Square rooms : le web doit-il être bien rangé?

L’expression web 2.0 n’étant plus assez in et sachant qu’il faille tenter d’exprimer les nouvelles avancées et potentialités du web et de l’Internet, le web squared ou web ² arrive. !
L’expression émane de Tim O’Reilly et de John Battelle, deux des quatre qui avaient déjà propulsé le web 2.0 sur le devant de la scène il y a 5 ans.
Le web squared, c’est un entredeux entre le web 2.0 et l’idéal sémantique des données interconnectées et porteuses de sens. Il s’agit de la rencontre entre les aspirations et les imaginaires de l’internet et la (triste ?) réalité du monde.
L’expression confirme que celle du web 2.0 étant bien empreinte de new age, mais que désormais après le côté hippie  (et ses mashups qui se mélangent avec tout et n’importe quoi), il faudrait réguler un peu tout cela. Ce côté bien rangé est également décrit par Hervé Le Crosnier dans sa réaction à l’article de Fred Cavazza :

Il me semble qu’en langage populaire, “square” se disait des gens “dans l’ordre des choses”, i.e. qui n’avaient pas succombé à la philosophie hippie, notamment le psychédélisme.

Finalement, avons-nous vraiment envie d’un web superstructurée ou tout est clean, tout le monde marche de pair, en concert à l’instar du clip de la chanson « square rooms » d’Al Corley ? Ce dernier semble se laisser tenter par cette perspective en laissant partir son Eurydice dans un ailleurs. Cependant il finit par rendre avec se départ sa vie de fait trop normée, régulée, un peu comme si le petit papy de la chanson (on dirait Paul Otlet, non ?) était celui qui filait la vie et produisait les métadonnées avec son orgue de barbarie.

Même s’il faut sortir Eurydice des enfers, il ne faut pas qu’elle perde tout de sa magie, de ce qui constitue  notre imagination.  Il faut donc un peu de doute, d’incertitude, de la méta-stabilité.
Alors faut-il un web au carré empilant nos identités dans des petites boites faciles à observer ?
Heureusement, Hervé Le Crosnier nous rassure un peu sur les intentions d’O’Reilly et de John Battelle :

Le gars Tim, quand il s’accoquine avec Battelle a toujours une boutanche au frais. La preuve, à chaque fois ils nous sortent un concept marketing… qui devient réalité. Pas si square qu’il n’y paraît, isn’t it ?
Il y a donc à boire et à manger dans ce web squared…

L’autre point important est aussi celui de cette rencontre ou plutôt convergence entre le virtuel et le réel et… de savoir qui va le plus influencerl’autre. Est-ce le monde et ses errements économiques et écologiques qui va prédominer ou à l’inverse, un certain esprit du web, à la fois plus ouvert et plus critique…qui va changer le monde ?

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Web 2.0 et web sémantico-social

La sempiternelle ritournelle recommence, ceci tuera cela : le livre tuera l’édifice, le web 2.0 est mort. Je m’étais demandé durant l’été si la blogosphère n’était pas en train de s’essouffler ce qui me semblait être un peu le cas d’autant que je pressentais que ce n’était qu’un repos pour l’expression d’une envie de nouveautés. Ainsi, il semble que nous soyons rentrés dans un état de volonté de renouveau incessant comme si la stabilité, la routine constituerait une menace de notre intégrité physique et intellectuelle.
Le web 2.0 est en place, mais il l’est depuis déjà trop longtemps pour les pionniers, alors il faut encore bouger pour demeurer tout le temps en avance (en avance sur qui ou quoi d’ailleurs ?) Pour cela, il faut tuer l’ancienne créature pour en faire émerger une nouvelle qu’on appellera web 3.O, bidulemegafun, superchébran peu importe. Etrangement donc dans le petit monde du web, le désir d’instabilité semble être la règle et j’avoue parfois subir ce sentiment auquel il faut résister.
C’est un des dangers que cet état d’esprit devienne celui du web car il peut s’avérer au contraire anti-évolution et peut même empêcher la concrétisation technique. D’autre part, il peut également empêcher notre individuation ainsi que la stabilité de nos processus de veille et de collaboration.
L’individuation technique a besoin de stabilités tout au moins conceptuelles pour pouvoir évoluer et permettre l’expression et la poursuite de potentialités. Il en va de même pour nos individualités.
Cela signifie qu’il faut prêter attention à ce que le marketing ne vienne pas une nouvelle fois court-circuité les relations que nous construisons via les nouveaux hypomnemata des dispositifs sociaux plus communément nommés outils du web2.0.
Le web 2.O n’est donc pas mort. Certains rétorqueront probablement avec raison qu’il n’a probablement pas existé mais nous ne saurions accepter l’argument tout aussi fallacieux du nihil novi sub sole.
Je dois néanmoins admettre que j’observe des évolutions et la concrétisation de potentialités. La plus importante selon moi est celle de la construction de systèmes sémantico-sociaaux. Il devient de plus en plus difficile de parler seulement de web, cela paraît désormais trop restrictif et a fini par dissimuler pour beaucoup d’usagers et notamment chez les prétendus digital natives, la réalité technique des réseaux . L’apparition de l’expression de cloud computing ou d’informatique dans les nuages traduit bien ce sentiment de transmission de l’information de manière quasi éthérée voire magique. S’il n’en est rien  dans l’esprit des concepteurs de tels architectures, la confusion se développe dans l’esprit de l’usager lambda.
Et nous sommes ici tentés de reprendre l’analyse médiologique qui considère que le meilleur média se fait oublier. Il semble que les technologies de l’Internet parviennent de plus en plus à réussir ce tour de force.
Les infrastructures techniques vont devoir toujours demander des moyens financiers quant à leur développement et leur maintien. Reste à savoir qui sera chargé de sa prise en charge tant c’est le fait de proposer des services qui s’avère le plus rentable.
L’autre question est donc de savoir de quel type de solution sémantico-sociale nous voulons. Deux alternatives nous sont proposées :
– La première est une vision orientée usager en tant que consommateur et client. Cette dernière cherche donc à indexer surtout les activités et les goûts de l’usager pour mieux capter son attention et le manipuler. Pour cela, l’idéal est de le maintenir en état de frustration permanente. On apporte toujours de la nouveauté, on incite sans cesse à s’équiper et on change de nom….au web 2.0 par exemple. On ne laisse pas le temps à l’usager devenu captif de prendre les devants et de se construire psychiquement et intellectuellement ainsi que collectivement.
– L’autre solution nécessite une vision moins positiviste des techniques du web sémantique et notamment une vision moins objectiviste à la fois de l’information et de l’individu. Il s’agit ici de parvenir à ajouter de la valeur (de la valeur esprit?) à nos actions et aux documents présents sur les réseaux. Cela nécessite donc des stratégies de collaboration, des passerelles entre amateurs et professionnels, entre professeurs et élèves, entre dirigeants et dirigés. L’usager ici est plus le citoyen qui cherche à devenir majeur c’est à dire à sortir de son état de minorité dans lequel les industries de programme ou autres types de domination symbolique et physique tendent à l’y cloisonner. Ici nous retrouvons donc la réflexion de Stiegler autour des milieux associés par rapport aux milieux dissociés de la première alternative.
Evidemment, je souhaite que ce soit la deuxième solution qui ne l’emporte mais ce n’est chose aisée d’autant qu’il n’est pas évident de clairement distinguer les deux alternatives..
La bataille de l’intelligence commence, à nous tous d’y prendre part et surtout de prendre soin.

Cartes du web 2.0 et des folksonomies

Je remets à jour mes pages web et notamment les cartes réalisées avec mind manager concernant le web 2.0
Elles se trouvaient sous un autre serveur et ancien hébergeur que je n’utilise plus désormais.
Je n’ai pas le temps de remettre à jour tous mes supports de cours en conséquence si bien qu’il y aura parfois des désagréments et je m’en excuse.
Voici les principales cartes et leurs nouvelles urls, certaines sont complexes mais il suffit de les mettre dans vos signets sociaux préférés.
Web 2.0 : le côté obscur et le côté positif
Historique du web 2.0
Le web 2.0 et l’infopollution
Foksonomies
Petit rappel sinon pour le côté obscur de Facebook.

Généralement, il faut cliquer sur aperçu de la map pour avoir la carte en entier.

Les signets sociaux ne sont pas utiles, ils sont indispensables…

Suite au billet de Bertrand Calenge s’interrogeant sur les outils de type delicious et repris par urfist-info, je ne pouvais ne pas réagir. D’une part, parce que les signets sociaux sont les premiers systèmes emblématiques du web 2.0 avec une vraie dimension sociale. D’autre part, parce qu’ils permettent de distinguer des vigies du web ou des veilleurs intéressants. J’ai fait ainsi quelques rencontres notamment celle d’electropublication.
Il y a également une relation collaborative qui permet de partager le travail de veille. Les signets sociaux constituent un élément clef indispensable de la veille désormais, une veille basée sur la confiance et non sur la surveillance.
Comme un bon article scientifique vaut parfois mieux qu’un billet de blog, voici donc en ligne mon article sur la question qui est disponible sur archivesic : Folksonomies et communautés de partage de signets Vers de nouvelles stratégies de recherche d’information.
résumé : Les folksonomies peuvent constituer une alternative aux moteurs de recherche en permettant la construction de parcours et la mise en réseau d’informations mais aussi de personnes. Nous avons étudié particulièrement les plateformes de partage de signets et notamment Ma.gnolia.com
Je précise quand même que l’article a été écrit il y a un an.

Sur Facebook, la rentrée des élèves s’effectue en ce moment

La montée en puissance de Facebook se poursuit…inexorablement. Le modèle économique est encore peu évolué mais ce n’est guère qu’une question de temps. La force de facebook c’est qu’il est en passe de devenir « le  » réseau social, la nouvelle carte d’identité numérique.
On y retrouve donc tout et n’importe quoi et l’infopollution y est présente. Mais les possibilités de filtrage et d’organisation ces réseaux commence à se mettre en place afin de distinguer amis proches, relations professionnelles, fans et…élèves.
En effet, je note depuis quelques mois l’arrivée massive d’anciens élèves sur le réseau. Je suis dans l’Education Nationale depuis 2001 et les premiers anciens élèves qui se sont inscrits étaient désormais étudiants. Mais changement de cap depuis deux mois, je vois désormais même des collégiens arriver sur le réseau. Voilà qui ne peut que poser des questions sur les relations que cela implique avec leurs anciens professeurs. Seulement, je pense également à leurs actuels professeurs.
Faut-il accepter toutes les demandes, sachant que le terme « amis » est toujours de mise sur Facebook ?
Quelque part, cela implique une réciprocité peu hiérarchique.
Pourtant, il y a probablement des pistes pédagogiques énormes derrière dans la construction d’une nouvelle relation, à condition qu’il ne s’agisse pas d’amitié mais de confiance. Le professeur peut ainsi user de Facebook dans une optique pédagogique en se montrant présent en dehors du présentiel, voilà qui nous sort de la captivité de l’établissement et peut contribuer à enrichir le présentiel.
La frontière est évidemment peu évidente mais elle ne fait que renforcer le phénomène d’effet-maître, essentiel à la démarche pédagogique.
La solution peut consister donc à accepter les demandes d’élèves en leur permettant d’accéder à un profil restreint. Pour cela, j’ai pour ma part créer une catégorie « élèves » sur Facebook.
Si les plus jeunes arrivent, le modèle économique va suivre car comme le dénonce Bernard Stiegler, la publicité a choisi sa cible depuis bien longtemps : les jeunes. Notre rôle est donc de prendre soin de nos jeunes générations qui arrivent sur Facebook. Contrairement aux « skyblogs », facebook est davantage intergénérationnel et nous pouvons plus facilement réagir que lorsque nous sommes avachis devant Tf1.
Pour aller plus loin, il va sans doute nous falloir désormais montrer l’exemple sur Facebook. La gestion de son identité numérique passe par une construction sociale et collective qui nécessite des modèles. Evitons dès lors que ce ne soit la publicité qui nous l’impose.
Pour clore ce billet sur la gestion de l’identité numérique, je vous laisse méditer cette phrase
« Tes secrets, je vais les découvrir;
Il suffit d’aller sur Internet »
Teki Latex. La petite fille qui ne voulait pas grandir

La mesure de la popularité

Un article de Wired Magazine fait le point sur la popularité et notamment celle qui est issue de l’Internet.
Chris Anderson a d’ailleurs mis au point un gadget google qui permet de mesurer sa popularité personnelle, bref le page rank des personnes, voilà qui confirme bien la tendance actuelle de l’identité numérique et de l’indexation des activités des internautes et pas seulement des pages web.
Cela s’inscrit parfaitement dans ce que j’avais décrit comme le passage de l’autorité à la popularité et de la pertinence à l’influence.
Puisque désormais, nous sommes tous soumis à la mesure de la popularité au sein de l’Arcadie, vous pouvez donc tester vous-mêmes :

Vous constaterez que des blogueurs obtiennent des scores supérieurs à des stars…A méditer.
Je vous fait part de ma réflexion amorcée dans un futur article à paraître dans un colloque fin 2008 dont je vous livre le début
« Notre propos est de montrer que la redocumentarisation du monde (PEDAUQUE, 2007) franchit un nouveau pallier avec l’indexation de plus en plus fine de nos activités personnelles qui fait de notre double numérique un document qui prend forme dès la naissance . L’individu ou tout au moins son double numérique, voit ses activités tracées et répertoriées et pouvant être exploitées notamment à des fins commerciales. Il émerge comme un Ka documentarisé qui comme dans les mythes égyptiens naît en même temps que l’usager mais qui lui survit au-delà de son existence avec la conservation et la présence des données en ligne (ZISKIND, 2004) :
« Double uni au corps, il est de toutes les activités quotidiennes de l’homme. Puissance vitale, il confère protection, bonheur, santé et joie. Le Ka est capable de poursuivre une vie dans l’au-delà inspirée de sa vie antérieure. »
L’individu voit ses traces et ses activités répertoriées et indexées et donc transformées en documents exploitables (documentarisation) et réexploités à diverses fins (redocumentarisation) Ce mouvement s’inscrit dans ce que nous avons décrit précédemment sous le terme d’Arcadie qui constitue le prolongement du web 2.0 avec l’exhibition permanente des activités des usagers. Certains spécialistes de l’Internet comme Howard Rheingold vont jusqu’à prédire la fin de l’anonymat voire de la vie privée. Par conséquent les projets de culture de l’information et dans sa version internationale d’information literacy doivent redéfinir conséquemment leurs ambitions. »
update du 27 juillet : Philippe Lagane en parle également et nous donne un autre lien sur la mesure de la célébrité :
http://howto.wired.com/wiki/Celebrity_Meter

Faut-il encore bloguer ou le web 2.0 s’essouffle-t-il?

Les derniers echos de la blogosphère font part de lassitude, d’arrêt voire de volonté de ne plus s’inscrire au sein de classements tels wikio qui finissent par apporter au blogueur un lectorat parfois non désiré et des sollicitations plus ou moins appréciables.
D’une certaine manière, il est probable que nous sommes entrés dans une phase qui nécessite un second souffle, une période de stabilité qui implique certainement de nouveaux modèles économiques ou tout au moins une définition plus précise de l’économie de l’attention, de la long tail et du bien commun.  Sur ce dernier aspect, il est intéressant de voir la dernière conférence d’Hervé Le Crosnier répertoriée sur savoirscdi où figure également mon interview. A noter aussi l’intervention d’Hervé à Brest.
Néanmoins, c’est aussi l’occasion de tester quelques nouveaux services durant cette accalmie estivale.
Le premier d’entre eux que j’ai choisi d’ailleurs d’intégrer au blog , c’est apture qui permet de générer des liens hypertextes via des documents présents sur wikipédia, flickr et les plateformes de vidéo entre autres pour le blogueur. Mais le lecteur peut en soulignant simplement un terme, effectuer une recherche automatiquement en déclenchant le processus du plugin apture que j’ai intégré à WordPress. Les possibilités peuvent être intéressantes notamment pour les projets collaboratifs. François Guité en parle ici d’ailleurs.
De la même manière, sprout au nom certes ridicule, permet de réaliser des petits documents en flash qui peuvent être utilisés au sein des blogs mais aussi dans les cours en ligne ou en présentiel. Cela permet de se passer de couteux logiciels comme ceux d’articulate même si Sprout offre moins de possibilités…pour le moment. Reste à savoir si l’indexation des documents flash  par les moteurs va également réellement réussir.
Tout cela pour probablement constater que l’été est propice au renouvèlement des forces et que ça nous promet une rentrée blogosphérique animée voire agitée et qu’une fois de plus l’autorité et la science vont être encore un peu bouleversées et que cela va nous donner encore à réflèchir.
Donc il faut encore bloguer mais en goutant l’otium, en dilettantisme cet été, en quasi oisif du blog en espérant qu’il en demeure un peu de dandysme à la rentrée avec l’arrivée des gentlemen blogueurs, adeptes de l’esthétisme de l’écriture relationnelle et sachant user également quant il le faut de la provocation voire de la critique. Enfin de là, à ce que les blogueurs écrivent dans la lignée de Théophile Gautier ou de Huysmans, il y a plus qu’un long chemin mais un bel et bien un étrange labyrinthe.
Ce qui est évident, c’est que des nouvelles formes de publications vont probablement suivre bientôt et  mettant un scène des processus de validation et de sélection. Reste à savoir d’où vont émerger les nouvelles notoriétés…
Pour ma part, je bloguerai donc peu, le blog quelque peu en parent-thèse.

Intervention groupe de secteur Saint Brieuc

Voici le support sur lequel je me suis appuyé lors de mon intervention pour les professeurs-documentalistes du groupe de secteur de Saint-Brieuc.

En ce qui concerne les folksonomies, je me suis appuyé sur ce document :
http://www.slideshare.net/oledeuff/folkso
Je remercie encore l’équipe pour l’accueil chaleureux.

twitter ou la veille « personnelle »: prendre soin plutôt que de surveiller

La veille change et de plus en plus ce ne sont pas seulement des mots-clés voire des sites que nous surveillons mais bel et bien des personnes. Twitter en est l’exemple le plus flagrant de ce déplacement. Ce qui peut sembler comme je l’ai parfois qualifié de communication klean-ex s’avère en fait bien plus riche et correspond à une vision non pas à la big brother mais plutôt à la little sister où chacun surveille tout le monde tout en étant lui même surveillé par les autres. Mais il faut sortir de la logique de la surveillance et aller dans une autre direction qui correspond davantage à l’inscription de l’individu dans un collectif qui lui permet à la fois de se valoriser personnellement (individuation) et de participer au travail collectif. Un exemple intéressant est représenté par les réseaux de signets type diigo, delicio.us ou ma.gnolia qui permettent ainsi de partager sa veille avec le plus grand nombre.
Dès lors, pour reprendre l’expression de Bernard Stiegler, il s’agit de « prendre soin », ce n’est pas de la veille type surveillance qu’il faut mettre en place, mais de la confiance et de la mise en valeur. En quelque sorte, c’est là que réside la différence entre la culture de l’information de type citoyenne ou éducative par rapport à la vision « intelligence économique » : la confiance plutôt que la défiance. Un travail peu évident car notre époque est profondément marquée par la guerre froide et la lutte contre le terrorisme. Dans ces conditions, l’autre est souvent synonyme de danger ou de méfiance. Aujourd’hui si pronétariat, il y a vraiment, il s’agit pour ce dernier de travailler à la création de valeur et de veille. Et c’est bien cette dimension qui peut permettre aux réseaux d’être véritablement sociaux.
Les personnes de mon réseau twitter ne sont pas des personnes que j’espionne mais des contacts que je mets en valeur, que je distingue et dont il « faut prendre soin » d’écouter et parfois de prendre soin tout court. Désormais ce n’est pasnotre seul valeur qui est prise en compte mais bel et bien la force de mobilisation de notre réseau.
La visualisation obtenue est réalisée via le site neuroproductions et son application 5ktwitter browser.

Les recommandations du CNRS où l’aporie institutionnelle?

Hervé Le Crosnier signale sur la liste rtp-doc ainsi que sur biblio-fr une mise en garde du CNRS quant à l’usage de services gratuits notamment liés au web 2.0 et à Google. Il est vrai que la gratuité est souvent un leurre et ce n’est pas une nouveauté. Notre article sur le web 2.0 mentionnait déjà ce côté obscur.
Il faut utiliser nos adresses institutionnelles et nos espaces institutionnels, voilà quelle serait donc la solution miracle!
Une nouvelle fois, cette remarque rejoint celle qui est souvent faite aux étudiants à qui on reproche d’utiliser leurs adresses personnelles. Ces dernières étant parfois farfelues, il est vrai.
Néanmoins tout cela procède d’une analyse qui me semble insuffisante et surtout qui ne perçoit pas des changements de paradigmes importants qui se font au détriment de l’institution.
D’une part, les étudiants ne vont pas garder leur adresse de l’université plus de 2 -3 ans en moyenne ce qui n’incite guère à utiliser celle de l’institution très souvent laide et inefficace. Il faudrait alors utiliser un logiciel de messagerie pour améliorer la qualité de service vous répondent les informaticiens de l’université. Pourquoi faire? Le logiciel de messagerie c’est tout simplement dépassé à moins de ne travailler tout le temps sur la même machine en espérant que le disque dur ne tombe pas en rade sous peine de tout perdre. A moins également que vous ne disposiez d’un formidable portable conçu pour durer qui vous permet de vous connecter partout. Seulement le document du CNRS nous met également en garde sur les diverses connexions en dehors des lieus sécurisés. Bref, c’est une logique de pantouflard voire de paranoïaque qu’on nous impose !
La solution de redirection pourrait constituer une bonne solution ce que je fais d’ailleurs moi-même mais reste sujet à critique car vous useriez encore d’un prestataire privé. Pour ma part, je n’écris jamais sous l’adresse de mon académie tout simplement parce que je sais que je vais en changer bientôt et qui si je l’utilisais régulièrement actuellement, je deviendrais « inconnu à cette adresse » l’année d’après. De plus, gmail me permet de stocker des mails et des données depuis plus de deux ans et c’est une formidable avancée d’autant que vous pouvez y accéder depuis n’importe où. Tandis qu’avec votre mail institutionnel, vous avez perdu la plupart de vos anciens mails car vous les avez mal archivés et qu’il a fallu faire le vide car vous êtes limités en espace de stockage. Les ENT ont permis quelques progrès néanmoins mais c’est insuffisant.
Finalement, le choix est rapidement fait. Google a des défauts, gmail est fliqué et il est vrai certains utilisateurs l’ignorent. Mais quelle confiance accordons nous aux services de l’institution ? Ne sommes-nous pas également surveillés ? Il nous semble évident que les élèves et les étudiants ont moins confiance dans les solutions de l’institution que dans les grands groupes comme Google, Yahoo ou Msn. Ils ont sans doute tort mais c’est un fait. De plus ces derniers rendent des services sans être trop contraignants en apparence tandis que l’institution met sans cesse des restrictions d’usage et des restrictions techniques. D’ailleurs peut-on reprocher à des étudiants et à des fonctionnaires d’utiliser des services plus performants car force est de constater que l’institution n’est pas toujours au niveau loin de là. Les projets sont longs à monter du fait de la hiérarchie et des circuits divers et variés d’incompétences techniques et politiques. La perte de confiance est d’autant plus forte que trop souvent les bâtiments de l ‘université ou les établissements scolaires sont laids, délabrés. Et le moins qu’on puisse dire c’est que rien n’incite au sentiment d’appartenance parce qu’une adresse électronique c’est aussi cela. Peu d’étudiants sont en fait fiers d’appartenir à telle ou telle université française. A-ton envie d’envoyer des mails mentionnant son appartenance à une université qui vous annonce votre réussite à un examen sur un papier prêt à tomber au sol ? Et puis allons droit au but, beaucoup d’entrepreneurs apprécient autant une adresse mail qui ne vient pas rappeler les derniers mouvements sociaux qui viennent d’agiter votre université de formation.
Certes le document du CNRS mentionne le fait qu’ « Aux responsables des systèmes d’information, il est rappelé que la meilleure façon d’éviter que les utilisateurs ne soient tentés de recourir à des services externes est de fournir en interne un service de qualité. »
Seulement il est certes bon d’inciter à, mais le document demeure dans des logiques contradictoires devant concilier à la fois sécurité et innovation.
Certes Google nous file, mais que dire de l’institution qui nous fait sans cesse remplir des tonnes de dossier, nous faisant redonner sans cesse les mêmes informations. En tant que fonctionnaire, je ne compte plus les heures passées à remplir dossiers, autorisations de cumul et autres paperasseries lassantes. Qu’on ne s’étonne pas au final si on préfère passer par Google que par l’institution qui semble autant fliquante voire plus que Google sans parler de l’efficacité car il n’est pas rare que les mails ne parviennent pas à leur destinataire pour des raisons de sécurité informatique qui sont surtout autant de raison pour repousser sans cesse l’innovation. Il est évident que les informaticiens de l’université ne sont pas ceux qui travaillent chez Google. Les salaires et les compétences sont aussi différentes.
Dès lors, les recommandations ne suffisent pas et j’avais déjà mentionné ce fait à Formist l’an dernier, l’institution doit se doter de services au moins équivalents à google et compagnie. Pourquoi ne pas imaginer une adresse unique pour les fonctionnaires pouvant être couplée avec une adresse correspondant à leur emploi du moment mais qui permettrait de garder la même boîte au fil de leurs mutations ? Pourquoi limiter les espaces de stockage ? Qu’est-ce qui empêche les universités de mettre en place des services du type web 2.0 ? Certaines le font comme à Paris V.
Nous l’avons dit, la solution n’est pas que technique mais la mise en place de solutions innovantes dans le cadre de réflexions est inévitable. Il s’agit de redonner confiance dans l’institution, pour cela il ne suffit pas de recommander, il faut agir. Il faut agir en étant proactif et pas seulement par mimétisme ou adaptionisme. Confiance et sentiment d’appartenance ne sont pas non plus des vains mots et il serait temps que l’institution s’interroge sur ce plan.
Il en va de même d’ailleurs pour la signature scientifique des chercheurs. J’aurais du être chargé d’une mission de ce type pour la Bretagne, seulement les blocages institutionnels ont empêché mon arrivée à ce poste malgré une réussite à un entretien. Pas vraiment de quoi donner confiance en l’institution. Qu’on ne s’étonne pas de ce fait que je continue et que je continuerai à utiliser les services de Google en dépit des défauts que je dénonce également. Mais comme beaucoup d’internautes, j’ai parfois plus confiance en Google qui me rend bien plus de services qu’en une institution dont la tournure kafkaïenne ou ubuesque ne cesse de lasser. Et l’institution ce n’est pas seulement les dirigeants, c’est nous tous. Une critique envers une institution impalpable où nul ne serait concerné serait trop facile : nous le sommes tous.
Les enjeux sont importants à l’heure où la popularité prend le pas sur l’autorité notamment sur le web, l’institution se doit de réagir et de « proagir ». La prévention ne suffit pas. A moins que nous appartenions tous demain à une nouvelle institution…Google…