Contre le concept d’éducation 2.0

J’ai récemment utilisé le concept de culture de l’information  2.0 dans une conférence à la fois en clin d’oeil ironique à la volonté de mettre du 2.0 partout mais également parce que dans mon esprit cela correspondait à une nouvelle étape après la thèse de Brigitte Juanals.
J’ai moi-même appliqué le 2.0 à celui de bibliothécaire. Je développe donc ici mon argumentation suite au message que j’ai posté sur le réseau apprendre 2.0 créé par Florence Meichel sur ning et sur lequel il m’a été demandé de m’expliquer par Olivier d’Ocarbone.
Je considère que l’éducation doit demeure tel comme concept et qu’il ne s’agit pas de lui adjoindre du 2.0 puisque cela reviendrait à affaiblir un concept qui est déjà en difficulté en la faisant rentrer dans une phase d’instabilité permanente. Je considère donc que l’éducation doit donc au contraire se démarquer et s’inscrire dans la pérennité de part ses objectifs généraux qui au final ne varient pas nécessairement  dans le temps.
Dès lors, je m’inscris contre ce concept d’éducation 2.0. Je ne pense pas être le seul, Eric Delcroix avait perçu le caractère vain de l’initiative notamment parce qu’elle s’inscrit dans le temps et qu’elle est vouée d’emblée à être dépassée au risque de n’être jamais mis en place :
L’éducation 2.0 existe t-elle ? Malheureusement, je ne pense pas. Je ne crois pas qu’elle aura d’ailleurs le temps de se mettre en place balayée qu’elle sera par les autres « révolutions » dans notre environnement multimédia. Elle restera à l’état d’embryon, marquant juste un passage vers d’autres formes d’éducation !
De plus, le terme d’éducation 2.0 est surtout à mon avis un concept porteur véhiculé par des consultants. Or leurs objectifs diffèrent grandement de ceux du système éducatif. Personnellement j’ai beaucoup de mal avec les consultants en éducation qui n’ont jamais été profs et je pense que c’est un sentiment partagé par de nombreux collègues. Il y a également une confusion entre l’adjonction de nouvelles technologies et les nouveautés pédagogiques qui pourraient en résulter. En ce sens, l’éducation 2.0 reproduit l’erreur de mettre en avant toujours les technologies et c’est un risque que je mesure moi-même en étant trop souvent assimilé au web 2.0 plutôt qu’à mes autres centres d’intérêts et de recherches.
Malgré tout cela ne signifie pas qu’il ne puisse pas y avoir des profs 2.0 dans le sens où ils établissent des séquences pédagogiques usant des nouvelles technologies : blogs, wikis mais aussi en prenant en compte l’aspect social de ces outils et en étant conscient des changements de paradigmes occasionnés. Car le web 2.0 n’est pas neutre et il faut être également conscient de ce qu’il implique. Le terme de web 2.0 est au départ une stratégie marketing et il me parait important que l’éducation s’en distingue philosophiquement. Stiegler dirait sans doute qu’il faut constituer des milieux associés éducatifs. En clair, l’éducation doit demeurer, mais ce sont les profs et les méthodes ainsi que les systèmes éducatifs qui doivent changer et évoluer. Et parler d’éducation 2.0 n’a rien d’exceptionnel, ce n’est qu’une réaction à l’évolution du web 2.0, il n’y a donc rien d’innovant, c ‘est simplement une stratégie réactive d’adaptation : c’est insuffisant. Si on désire être à la pointe, je rejoints Teemu Arina en étant surtout proactif plutôt que réactif.

Spokeo : l’Arcadie progresse

Je viens de tester spokeo qui scane les adresses mails de vos contacts, notamment si vous avez un compte gmail ou hotmail, et qui repère leurs diverses activités sur une kyrielle de sites de types web 2.0.
Bref, on vous suit à la trace ce qui confirme encore une fois la nécessité d’adopter des stratégies d’intelligence personnelle car ce genre de système ne va avoir de cesse de se perfectionner. La gestion de ses propres traces devient donc une priorité qu’il convient donc de ne pas négliger. Comme d’habitude, j’ai tendance à rappeler qu’il faut au contraire ne pas hésiter à produire des traces et d’en être conscient et d’avoir en quelque sorte une politique personnelle de publication plutôt que d’espérer tout dissimuler sans quoi ce seront les autres qui publieront sur vous, pour vous et contre vous ce qui n’est pas sans risque non plus car on ne peut échapper totalement à l’Arcadie. Spokeo permet de reprendre conscience des photos que vous avez déposées sur des services que vous n’utilisez plus et vous remémore les plaisanteries que vous avez également réalisées il y a quelques mois ou années.
La stratégie de spokeo s’inscrit donc dans la lignée de celle de twitter ou de facebook qui vous renseignent sur les activités des membres de votre réseau. Voilà autant de moyens pour les adeptes et stratèges du marketing viral de mettre en place des campagnes publicitaires.
Il reste aussi à inciter à la prudence ceux qui utilisent toujours la même adresse pour leurs diverses activités Internet. Sinon j’imagine déjà les étranges découvertes que cela pourrait produire, sans compter que si cela pouvait être réalisé à partir d’une adresse IP… Les frontières entre vie privée et vie publique et professionnelle tendent donc devenir trop étroites et cela devient évidemment démocratiquement dangereux.
Car c’est bien l’enjeu de la complexité, s’il faut tisser du lien et créer des relations en produisant des milieux associés, le risque est dès lors le mélange indistinct et autres liaisons dangereuses. Hiérarchies et distinctions ne sont donc pas pour autant à proscrire.
Je vous invite à lire également ce billet de Jean-Marie Le Ray qui montre bien cette concentration de ces différentes sphères. Sera-t-il pour autant social comme le dit Jean-Marie ? Je n’en suis pas si sûr que le social n’est pas la somme des individualités mais bel et bien la capacité à s’inscrire dans un collectif…
update à 15:01 :
Quand on voit la série de perles et autres stupidités mentionnées reçues via courrier électronique par Olivier Duffez de web rank info, il y a beaucoup de travail pour mettre en place des stratégies d’intelligence personnelle. Le chantier de la culture de l’information est sans fin.

La bibliothèque 2.0 est-elle un trivial pursuit ?

C’est en tout cas le titre de cette conférence : technology and developments
Peut-être un titre pour la prochaine réunion Formist?
Y seront abordés entre autres les liens avec second life et Facebook. Malheureusement ce n’est pas filmé, mais on aura peut-être plus de détails sur le blog de Sheila Webber puisqu’elle relaie l’information.
Le tout est organisé par l’association JIBS.
Reste à savoir si cette voie est « the pursuit of happiness »

Le modèle économique de Facebook ou le trésor de Rennes-le-Château

A l’heure où la réflexion est au modèle économique de Facebook, je souhaite avancer quelques réflexions. Au préalable, vous pouvez consulter le travail réalisé par Fabernovel ainsi que les billets de Jean Michel Salaun et d’Olivier Etzscheid.

Si le doute subsiste quant au modèle économique et à la pérennité du succès selon JMS et OE, je dois avouer que je ne partage pas tout à fait le même avis.

Je pense que facebook est un média à part entière et permet une interopérabilité autour d’outils web 2.0 qui ne cesse de s’améliorer.

De plus sa puissance réside effectivement dans l’économie de l’attention et les usagers de Facebook ne le démentiront pas, le réseau peut être chronophage notamment parce qu’il y a de plus en plus d’applications diverses et variées mais aussi car l’information fonctionne par mémétisme.

De ce fait les possibilités publicitaires me semblent inespérées à plus d’un titre :

Premièrement, Facebook permet d’envisager une personnalisation de la publicité accrue grâce notamment à la somme d’informations mise à disposition par les usagers eux-mêmes.

La seconde offre des dimensions de diffusion publicitaire virale inespérée grâce notamment au mémétisme.

Troisièmement, les systèmes de recommandation publicitaires vont pouvoir s’y greffer facilement avec rétribution à la clef pour les usagers les plus influents.

Quatrièmement, Facebook glisse peu à peu vers l’identifiant universel et permet de centraliser l’ensemble de l’information en un lieu ce qui constitue une mine avec laquelle Google ne peut pas rivaliser.

Cinquièmement, Facebook est basé sur la communication avant la recherche d’informations. Le modèle n’est pas celui du consommateur mais celui de l’acteur qui diffuse et communique même si cela reste phatique. Cela correspond aussi à la tendance actuelle de l’Internet et des futures générations qui préfèrent bidouiller que d’analyser l’information.

Sixièmement, Facebook se transforme en OS. Google n’y est pas vraiment parvenu, mais Facebook s’y approche. Dès lors bientôt les services de vidéos à la demande et même la diffusion gratuite d’émissions de télévision, de radio ainsi que la presse en ligne passeront par ce biais et partageront les recettes publicitaires.

– Septièmement, des possibilités de nouveau modèle de diffusion des films et de la musique vont s’ouvrir grâce à un meilleur suivi des téléchargements et une rémunération liée à la publicité engendrée.

Huitièmement, un modèle économique est d’autant plus viable que vous faites travailler les autres gratuitement. La multitude d’applications développées contribue à son succès. Facebook s’inscrit dans la lignée de la stratégie économique du web 2.0.

Finalement, une nouvelle fois, la question n’est sans doute pas là. La modèle économique de Facebook c’est qu’il contient tous les modèles possibles.

Dans notre Arcadie, Facebook c’est le trésor de Rennes-le-Château et tant qu’il y aura des gens pour y croire…L’économie étant basé sur la confiance, Facebook n’est ni plus ni moins qu’un nouvel intermédiaire qui doit sans cesse convaincre. Et rien que d’en parler, c’est autant de buzz généré. Plus on cherche le modèle économique, plus on aide à sa construction. Mark Zuckerberg est-il pour autant le nouveau Béranger Saunière, mais il convient sans doute de se souvenir de l’avertissement du mystérieux curé : Iste locus terribilis est…

Le problème est probablement autre qu’économique : en effet que fait l’institution ?

Pourquoi ne pas développer de telles applications couplées avec des plateformes en ligne (genre moodle), des plateformes de blogs (Elgg) voire des plateformes de diffusion de l’information pédagogique et scientifique (Dspace) dans nos universités, Ecoles et administrations ?

L’Arcadie anatomique

Merci à e-learning en Bretagne qui m’a permis de découvrir le blog de ce jeune finlandais.
Plusieurs pistes et réflexions intéressantes nous sont proposées par un jeune homme dont le pays caracole en tête des classements Pisa et qui commencent enfin à intéresser nos politiques qui réfléchissent à la réforme de notre système éducatif jugé moribond.
Il nous propose un web 2.0 anatomique ce qui me fait songer à l’Arcadie dont je parlais il y a peu et qui s’étend au point de solliciter l’ensemble de nos sens rendant de plus en plus caduque la séparation entre virtuel et réel.
Vous pourrez trouver sur son blog d’autres réflexions notamment l’idée du troisième lieu d’apprentissage qui se situe entre la maison et l’institution scolaire.
Il convient donc de regarder ses présentations sur le sujet : ici notamment ou .

Facebook : le réseau des réseaux?

J’ai fini moi-même par tester facebook et j’avoue avoir été assez convaincu notamment par son grand nombre d’usagers qui est assez impressionnant. J’y ai retrouvé beaucoup de personnes et je constate que la force du réseau est de mêler l’univers familial et le professionnel. Orkut le réseau de Google auquel je suis inscrit depuis fort longtemps n’a pas réussi ce pari si ce n’est au Brésil. Je m’ étais désintéressé d’Orkut tout simplement car il n’y avait personne de ma connaissance.
L’autre point fort de facebook c’est les applications qui se créent afin de pouvoir y greffer tout un tas de fonctionnalités diverses et variées comme radioblog, ou bien d’autres encore.
Certains font le  reproche qu’il faille toujours avoir le réflexe de se connecter pour pouvoir en bénéficier. Mais c’est oublier qu’il est facile d’ajouter le widget à sa page personnelle sur netvibes ou sur google ig. Néanmoins, la comparaison avec le  projet Memex de VannevarBush comme le note en commentaire Florian sur le blog de l’internet actu en réaction au billet d’Hubert Guillaud sur Facebook.
Il est vrai qu’on aurait pu imaginer un tel succès du côté des projet openID et autres identifiants universels. Mais tout cela reste à suivre car bientôt la portabilité du réseau social deviendra effective et tout comme les gestionnaires de signets en ligne, l’interopérabilité pourrait être de mise.
Tout cela pour dire que désormais, les enjeux communicationnels deviennent tout aussi primordiaux que les enjeux informationnels.  Mais j’y reviendrai bientôt. Tout cela pose de nombreuses questions sur la traçabilité, et qui possèdent et utilisent les données et dans quel but . J’en ai déjà parlé dans mon article sur le web 2.0 en soulignant son côté obscur.
Vous pouvez poursuivre votre réflexion en lisant la très bonne analyse d’Olivier Ertzscheid sur affordance.info.