La montée en puissance de Facebook se poursuit…inexorablement. Le modèle économique est encore peu évolué mais ce n’est guère qu’une question de temps. La force de facebook c’est qu’il est en passe de devenir « le » réseau social, la nouvelle carte d’identité numérique.
On y retrouve donc tout et n’importe quoi et l’infopollution y est présente. Mais les possibilités de filtrage et d’organisation ces réseaux commence à se mettre en place afin de distinguer amis proches, relations professionnelles, fans et…élèves.
En effet, je note depuis quelques mois l’arrivée massive d’anciens élèves sur le réseau. Je suis dans l’Education Nationale depuis 2001 et les premiers anciens élèves qui se sont inscrits étaient désormais étudiants. Mais changement de cap depuis deux mois, je vois désormais même des collégiens arriver sur le réseau. Voilà qui ne peut que poser des questions sur les relations que cela implique avec leurs anciens professeurs. Seulement, je pense également à leurs actuels professeurs.
Faut-il accepter toutes les demandes, sachant que le terme « amis » est toujours de mise sur Facebook ?
Quelque part, cela implique une réciprocité peu hiérarchique.
Pourtant, il y a probablement des pistes pédagogiques énormes derrière dans la construction d’une nouvelle relation, à condition qu’il ne s’agisse pas d’amitié mais de confiance. Le professeur peut ainsi user de Facebook dans une optique pédagogique en se montrant présent en dehors du présentiel, voilà qui nous sort de la captivité de l’établissement et peut contribuer à enrichir le présentiel.
La frontière est évidemment peu évidente mais elle ne fait que renforcer le phénomène d’effet-maître, essentiel à la démarche pédagogique.
La solution peut consister donc à accepter les demandes d’élèves en leur permettant d’accéder à un profil restreint. Pour cela, j’ai pour ma part créer une catégorie « élèves » sur Facebook.
Si les plus jeunes arrivent, le modèle économique va suivre car comme le dénonce Bernard Stiegler, la publicité a choisi sa cible depuis bien longtemps : les jeunes. Notre rôle est donc de prendre soin de nos jeunes générations qui arrivent sur Facebook. Contrairement aux « skyblogs », facebook est davantage intergénérationnel et nous pouvons plus facilement réagir que lorsque nous sommes avachis devant Tf1.
Pour aller plus loin, il va sans doute nous falloir désormais montrer l’exemple sur Facebook. La gestion de son identité numérique passe par une construction sociale et collective qui nécessite des modèles. Evitons dès lors que ce ne soit la publicité qui nous l’impose.
Pour clore ce billet sur la gestion de l’identité numérique, je vous laisse méditer cette phrase
« Tes secrets, je vais les découvrir;
Il suffit d’aller sur Internet »
Teki Latex. La petite fille qui ne voulait pas grandir
Auteur/autrice : admin
De l’entropie à l’individualisation artistique au « fil de la pensée »
J’ai découvert par sérendipité (en fait c’est ma femme qui l’avait découvert) ce superbe blog d’une artiste australienne qui fait principalement du crochet et qui est également chercheuse ce qui explique cet article mêlant ces divers centres d’intérêts.
La somme des petits objets lui permettant de réaliser son travail apparait à la fois comme entropique au premier abord mais révèle en fait une organisation, une similitude avec l’organisation interne de la créatrice. Il s’agit en quelque sorte d’un milieu associé, concrétisant les potentialités contenues dans la technique mais permettant aux objets ainsi agencés d’aller vers une individualisation somme toute artistique. (Sur ces propos, voir Simondon et Stiegler)
Il en ressort une forme d’incorporation de l’objet, faite de réagencements, de liaisons, de rejets, de choix, de construction critique. L’image illustre bien la culture de l’information dans sa permanence de formes (héritées) et via les trans-formations et transindividualisations générées.
Elle mentionne également sa participation à des recherches sur la synesthésie, une synesthésie qui pourrait bien être constituer un pôle intéressant sur la recherche d’information et la création de sens. Mais j’y reviendrai car je devrais davantage consacrer des articles sur le guide des égarés sur le web socio-sémantique.
Dans le fil de ce billet, vous pouvez également voire la taxonomie coralienne réalisée en crochet.
Le logo de l’information literacy selon l’IFLA
Le concours pour un logo désignant le concept d’information literacy vient d’être publié. L’auteur choisi est un cubain de 25 ans.
Pour ma part, cela ne m’inspire pas plus que cela si ce n’est qu’il a le mérite de démontrer la permanence de la littératie et sa nécessité pour réaliser une bonne (dé)marche.
Il reste à savoir si le choix d’un logo est opportun puisqu’il s’agit d’idéographier un concept pas toujours bien compris. Le second risque c’est de définitivement attaché ce dernier au monde des bibliothèques. Cela pose dès lors une question, doit-on différencier l’information literacy de la culture de l’information ? Pour ma part, le rattachement insitutionnel à l’IFLA et à l’Unesco peut au final s’avérer inefficace en demeurant seulement dans les sphères institutionnelles et notamment dans des discours prescripteurs. En la matière, le courant de la didactique de l’information possède une réflexion et une avancée de travaux que nous ne rencontrons pas ailleurs. Le champ épistémologique doit être plus clairement inscrit et la démarche critique de la culture de l’information s’accorde bien plus dans un milieu associé mêlant la didactique de l’information et les sciences de l’information et de la communication. C’est d’ailleurs le seul moyen de sortir des discours de la société de l’information ou des digital natives qui mêlés avec la digital ou information literacy finissent par former une soupe inbuvable.
Affaire à suivre.

Enil. International School on business information literacy
Une petite annonce de la part de Carla Basili pour un colloque, en fait une sorte d’université où vous pourrez vous former avec des spécialistes de l’information literacy. Le tout se déroule dans le cadre du réseau Enil dont le sous titre est : for a culture of information…

Within the activities of the EnIL network (www.ceris.cnr.it/Basili/EnIL/index.html) I coordinate, the second edition of the EnIL International School on Business Information Literacy (http://enil.ceris.cnr.it/SummerSchool/index.htm) will be held in Rome from 13 to 17 October 2008.
Topics covered:
* The current information scenario: characteristics, benefits, problems
* Information Literacy as a requirement for an Information Society
* Approaches and frameworks to Information Literacy
* Value of information
* The scientific information universe
* The business information universe
* Digital libraries
* Methodologies for information organisation and delivery
* Tools for information access
* Limits of the Internet information environment
* Criteria for evaluating information sources
* Structure of scientific literature and scientific writing style
with a further specialised section devoted to business information. Teachers will be Information Literacy experts and representatives from the major suppliers of information services (Thomson Reuters, Questel, Minesoft, Cas/Stn, …).
Early registration fee is 150 Euro (within 18 August 2008).
Late registration fee is 200 Euro.
Special registration fee: 30 EUR for participants from the following countries: Albania, Belarus, Bosnia and Herzegovina, Bulgaria, Croatia, Macedonia, Moldova, Montenegro, Romania, Serbia, Ukraine.
Prof. Carla Basili, coordinator
the EnIL International School on Business Information Literacy
De la méfiance à la défiance : analyse informationnelle du mythe du complot
Une petite annonce pour une publication un peu passée inaperçue au final que j’ai écrite pour la revue internationale en intelligence informationnelle.
Référence :
De la méfiance à la défiance : analyse informationnelle du mythe du complot. Revue internationale en intelligence informationnelle. < http://www.revue-r3i.net/file/2008_Le_Deuff.pdf>
résumé :
Le mythe du complot devient un objet d’études pour les sciences de l’information et de la communication et notamment pour les chercheurs en information-documentation (information literacy) qui cherchent à mettre en place une culture de l’information. Outre un accroissement des possibilités de diffusion des thèses conspirationnistes facilitées par le web, d’autres phénomènes peuvent contribuer à son succès comme les attitudes informationnelles de méfiance voire de défiance vis-à-vis des médias et des autorités traditionnelles. De plus des apparences trompeuses existent entre les aptitudes informationnelles des
théoriciens du complot et celles prisées en information literacy.
Mots-clés : mythe du complot, attitudes informationnelles, défiance, méfiance, formation.
Summary: The myth of conspiracy becomes an object of study for information and communication fields and particulary for researchers in information literacy. Conspirationnists theses find opportunities for dissemination with the web and some phenomena can contribute to its success as informational behaviour like mistrust against the media and distrust against traditional authorities. We want to show in this article the existence of deceptive appearances between informational skills of conspiracy’s theorists and those used in information literacy.
Keywords: myth of conspiracy, informational behaviours, distrust, mistrust, information literacy
L’occasion aussi de reparler des travaux débutés en la matière sur le blog historiae qui cherche toujours un repreneur.
Références utilisées dans l’article :
Campion-Vincent, V (2005) La Société parano : théories du complot, menaces et
incertitudes. Paris, Payot
Girardet, R. (1986) Mythes et mythologies politiques. Paris. Le Seuil
Duplessis, P. (2005). L’enjeu des référentiels de compétences info-documentaires
dans l’Education Nationale. Documentaliste-Sciences de l’information, vol. 42,
n°3, p178-189
Johnston, B., Webber, S. (2006). As we may think: Information literacy as a
discipline for the information age. Research Strategies.p108-121
Froissart, P. (2003) La « rumeur sur Internet ». Petite histoire des sites de
référence. Première conférence internationale francophone en Sciences de
l’information et de la communication (CIFSIC), du 28 juin au 2 juillet 2003, à
l’Université de Bucarest. <http://pascalfroissart.online.fr/0-pdf/froi-03.pdf>
Latour, B. (1995) La science en action: introduction à la sociologie des sciences.
Paris, Gallimard
Le Deuff, O. (2007a) « La culture de l’information : Quelles « littératies » pour
quelles conceptions de l’information ? » in VI.ème Colloque ISKO-France’2007
7 et 8 juin, à Toulouse, IUT de l’Université Paul Sabatier : IUT.
Le Deuff, O. (2007b) « Monstres, légendes et hérauts : vers une tératogenèse
documentaire ». In cinquième séminaire de Marsouin, Rennes, 5-6 juin 2007.
<www.marsouin.org/IMG/pdf/marsouinledeuff.pdf >
Lloyd, A. (2003). Information literacy: The meta-competency of the knowledge
economy? an exploratory paper. Journal of Librarianship and Information Science,
35(2), 87–92.
Madelin, H. (2002) Rumeurs et complots, Études 11, Tome 397, p. 477-488.
Pedauque, R.T. (2007). La redocumentarisation du monde. Toulouse, Cépaduès-
Editions
Rosanvallon, P. (2006) La contre-démocratie. La politique à l’âge de la défiance.
Paris. Le Seuil
Serres, A. (2005) « Évaluation de l’information sur Internet : Le défi de la
formation », BBF, n° 6, p. 38-44
< http://bbf.enssib.fr/sdx/BBF/pdf/bbf-2005-6/bbf-2005-06-0038-006.pdf >
Sutter, E. (1998) Pour une écologie de l’information. , Documentaliste-Sciences de
l’information, vol. 35, 2, p. 83-86
Taguieff, P.A. (2005) La foire aux « Illuminés ». Esotérisme, théorie du complot,
extrémisme. Paris. Mille et une nuits.
Eco, U. (1990) Le pendule de Foucault. Paris. Grasset

Tableau des termes utilisés pour désigner « les jeunes générations.»
| Termes liés à l’aspect « technologique » | Termes plus sociologiques ou psychologiques |
| Digital Generation | Generation Why |
| Milleniums-milgen | Generation Next |
| Millenials | Generation Me |
| I generation | Echo Boomers |
| Gaming Generation | Baby busters |
| Net Generation | Boomlets |
| Google Generation | Gen C (sous catégorie de la génération Y) |
| Homo zappiens |
Go-oo comme alternative à open office, la solution éducative?
Je viens de texter go-oo qui est une version un peu différente d’open office mais qui a le mérite d’être plus sympa et surtout plus légère que l’horrible open office qui est trop long à charger notamment sur des pc un peu vieux comme nous pouvons en avoir dans nos établissements et notamment dans mon cdi de l’année dernière où open office était une vraie galère.
J’avoue que le logiciel ne m’a jamais emballé plus que ça et que j’ai même utilisé parfois des applications plus légères comme abiword. Je défends d’ailleurs beaucoup moins le choix d’open office que je le faisais il y a 4-5 ans.
Je dois avouer également que les plaintes des professeurs envers open office et sa complexité ont constitué des arguments de poids pour la suite de microsoft. L’idéal aurait donc été une version éducation d’open office. La version go-oo me semble pouvoir en être une intéressante d’autant que son design est plus agréable et moins repoussant.
L’article sur linux.fr fait état de la discussion notamment sur le fait que c’est Novell qui impulse cette nouvelle distribution par rapport à sun jugé trop conservateur et qui empêcherait toute évolution sérieuse du logiciel. De toute façon, cela fait longtemps que rien n’est vraiment gratuit même quand Microsoft offre sa suite aux enseignants. Pour ma part, je pense qu’il ne faut pas hésiter malgré tout à changer les habitudes et à apprendre aux élèves les règles des formats et de l’inter-opérabilité. Cela permet aussi de davantage privilégier le contenu que les fioritures que nos élèves affectionnent mais qui sont souvent fort laides ou inutiles. Une nouvelle fois, il ne s’agit pas d’éduquer seulement à une culture bureautique mais à une véritable culture informatique. De la même manière, la différence entre logiciels libres et propriétaires doit être montré aux élèves sans faire nécessairement l’apologie de l’un ou de l’autre puisque nous utilisons les deux systèmes régulièrement et que le choix doit simplement être pensé suivant les besoins.
Tout cela résulte il est vrai d’un nécessaire besoin de penser au système d’information et de connaissances des établissements qui n’est pas du domaine du professeur documentaliste comme pourrait le faire croire la volonté de mettre en place des politiques documentaires dans les établissements…mais bel et bien des personnels de direction. Il serait peut-être temps d’ailleurs de charger certains principaux du suivi informatique et informationnel des établissements. Cela demande bien sûr de revoir les formations ou que plus de professeurs-documentalistes qui sont également administrateurs réseau ne deviennent des personnels de direction.
![]()
Texte, hypertexte et architexte
Une interview éclairante d’Yves Jeanneret de 2005 mais toujours passionnante.
La mesure de la popularité
Un article de Wired Magazine fait le point sur la popularité et notamment celle qui est issue de l’Internet.
Chris Anderson a d’ailleurs mis au point un gadget google qui permet de mesurer sa popularité personnelle, bref le page rank des personnes, voilà qui confirme bien la tendance actuelle de l’identité numérique et de l’indexation des activités des internautes et pas seulement des pages web.
Cela s’inscrit parfaitement dans ce que j’avais décrit comme le passage de l’autorité à la popularité et de la pertinence à l’influence.
Puisque désormais, nous sommes tous soumis à la mesure de la popularité au sein de l’Arcadie, vous pouvez donc tester vous-mêmes :
Vous constaterez que des blogueurs obtiennent des scores supérieurs à des stars…A méditer.
Je vous fait part de ma réflexion amorcée dans un futur article à paraître dans un colloque fin 2008 dont je vous livre le début
« Notre propos est de montrer que la redocumentarisation du monde (PEDAUQUE, 2007) franchit un nouveau pallier avec l’indexation de plus en plus fine de nos activités personnelles qui fait de notre double numérique un document qui prend forme dès la naissance . L’individu ou tout au moins son double numérique, voit ses activités tracées et répertoriées et pouvant être exploitées notamment à des fins commerciales. Il émerge comme un Ka documentarisé qui comme dans les mythes égyptiens naît en même temps que l’usager mais qui lui survit au-delà de son existence avec la conservation et la présence des données en ligne (ZISKIND, 2004) :
« Double uni au corps, il est de toutes les activités quotidiennes de l’homme. Puissance vitale, il confère protection, bonheur, santé et joie. Le Ka est capable de poursuivre une vie dans l’au-delà inspirée de sa vie antérieure. »
L’individu voit ses traces et ses activités répertoriées et indexées et donc transformées en documents exploitables (documentarisation) et réexploités à diverses fins (redocumentarisation) Ce mouvement s’inscrit dans ce que nous avons décrit précédemment sous le terme d’Arcadie qui constitue le prolongement du web 2.0 avec l’exhibition permanente des activités des usagers. Certains spécialistes de l’Internet comme Howard Rheingold vont jusqu’à prédire la fin de l’anonymat voire de la vie privée. Par conséquent les projets de culture de l’information et dans sa version internationale d’information literacy doivent redéfinir conséquemment leurs ambitions. »
update du 27 juillet : Philippe Lagane en parle également et nous donne un autre lien sur la mesure de la célébrité :
http://howto.wired.com/wiki/Celebrity_Meter
