Escale Ater

Je ne reprendrai donc pas dans un collège pour cette rentrée 2008. Je change de public pour enseigner à des étudiants, voilà qui va me changer des collégiens.
Je suis donc détaché à l’université de Lyon 3 en tant qu’ATER (Attaché temporaire et de recherche)pour délivrer des enseignements en information documentation à des étudiants de L3 et de master 1 et 2.
Voilà une année chargée en travail et qui aura certainement de l’influence sur le contenu du blog qui sera parfois en parent-thèse.
Je rappelle que je cherche toujours des rédacteurs pour cactus acide, si vous ne savez pas sur quoi écrire, j’ai souvent des idées. Je compte jouer un peu le rôle du rédacteur en chef cette année. Cactus acide étant totalement bénévole, vous n’obtiendrez que comme  gratification que l’estime de vos lecteurs. C’est déjà mieux que rien. Il est également possible de publier des travaux d’élèves dans cactus acide dans la rubrique du petit cactus.  Vous pouvez également recevoir par mail les nouveautés du site ce qui peut vous être utile si vous suivez la veille de Christine Griset.
D’autre part, je relance mon appel pour la reprise du projet historiae qui a besoin de quelqu’un qui soit sur le terrain. Le projet peut donc être repris par tout enseignant. Je m’occupe de l’hébergement et de la logistique du blog, seule la part pédagogique est à reprendre sauf si quelqu’un veut tout assumer.
Bonne rentrée à tous

R, S. (2007). Université Lyon III la nuit. Retrouvé Septembre 1, 2008, de http://www.flickr.com/photos/photos_de_sergio/2131318282/.

Go-oo comme alternative à open office, la solution éducative?

Je viens de texter go-oo qui est une version un peu différente d’open office mais qui a le mérite d’être plus sympa et surtout plus légère que l’horrible open office qui est trop long à charger notamment sur des pc un peu vieux comme nous pouvons en avoir dans nos établissements et notamment dans mon cdi de l’année dernière où open office était une vraie galère.
J’avoue que le logiciel ne m’a jamais emballé plus que ça et que j’ai même utilisé parfois des applications plus légères comme abiword. Je défends d’ailleurs beaucoup moins le choix d’open office que je le faisais il y a 4-5 ans.
Je dois avouer également que les plaintes des professeurs envers open office et sa complexité ont constitué des arguments de poids pour la suite de microsoft. L’idéal aurait donc été une version éducation d’open office. La version go-oo me semble pouvoir en être une intéressante d’autant que son design est plus agréable et moins repoussant.
L’article sur linux.fr fait état de la discussion notamment sur le fait que c’est Novell qui impulse cette nouvelle distribution par rapport à sun jugé trop conservateur et qui empêcherait toute évolution sérieuse du logiciel. De toute façon, cela fait longtemps que rien n’est vraiment gratuit même quand Microsoft offre sa suite aux enseignants. Pour ma part, je pense qu’il ne faut pas hésiter malgré tout à changer les habitudes et à apprendre aux élèves les règles des formats et de l’inter-opérabilité. Cela permet aussi de davantage privilégier le contenu que les fioritures que nos élèves affectionnent mais qui sont souvent fort laides ou inutiles. Une nouvelle fois, il ne s’agit pas d’éduquer seulement à une culture bureautique mais à une véritable culture informatique. De la même manière, la différence entre logiciels libres et propriétaires doit être montré aux élèves sans faire nécessairement l’apologie de l’un ou de l’autre puisque nous utilisons les deux systèmes régulièrement et que le choix doit simplement être pensé suivant les besoins.
Tout cela résulte il est vrai d’un nécessaire besoin de penser au système d’information et de connaissances des établissements qui n’est pas du domaine du professeur documentaliste comme pourrait le faire croire la volonté de mettre en place des politiques documentaires dans les établissements…mais bel et bien des personnels de direction. Il serait peut-être temps d’ailleurs de charger certains principaux du suivi informatique et informationnel des établissements. Cela demande bien sûr de revoir les formations ou que plus de professeurs-documentalistes qui sont également administrateurs réseau ne deviennent des personnels de direction.

Littératie : passer l’oral avant l’écrit. Après l’Ecole de Christian Jacomino

L’ouvrage de Christian Jacomino est de ceux qui sont courts mais qui nous font réfléchir longtemps. (un extrait est disponible ici)
Il nous permet de nous rendre compte de l’importance de la transmission, de la culture et des savoirs dont l’oralité est souvent chargée. Le travail effectué durant les ateliers voix haute constitue une expérience intéressante pour tous ceux qui s’intéressent à l’apprentissage de la lecture et à ce qu’on nomme la maîtrise de la langue dans le socle commun.
Il faut également se souvenir que la lecture fut longtemps une activité orale notamment parce que l’écriture n’était que des traces n’attendant que le souffle de la voix. L’excellent livre Histoire de la lecture d’Alberto Manguel nous montre que rares sont ceux qui pratiquaient la lecture silencieuse. A l’exception d’Alexandre Le Grand qui lut silencieusement une lettre de sa mère devant ses soldats, il fallut attendre notamment des personnages tels Saint Augustin qui pratiquait une lecture silencieuse. Or cette lecture silencieuse est trop difficile d’accès pour des élèves qui ne possèdent pas le registre de langue suffisant. Une solution consiste ainsi à ne pas les laisser seuls face au texte, mais de les accompagner et ce de manière à ce qu’ils entendent et découvrent de nouveaux textes, expressions et auteurs. La découverte de textes projetés notamment au mur grâce au vidéoprojecteur rend le partage plus aisé et les stratégies de lectures diverses et variées pouvant se mêler de couleurs, de disparitions de mots, bref la lecture devient un jeu à la fois collectif et individuel mais permet également des efforts et un apprentissage qui auraient été stoppés si tout cela s’effectuait de manière individuelle et en lecture silencieuse. La lecture orale permet de renouer avec le plaisir du texte et s’inscrit dans l’apprentissage de sonorités et de registres de langue nouveaux.
Christian Jacomino lance également quelques pistes intéressantes au niveau éducatif et effectue une critique de ce que nous nommons la captivité. Il préconise aussi le travail sur projet avec des stages intensifs avec notamment l’étude d’une œuvre, son commentaire voire sa représentation durant une semaine entière :
« Vingt an après, les enfants grandis s’en souviendraient encore. Tandis que l’étude de la même œuvre, hachée et rabachée pendant un mois ou plus dans l’économie d’un emploi du temps où tout se mêle est bien faite, me semble-t-il, pour en gâter le goût. L’auteur lui-même n’y trouverait pas son compte. Il s’ennuierait et finirait par chahuter le professeur ou déserter son cours. »

C’est aussi un plaidoyer pour l’expérimentation et ce afin que le professeur soit également un peu chercheur un peu à l’instar du mode de recrutement qui s’effectue en Finlande d’ailleurs:
« Il n’est pas nécessaire que tous les professeurs inventent le didactique de la discipline qu’ils ont en charge. Mais il serait sans doute souhaitable que certaines écoles, surtout celles situées en zone d’éducation prioritaire, s’organisent sur le modèle des CHU, qui sont à la fois des centres de soin, d’enseignement et de recherche. Cela ferait rentrer l’éducation enfin dans le droit commun. »
Je ne saurai résumer en quelques lignes, la pensée et la réflexion contenues dans cet ouvrage. Au moins, il permet d’avancer en dehors des dogmatismes dont l’Education Nationale est trop souvent imprégnée.

Après l’école, de Ch. Jacomino, avec une préface de Raoul Mille
60 pages. Prix: 8,50€. ISBN n° 978-2-952439-19-0

La culture du boustrophédon

Je mets en ligne, le texte de mon intervention de la journée des professeurs-documentalistes de l’Académie de Lyon.
Je remercie encore une fois les organisateurs pour leur invitation. J’espère que le texte permettra d’éclaircir quelques points d’une intervention sans doute trop brève.

 

Tice, socle commun et professeurs-documentalistes :

Mettre en place la culture du boustrophédon pour une meilleure gestion de la progression via de nouveaux outils et de nouvelles stratégies.

 

Introduction :

Le boustrophédon désigne étymologiquement le trajet des bœufs lors du labour marquant les sillons dans les champs de droite à gauche puis de gauche à droite. Par extension, le boustrophédon désignait une écriture qui ne revenait pas à la ligne. Le sens actuel est proche celui d’un palindrome. (ex : le mot port se lit trop en sens inverse)

 

Ce qui m’intéresse dans l’idée de la culture du boustrophédon c’est l’idée de cheminement permettant une mesure du parcours accompli mais qui constitue une progression ouvrant un passage inédit. Un moyen d’échapper à l’âge de la vitesse et d’illustrer la fameuse phrase de René Char « le passé n’éclairant plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres » cité d’ailleurs par Hannah Arendt dans la crise de la culture. C’est aussi l’idée de la trace permettant la mesure de la faculté à progresser. C’est d’ailleurs cette dernière qui mériterait d’être évaluée et pas seulement une mesure effectuée durant un contrôle lambda qui ne s’inscrit pas dans une réelle progression.

 

Mon intervention porte plus particulièrement sur les Tice et la première remarque que je souhaiterais effectuer c’est que les TICE ne peuvent concerner uniquement que le domaine 4 du socle. Une nouvelle fois le socle commun court le même risque que les TICE et le B2I : une mise en place à la marge. Un autre risque menace également celui de la dissolution au sein des programmes des disciplines. Un risque que les professeurs documentalistes connaissent bien.

 

 

1. Des enjeux culturels.

Par conséquent, le socle commun doit se distinguer au niveau des Tice mais pas seulement de la culture adolescente et ne pas reproduire les effets de superficialité et de survol que l’on rencontre dans le B2I. Chez les adolescents l’usage ludique des technologies prime sur l’usage pédagogique sans compter que l’innovation est peu fréquente si on songe au mimétisme “débilisant” des skyblogs.

 

Il ne s’agit pas de demeurer dans la simple validation mais bel et bien de démontrer les possibilités pédagogiques des TICE face à la montée en puissance des phénomènes du web 2.0 avec notamment le passage de l’autorité à la popularité ainsi que la montée en puissance de la culture du pitre c’est-à-dire de la culture de la vidéo drôle ou qu’il faut absolument avoir vu et qui se transmet de manière virale. C’est bien d’une réflexion pédagogique et didactique avec les TICE dont on a besoin et ce afin que le socle commun soit le garant de la transmission des plusieurs cultures et notamment trois cultures auxquels le B2I a fini par faire obstacle (Un B2I symptomatique d’un système scolaire qui connaît d’importants dysfonctionnements) :

 

La culture informatique

La culture technique.

La culture informationnelle dans une définition élargie. En ce qui concerne cette dernière, il faut dorénavant élargir ses ambitions en en faisant une culture de l’information et de la communication prenant en compte l’éducation aux médias mais aussi ce que les américains nomment la participatory culture, la culture de participation faisant référence aux outil du web 2.0.

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2. Pas d’évaluation sans formation.

Cela nécessite non pas une simple validation mais une évaluation qui soit une mise en valeur de la progression. De la même manière, cette « évaluation-mise en valeur » ne peut être séparée de la formation. Une formation nécessaire car les digital natives n’existent pas vraiment. Je le constate tous les jours, il y a une forte confusion entre l’attrait, les habitudes et la réelle maîtrise.

 

Cette formation peut prendre différents aspects et qui n’inclut pas nécessairement des cours magistraux. Le repli disciplinaire dont sont parfois accusés certains didacticiens de l’information est une mauvaise analyse Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un repli mais d’une avancée qui s’avère d’ailleurs plutôt innovatrice dans ces méthodes, puisque la didactique vise à concevoir des séquences permettant aux élèves de construire des savoirs info-documentaires dans des situations actives. Aujourd’hui, un certain nombre de notions sont stabilisées et mériteraient d’être enseignées. Nous pouvons ainsi citer quelques notions primordiales dont le travail de définition a été effectué par Pascal Duplessis et Ivana Ballarini notamment :

n Interfaces de navigation

n Site Web

n Page web

n Structuration d’un site web

n Décodage d’une page d’accueil

n Sélection de l’information

n Adresse URL

n Navigation hypertextuelle

n Navigation arborescente

n Mot-clé

n Menu contextuel

n Navigation dans un document

n Recherche d’information

Mais aussi des notions clefs comme celles d’auteur, de document et de source.

Les situations didactiques à aménager, loin d’être déconnectées ou trop abstraites correspondent en effet à des situations problèmes, à une pédagogie du défi. Le projet historiae est d’ailleurs un exemple de ces nouvelles stratégies didactiques qui peuvent être mises en place.

Des notions et des savoirs me semblent désormais primordiaux et ne peuvent continuer à être évoqués à la marge. Ces notions me semblent probablement plus utiles que certaines parties du programme émanant de disciplines classiques. Le socle commun ne peut se mettre en place selon moi sans un new deal disciplinaire. Former c’est aussi re-former voire ré-former et notamment sortir de la fracture littéraire/sciences dures.

 

 

3. Veiller sur les traces

Les outils du web 2.0 tardent à être pleinement utilisés dans l’Education Nationale. D’autre part, il me semble qu’encore une fois, c’est une logique d’adaptation qui prédomine et nullement une volonté proactive de mettre en place des stratégies pédagogiques. Pourtant, il y a urgence à s’emparer des possibilités qui s’offrent à nous mais néanmoins derrière l’apparente simplicité il faut être capable de songer à (ou penser la) la complexité. Il s’agit pour cela de veiller, de prendre soin de l’élève et de mesurer sa progression. Mais cela ne peut se faire qu’au travers de la construction de scenarii pédagogiques, de parcours permettant l’acquisition de savoirs et de compétences et pas seulement d’ailleurs en infodoc.

 

Les portfolios, les blogs, les plateformes d’e-learning et autres wikis permettent une meilleure gestion de la trace et donc de la progression de l’élève. Cela permet une pédagogie davantage différentiée et individualisée et plus motivante. Evidemment cela ne peut être sans incidence sur le fonctionnement actuel toujours basé sur la logique de la captivité. Il s’agit donc de permettre à l’élève de garder en ligne ses travaux, ses cours mais aussi les exercices avec un suivi plus fin et plus précis de la part de l’enseignant. (projet lilit et circé)

(image issue du projet lilit et circé sur lequel je reviendrais bientôt)

 

 

Conclusion :

Il semble malgré tout que certains discours politiques et commerciaux pèsent sur l’Ecole et les termes de « société de l’information », de « digital natives », de « culture numérique », voire le dernier rapport de la commission « syntec », tout cela contribue à un mélange qui pousse encore une fois à ne voir que le problème matériel, certes existant mais nullement primordial désormais. Pourtant tous les spécialistes mondiaux du domaine constatent bien que le problème est ailleurs et qu’il s’agit plutôt d’un problème de littératie, autrement dit de culture. Et cela ne peut se faire avec une simple connexion matérielle. Pour revenir au boustrophédon, ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

 

 

Education Nationale : construire l’Atlantis

Les temps changent et c’est indéniable. Les professionnels de l’information et les enseignants ne peuvent que s’interroger face au phénomène de plagiat et de piraterie ainsi que face à toutes ces négligences que nous observons dans les usages des jeunes générations abusivement qualifiées de digital natives.
Faut-il pour autant rejoindre le clan des moralisateurs et des défenseurs de l’ancien régime ? Faut-il mettre des barrières, des réglementations lourdes face à un web 2.0 déstructurant et faisant triompher la popularité sur l’autorité ainsi que la culture du pitre ?
Je n’en suis pas convaincu. Chaque aspect inquiétant de l’évolution de l’Internet qui constitue autant d’évolutions de nos sociétés actuelles se transformant en une Arcadie où l’intelligence collective n’est en fait que la constitution d’un réseau d’espionnage de tous contre tous nous obligent à repenser à la fois le web mais aussi l’ensemble de nos fonctionnements. Par conséquent l’éducation ne peut être épargnée.
Pour autant doit-on suivre le chemin des héritiers et des tenants du c’était mieux avant comme on a trop souvent le sentiment à la lecture du culte de l’amateur d’Andrew Keene ? Doit-on stupidement allonger les droits d’auteur alors que la tentation du piratage est permanente ? Doit-on se laisser dicter des législations par des groupes de pression et autres lobbys industriels incapables de comprendre le monde actuel à l’instar de nombreux parlementaires qui n’y comprennent plus rien et qui ne désirent que revenir avant 1989 ?
Peut-on continuer à penser les TICE comme de simples besoins matériels ? Doit-on demeurer dans une logique éditoriale coûteuse pour l’éducation nationale en dépensant des sommes énormes pour des prestataires de service hors fonction publique alors que cette dernière pourrait fort bien assurer la mise à disposition de ressources numériques pédagogiques dans des actions de mutualisation et de revalorisation des salaires enseignants ? Au lieu de cela, on préfère dépenser sans cesse pour préserver les lobbys éditoriaux et les officines de cours particuliers avec des déductions fiscales. La logique économique domine chez les gestionnaires de l’Education Nationale mettant en sourdine de réelles avancées pédagogiques. Nous remarquons qu’à l’inverse le monde enseignant semble complètement ignorant des fonctionnements de l’Economie d’une Nation. Le tout converge vers l’incessant dialogue de sourds. Tout n’est certes pas à rejeter dans le rapport sur la mission e-education mais on a le sentiment que les enseignants ne sont vus que comme des consommateurs de ressources numériques et rarement comme des producteurs.
Une solution consisterait à donner les moyen au CNDP de pouvoir mettre en place une politique documentaire nationale, permettant de gérer les contenus pédagogiques numériques, depuis sa création jusqu’à sa diffusion ce qui implique des chefs de projets et des enseignants chargés de création de contenus. Le CNDP serait donc avant tout un producteur et pas seulement un sélectionneur de bonnes ressources. Un bon moyen de revaloriser enseignants et institutions scolaires.
Par contre si nous devions nous voir imposer des politiques bassement matérielles avec des offres numériques émanant de grands groupes éditoriaux avec des coûts prohibitifs, une seule autre voie serait possible, celle de la rébellion à la fois pédagogique et intellectuelle. Car il s’agit bien de veiller sur les jeunes générations, mais aussi sur une institution qui mérite des réformes urgentes mais qui ne doit pas disparaître. Il faut nous faut donc tous ensemble construire l’Atlantis (ou Arcadia, le vaisseau du capitaine Albator ou Harlock) dans cette Arcadie où les seules autorités que l’on souhaite nous imposer ne viennent que de grands groupes. La culture de l’information pour répondre à cette rengaine de la société de l’information. Le rapport de la mission e-educ d’ailleurs mélange un peu tout d’ailleurs ce qui le rend de fait illisible et impraticable laissant sa mise en oeuvre aux partenaires privés et aux politiques. Les enseignants n’y étant vus que comme de simples usagers à l’exception de profs valorisés pour leurs technicités informatiques. La confusion entre culture numérique et culture informationnelle demeure, celle entre outils et stratégies didactiques est entérinée. Le plus important est encore manqué : le nouveau rôle de l’enseignant, son évolution nécessaire et sa revalorisation en tant que référant, guide des égarés, passeur de savoir, vecteur de confiance, incitateur à la création de savoirs, etc.
Je crois qu’il est vraiment temps de ressortir sa cape noire pour veiller sur la galaxie Education et sur la liberté.

B2I : le tragique pharmakon

Le b2I est-il un symptôme ou un remède, potion ou poison. J’ai été un de ceux qui ont cru à l’initiative de départ mais je dois désormais continuer à l’affirmer, la potion s’avère empoisonnée et ne constitue pas un remède mais bel et bien un symptôme du système éducatif français.
J’en tiens pour preuve le nombre croissant de jeunes visiteurs qui arrivent sur mon site en ayant tapé la requête « tricher au B2I’. Or ce simple fait est le constat de l’échec total du projet qui devait normalement entraîner une validation se voulant progressive et nullement ancrée dans des stratégies d’évaluation de contrôle. Or il semble clair que nous ne savons pas le faire. Tout comme les autres dispositifs tels le socle commun, l’Education Nationale ne parvient qu’à les mettre en place qu’à la marge. D’ailleurs mes collégiens de quatrième n’ont entendu parler du socle commun que la semaine dernière. Demeure sans cesse l’obsession de la note, qui n’est d’ailleurs qu’une évaluation à court terme, sans aucune ambition et ne parvenant qu’à conforter des carcans disciplinaires de plus en plus inefficaces. L’apprentissage des langues en étant souvent le révélateur le plus flagrant d’un système absurde et inefficace. Les élèves n’apprennent que pour le notation ou  la sanction : c’est insuffisant. L’envie d’apprendre, de progresser est sans cesse mise à mal et la motivation n’y est plus autant chez les élèves que les enseignants. Alors pourquoi continuer ainsi ? Simplement parce qu’on craint que ce soit pire encore ? Ill faut bien dire que cet argument terrible ne plaide pas en faveur d’une réelle réforme de l’éducation qui demeure cloisonnée aux dogmatismes et aux seuls arguments économiques. FInalement l’éducation en reste à la vision à court terme de la note et ne parvient pas à voir plus loin dans une optique d’apprentissage tout au long de la vie.
Il faut considérer l’éducation comme un milieu d’innovations, de tentatives pour faire progresser chacun dans une stratégie d’individualisation et d’individuation au sein du collectif. Ce qui doit demeurer permanent, c’est la confiance mutuelle. Or c’est souvent ce seul point qui est remis en cause. Il faut donc reconstruire la confiance, la prise de soin. L’évaluation doit demeurer dans une logique de mise en valeur.
Il faut donc sortir de la logique actuelle et de la logique de validation stressante du B2I qui transforme certains enseignants dont je fais partie en machine à valider des items. Pour cela il faut développer à la fois une vraie culture technique et informatique ainsi qu’une culture de l’information. Cela passe par une réforme des méthodes pédagogiques et notamment de l’évaluation en mettant en avant l’individualisation des parcours autour de portfolios et de plateforme d’enseignements en ligne, qui peuvent constituer une prolongation de présentiel à exploiter. Cela passe aussi par une réforme des programmes et un new deal disciplinaire. Sinon nous demeurons dans une logique soit administrative, soit sans cesse à la marge.
Il est temps de s’y mettre mais seule une volonté politique basée sur la confiance mutuelle peut y parvenir. Reste à savoir qui peut être ce ministre de l’Education qui saura nous faire rentrer dans un cercle vertueux.

L’objet B2I et les étranges visiteurs du guide des égarés

Je critique fréquemment le B2I et il se trouve qu’un élève français est arrivé sur mon site en tapant la requête « obtenir son B2I triche » ce qui démontre la réussite administrative de cet objet qui devient un élément de stress supplémentaire désormais pour les élèves et sans doute aussi pour les enseignants car il faut accélérer le pas et valider aussi vite que l’on peut en bricolant des phases d’observations de ladite compétence en rajoutant quelques parties d’explication et de démonstration.
Alors non, ce n’est pas ici que tu trouveras des moyens de tricher pour avoir ton B2I, élève angoissé de troisième. !
J’espère aussi que tu sauras rapidement évaluer l’information pour parvenir à te rendre compte que ce n’est pas le bon endroit pour trouver des solutions à ton terrible dilemne. Si tu y parviens quand même au gré de tes pérégrinations à trouver de l’information pour obtenir ton B2I en trichant, c’est que tu le mérites vraiment ton B2I car tu auras réussi à trouver de l’information pertinente correspondant à ta requête ce qui est un item du B2I. Tu pourras ensuite la communiquer sur msn à tes camarades après avoir réalisé un petit document avec ta suite bureautique. Ces derniers pourront l’améliorer ce qui vous permettra de valider le fait que vous mettiez vos compétences au service d’une production collective. Par contre ne le diffusez pas sur vos blogs car vous ne pourriez pas valider le fait que vous êtes parfaitement au courant qu’il ne faut pas diffuser n’importe quoi sur Internet.

De l’innovation à la poursuite didactique

Un week end chargé s’annonce pour moi en perspective avec en premier lieu ma participation demain pour le forum des enseignants innovants avec la sélection du projet historiae. Une manière de démontrer que les professeurs-documentalistes demeurent des enseignants et que leur dimension technique ne présente pas un désavantage ou un fardeau mais au contraire la démonstration qu’il ne peut y avoir de transmission sans objet ou support technique. Une autre manière de démontrer que la culture informationnelle comprend sans aucun doute la culture technique développée par Gilbert Simondon.
Bref une stratégie qui n’a rien à voir avec une politique documentaire ou la mise en place d’objets administratifs tel le B2I aux compétences peu claires, impossible à mesurer voire démesurées. Or la démesure y compris dans son versant hybris est l’opposé de la culture de l’information. Mes élèves de troisième sont un peu en panique en ce moment et je fais beaucoup de validations à la volée, incluant de temps en temps des mini-cours visant à compenser une absence de réelle formation. A l’heure où j’écris une cinquantaine de demande de validations d’Items m’attendent. Je me suis juré que c’est la dernière fois que je participe à cette masquarade à laquelle je me prête pour ne pas pénaliser les élèves.
A la suite du forum, je me rendrai donc au congrès Fadben où il s’agira de parler de culture de l’information, de didactique et de montrer que les professeurs-documentalistes sont concernés et le sont sans doute de plus en plus. Mon propos portera sur une réflexion par rapport aux nouveaux outils et aux nouvelles générations qui ne sont pas vraiment des digital natives. La poursuite didactique s’annonce afin que demeure un esprit documentaire, a ghost in the shell, une culture de l’information.
Je joints ci-dessous les supports pour ces deux interventions :

Lancement de cactus acide

Certains initiés sont déjà au courant, je viens de lancer le projet « cactus acide » : Critique des Actus/ Analyse Culture de l’Information Didactique et Education aux médias
http://www.culturedel.info/cactusacide/
Le projet se veut collaboratif et je cherche des collaborateurs pour constituer un comité de rédaction autour de l’éducation à l’information et aux médias, donc si vous avez des réflexions, des pistes pédagogiques, des informations à transmettre, n’hésitez pas. Vous pouvez aussi devenir rédacteur à part entière avec un code.
Je vais pour ma part certainement m’en servir avec mes élèves pour alimenter la rubrique : le petit cactus : le journal des élèves.
Si ces thématiques vous intéressent et que vous pouvez apporter votre pierre à l’édifice, vous êtes les bienvenus. Les étudiants et les personnes préparant notamment le capes de documentation peuvent rejoindre le team des « cactacés ».

En espérant que vous vous y piquerez volontiers.
cacacide

L’Ecole : l’heure de la libération de la connaissance ?

Visiblement mes interrogations sur le phénomène de captivité de l’Ecole ne sont pas isolées tant je retrouve des similitudes dans le dernier billet de Teemu Arina (l’article complet est ici ) et sur celui de François Guité qui s’intitule ni plus ni moins « libérez les élèves de l’Ecole »
Le canadien et le finlandais vont encore plus loin que moi dans les propositions. Si Teemu n’hésite pas à parler de prison pour désigner l’Ecole, François Guité envisage sérieusement la sortie hors des murs :
« En habilitant les élèves à poursuivre leurs apprentissages hors des murs de l’école, on fera des économies sur le plan des infrastructures scolaires, du transport et du personnel. Ces économies pourront être réinvesties là où les besoins sont les plus pressants, que ce soit en éducation spécialisée, en soutien pédagogique, ou même en ressources en ligne. En outre, outiller les jeunes et les affranchir de l’école, c’est pratiquement remédier au décrochage scolaire. »
Il est vrai que j’ai souvent le sentiment que notre système actuel ne devient qu’une vaste mascarade où chacun essaie de jouer son rôle du mieux qu’il peut en y croyant de moins en moins.  Il est vrai que certaines personnes préfèrent les systèmes fermés et les règles strictes qui ont le mérite d’éviter l’angoissante liberté. Néanmoins, il est vraiment temps de changer de stratégies. François Guité finit ainsi son article :
« L’école repose sur l’absurde prétention que l’apprentissage doit être érigé en système. Et tout le monde, bêtement, finit par y croire. Les élèves aussi, qui y abandonnent tragiquement leur destin. »
La dépendance sociale a un système dépassé peut être finalement pire qu’une dépendance technologique.
Teemu Arina avance quelques pistes et semblent désormais souhaiter que nous développions nos habiletés de Jedi en matière d’éducation :
« The new era requires jedi-like skills for process-based network formation. »
Finalement, ce n’est pas le mammouth qu’il faut dégraisser mais bien de l’Etoile Noire dont il faut s’emparer.  Il faut dès lors oser non seulement la libération de la croissance mais également mettre en place la libération  de la connaissance quitte à fâcher quelques corporatismes.