Quels concepts et compétences transmettre du système scolaire et universitaire au marché du travail ?

Une nouvelle reprise de la thèse, avec pour thématique celle de la transmission Ecole-marché du travail….

 

Il convient d’emblée de préciser qu’il y a une évidente difficulté dans cette transmission. Il ne faut pas confondre travail et emploi. En effet, travailler c’est d’abord travailler pour soi, tandis que la référence à l’emploi implique de mettre sa force de travail au service d’un tiers. Notre propos n’est pas de s’attarder sur cette différence, mais il s’agit d’exprimer le fait que le travailleur, même s’il est employé doit pouvoir poursuivre son individuation sans être aliéné par sa relation avec son employeur.

Dans le cas de la culture de l’information, il s’agit d’examiner les compétences et notions acquises notamment dans les domaines de l’information et de la documentation qui peuvent être réinvesties. Nous prenons ici le terme de compétences dans un sens qui mêle à la fois savoir-faire et savoirs et qui n’est pas uniquement procédural. Ces compétences doivent être pensées de manière élargie afin de sortir d’un cadre passif face à l’information qui ne prend pas assez en compte les aspects de construction d’un environnement informationnel personnel, la dimension communicationnelle ainsi que le travail collaboratif. Ces aspects sont prépondérants pour que les fonctionnalités collectives des systèmes de gestion électronique de documents et de Knowledge Management puissent être utilisées de manière optimale. Les objectifs de l’information literacy sont d’ailleurs proches de celles du Personal Knowledge Management.

La culture de l’information au sein du marché du travail n’est pas pour autant synonyme d’intelligence économique même si elle peut partager des éléments communs. Franck Bulinge note également que cette culture ne peut demeurer l’apanage de certaines formations niveau master et qu’elle doit donc être investie beaucoup plus tôt dans les formations, notamment car elle concerne un grand nombre d’employés et de salariés.

La formation à la gestion de l’information

Trois points principaux semblent devoir être développés selon nous :

  • L’évaluation du besoin d’information et de communication (démarche de construction basée également sur la veille– la dimension de veille devant être prise dans un sens bien différent de surveillance-)
  • L’évaluation de l’information (sélection de l’information et capacité à lui conférer de la valeur)
  • Le partage et la diffusion de l’information. (Stratégies collaboratives et co-construction individuelle et collective avec prise en compte de l’objet technique)

Les trois aspects précédents s’avèrent utiles à la prise de décision. Une autre question revient sans cesse chez les travailleurs et notamment les travailleurs du savoir : celle de la gestion du temps. Les lois du cool dénoncés par Alan Liu entrainent un affaiblissement de la distinction des sphères travail et loisir. Si le travail pouvait en paraître moins pénible et donc plus efficace, la question du temps passé à travailler en devenait préoccupante. Nous avions mentionné également certaines littératies émergentes prétendant résoudre ces problèmes de surcharge d’information et de gestion du temps. Christophe Deschamps pose dès lors la question de ce qui mérite vraiment notre attention :

Le fantastique pouvoir hypnotisant du web, le stress qu’il induit en retour, peuvent-ils être nocifs à notre santé. (…)Le web peut-il nous fasciner au sens propre du terme et capter notre attention au point que nous en oubliions de la porter vers nous-même ? Et donc ce pouvoir doit-il être contrebalancé par des moments (quotidiens, hebdomadaires) de prise de distance, de retour sur soi, de méditation en somme. A moins que le web ne finisse par secréter son propre antidote et par constituer une voie spécifique de méditation en action, allez savoir ce que notre cerveau est capable d’en faire à l’usage…

Christophe Deschamps préconise d’ailleurs ce retour sur soi par la méditation et rappelle son rôle quelque peu oublié et qui est surtout devenu l’apanage de la religion. Or la prise de soin de soi-même mériterait déjà une plus grande ampleur face à un marché du travail stressant et des rythmes qui empêchent cette prise de distance. Il s’agit d’une culture de soi qui pourrait être développé afin que l’individu puisse garder un regard extérieur et critique sur ces actions. Nous avions vu précédemment que le Personal Knowledge Management permettait cette mise à distance vis-à-vis du lieu de travail en s’inscrivant dans des communautés de pratiques qui permettent de continuer à se former en gardant une indépendance. Mais cette indépendance n’est possible que par cette capacité à opérer la skholé, dans le sens de capacité d’arrêt. Il nous semble ici que l’exercice de la skholé est utile au travail et permet à l’individu de se situer entre besoin d’information et besoin d’affirmation.


Une culture technique face à un usage d’outils prescrits

La tendance la plus prégnante est celle qui consiste à procéder par mimétisme et volonté d’adaptation, en optant pour des stratégies qui reposent principalement sur des outils. Cette stratégie, qui nie souvent les besoins des salariés ou usagers, est fréquente. Elle le devient d’autant plus que très souvent, interdiction est faite d’implanter de nouveaux outils et avec eux d’autres usages au sein de l’environnement de travail. La culture de l’information en entreprise se trouve aux prises avec un obstacle qui est celui de la sécurité informatique ou des représentations des managers qui craignent une dispersion et une perte de productivité du fait des nouveaux outils comme les messageries instantanées, les réseaux sociaux, les wikis et blogs. La culture de la collaboration et de l’échange n’est pas réellement développée et la méfiance prédomine par rapport en la confiance vis-à-vis de ces nouveaux outils.

De plus, il se produit une forme de « monstruosité technique » qui consiste à acquérir un nouveau logiciel comme un remède à un éventuel problème détecté. Il se produit alors une « excroissance du code » comme le note Christian Fauré. La technique étant perçue comme un palliatif, un remède qui soigne mais qui ne guérit pas vraiment et qui au final devient tout autant un poison. En effet, cette excroissance monstrueuse participe d’une tératogenèse informatique qui au travers d’une apparente simplicité, mise en œuvre et illustrée notamment par des schémas conduisent à une hyperspécialisation des informaticiens qui finissent par ne plus comprendre l’ensemble. Les capacités d’architecture de l’information deviennent alors rares face à une montée en puissance de la prolétarisation des informaticiens.

Il se produit une dépossession continue qui s’effectue avec le transfert du savoir faire dans la machine ou le logiciel. Une prolétarisation grandissante y compris dans les services informatiques, ce que dénonce également Christian Fauré :

Ce qui se perd (…) c’est le savoir-faire et la connaissance critique. Et cela est d’autant plus vrai du point de vue de l’architecte qui doit penser l’articulation entre des composants du système d’information. On ne peut pas être architecte (que ce soit de l’architecture réseau, applicative ou même de l’architecture des données) en étant incapable de porter un regard critique. Cela passe nécessairement par la capacité à discuter et à émettre des avis critiques, ce que ne sont pas capables de faire les experts techniques maîtrisant les solutions d’un seul éditeur de logiciel.

Dans les propos de Christian Fauré, nous retrouvons l’importance de la culture technique de Simondon, avec cette capacité critique vis-à-vis de la technique et les possibilités d’innovation et de compréhension de l’ensemble, c’est-à-dire du milieu associé. Or, de plus en plus, les informaticiens deviennent spécialistes d’un type d’applications voire d’un seul logiciel et au final deviennent mineurs face à la technique. Cette position semble moins fréquente avec les spécialistes des logiciels open source. Nous avions d’ailleurs précédemment montré cette proximité entre la culture « hacker » et la culture technique de Simondon.

De l’information à la culture

Il s’agit de passer de l’information vue comme une matière première à une culture davantage basée sur une construction à la fois individuelle et collective. La culture de l’information doit alors se penser autant comme une culture personnelle (qui ne cesse de se construire) que comme une culture collective et collaborative au sein de l’entreprise ou de l’organisme mais également via d’autres communautés de pratiques et d’apprentissage

 

Références :

Franck BULINGE. Pour une culture de l’information dans les petites et moyennes organisations : un modèle incrémental d’intelligence économique. Thèse de doctorat en information communication. Université de Toulon et du Var, 2002 < http://bulinge.univ-tln.fr/Franck_Bulinge/These/These.pdf>


Christophe DESCHAMPS. Faire attention à l’Attention. In Outils froids. Billet du 19 avril 2009. Disp. sur :
<http://www.outilsfroids.net/news/faire-attention-a-l-attention#ixzz0DUOms8RN&A>

3 Christian FAURE. Le style d’architecture SOA. In Christian Fauré. Billet du 8 octobre 2008. <http://www.christian-faure.net/2008/10/08/le-style-darchitecture-soa/>

4Christian FAURE. La prolétarisation dans les sociétés informatiques. in Christian Fauré. Billet du 14 mars 2009. Disp. sur : <http://www.christian-faure.net/2009/03/14/la-proletarisation-dans-les-societes-informatiques/#more-1025>

La redocumentarisation et l’intelligence collective

Frédéric Lefebvre a un secret. Il est capable à lui tout seul de déclencher des tempêtes de réactions collectives rien qu’avec la moindre des ses gaffes.
Il est le cinquième élément de twitter.
C’est un générateur de « même » impressionnant, une expression dispersée qu’un hashtag permet de rassembler.
Tout est parti de là

Ensuite, le hashtag #bibliolefebvre est apparu…et chacun a tenté alors de participer.
Voici le document qui récapitule en partie de ce mouvement d’intelligence collective. Pour rappel, tweetdoc permet de générer des pdf qui reprennent l’ensemble des tweets mentionnant le même hashtag ce qui permet un bel effet de redocumentarisation. Cela prouve aussi que le document constitue de plus en plus un produit final, une téléologie sur les environnements numériques plutôt qu’un commencement.
Même l’intéressé au final a lui même reconnu et utilisé le hashtag.

Désormais, la question est posée, comment générer de tels mouvements en aussi peu de temps pour des missions plus généreuses et plus porteuses à long terme ?
Une des leçons de cette histoire, c’est quand le projet est lancé de manière calculée et par quelqu’un qui parait trop intelligent, la foule peut avoir le sentiment qu’elle n’a pas les moyens de suivre. Le spontané réclame du « décomplexifié » (barbarisme personnel). A méditer pour la suite…

Learning center : l’Education dans un monde meilleur parce que vous le valez bien

Au lycée de Salmon&Tacon, tout va pour le mieux. La bibliothèque du comté a été fermée afin que l’argent public soit enfin mieux utilisé. En effet, la priorité c’est désormais l’Education. Plus question de laisser les élèves s’ennuyer en cours, c’est contreproductif. La solution a été trouvée avec l’élimination de la source d’ennui : les profs. Il n’y en a pratiquement plus. Je ne sais pas combien de temps, il aura fallu pour qu’on comprenne que l’Education sans les profs, c’était beaucoup mieux. On a juste gardé, Miss Jellyfly qui est désormais chargé d’importantes responsabilités au bar interactif du nouvel équipement. Le directeur Mr. Whale est fier de sa création : son gigantesque learning center qui a remplacé l’intégralité des anciennes salles de cours.
L’argent économisé a servi pour l’acquisition des centaines de machines dernier cri qui sont régulièrement renouvelées d’ailleurs. L’éducation étant prioritaire, aucun ordinateur ne peut avoir plus de deux ans. Mr Whale y tient surtout que le partenariat avec l’équipementier rottengrany est avantageux. Le contrat type permet une uniformité des machines et des réductions sur les coûts de maintenance et surtout Mr Whale a intelligemment négocié la fourniture gratuite des uniformes des lycéens qui arborent fièrement leur t-shirts verts barrés du logo de la marque. Mr Whale très soucieux du pédagogique songe même à aller plus loin, le lycée pourrait porter le nom de la marque à la rentrée prochaine. Le rottengranny Salmon&Tacon serait un des pionniers en la matière. En échange de ce changement de nom, les locaux administratifs seront entièrement rénovés, autant d’économie pour l’école.
Car le credo, c’est investir dans une éducation rentable. Les frais de scolarité ont été certes augmentés mais les taux de réussite sont nettement meilleurs. Les tests le prouvent, quasi 100 % de réussite à tous les tests qui sont d’ailleurs mis au point par la société Troutsoft. L’avantage est évident, plus besoin d’enseignants pour produire les évaluations et les corriger.
L’ambiance au learning center est studieuse. Miss Jellyfly y veille. Chacun doit bien avoir son t-shirt avec soi et le matériel réglementaire. Pas question de ramener du matériel de l’extérieur. Les ouvrages papiers sont tous contrôlés à l’entrée, on craint la contamination par les virus contenus dans les vieux papiers. L’Education est une chose trop sérieuse pour qu’on laisse rentrer en son sein des sources de contaminations. Mr Whale a engagé Mr Orca, ancien militaire, pour réaliser ce travail très important pour la communauté éducative. Le message est passé auprès des élèves, qui n’amènent désormais plus rien de prohibé au sein des locaux. Encore une belle réussite pour Mr Whale.
Tout le monde est donc connecté en permanence dans la joie et la bonne humeur. On s’active et surtout on réussit ! Et tout cela grâce aux ordinateurs et aux nouveaux logiciels. Samantha est tout heureuse : « les ordinateurs sont de plus en plus performants, cela me permet de réussir des tests plus difficiles sans trop d’efforts ». C’est aussi le cas de Kévin qui vient d’accéder à un très haut niveau de philosophie après 7 heures passées devant le programme brainphilosopherkillers. Le programme donne envie de travailler : pas de lecture fastidieuse mais de la grande interactivité. Des élèves heureux et qui ne s’ennuient pas ! On gagne toujours aux tests, fini l’échec scolaire : l’Ecole est enfin au service de la réussite. Ici, on apprend en autonomie ou avec ses camarades…et surtout à son rythme grâce aux machines et aux programmes individualisés qui mènent chacun à la réussite pour tous les tests. De toute manière, la réussite est obligatoire, c’est dans la charte de l’établissement qui reproduit la directive gouvernementale. Les machines sont ergonomiques et étudiées pour que les élèves puissent rester connectés pendant des heures sans avoir de mal de dos. Fish&wood design est l’équipementier des learning centres. L’ amitié du président de l’entreprise avec le ministre a permis aux établissements d’importantes réductions. L’occasion de saluer l’investissement une nouvelle fois personnel du ministre et le dévouement à la cause éducative du directeur de Fish&Wood. Miss Jellyfly est aux anges, le mois a été excellent. Elle veille à ce que les temps de présence dans l’établissement soient les meilleurs possibles. Fini l’absentéisme, vive le présentéisme massif. Miss Jellyfly n’est pas rémunérée par l’établissement mais par les commissions et les ventes qu’elle réalise au bar. Les élèves ont souvent besoin de se rafraîchir et de prendre des éléments caloriques pour pouvoir réussir leurs tests. Plus ils restent connectés, plus ils consomment. Mais les prix sont très abordables et les parents conscients de l’importance des études et des sacrifices à réaliser pour leurs enfants. Cela permet aussi de financer les voyages pour les concours internationaux entre les rottengranny schools.

Face à une telle réussite : tout le monde est content. Le ministre est ravi des chiffres qui lui parviennent et qui démontrent des performances incroyables dans ces sociétés informationnelles. De tels graphiques devraient l’entrainer à de plus hautes fonctions et ce n’est que justice. Une société hautement civilisée nous attend. Il faut dire qu’il n’a pas ménagé ses efforts notamment contre ceux qui empêchaient le progrès pédagogique : les professeurs, les bibliothécaires, et pire les hybrides inclassables les professeurs-documentalistes et leurs CDI, bref ces vieilles fonctions et manières de faire aujourd’hui désuètes et dont les taux de réussite démontraient bien l’inutilité totale. Le plan :  « Get out, poor dumb teacher » a plutôt bien fonctionné. Il a été établi en plusieurs étapes, d’abord en supprimant la formation des professeurs, puis petit à petit en remplaçant les profs par des ressources en ligne. Que la marche vers le progrès fut longue et difficile mais désormais ces temps difficiles sont derrière nous !
 
Mais Mr Whale est soucieux, il aimerait bien assurer son budget pour la rentrée prochaine car les ressources en ligne de la société éducationnelle Coldfish ont augmenté et notamment les ressources de haute performance qui sont indispensables si le lycée veut conserver son label « Pédagogie de l’excellence » accordé par le ministère qui a tant fait pour le progrès éducatif ces dernières années. Heureusement, une de ses élèves est en finale pour le concours de Miss grannyschool. Si elle gagne, elle permettra au lycée d’empocher une jolie somme et surtout cela permettra de nouvelles inscriptions grâce à la publicité générée gratuitement via les médias. On comprend que pour Mr Whale la réussite de ses élèves est à terme clairement la réussite de son établissement. Les meilleurs de ses élèves contribuent beaucoup au succès de ce modèle. Ainsi les communautés d’élèves, les Rolexbrothers et les Vuittonssisters montrent bien l’importance de l’éducation. Ces groupes d’élèves ne quittent que rarement le learning center car il s’agit d’acquérir le maximum de réussite aux tests afin d’obtenir de belles récompenses grâce aux cadeaux offerts. La devise des Rolexbrothers est claire et démontre une belle motivation : « si tu n’as pas de Rolex à 17 ans, c’est que tu as un peu raté ta vie ». Ces groupes motivent fortement les autres élèves qui rêvent d’accéder aussi à ce niveau culturel. On comprend ici toute l’importance de l’émulation.
 
Le progrès est tel que les futurs élèves en âge d’aller voter feront nécessairement le bon choix. En effet, grâce à un nouveau programme « Anglebrain » prévu à cet effet qui cherche à perfectionner la démocratie, leur choix sera nécessairement le bon. Nul doute qu’ils seront également récompensés comme il se doit.
 

Accès à la majorité technique et intellectuelle : les enjeux de la culture de l’information.

Encore un nouveau support utilisé pour une intervention durant les rencontres de l’Orme à Marseille.
Il y est question de culture de l’information…

Usages et pratiques des cartes mentales en éducation

Suite à un stage donné au mois de février, je mets en ligne le support de mon intervention.
Je ne propose aucun remède miracle et je ne prétends pas non plus que les cartes mentales sont la solution à tous les problèmes mais qu’il faut expérimenter davantage et que la faculté à progresser dans le domaine ne peut se réaliser qu’après des heures de pratique.

Le TP en plus :
TP cartes mentales en éducation

La sérendipité comme attention et la zemblanité comme mauvaise intention

Horace Walpole, 4th Earl of Orford
Image via Wikipedia

Ceci est un passage inspiré de ma thèse, réécrit pour l’occasion pour le blog.
Le document se trouve régulièrement confronté à des aléas communicationnels. Et il n’y a pas que des aspects négatifs puisqu’il est possible de trouver des documents pertinents et de pouvoir ensuite les exploiter correctement. Les découvertes sympathiques ne répondant parfois à aucun critère rationnel sont donc parfois plus profitables qu’après une collecte longue d’informations.
La sérendipité comme potentialité de l’attention
En cherchant de manière erronée, il est possible de trouver juste comme le montrent Olivier Ertzscheid et Gabriel Gallezot (1) avec la théorie de la sérendipité . Il est en effet possible de dénicher un document intéressant de manière fortuite. Le nom de sérendipité provient de l’ouvrage d’Horace Walpole et son île de Serendip, contrée merveilleuse qui a inspiré les aventures de Zadig à Voltaire. L’idée est séduisante et chacun a déjà pu la vérifier dans ses recherches personnelles et au cours de déambulation en bibliothèque comme le raconte Umberto Eco (2):
La notion de bibliothèque est fondée sur un malentendu, à savoir qu’on irait à la bibliothèque pour chercher un livre dont on connaît le titre. C’est vrai que cela arrive souvent mais la fonction essentielle de la bibliothèque, de la mienne et de celle des amis à qui je rends visite, c’est de découvrir des livres dont on ne soupçonnait pas l’existence et dont on découvre qu’ils sont pour nous de la plus grande importance.
Pour autant, il nous semble que le seul hasard ne suffit pas. La sérendipité nécessite une préparation au préalable. En ce sens, il semble que tous les élèves et les étudiants ne soient pas encore des Christophe Colomb. La sérendipité demeure subjective, un document pouvant paraître stimulant pour l’un et insignifiant pour un autre. Toutefois, la sérendipité repose pleinement sur l’attention ou l’état de veille, c’est-à-dire la capacité à rebondir sur une information, un événement, un lien pour aussitôt y puiser un intérêt notamment par rapport à un besoin. Elle repose encore une nouvelle fois sur la capacité d’évaluation de l’information. Il ne suffit pas d’errer sur le web en surfant de liens en liens, si ne s’ajoutent pas aux pérégrinations numériques, la volonté et la possibilité de s’arrêter. Nous retrouvons une nouvelle fois la skholé. (3)
Cette skholé ne repose pas sur des règles absolues, mais plutôt sur quelques « méthodes » que les élèves s’approprieront et transformeront. Cela nous conduit d’emblée à modérer le caractère trop strict qui pourrait résulter de l’observation de négligences. En effet, comme l’a montré Nicole Boubée (4) , notamment en matière de copier-coller, les élèves développent des stratégies et des méthodes qui peuvent sembler inadéquates pour l’enseignant, mais qui au final aboutissent à des résultats acceptables. Cela signifie que l’observation des élèves ne doit pas aboutir à un ensemble de règles strictes notamment en matière de processus, type référentiel. C’est un des enseignements de la psychologie cognitive : ne pas préconiser des modèles figés et donc articuler la formation en prenant en compte les différentes manières de procéder des élèves et étudiants. Nous retrouvons ici les relations du triangle didactique entre l’élève et les savoirs et l’élève et l’enseignant. Il s’agit donc d’éviter une formation qui repose sur du pré-formaté mais au contraire de songer à la transmission comme une nécessaire transformation et individuation. Ce qui explique les différences entre le curriculum prescrit et le curriculum effectif, tel qu’il est au final assimilé et utilisé par l’élève ou étudiant.
Cependant, cette découverte par sérendipité ne saurait être le lieu de la seule découverte de l’autodidacte. Il convient pour cela de former à l’attention sans quoi rien n’empêche que ce soit davantage des mauvaises découvertes ou rencontres auxquelles doivent faire face les jeunes générations. Et en cela les learning centre n’y changeront rien… (Teaser qui annonce un futur billet sur le sujet)

La zemblanité, lieu des mauvaises intentions ou du manque d’attention
La Zemblanité, terme forgé en référence à l’île de New Zemble, située aux antipodes de Serendip par William Boyd dans son roman Armadillo (5) , qualifie le fait de faire des découvertes malencontreuses. Elle est peut-être plus fréquente que la sérendipité si nous songeons aux négligences observées. Elle connaît selon nous, un essor avec des conséquences parfois dramatiques.
D’autant que si elle repose sur des mauvaises rencontres, notamment virtuelles, elle peut prendre diverses formes. Les jeunes générations devenant de plus en plus émettrices d’informations, il convient de remarquer qu’elles le font de manière parfois irréfléchie voire dévalorisante. Cela peut aussi s’effectuer à l’égard de tiers, camarades ou enseignants. Un phénomène parfois appelé cyber-intimidation et dont nous pouvons voir quelques développements sur les réseaux sociaux avec une ampleur plus importante que sur les blogs. Le phénomène préoccupe particulièrement la presse québécoise . (6)
Il s’agit donc d’un manque d’attention à la fois par mégarde mais également par manque d’attention à l’égard des autres. Nous avons le sentiment que de simples négligences n’avaient pas nécessairement des conséquences aussi importantes lorsque les moyens de communication étaient moins aisés qu’avec les outils du web. La conséquence des négligences va donc de plus en plus sortir du domaine scolaire pour aller sur l’espace public. Or, il faut rappeler que les jeunes générations négligentes sont encore mineures au sens de la loi. Elles sont également mineures face à la technique (Simondon) et mineures au niveau de l’entendement (Kant). Cela implique donc de repenser la formation par rapport aux négligences et leurs conséquences éventuelles.
Références :
(1) Olivier ERTZSCHEID, Gabriel GALLEZOT. « Chercher faux et trouver juste : sérendipité et recherche d’information. » 1ère conférence internationale francophone en Sciences de l’Information et de la Communication 10ème colloque bilatéral Franco-Roumain. Bucarest. Juillet 2003. Disp. Sur :
<http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/documents/archives0/00/00/06/89/sic_00000689_02/sic_00000689.html>
(2)Umberto ECO. De biblioteca. L’Echoppe, 1986.
(3) Olivier Le Deuff. « La skholé face aux négligences : former les jeunes générations à l’attention », Communication & Langages n°163, mars 2010, p.47-61
(4) Nicole BOUBEE. « Le rôle des copier-coller dans l’activité de recherche d’information des élèves du secondaire ». Colloque ERTé 2008, L’éducation à la culture informationnelle. Université de Lille 3 <http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/sic_00344161/fr/>
(5)William BOYD. Armadillo: A Novel. Vintage, 2000
(6)Emilie COTE. Cyberintimidation: des exemples par centaines. La Presse. 12 janvier 2008.
Disp. sur : http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/internet/200801/12/01-8726-cyberintimidation-des-exemples-par-centaines.php

Contrôle de ses données et écritures de soi

Je mets en ligne un support de formation autour de l’identité numérique et que j’ai orienté volontairement autour du contrôle de ses données et des écritures de soi.
Au menu, on retrouvera donc de bonnes tranches d’hypomnemata.
La présentation a servi de support pour des formations dans les Urfist de Rennes et de Strasbourg.
La présentation contient volontairement plus de textes qu’à l’accoutumée afin qu’elle puisse intéresser tout lecteur qui découvrirait le sujet.

Touchgraph SEO et les identités

Je teste touchgraph seo, qui est plutôt dédié au référencement mais qui permet en tricotant un peu de tisser et de faire apparaître différents liens entre plusieurs identités à partir de la sienne  notamment.
C’est assez amusant.
Voici un exemple avec plusieurs requêtes à partir de mon nom et en ajoutant à la suite des requêtes sur des acteurs célèbres de la blogosphère ou du top wikio.

La culture de l’innovation

Petit coup de projecteur sur le travail d’une de mes anciennes étudiantes, qui se fait une place lentement mais sûrement dans les domaines de la veille et l’innovation notamment en Alasace.
Isabelle Guyot a réalisé en 2009 un mémoire sur l’innovation et elle nous offre une poursuite intéressante de ce travail dans ce diaporama.

Le mémoire est sur memsic
Résumé :
Ce travail est né et s’est nourri d’une expérience de terrain, menée durant un stage de six mois en tant que chargée de veille, au sein du groupe DBApparel, plus particulièrement dans la marque DIM. Rattachée au service de Recherche & Innovation du groupe, j’ai pu participer à plusieurs séances de créativité, mettant notamment en œuvre la méthode Synectic. J’ai été sensibilisée aux démarches d’innovation ouverte et d’innovation participative que le groupe expérimente. J’ai dans cette veine, pu observer et contribuer à une forme d’innovation participative, supportée par un outil informatique. La présente étude cherche à montrer comment des professionnels des Sciences de l’Information peuvent mettre leurs compétences au service de démarches de R&D novatrices.

Salut les petits clous n°2. Top wikio sciences de l’info. mars 2011

Euh, salut les petits clous pour ce  nouveau classement des blogs les mieux référencés du top des sciences de l’info.
1.affordance.info
Mauvaise nouvelle pour le front anti bandeaux jaunes dans les PAO! Affordanceinfo revient en force et redevient numéro 1. Il fait de la résistance et promet qu’il nous survivra. C’est le ministre et la ministre qui vont être contents!

Jean Pierre Francois – Je te survivrai
envoyé par charbytv. – Clip, interview et concert.
2 La feuille
Hubert paie cher la disparition de son blog pendant quelques jours. Heureusement, la feuille n’a pas été embarquée dans une ford falcon!

3 Bibliobsession 2.0
Et oui, il va en manger son chapeau! Silvère n’est toujours pas premier mais promis, les filles, il ne laissera pas tomber.

Rick Asley – Never Gonna Give You Up
envoyé par cladstrife. – Regardez la dernière sélection musicale.
4 Technologies du Langage
L’habitué du classement et ex-numéro 1 va continuer à nous parler des mots

5 gallica
Et voilà, elle arrive, elle progresse, tel un sorcier vaudou, elle nous donne envie de danser

6 Les Infostratèges
Nos deux compères se portent bien. Ils vont ne pas faire que remuer le cul des andalouses à ce rythme là.

7 Le blog du Communiquant 2.0
Comme prévu, il continue son ascension. Mais où va-t-il s’arrêter?

Matt Bianco
envoyé par Hanvak. – Regardez d’autres vidéos de musique.
8 teXtes
Virginie Clayssen cherche à éviter l’opposition entre anciens et modernes et tente d’entrainer les éditeurs dans les perspectives du numérique. Ils ne devraient pas partir sans elle désormais.

9 La bibliothèque apprivoisée
Lionel Dujol ne se contente plus de mettre un pied devant l’autre. Il fera tout rien que pour la bibliothèque évolue. Rien que pour nous

10 Bibliothèques [reloaded]
Le bidouilleur nous fait montre de sa technique et fait entendre un son nouveau, ce djerk électronique qui devient indispensable.

Sans commentaire, la suite du classement. A noter, que je prends un nouveau gadin. Mon billet mentionnant mon travail sur l’archivistique  n’a en fait intéressé personne.
11 L’édition éléctronique ouverte
12 Bibliomancienne
13 Blogo-numericus
14 pintiniblog
15 Vagabondages
16 Le guide des égarés.
17 Actulligence.com
18 :: S.I.Lex ::
19 Prospective Livre et Edition
20 Urfirstinfo
Classement réalisé par Wikio
Deux clins d’oeil à découvrir ou à redécouvrir pour des blogs qui ne sont pas dans le classement;
Le premier s‘est exclu de lui-même, il voyage en solitaire même si la rumeur prétend qu’une statue à son effigie pourrait être mise à l’Enssib à côté du percolateur.
Le second est inclassable et nous replace dans notre animalité quand notre humanité devient désespérante.
Et pour finir, le plus gros gadin du mois, Marlène sort du classement et elle n’est vraiment pas contente du tout après le top wikio!