de ne pas attendre que l’archive arrive mais d’envisager la potentialité archivistique en amont même de la création du document parfois.

Il lui faut aussi sortir de ses buts car il faut communiquer et valoriser mais surtout comme le dit Derrida faire participer à l’archive, les individus en tant que citoyen. Cela implique une nouvelle culture de l’information.

Cela signifie pour reprendre la métaphore que l’archiviste doit de plus en plus devenir milieu de terrain et notamment le milieu offensif. Et on retrouve à nouveau les positions de l’architecture de l’information et l’idée d’archithécaire, idée un peu trop vite abandonnée à mon goût. Mais peut-être faut-il tenter alors de transférer pour une fois un concept footballistique : celui du milieu (revoilà le medium et la médiation) de terrain qu’on appelle parfois le milieu organisateur.

En voilà un beau métier pour nos lecteurs de crâne de licorne.

Enquête sur les pratiques de travail et de gestion de l’information

L’année 2011 à peine commencée, je vous invite déjà à penser au travail, et aux manières dont vous l’envisager !

Pour cela, rien de mieux qu’un petit questionnaire pour vous interroger sur vos pratiques et usages de gestion de l’information et des outils que vous utilisez dans le cadre de votre travail mais aussi dans votre cadre personnel.

Le questionnaire sert d’appui à plusieurs articles et projets scientifiques que je vais finaliser ou amorcer en 2011.

Le but est de tenter de voir les évolutions dans les méthodes de travail et de gestion des environnements informationnels des « travailleurs du savoir », c’est-à-dire des professions qui utilisent régulièrement des informations, et des outils pour réaliser leurs missions et qui continuent à se former et apprendre. Je m’intéresse plus particulièrement ici aux aspects PKM (personal knowledge management) Sur ces aspects, il convient de lire les travaux de Christophe Deschamps.

Une synthèse de l’enquête sera en ligne sous licence creative commons. Les résultats seront  également disponibles pour tout chercheur dans une variété de formats.

Top Sciences de l’info de Wikio

Salut les petits clous ! Wikio a encore frappé!
J’ai déjà discuté à plusieurs reprises de l’opportunité ou non de tels classements comme le top wikio. Je l’ai déjà critiqué, mais je répète que si cela peut faire avancer de nouvelles métries, je suis preneur.
J’avais plusieurs fois fait la remarque de la forte présence voire de la sur-représentation des sciences de l’information dans le classement sciences de wikio. Ce dernier a donc décidé de distinguer la thématique des sciences de l’information.
On pourra encore débattre sur ce qui relève des sciences de l’information et noter le fait que wikio fasse le choix de séparer sciences de l’information et sciences de la communication. Cela  ne va pas faire plaisir à notre CNU.
Voilà donc je vous livre le classement avec ces nouvelles règles de mesure et démesure orchestrées par El Maestro Véronis
Je ne sais pas si ce choix est opportun de nous isoler car désormais notre secte pardon section apparaît au grand jour. Silvère se retrouve premier, désigné comme agitateur de la secte. Il devra donc payer son coup jusqu’à la fin de l’année à toutes les réunions auxquelles il va participer et notamment à la prochaine réunion du jury du capes de doc.
Les 12 premiers du classement s’engagent également à réaliser le calendrier 2011 des sciences de l’info où ils devront poser tels les dieux de l’info. Silvère fera la couverture et le mois de  janvier avec pour habit son seul chapeau, Hubert posera avec une unique feuille, l’occasion de donner enfin un sens au nom de son blog. Jean Véronis posera avec son premier mac, Olivier Ertzscheid sera assis sur les derniers rapports ministériels en tentant via son ipad de créer en fin un cours en ligne sur moodle. Je vous laisse imaginer les autres. Quant à moi, je n’ai pas encore décidé mais je me vois bien avec un arrosoir en train de cultiver l’information…
Les admiratrices de Daniel Bourrion seront déçues car il ne figure pas dans ce classement. En effet, en grand adepte de l’immatériel, il aurait posé sans aucun accessoire…

1 Bibliobsession 2.0
2 La feuille
3 Technologies du Langage
4 affordance.info
5 teXtes
6 L’édition éléctronique ouverte
7 Les Infostratèges
8 :: S.I.Lex ::
9 Le guide des égarés.
10 Actulligence.com
11 Urfirstinfo
12 Vagabondages
13 gallica
14 Diplotomatic.com
15 Marlène’s corner
16 Chopito
17 La petite Passerelle …
18 Benoît Drouillat
19 Blogo-numericus
20 pintiniblog

Classement réalisé parWikio

Journée d’étude. Mutualisation des ressources documentaires : Hétérogénéité des ressources et accessibilité dans un espace collaboratif

 

Je relaie cette information sur une journée d’étude organisée à Lyon 3 par mes anciens collègues. Certaines de mes anciennes étudiantes y seront également présentes dans le cadre d’une communication.

Le contexte est principalement lié aux professions des domaines de la santé.

 

Journée d’étude

Mutualisation des ressources documentaires :
Hétérogénéité des ressources et accessibilité dans un espace collaboratif

Vendredi 5 novembre 2010
Auditorium Malraux , site Manufacture des Tabacs, Lyon 8e
Université Jean Moulin Lyon3

Présentation de la journée
 On constate une très grande diversité et hétérogénéité des ressources documentaires dans le secteur médico-social, ceci a pour conséquence d’accroître les difficultés d’accessibilité aux documents. Ce constat est du à un phénomène conjoncturel, celui des réformes de la santé et et celui des collectivités territoriales. En effet, la mise en place de nouvelle structure à l’échelle régionale renforce la décentralisation et oriente les organisations quelles qu’elles soient vers une gouvernance basée sur le regroupement et la mutualisation des services. De fait, ceci oblige diverses unités documentaires des organismes publics et assimilés à se restructurer et « re-penser » leurs fonds documentaires en pôles de mutualisation des ressources documentaires. L’objectif de la journée est d’une part la mise en commun des expériences de mutualisation et management du réseau documentaire, et d’autre part le lancement d’une réflexion sur les démarches prospectives, l’impact sur les métiers!
 s à travers à travers une ré-définition des rôles et des missions des professionnels de l’information et sans doute aussi des outils à repenser au vue de ces changement, des questions socio-économiques ne sont pas à exclure.

Organisation de la journée :
Trois axes de réflexion vont ponctuer cette journée :
       1.Diversité et hétérogénéité des ressources en santé
       2.Réorganisation des espaces documentaires collaboratifs
       3.Réseaux documentaires et médiation

Comité scientifique et d’organisation
COTE, Christian MCF , ELICO Université Lyon III,
EL HACHANI, Mabrouka MCF, ELICO Université Lyon III,
LAINE CRUZEL, Sylvie PR ELICO Université Lyon III
REGIMBEAU, Gérard, ELICO enssib
SILEM, Ahmed PR, MAGELLAN université Lyon III
WISSLER Michel, MCF MAGELAN Université Lyon III

Vous trouverez une présentation de la journée ainsi que le programme sur le site suivant :
http://mutudoc.elico-recherche.net < http://mutudoc.elico-recherche.net/>

La journée est GRATUITE  toutefois pour des raisons d’organisation et de logistique, l’inscription est obligatoire, préciser si vous restez pour déjeuner, merci donc d’envoyer un mail à :

 marie-claire.thiebaut@univ-lyon3.fr  en indiquant dans le titre du message : INSCRIPTION JOURNEE ETUDE MUTUALISATION + DEJEUNER

Les organisateurs,
Mabrouka EL HACHANI & Christian Cote
Enseignants-chercheurs, Université Jean Moulin Lyon3

Information n’est pas savoir ?

Nouvel extrait de notre thèse…

Nous reprenons ici le titre d’un article de Denis de Rougemont qui faisait le point en 1981 sur l’informatique, les espoirs et les craintes qu’elle faisait surgir. Nous ajoutons une interrogation à ce qu’il avançait comme étant une affirmation, car nous voulons montrer que l’information permet aussi justement le savoir.

La question du rapport entre informatique et information, qui intéressait Rougemont, demeure du fait de la confusion entre les trois différentes formes de l’information (data, news, knowledge).

Or ce problème demeure pour tous ceux qui s’intéressent à la question de la culture de l’information. Le constat partagé est que l’enjeu ne se situe pas uniquement au niveau des infrastructures, mais bel et bien au niveau des contenus informationnels et notamment des capacités d’évaluation de l’information des individus.

Seulement il est difficile de distinguer de quelle information il s’agit dans le concept « culture de l’information ».
Or c’est bien le problème actuel de la désacralisation totale de l’information et par ricochet celle du savoir. Tout est décrit comme information, que ce soit celle contenue dans un ouvrage spécialisé ou l’information non pérenne utile dans l’immédiat et vite oubliée. Mais ce n’est qu’une fois de plus, le retour du mythe de Theut qui se répète ici entre l’anamnèse et l’hypomnèse, entre ce qui mérite une mémorisation durable, et ce qui peut être extériorisé. Cependant, l’extériorisation du savoir, rendue possible par des techniques de l’écriture via des supports de mémoire que constituent les hypomnemata, ne constitue pas un obstacle absolu à la constitution de savoirs durables. Savoirs qui mériteront une mémorisation plus importante et une intégration à la culture.

Ainsi c’est bien dans l’oxymore, dans l’adjonction de ces deux termes contradictoires en apparence, que se situe le point de tension, ce passage, cette sortie (ausgang) entre information et culture. Il s’agit du passage de la minorité, de celui qui ne distingue que des données, à la majorité de celui qui sait y trouver l’accès à des savoirs.

De plus, il nous semble qu’il faille éviter de ne considérer l’information que dans sa vision quelque peu dévoyée qui nous apparaît aujourd’hui et qui résulte d’une évolution qu’a parfaitement retracée Jérôme Segal en ce qui concerne sa dimension scientifique.

Seulement, l’information peut présenter d’autres aspects. Le premier mérite que l’on retrace son étymologie. Cette dernière nous dit qu’information vient de forma (le moule) ce qui implique que nous étudions davantage les formes, sociales, culturelles mais aussi matérielles :

De fait, le concept d’information dans son usage ordinaire, est habituellement lié à une activité de connaissance. Il rejoint en cela le concept médiéval d’informatio. En effet, dans la tradition médiévale, lorsque l’anima connaît, elle n’ingère pas les objets du monde extérieur. Mais au contraire, elle est « informée » de cet objet. Dans l’acte de « cognitio », on dit que l’âme procède par la sensation qui, dans ce processus, ne saisit pas la materia de l’objet connu mais uniquement sa forma. Dans l’anima, l’objet est alors présent à nouveau– re-presentatio – mais sous une autre forme. La conséquence de ce processus est que l’âme est – in actu – « informata ». De ce fait, elle ne peut traiter qu’une représentation, c’est-à-dire une « informatio ».

Cette vision diffère de celle qui s’impose encore aujourd’hui et qui vient davantage de la vision de Shannon basée sur la théorie du signal. La vision qui vient de la tradition médiévale notamment depuis Thomas d’Aquin s’avère au contraire proche de la nécessité de transformer l’information en connaissances :

Bref dans son sens médiéval, l’in-« formatio » est ce qui trans « forme » un objet externe en un état interne pour la connaissance. En termes contemporains, une « informatio » serait alors ce qui crée dans un agent cognitif un état épistémique c’est-à-dire un état de connaissance.

Il y a derrière cet aspect ce qui fera le succès du nominalisme, impulsé par Guillaume d’Ockham. Une position nominaliste recommandée par Stéphane Olivesi.

Une notion ne se comprend pas en elle-même, sans tenir compte du fait qu’elle remplit diverses fonctions selon la nature du discours. Sa signification varie selon cette fonctionnalité. Pour cette raison, la transindividualité du concept qui en fait une réalité correspondant à plusieurs objets, implique un double travail quant à son extension et sa compréhension. Il s’agit, d’une part, de toujours rappeler quel espace et quelle diversité d’objets recouvre le concept et, d’autre part, de préciser ce qui en constitue le noyau invariant à partir duquel il devient possible de l’appliquer à des individualités différentes.

Une position qui nous oblige à prendre en compte la diversité des conceptions face au concept, ce que nous ferons dans l’analyse des diverses cultures de l’information. Cela doit nous pousser à rechercher en quelque sorte le « socle commun » pour ne pas dire le métastable pour aller dans le sens de la transindividualité décrite par Olivesi et qui nous ramène à Simondon. Notre objectif est d’ailleurs bien de tenter de clarifier ce noyau invariant de la culture de l’information.

  1. Denis de Rougemont, « Information n’est pas savoir » Diogène, n° 116, 1981.
  2. Jean Guy Meunier. Op. cit.,
    p.28
  3. Ibid., p.23

4. Les puristes préciseraient que Guillaume d’Ockham était en fait terministe. Le concept de nominalisme lui est effectivement postérieur.

5. Stéphane OLIVESI. Stéphane OLIVESI. Questions de méthode : une critique de la connaissance pour les sciences de la communication. Communication et civilisation. Paris ; Budapest ; Torino: L’Harmattan, 2004,. p.98

A suivre…

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Projet pour du journalisme Hyperlocal : quelques idées

J’ai décidé de diffuser une proposition de projet qui n’a jamais vu le jour et qui concernait la presse quotidienne régionale et locale.

J’aurais souhaité pouvoir effectuer un post-doc dans ce cadre mais ce ne fut pas le cas. Comme, je me suis dit que c’était dommage que ces quelques réflexions restent dans un tiroir d’autant qu’elles datent désormais de plus d’un an (d’où le fait que je ne mentionne pas de nouveaux acteurs comme ovni), je les mets à disposition afin qu’elles suscitent peut-être d’autres intérêts.

Contexte de la mission :

Le développement de nouveaux médias en ligne, type journalisme citoyen montre qu’il y a un intérêt durable dans le domaine ainsi que des pistes économiques viables. Les nouveaux sites de journalisme en ligne qui se sont lancés tels rue89 ou slate constituent des modèles qui connaissent un succès et qui ont pu engager des collaborateurs.

Cependant, les initiateurs des projets comme Agoravox escomptaient initialement un développement de l’information de type local, ce qui ne semble pas le cas.

Pourtant, de l’information locale est diffusée mais peu visible et peu valorisée parce qu’elle passe par des blogs peu consultés ou éphémères.

La solution serait donc de valoriser cette production en lui donnant une cohérence afin d’éviter la dispersion de l’information. La presse régionale et locale semble plus à même de porter ce type de projet.

 

Mission :

Le projet vise à étudier la faisabilité et les potentialités qui peuvent être mises en œuvre autour des nouvelles technologies et de l’information locale.

Plusieurs pistes peuvent être ainsi évoquées afin de rentrer dans une logique de valorisation mutuelle :

  • journalisme citoyen local
  • Blogueurs correspondants
  • Blogs d’informations d’établissements scolaires
  • Applications cartographiques et autres modes de visualisation de l’information.

Les meilleures productions pourraient connaître des publications papier, éventuellement rémunérés, à l’instar du journal Vendredi.

Sélection des meilleurs articles des blogs régionaux

L’objectif du projet est de travailler en intelligence, c’est-à-dire de concevoir les nouveaux moyens n’ont pas comme des concurrents mais comme des moyens de renforcer la cohérence et la cohésion avec le lectorat actuel…et le lectorat potentiel, notamment les jeunes générations.

D’autre part, le système permettrait d’appuyer un élargissement des ressources publicitaires en permettant à la fois de publicités mieux ciblées pour les PME qui pourraient également bénéficier en retour le cas échéant d’une amélioration de leur page rank en matière de référencement, bénéficiant ainsi de celui du journal.

 

 

 

Appel à communication sur l’identité numérique

Vous l’avez peut-être déjà vu passé mais je permets de relayer un appel à communication pour l’excellente revue « Les Cahiers du Numérique ».
Il est vrai que je la trouve d’autant plus excellente que j’y ai publiée trois articles depuis la renaissance du périodique il y a deux ans.
La revue couvre une grande partie des champs de l’information-communication. Je ne comprends pas d’ailleurs pourquoi elle n’est pas mieux reconnue par le CNU 71 des sciences de l’information et de la communication.
Voici donc l’appel pour le numéro coordonné par notre JPP (Jean Paul Pinte) national (celui-là ne met pas de cacahouètes au fond des buts, mais mêle veille et culture informationnelle et traque à ses heures perdus les cybercriminels) et pour lequel je figure dans le comité scientifique. Un comité fort varié et qu’il faudra donc réussir à convaincre.
Appel à publication pour un numéro de
Les Cahiers du Numérique
http://lcn.revuesonline.com
L’identité numérique
Date limite de proposition d’article : 30 octobre 2010
OBJECTIF DU NUMERO SPECIAL
Aujourd’hui, la toile Internet est un espace où se font et se défont les informations et les réputations. Le Web devient le lieu de convergences des médias (presse en ligne, Web TV, Web Radio, blogosphère, etc.) où se propage durablement l’information gratuite. Les nombreux services proposés par les systèmes de recherches d’informations généralistes sont désormais largement utilisés par les internautes comme point d’entrée sur l’univers informationnel du Web.
L’avènement du Web social, qualifié aussi de Web 2.0, a donné du pouvoir à l’internaute et l’a fait passer du statut de simple consommateur à celui de « consommacteur » à part entière du réseau. En produisant son propre contenu qui sera largement diffusé, chacun aujourd’hui devenir un véritable média ; la prolifération des outils de diffusion ne manquent pas pour s’exprimer : les blogs, les forums de discussion, les plateformes de partage multimédia, les réseaux sociaux, les wikis, etc. L’explosion rapide de tous ces espaces pose alors avec acuité le problème de l’identité numérique, notion confuse et complexe que les travaux les plus récents en sciences humaines et sociales tentent de circonscrire.
Bien que le phénomène ne soit pas nouveau et remonte à l’époque de Télétel, la puissance des réseaux sociaux dans Internet a fait de l’identité numérique, une problématique majeure qui invite chacun à se préoccuper aujourd’hui de son activité, de son image, voire de sa réputation en ligne. Une terminologie ad hoc s’est progressivement imposée et il est courant de recourir à des expressions telles que : E-réputation, cyber-réputation, web-réputation, réputation numérique, personal branding, etc.
Les acteurs économiques, sont de fait, extrêmement attentifs à cette tendance. Selon, une étude internationale réalisée en 2010 par l’éditeur informatique Microsoft , 69% des Français se sentent concernés par l’impact de leur réputation en ligne sur leur vie privée et professionnelle. 77% des Français interrogés soulignent être conscients que des informations publiées en ligne sont susceptibles d’être prises en compte dans le cadre d’un recrutement. Si, en Allemagne, près de neuf personnes sur dix en sont convaincues, en France, très contradictoirement aux résultats de l’étude, un seule personne sur trois en France (32%), se préoccupe systématiquement de la trace laissée au moment où elle diffuse du contenu sur Internet. C’est même une personne sur 4 seulement qui se soucie cette fois de la réputation des autres, à chaque fois qu’elle publie du contenu.
Aucun domaine de la société (institutions, entreprises) n’est à l’abri des préoccupations portées par l’identité numérique notamment en matière de recrutement et d’image véhiculée. Les premiers problèmes d’ordre juridique, viennent souligner le caractère sensible de ces questions et mettent en évidence leur complexité.
QUELQUES PROPOSITIONS NON LIMITATIVES DE THÈMES POUVANT ÊTRE ABORDÉS
Identité numérique : définitions, composants, enjeux et non-enjeux
Identité numérique et construit social
Identités personnelles et professionnelles : Etat des lieux
L’impact de l’identité numérique sur la société, l’éducation, l’entreprise, l’économie, le marketing, le commerce, …
Quelle maîtrise et gestion de sa visibilité en ligne ? Comment améliorer sa e-réputation ?
L’évolution des outils de surveillance de la e-réputation (buzz monitoring)
L’identité numérique : aspects philosophique et sociologique du phénomène
Société de l’information et identité numérique (Evolution de la technologie, impacts des technologies nomades, …)
Droit et identité numérique (Le droit à l’oubli numérique, usurpation d’identité, législation actuelle, en cours ?, ..)
Quelle place pour les médias sociaux dans l’identité numérique ?
Les pseudos et avatars au cœur de l’anonymat (Virtualité ou non de l’identité numérique ?, pseudonymat, …)
Identité numérique, société de surveillance et réseaux (De quoi se protéger ?)
Cet appel à articles s’adresse prioritairement aux chercheurs en sciences de l’information et de la communication mais les contributions d’autres disciplines scientifiques sont les bienvenues.
COMITE SCIENTIFIQUE du numéro spécial
Michel Arnaud (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
Christine Balagué (IAE- Université Lille 1)
Fadhila Brahimi (Strategic Presence Coach & Speaker, CEO FB-Associés)
Eric Delcroix (Université Lille 3)
David Fayon (La Poste)
Eric Freyssinet (Division de Lutte Contre la Cybercriminalité, Gendarmerie Nationale)
Olivier Iteanu (Avocat)
Olivier Le Deuff (Prefics, Université de Rennes 2)
Louise Merzeau (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)
Jean-Paul Pinte (Université Catholique de Lille)
CALENDRIER
Date de remise de proposition d’article : 30 octobre 2010
Acceptation de proposition : 15 novembre 2010
Notification aux auteurs : 20 janvier 2011
Remise version finale : 10 février 2011
CALENDRIER ET RECOMMANDATIONS AUX AUTEURS
– Envoi des propositions d’articles (6000 caractères, espace non compris, plan et références bibliographiques non compris) le 30 octobre 2010 dernier délai à l’adresse suivante : pinte.jp@gmail.com en indiquant prénom et nom.
– Les contributions définitives (30000 signes espaces compris) respecteront impérativement la feuille de style de la revue, téléchargeable sur http://lcn.e-revues.com/revues/23/ConsignesLCN2005.doc.
– La notification aux auteurs (accepté, refusé, accepté avec modification) est fixée au 20 janvier 2011.
– Pour les communications acceptées avec modifications, la date limite de réception des articles modifiés est le 10 février 2011.
– Les articles retenus sont à adresser au plus tard le 10 février 2011 au coordonnateur accompagnés IMPERATIVEMENT de l’accord de cession des droits dûment complété, sans lequel la publication est impossible (NB : un accord par auteur téléchargeable sur http://lcn.revuesonline.com/revues/23/LCN_CD.pdf) le 15 février 2011.
CONTACT : Jean-Paul PINTE pinte.jp@gmail.com

Library 2.0 : origins of the concept, evolutions, perceptions and realities

Je mets en ligne le panorama que j’ai réalisé suite à l’enquête sur la bibliothèque 2.0 et qui a été présenté par El Maestro Silvère Mercier à Stockholm pour le colloque satellite de l’ifla sur le marketing des bibliothèques.
Ne pouvant m’y rendre, c’est notre bibliobsédé national qui s’est chargé de la présentation sous les hourras des bibliothécaires suédoises.
silvae
(source : photos prises par Greta Quesada. )
Silvère est resté très sérieux quand même, en témoigne cette photo de lui au premier plan.
silvaeserious

La bibliothèque 2.0 : genèse et évolutions d’un concept

Suite à l’enquête menée et relayée sur ce blog, j’ai finalisé il y a quelques mois un article qui vient de paraître dans un numéro spécial des cahiers du numérique consacré justement au web 2.0.
L’article est disponible sur cairn. Il est possible de le lire gratuitement si vous êtes chercheurs ou étudiants et que vous disposez de l’abonnement cairn via votre bibliothèque universitaire préférée!
Voici sinon l’introduction de l’article :
Nous proposons de retracer la genèse du concept de bibliothèque 2.0 depuis son émergence avec les outils offerts par le web 2.0 jusqu’à ses récentes évolutions vers de nouveaux territoires tels ceux du numérique. Le concept demeure flou et tend à devenir quelque peu daté.
Nous avons réalisé un enquête en ligne auprès de professionnels des bibliothèques pour tenter de comprendre leur perception de la bibliothèque 2.0. Nous montrons que ce n’est pas tant la bibliothèque que les professionnels qui y travaillent davantage ainsi que le rôle conféré aux usagers qui a le plus évolué.
Introduction
Parmi les expressions et les concepts issus du web 2.0, celui de bibliothèque 2.0 (library 2.0) est un des plus intéressants à étudier. D’une part, car il est un des premiers à avoir émergé peu de temps après le début de popularisation du web 2.0 et, d’autre part, car il mêle deux concepts qui sont d’essence antinomiques, ce qui a pu conduire à des controverses sur la réalité de la bibliothèque 2.0 et sur l’utilité et la réelle nouveauté d’une telle expression. La bibliothèque est issue d’un modèle traditionnel des savoirs avec des circuits de vérification et la volonté de mettre à disposition une information de qualité qui soit classée de manière normée. Le web 2.0 privilégie d’autres aspects dont celui de libre expression et de facilitations des échanges. La légitimité diffère donc, elle est d’essence autoritaire dans la bibliothèque tandis qu’elle repose sur la popularité dans les outils du web 2.0. Cette opposition entre deux modèles nous permet d’affirmer que ce qui a vraisemblablement le plus évolué n’est pas la structure ou l’institution bibliothèque au cours du phénomène web 2.0, mais davantage les professionnels qui y travaillent ainsi que les usagers. Dès lors, nous pouvons constater qu’il s’agit plus d’une évolution professionnelle avec l’émergence d’un autre concept : celui de bibliothécaire 2.0 ; l’expression émanant plus particulièrement de la « blogosphère » de l’informationdocumentation. Cet intérêt rapide pour le web 2.0 des sphères bibliothéconomiques s’explique par le fait que beaucoup de professionnels s’étaient déjà interrogés sur l’évolution apportée par le web sur le domaine des connaissances et les conséquences sur l’institution des bibliothèques.
La littérature scientifique sur le sujet est essentiellement anglo-saxonne si ce n’est quelques travaux en allemand. Quelques articles tentent de donner une définition du concept (Maness, 2006) mais encore Needleman (2007) tandis que Collins et Stephens (2007) parmi d’autres tentent de mieux circonscrire le concept et d’y analyser les oppositions théoriques et pratiques. Le sujet demeure encore étudié et tend à être davantage appliqué à des situations concrètes comme dans la récente étude réalisée sur les bibliothèques universitaires et leur rapport avec le web 2.0 (Xu, 2009).
Nous avons choisi d’étudier principalement la version francophone du concept au travers d’une enquête auprès des professionnels de bibliothèques et à travers l’étude de blogs abordant la question. Parmi les 168 réponses obtenues à notre enquête[1] [1] L’enquête s’est déroulée du 3 janvier au 2 février…
suite, nous avons cherché à mesurer les visions d’un concept qui apparaît déjà quelque peu daté, voire dépassé. Notre travail constitue une tentative pour déterminer la réalité de la bibliothèque 2.0 et les éléments de changement, voire réellement novateurs qu’elle accompagne. Une nouvelle fois, pour tout ce qui est lié au phénomène du web 2.0, il convient de s’interroger sur le rôle de la technique au sein d’une institution et parmi une profession. Très souvent, le web 2.0 et par ricochet, la bibliothèque 2.0 se résume à l’utilisation d’outils. Sa définition est d’autant plus difficile que certains auteurs n’hésitent pas à évoquer des changements de paradigmes tandis que l’enquête démontre une faible concrétisation sur le terrain. Nous avons pu observer la présence de débats voire de rapports de force entre les principaux acteurs d’une « biblioblogosphère », qui souhaitent élargir les potentialités de la bibliothèque, et des acteurs de terrain dont les usages et les réflexions sont restés fortement traditionnels. La question de l’évolution des compétences informationnelles, techniques et notamment informatiques des professionnels des bibliothèques est donc posée et fortement sous-jacente au concept de « bibliothèque 2.0 ».
Bonne lecture..