Questionnaire « culture de l’information et formation à l’information »

Dans le cadre d’une recherche doctorale  en information communication (Université de Rennes 2) portant sur la culture de l’information, je me permets de vous demander de participer à un questionnaire anonyme sur la culture de l’information et la formation à l’information dans le secondaire et dans le supérieur.
Le questionnaire est disponible à l’adresse suivante :
http://megatopie.info/limesurvey/index.php?sid=78749&newtest=Y
Il s’agit de tenter de distinguer quelles sont les différentes conceptions liées à la culture de l’information et quel type de formation à l’information pourrait être mis en place à la fois dans le secondaire et le supérieur. Le questionnaire est court et prend moins de 5 minutes.
Je donnerai ici une courte synthèse et analyse des résultats. L’analyse plus poussée sera disponible lorsque ma thèse sera achevée …donc patience.
Chaque questionnaire est imparfait, et je prévois par conséquent de travailler sur d’autres méthodes pour recueillir des témoignages. J’userai donc autant du réel, que de second life ou de facebook sur ces questions. Une de mes hypothèses, c’est qu’il existe beaucoup de conceptions différentes de la culture de l’information, que certains emploient d’autres expressions, que d’autres usent d’expressions similaires mais avec des visées et objectifs totalement différents.
J’utilise limesurvey, une plateforme libre que j’héberge moi-même. Ce sera l’occasion de voir la robustesse et les qualités de cet outil.
Merci encore pour vos réponses.
D’ici quelques temps, un questionnaire anglophone sur le même sujet devrait voir le jour.

Interview pour les documentalistes de l’académie de Rennes

Je reproduis ici l’interview réalisée par Alain Le Flohic que vous pouvez également retrouvé ici.

Olivier, tu es à nouveau documentaliste en collège cette année après avoir été détaché à l’UBS de Vannes. Tu travailles actuellement sur une thèse d’information-communication.
Tu as créé un site : le guide des égarés : pourquoi ce titre? Quel est l’objectif de ce site?

Le guide des égarés existe depuis 1999. C’est le nom d’un ouvrage de Moïse Maimonide, penseur juif de Cordoue, dont le titre m’avait séduit car j’avais trouvé qu’il pouvait correspondre au monde de la documentation et des bibliothèques. L’objectif initial était de proposer aux bibliothèques de nouvelles idées. Peu à peu au fur et à mesure de mes recherches et de mon évolution professionnelle, les thématiques se sont peu à peu élargies et concerne l’ensemble de la sphère de l’information, de la documentation et des bibliothèques ainsi que la pédagogie et les nouvelles technologies. C’est aussi pour moi un laboratoire d’idées et d’expérimentations techniques.

Tu as écrit plusieurs articles sur les folksonomies. Peux-tu nous en parler et nous dire en quoi le développement de ce type d’usages doit intéresser les documentalistes.

Il convient toujours d’effectuer un peu de veille sur des applications qui touche le monde documentaire. Les folksonomies constituent une piste intéressante pour mieux faire comprendre aux usagers et aux élèves l’indexation en utilisant des tags. De plus les folksonomies vont encore évoluer et on verra se développer des systèmes hybrides avec la réapparition de thésaurus ou de suggestions plus pertinentes. L’emploi de tags permet également d’effectuer un travail dans le prolongement de celui réalisé dans l’initiation à la recherche sur Internet ou le choix des mots-clés s’avère crucial.

C’est en fait une aubaine car nous pouvons imaginer des sites de collège avec usage de tags et le tout obéissant à des règles définies à l’avance avec le documentaliste.

La masse des données produites et la variété des documents numériques rendent la question de l’indexation à grande échelle primordiale.


Que penses-tu de l’utilisation en établissement scolaire de l’encyclopédie Wikipédia?

Wikipédia n’est pas à blâmer c’est un nouveau média dont il faut se servir. Seulement il implique comme tout média une éducation critique et une capacité accrue d’analyse qui n’était pas aussi présente que face à une encyclopédie papier. La difficulté provient du fait que pour les élèves une page contenant des informations erronées et une page excellente se ressemblent. Une nouvelle fois, il leur faut lire et faire preuve d’esprit de synthèse et de clairvoyance ce qui n’est pas inné et ne peut s’acquérir qu’à force d’exercices.

C’est pourquoi parfois, je pense que l’apprentissage de la lecture est la base essentielle et qu’il n’est pas idiot de songer à des exercices de résumé et de synthèse de manière plus fréquente quitte à « débrancher »


Que penses-tu du développement des usages des blogs, de plates-formes comme facebook par les jeunes aujourd’hui?

Le pire comme le plus passionnant s’y côtoie. Néanmoins, j’observe des dérives inquiétantes que j’ai déjà abordées dans plusieurs articles et notamment dans Et in Arcadia Ego : vers une culture de l’information et de la communication où je notais le risque d’être continuellement connecté dans une volonté de transparence et de communication perpétuelle.

Pourtant des possibilités communicationnelles et informationnelles énormes nous sont offertes mais l’institution notamment scolaire peine encore à s’en emparer pleinement ce qui fait le jeu des fournisseurs privés. Les blogs ou les sites collaboratifs de type Spip sont de formidables outils qui peuvent aider à la motivation et à la progression des élèves. Seulement, ce sont surtout les usages de type skyblogs qui sont les plus fréquents chez les élèves où la reproduction des mêmes schémas médiocres ne peut qu’inquiéter.

Les réseaux sociaux commencent à prendre leur essor avec le succès de Facebook que je teste moi-même. Une nouvelle fois, les craintes sur la vie privée sont réelles mais les possibilités de diffusion d’information et de partage de données sont intéressantes.

Tu es un adepte de ce qu’on appelle le web2.0. Quels en sont les outils qui, à ton avis doivent retenir l’attention des documentalistes?

Les plateformes de blogs ou de sites collaboratifs doivent être davantage utilisés et pas seulement par les documentalistes.

Les wikis ou toutes les formules qui permettent de travailler à plusieurs sont également à encourager car ils peuvent devenir des moyens de mettre en place des travaux collectifs et de pouvoir intéresser à la notion d’ « intérêt général » qui est en perte de vitesse.

Les sites de partage de signets de type del.icios.us m’intéressent énormément car ils permettent de faire de la veille collaborative de manière efficace. Ils me semblent désormais indispensables à tout professionnel de l’information.


Comment vois-tu dans les années à venir l’évolution du métier de documentaliste?

On touche ici la question cruciale voire inquiétante. Le métier va encore évoluer à moins que sa disparition n’advienne. Je crois que le métier doit se transformer à nouveau vers plus d’intervention pédagogique pour la mise en place d’une véritable culture de l’information et de la communication. Cela implique donc un éventail de notions et de savoirs à transmettre qui vont des capacités d’analyse critique jusqu’à l’éducation aux médias et notamment aux nouveaux médias.

Seulement cette transformation ne peut s’accomplir que si l’ensemble du système évolue y compris les autres disciplines.

Sans quoi il y a fort à craindre que la disparition des enseignants-documentalistes ne s’accélère si on en juge la diminution du nombre de postes au Capes et le manque de reconnaissance institutionnelle de la profession au sein du secondaire qui fait des documentalistes les enseignants les moins bien rémunérés et considérés. (Je songe ici à l’ISO et aux heures supplémentaires, et primes diverses)

Aujourd’hui seule notre mission de gestionnaire voire de garderie semble intéresser vraiment l’institution qui n’a d’ailleurs toujours pas compris que le problème ne concerne pas l’accès matériel à la technologie mais une réelle formation à ces outils. Si ce raisonnement prime alors effectivement, il n’y a pas vraiment besoin de capes. Sur le plan pédagogique, l’inspection générale a tendance à vouloir que les enseignants prennent en charge cette éducation, le documentaliste pouvant prêter main forte si besoin. La vassalité de la documentation et du bon usage de l’information demeure. Pourtant si beaucoup de documentalistes doutent encore de la légitimité disciplinaire, il ne serait pas inadéquat que nos collègues des autres matières en fassent autant. Pour ma part, je plaide pour un new deal disciplinaire qui laisse place à plus d’enseignants interdisciplinaires notamment en sixième-cinquième. Au lycée Je souhaiterais que l’éducation à l’information et aux médias devienne un nouveau point fort de la section littéraire.

Comment envisages-tu la formation des élèves aux sciences de l’information et de la communication?

Je pense qu’elle ne pourra se faire que dans le cadre du new deal que j’évoquais auparavant. Pour cela il faudra tisser des alliances entre les notions infodocumentaires, l’éducation aux médias et…l’informatique et la formation aux nouveaux outils. Cette démarche s’inscrit donc d’une manière bien différente de celle du B2I qui est insuffisante trop axée habiletés et compétences. Les travaux de Pacal Duplessis qui travaille sur les notions primordiales à transmettre sont une intéressante piste à suivre pour la mise en place d’un réel projet didactique. Mais le chantier reste difficile car il faut encore convaincre. Je plaide pour une nouvelle culture générale, « eine neue Aufklärung »[1] pour véritablement « réenchanter » le monde comme le prône Bernard Stiegler.[2]



 

[1] Pour reprendre le projet d’Emmanuel Kant sur les lumières.

 

[2] Bernard Stiegler.& Ars industrialis. Réenchanter le monde. La valeur esprit contre le populisme industriel. Flammarion. 2006

Didactique 2.0 : la pédagogie documentaire en action.

Je viens de lancer il y a une semaine un projet avec un groupe de troisièmes pas spécialement motivés initialement.
Il s’agit de les former à la culture de l’information et de la communication à partir d’un blog : historiae : les troisièmes mènent l’enquête.
Il s’agit aussi d’un pari car j’espère que les élèves se montreront capables de produire du contenu. Il conviendra néanmoins d’être modeste car les thèmes donnés sont volontairement complexes.
Je reproduis ici l’à Propos qui définit les objectifs :

Bienvenue sur le blog expérimental des troisièmes du collège de Ceaucé-Passais. (orne 61)

12 élèves sont chargés de mener l’enquête sur des mystères ou des questions historiques. Le but est de reproduire l’état de doute perpétuel qui existe face à l’information avec des thématiques où tous types de ressources existent sur Internet. Le travail d’évaluation de l’information est par conséquent primordial. Les élèves bénéficieront d’aides notamment sous la forme de cartes heuristiques (mind-mapping) qui les guideront dans leur méthodologie de recherche. Le but n’est pas de s’inscrire dans une démarche procédurale mais de culture de l’information et de la communication. Par conséquent le choix a été fait d’associer le travail de recherche d’informations à sa communication au sens le plus large.
Le travail s’effectue dans la cadre d’un projet sous la direction des enseignants-documentalistes Olivier Le Deuff et Yves Ghis.
J’ai volontairement intégré au blog un cours en ligne qui se trouve dans une rubrique méthodologie, ce qui permet aux élèves de s’y référer facilement. Ce cours peut-être facilement intégrer à d’autres blogs ou à tout type de projet car il n’est pas fait sous forme d’articles de blogs mais avec des cartes interactives via le logiciel mind manager. Je suis donc preneur de toutes critiques et je suis prêt à ouvrir un wiki s’il le faut pour apporter des améliorations. Comme d’habitude ce cours est mise à disposition de tous. En voici donc les trois parties :
La première partie concerne les premières démarches.
La seconde porte sur l’évaluation de l’information
La troisième sur la communication.
Les premiers billets des élèves devraient apparaitre bientôt et seront donc ouverts aux commentaires.
Affaire à suivre donc…

Vol au CDi

Désormais les voleurs se mettent en scène et ne se cachent même plus, au contraire :
http://fr.youtube.com/watch?v=nE-d0joXNIs
C’est un peu dans la lignée de ce que je ressens parfois, les élèves ne cherchent même plus à se cacher. La vidéo fait débat sur la liste cdi-doc actuellement.
Est-ce la conséquence du triomphe de la société du spectacle sur celle de la culture ? Probablement surtout que la confusion entre les deux est entretenue par les médias et les politiques puisque tout serait devenu culturel.
La crise de la culture ce n’est pas le vol d’un livre, c’est sa mise en scène pour le spectacle, pour la performance et l’éphémère. Le voleur ne cherche pas à profiter de son larcin en tentant de s’en emparer de son contenu intellectuellement. L’objet livre est ici réduit à une triste performance, choisi au hasard, victime du passage du savoir au c’est à voir…

Bilan des sondages


Le succès du guide des égarés est devenu grandissant depuis que j'ai choisi de passer en site dynamique. Fin 2004 j'avais d'abord opté pour Spip, puis un an après j'ai refondu le site sous Joomla qui est plus esthétique et qui comporte plus de modules intéressants dont notamment les sondages. Vos visites sont de plus en nombreuses et le nombre élevé de réponses aux questions permet d'avoir des résultats intéressants.

Le premier sondage proposé ne  fait que démontrer la domination écrasante de google qui ne faiblit pas. Il est le moteur de recherche favori à plus de 85% ! Exalead parvient à émerger à 7,4 % mais c'est encore bien faible. Les alternatives à google ne sont donc pas encore évidentes si ce n'est les métamoteurs de recherche.

Le second sondage  montre que les flux rss ne sont pas encore utilisés par la majorité des professionnels mais que la tendance est à la hausse. Il est clair que ce mouvement d'abonnement à des ressources est une des principales nouveautés de l'internet de ces dernières années et que ce système est devenu indispensable pour beaucoup d'entre nous. Les agrégateurs de news et les pages  personnalisées ont donc un bel avenir.

Le troisième sondage concernait principalement les enseignants-documentalistes. Il démontre l'écrasante volonté d'enseigner l'information documentation aux élèves. Il reste à savoir comment et sous quelles formes et avec quels contenus. Faut-il aller vers plus d'enseignement et plus de légitimité institutionnelle ou bien continuer à bricoler? Le doute est présent en tout cas comme nous pouvons le constater ici. Les enseignants-documentalistes semblent conscients néanmoins que les NTIC ont fait évoluer la profession.

Les NTIC évoluent certes mais le concept web 2.0 reste inconnu de beaucoup d'entre vous , ce n'est pas faute d'en parler sur ce site pourtant. Il me semble qu'il est impossible d'y échapper si on surfe un peu sur le cyberespace depuis quelques mois notamment sur les sites et blogs qui évoquent toutes ces questions allant des bibliothèques numériques jusqu'à l'évolution de l'information sur Internet. Il est clair que beaucoup d'entre vous doivent se mettre à jour même si certains diraient que le concept web 2.0 est un mot valise. Enfin, ce n'est pas tout, bientôt dans un article du BBF, je vous parlerai de folksonomies…

Autre question posée, et qui si elle a suscité moins de réponses et moins de visites sur ce site que d'autres, a quand même fait parler :

Faut-il traduire information literacy :

   

Faut-il traduire "information literacy"
Oui, mais par quoi ?
82   46.6%
 
Oui par "Maitrise de l'information"
65   36.9%
 
Non
29   16.5%
 

Nombre de votants  :  176

Le terme de maîtrise de l'information a beau rencontré un fort succès, il ne fait pas l'unanimité. Il reste que vous souhaitez majoritairement une traduction. Je m'étais pour ma part prononcer plutôt contre. Finalement, je me demande si "culture de l'information" ne serait pas plus adéquat et plus riche de sens s'il fallait choisir une traduction. Peut-être un futur sondage ?

Je continuerai donc à proposer des sondages sur ce site, mais peut-être avez-vous des idées à soumettre ?

 

 

 

Charisme, documentaliste et nécessité

Devant le peu de légitimité institutionnelle qui lui est conféré, le documentaliste est contraint de puiser cette reconnaissance en lui-même et par ses actions.
Bien souvent la légitimité du documentaliste provient de ses capacités charismatiques. Ce n’est pas totalement un mal en soi, mais cela peut être épuisant à la longue. C’est apparemment ce que ressentent de nombreux collègues. La faute en incombe à un statut sans doute peu clair. Pas facile pour les documentalistes d’être entendus au sein de l’institution pour faire avancer les choses et proposer une meilleure politique documentaire au sein de l’établissement. Pourtant, les élèves et les étudiants ont besoin d’être sérieusement pris en charge et guidés afin de pouvoir se repérer dans le monde de l’information. Le documentaliste doit donc être un « guide des égarés » qui donnent des clefs et aide l’élève et l’étudiant à devenir autonome dans ses recherches et production de documents. Comment faire pour que cette demande soit prise au sérieux et enfin appliquer ? Faut-il un référentiel obligatoire décrivant pour chaque niveau les notions à transmettre ? Peut-être… La question mérite d’être débattue. En tout cas, le tout est de ne pas laisser s’accroître les inégalités entre ceux qui savent tirer la quintessence du savoir à disposition et ceux qui n’y parviennent pas ou mal. Le problème va donc au-delà de l’accès au savoir. Nous militons donc pour des heures de méthodologie, de documentation voire d’information-communication non seulement au collège, mais aussi au lycée et à l’université. Un savoir qui mériterait de faire partie d’un socle commun. Le débat est ouvert pour un travail en commun.