Enquête sur la bibliothèque 2.0

Je mène une enquête sur la bibliothèque 2.0 et l’évolution des structures documentaires par rapport au web 2.0.

Le sujet me tient un peu à cœur car j’ai été moi-même acteur du phénomène si bien que je me retrouve à nouveau en observation participante.

Je travaille en effet sur la genèse et l’évolution du concept « bibliothèque 2.0 » (mais est-ils vraiment un concept ?) afin de voir quelles sont les évolutions professionnelles concrètes qui ont pu être réalisées ainsi que les oppositions et controverses qui ont pu émerger ou résulter notamment de la confrontation entre la bibliothèque et le web 2.0.

Je suis donc également preneur de vos réflexions sur le sujet mais l’enquête vous permet aussi de vous exprimer.

L’enquête se trouve ici et se terminera à la fin du mois.

Il y a évidemment aussi chez moi l’envie de dire « la bibliothèque 2.0, oui mais après ? ».

La difficulté méthodologique pour réaliser cette enquête est liée à l’arrêt de biblio-fr. Je sais que cela va me priver de centaines de réponses ce qui pose question aussi sur ce que devient la communauté de pratiques issue de biblio-fr. Finalement, des questions ne finissent que par en en faire émerger d’autres.

Je donnerai d’ici fin janvier, les résultats et les premières analyses. L’occasion pour vous ici de donner les vôtres dans une forme d’analyse collaborative. Je mettrai donc également à disposition pour ceux que ça intéresse les fichiers pour analyser les résultats notamment pour ceux qui aiment les tris croisés à n’en plus finir. L’occasion pour moi de développer de plus en plus une stratégie de science 2.0 et d’ e-science en tentant de mettre à disposition les sources et les données sur lesquelles je travaille.

Les architextes dans les dispositifs d’enseignement en ligne. De nouveaux enjeux de pouvoirs ?

Je mets en ligne sur archivesic un travail en cours sur lequel je reviendrai si je dispose de temps. Cela concerne la présence de formes préétablies au sein des cours en ligne.

 

Voici l’introduction du texte.

 

« Le but de cet article est de montrer qu’au travers les nouveaux objets numériques d’enseignement comme les plateformes d’enseignement en ligne mais également les blogs d’enseignants, des processus documentaires et éditoriaux demeurent. Nous pouvons y distinguer au sein de ces dispositifs, des formes qui peuvent être qualifiées d’ « architextes » (Souchier, 2003). Les travaux sur les écrits d’écran ont permis de reprendre en compte des formes qui pouvaient s’avérer ignorées par une illusion de la transparence. Nous souhaitons montrer également que les formes éditoriales et auctoriales tendent de plus en plus à se confondre tout comme les fonction de médiation ou de recommandation et qu’il devient de plus en plus difficile de les distinguer même si elles demeurent présentes. Pourtant les systèmes d’ingénierie pédagogiques préconisent la séparation de ces fonctions comme autant de lieux d’expertise qui s’avèrent d’ailleurs parfois contradictoires notamment au niveau des représentations entre ingénieurs pédagogiques et enseignants (Pernin, 2006) Il s’agit selon nous de repenser les implications de délégations à des systèmes reposant à la fois sur des techniques et des humains. L’enseignant se doit de repenser sa relation avec la technique dans ses dispositifs « technopédagogiques ». »

 

L’objectif de cette article est de démontrer les complexités à l’œuvre dans ces dispositifs et surtout les enjeux de pouvoirs qui s’y jouent. L’apparente transparence ou impression de liberté même institutionnelle ne doit pas faire oublier que de nouvelles médiations s’observent et que de nouveaux pouvoirs émergent. Le danger pour les enseignants seraient donc de négliger les enjeux techniques et ses pouvoirs car il est vraisemblable que s’y jouent de plus en plus les futurs enjeux institutionnels. Négliger les fonctionnements des dispositifs techniques équivaut à négliger les dispositifs adminstratifs, c’est courir le risque d’être dépossédé quelque peu voire « prolétarisé ».

Enquête sur les folksonomies scientifiques

Je relaie l’annonce pour cette enquête à laquelle je participe avec quelques sympathiques complices.

 

L’affectation de tags à divers contenus est une activité qui est partie prenante de l’écriture-lecture sur le web. Les collections de
tags réalisées par les internautes qui référencent des ressources (photos, vidéos, morceaux de musique, articles, billets de blogs, mais
aussi personnes, causes, événements, émotions, etc.) ont reçu le nom de folksonomies. Ce processus de marquage de l’information se matérialise
par un système d’annotation par étiquettes, personnel et partagé, permettant un repérage individualisé de ressources hétérogènes publiées
sur le Web.

Qu’en est-il de vos usages de référencement en ligne ? Quelle que soit votre pratique ou non pratique, merci de prendre quelques minutes pour
renseigner ce questionnaire afin que nous puissions commencer à faire le tour des usages actuels du tagging.

http://bit.ly/6VzYlY

Le questionnaire sera actif tout le mois de janvier.

Atelier INSI :
http://maquettewicri.loria.fr/fr.artist/index.php5?title=INSI_Folksonomies,_Introduction

Sainte thèse

Me voilà officiellement docteur en sciences de l’information et de la communication depuis hier.
Une aventure pleine d’apprentissages et de découvertes mais aussi semée d’embûches diverses et variées qui ont eu quelques incidences au niveau santé.
La thèse, avec tous ses défauts et ses éventuelles polémiques devraient être en ligne d’ici peu.
Je livre le support que j’ai utilisé pour la soutenance…et qui ne suit pas le plan de la thèse, histoire de ménager le suspens.

Je reviendrai sur le blog, sur certains enseignements de ce travail.
Mais désormais, d’autres chantiers m’attendent.

L’information en déformation

Plusieurs discours et vidéos tentent actuellement de définir l’information.
Selon nous, plusieurs erreurs sont commises et ainsi véhiculées.
L’information peut être ainsi définie par son contraire…qui n’est pas en premier lieu, la désinformation mais la déformation. L’information suppose une prise de forme. C’est la théorie d’Aristote et du schème hylémorphique où le potier donne forme à la glaise. C’est aussi la vision de Simondon qui fait de l’individu (technique et humain) celui qui conserve et transforme l’information.
Cela signifie pour les individus humains, que la formation constitue une part importante de l’information et que par conséquent la vision, orientée société de l’information, qui fait de l’information une matière première, quasi préexistante et objectivée est erronée.
L’information est de plus en plus considérée comme informe (quel paradoxe!) et devant circuler sans cesse. Le fait que tout soit souvent considéré comme information s’explique par la difficulté à comprendre et distinguer les notions de document, de source et d’auteur. Même si ces notions sont parfois complexes, elles sont parfois plus aisées à circonscrire que la notion d’information éminemment polysémique.
Voilà pourquoi, je suis fortement en désaccord avec les deux vidéos ci-dessous :

Dans cette vidéo, il y a néanmoins la mise en avant de prise de forme de l’information mais la trop grande séparation entre le contenu et le contenant reste trop simpliste. (Merci à la petite passerelle qui a déniché cette vidéo)
Dans la vidéo suivante, correspondant à un processus de veille, l’information est en fait tamisée. Mais on a la désagréable impression, que l’information existe en soi. D’autre part, en ce qui concerne l’évaluation de l’information, je ne suis pas en accord avec l’intervenant qui insiste sur le caractère subjectif de l’évaluation. Il y a une confusion avec l’évaluation de la pertinence par rapport à un besoin d’information, et l’évaluation de la ressource ou du document qui ne peut être totalement subjective. On est ici au coeur du problème, si au lieu d’information, on parle de document, on peut alors faire intervenir les règles de l’évaluation avec l’identification de l’auteur, sa légitimité, la date du document, l’expression, la date, etc.

Ces visions qui n’impliquent pas une mise à distance participent fortement à la déformation des individus. Il n’y a pas d’arrêt sur image ou sur document pour procéder à son analyse et son évaluation. C’est la skholé qui s’oppose au zapping permanent.

Le Ka documentarisé sur archivesic

Mon texte sur le Ka documentarisé est désormais accessible sur archivesic.
résumé :
Le Ka documentarisé est le double numérique constitué de nos activités volontaires ou non sur les divers réseaux et qui se voient de plus en plus indexées. L’individu devenu document est utilisé ainsi à divers usages notamment liés à la surveillance ou à l’exploitation commerciale et publicitaire. Le double numérique se joue entre une identité passive difficile à contrôler et une identité active qu’il convient de construire. L’enjeu de la culture de l’information est de former à la bonne gestion de ce double qui véhicule la réputation de l’individu. Par conséquent, les objectifs et les ambitions de cette dernière se rapprochent de la voie amorcée par la translittératie. Il s’agit donc de former non seulement à la recherche d’information mais également à la conscience de ses activités numériques, à l’identification du besoin de communication et au bon usage communicationnel.
L’ensemble des articles de la conférence est également disponible dans l’ouvrage Traitements et pratiques documentaires : vers un changement de paradigmes. Actes de la deuxième conférence. Document numérique et société, 2008 aux éditions de l’Adbs.

Pour rappel, le document de présentation est disponible ici

Bouillon de cultures..de l’info sur archivesic

Je signale donc la parution sur archivesic de la version preprint de mon intervention au colloque de l’Erté.
résumé :
La culture de l’information est-elle un concept simplement francophone ? Notre propos est de renverser l’habituelle situation qui consiste à s’interroger sur la manière dont il est possible de traduire information literacy. Nous avons donc choisi à l’inverse de s’interroger sur les spécificités du concept de « culture de l’information » et de voir s’il existait des traductions proches dans d’autres langues afin de vérifier si ce concept n’était pas en fait purement français ou tout au moins francophone. Nous avons alors procédé à quelques mesures au sein des bases de données afin de constater si des traces d’un concept proche pouvaient être trouvées. Le terme n’est pas répandu dans toutes les langues mais nous avons rencontré sa présence dans des textes anglophones et hispanisants notamment. Le concept correspond à une vision plus ambitieuse de l’information literacy. Les travaux d’Alan Liu et de la transliteracy permettent d’entrevoir des pistes de développement du concept.
Une collection d’articles du colloque va etre mise progressivement d’ailleurs sur archivesic. Vous pouvez notamment retrouver ce texte qui figurait au sein du même atelier.

Face au négationnisme documentaire ?

Les récents propos d’un recteur de Lille rapporté sur les listes professionnelles des documentalistes ne font que nous rappeler sans cesse l’importance du travail sur les représentations qu’il reste à faire :
Il n’est pas choquant de voir des collègues affectés dans ces fonctions. La documentation n’est pas une discipline …. au sens universitaire, il n’y a pas de recherches en documentation. Toute personne est capable de faire fonctionner un CDI. Ces enseignants ne sont certes pas des documentalistes mais ils sont capables de mettre en place des actions et d’organiser ce lieu.
Outre le fait que ces propos relèvent de fortes ignorances, il convient évidemment de réagir mais surtout de comprendre.
Le plus gênant, ce n’est pas seulement le reniement du capes de documentation, c’est le refus de caractère scientifique de la documentation et au travers elles des sciences de l’information et de la communication.
Au final, il en ressort toujours une difficulté à comprendre la documentation et derrière elle la notion de document et ses multiples potentialités : archéologiques et historiques, éducatifs et sa valeur d’établissement de preuve (juridique)
Que de telles déclarations viennent du plus haut de l’institution ne peut qu’accentuer le décalage qui au final fait que nous n’avons plus confiance en nos hiérarchies parce qu’elles sont décalées et que leur management est clairement hors-jeu. Ne nous étonnons donc pas de tels propos qui souvent ne font que refléter des pensées clairement datées et qui n’ont pas su évoluer…mais qui sont fortement partagées. Finalement ce recteur n’est pas le seul à penser ainsi.
Tout cela résulte d’une idéologie informationnelle dont il semble difficile de se départir et  qui explique le succès des théories de la société de l’information.
Ces dernières placent notamment la matière « information » comme devenant primordiale et remplaçant la matière première des sociétés industrielles si nous suivons les analyses de Daniel Bell et celles de Manuel Castells. Au final, en parallèle des travaux de recherche et des travaux de mise en place de la documentation que Sylvie Fayet-Scribe avait analysé en notant l’émergence d’une culture de l’information notamment durant la période où exerçait Paul Otlet, se développe une autre culture de l’information : celle dont les proximités avec les théories de la société de l’information sont évidentes. Cette autre culture de l’information s’inscrit dans une lignée prétendue non-idéologique et s’est développée, selon Eric Segal qui a étudié l’histoire de la notion d’information, à partir d’un terreau formé notamment par la théorie du signal de Shannon et par les interprétations des travaux de Norbert Wiener. Il en résulte une pensée de l’information qui ne prend pas en compte sa dimension sociale et qui oublie les processus de normes et de formes à l’œuvre dans l’information et la documentation.
Peut-on  alors reprocher à un recteur de ne pas saisir ce que c’est que la documentation quand beaucoup de  discours politiques et médiatiques reposent sur ces visions? Quelque part, la document souffre de ces divisions entre nature et culture, entre sciences dures et sciences molles, entre méthodes classiques d’apprentissage et nouvelles méthodes. Elle est pleinement au cœur de ces tensions et ces héritages mal assumés qui empêchent le succès de sa transmission et la mise en place d’une culture de l’information et de la communication.
Le négationnisme documentaire n’est qu’une conséquence d’une idéologie qui en voulant trop montrer les défauts des processus a fini par être victime de sa propre idéologie. Le dernier ’article de Francis Fukuyama explique bien les causes de ce processus dérégulateur. Cette volonté de sans cesse faire table rase démontre une incapacité de prêter attention, de prendre soin de l’autre, une incapacité de penser cela, de s’inscrire dans des processus plus longs, celui des constructions. C’est donc hélas sans surprise que certains parlent actuellement de la mort d’un web 2.0 dont le rasoir d’Ockham nous aurait dit qu’il n’a jamais existé. Tout cela ne fait que démontrer la nécessité de la documentation à la fois comme champ de recherche et enseignement au travers de la recherche de stabilités qui permettent de générer de nouvelles potentialités permettant les individuations psychiques et collectives ainsi que techniques. Mettre en avant des stabilités permet d’anticiper et d’être acteurs de changements éventuels, evidemment cela relève de pensées plus complexes que celles qui circulent sur d’hypothétiques autoroutes de l’information.
Pour conclure, il faut vraiment que ce recteur vienne au colloque de l’Erté sur la culture informationnelle…cela tombe bien cela se déroule justement dans son académie.

Séminaire GrCDI du 12 septembre

Le GrCdi (groupe de recherche sur la culture et la didactique de l’information) dont je suis membre a tenu récemment un séminaire de haute tenue sur la culture de l’information.

Olivier Ertzscheid qui a l’art de couper les cheveux en quatre (la tétrapilectomie) a avancé l’idée de technologies de la capillarité qui prendrait le dessus quelque peu sur les technologies de l’intelligence et de la collaboration. Cette théorie s’appuie sur notamment l’indexation de plus en plus fréquente de nos activités personnelles. Vous pouvez retrouver sa présentation sur son site. De là, à affirmer qu’il s’agit du versant des technologies de contrôle, il n’y a qu’un pas ce que dénonce d’ailleurs Armand Mattelart dans son ouvrage sur la globalisation de la surveillance. Voilà qui fait écho également à l’article de Christian Fauré sur la nécessaire prise de soin des données au sein de l’entreprise.

Marie Dominique Le Guillou a brillamment exposé le projet de banques images auquel elle a participé. J’espère d’ailleurs qu’elle nous fera part de cette expérience pour les lecteurs de cactus acide.

Alexandre Serres a tenté de résumer l’abondante pensée de Bernard Stiegler que nous avions déjà essayé de schématiser. Des réflexions intéressantes permettent de faire avancer ceux qui se préoccupent de la culture de l’information. J’ai d’ailleurs plusieurs fois avancé ici l’idée d’une veille basée sur le fait de prendre soin par rapport à la veille-surveillance facilitée notamment par les technologies de la capillarité avancées plus haut.

L’après midi a vu un débat autour de la didactique de l’information qui a permis de lever certaines ambigüités avec les intervention de Muriel Frisch et de Pascal Duplessis notamment autour des approches bottom-up et top down et des représentations. En ce qui me concerne, je conçois la didactique de l’information comme une écologie de l’esprit constituant le volet pédagogique de la culture de l’information. Par conséquent, la démarche didactique s’appuie sur un cercle vertueux au sein duquel s’effectue le triangle didactique sans qu’aucunement ne s’effectue un gavage notionnel peu fécond.

Si ces questions vous intéressent, n’hésitez pas à vous reporter au site et notamment à l’abondante bibliographie collective des membres de l’équipe ainsi que sur les interventions réalisées récemment.

Les débats ayant tourné également autour de la redocumentarisation et des évolutions technologiques, j’en profite pour vous rappeler la lecture de mon article sur la permance du texte.

Le site du grcdi devrait recenser prochainement l’ensemble des résumés des interventions. En attendant, vous pouvez regarder les documents du séminaire précédent.